Paul Vergès

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Paul Vergès
Illustration.
Paul Vergès en 2010.
Fonctions
Sénateur français

(5 ans, 1 mois et 11 jours)
Élection 25 septembre 2011
Réélection 28 septembre 2014
Circonscription La Réunion
Groupe politique CRC
Successeur Gélita Hoarau

(8 ans, 3 mois et 4 jours)
Élection 23 septembre 2001
Circonscription La Réunion
Groupe politique RASNAG (1996-1997)
CRC (1997-2004)
Successeur Gélita Hoarau
Président du conseil régional de La Réunion

(12 ans et 3 jours)
Prédécesseur Margie Sudre
Successeur Didier Robert
Député européen

(3 ans, 2 mois et 14 jours)
Élection 13 juin 2004
Circonscription Outre-Mer
Législature 6e
Successeur Madeleine de Grandmaison

(10 ans et 7 jours)
Élection 10 juin 1979
Réélection 17 juin 1984
Législature 1re et 2e
Député français

(3 ans et 12 jours)
Élection 28 mars 1993
Circonscription 2e de La Réunion
Législature Xe (Cinquième République)
Groupe politique NI (1993)
RL (1993-1996)
Prédécesseur Alexis Pota
Successeur Claude Hoarau

(1 an, 6 mois et 12 jours)
Élection 16 mars 1986
Circonscription La Réunion
Législature VIIIe (Cinquième République)
Groupe politique COM
Successeur Laurent Vergès

(2 ans, 10 mois et 19 jours)
Élection 2 janvier 1956
Circonscription La Réunion
Législature IIIe (Quatrième République)
Groupe politique COM
Maire du Port

(17 ans, 11 mois et 19 jours)
Prédécesseur Paul Appolinaire Grondin
Successeur Pierre Vergès
Biographie
Nom de naissance Paul Émile Marie Just Vergès[1]
Date de naissance
Lieu de naissance Ubon Ratchathani (Siam)
Date de décès (à 91 ans)
Lieu de décès Saint-Denis (La Réunion)
Nationalité Française
Parti politique PCR
Père Raymond Vergès
Fratrie Jacques Vergès
Enfants Françoise Vergès
Laurent Vergès
Pierre Vergès
Profession Journaliste

Paul Vergès, né le à Ubon Ratchathani (Siam, actuelle Thaïlande) et mort le à Saint-Denis (La Réunion), est un homme politique français.

Fondateur du Parti communiste réunionnais (PCR), plusieurs fois élu local (conseiller général, maire du Port, président du conseil régional de La Réunion), il est député à trois reprises sous la Quatrième et la Cinquième République, député européen de 1979 à 1989 et de 2004 à 2007, et sénateur de 1996 à 2004 et de 2011 à sa mort, en 2016.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et jeunesse[modifier | modifier le code]

Paul Vergès est le fils de Pham Thi Khang, institutrice vietnamienne, et du docteur Raymond Vergès, consul de France au Siam lors de sa naissance.

Un des biographes de son frère Jacques Vergès, Bernard Violet, a révélé que son père aurait fait un faux en déclarant la naissance des deux frères le même jour alors qu’ils avaient en réalité un an d’écart, Jacques Vergès étant sans doute né le , non au Siam comme son frère mais au Laos ; Raymond Vergès aurait profité de sa position de consul pour réaliser un « vrai-faux » état civil, afin de cacher une relation adultère avec Pham Thi Khang, alors que sa première épouse Jeanne-Marie Daniel, avec qui il avait déjà deux enfants, était encore vivante (elle décède en 1923). L'intéressé a toujours entretenu le mystère sur sa réelle date de naissance[2],[3].

Après la mort de sa mère en 1928 et jusqu'au retour de son père à La Réunion en 1932, il est élevé par sa tante paternelle Marie Vergès[4] avec son frère Jacques[1].

Il est scolarisé au lycée Louis-le-Grand lors du congé de son père à Paris (1937-1938), puis au lycée Leconte-de-Lisle de Saint-Denis, où Raymond Barre et Auguste Legros font partie de ses camarades. Il obtient son baccalauréat en 1942, et s'engage alors dans les Forces françaises libres avec son frère[5]. Il intègre l'école d'officiers parachutistes de Ribbesford (Royaume-Uni) en 1943, et l'année suivante, il est parachuté sur le territoire français[1].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Au côté de son père[modifier | modifier le code]

Rentré à La Réunion après la Libération, il s'engage contre le colonialisme au sein du Comité républicain d'action démocratique et sociale (CRADS), parti politique créé par son père, Raymond Vergès. Le , en pleine campagne législative, le maire MRP de Saint-Benoît, Alexis de Villeneuve, adversaire de son père, est blessé mortellement par balle, en plein milieu de la foule amassée pour l'entendre, à proximité de la cathédrale de Saint-Denis. Paul Vergès, désigné par des témoins comme étant l'auteur des coups de feu, est arrêté, et l'arme du crime retrouvée est au nom de son père (une rumeur accusera son frère Jacques du crime)[6]. Grâce notamment aux appuis de son père, le procès est déplacé en métropole, où Paul est jugé avec ses supposés complices[7]. Aux assises de Lyon, en , il est condamné à cinq ans de prison avec sursis pour avoir « volontairement porté des coups et fait des blessures à Alexis de Villeneuve […] sans intention de donner la mort ». Sa condamnation est ensuite annulée par la loi d'amnistie du [8],[7].

Devenu permanent de la section coloniale du Parti communiste français (PCF) à Paris, il épouse, en 1949, Laurence Deroin. De retour à La Réunion en 1954, il devient directeur du quotidien communiste Témoignages, fondé par son père.

Ascension[modifier | modifier le code]

Après son action aux côtés des planteurs et ouvriers contre la fermeture de l'usine sucrière de Quartier Français, Paul Vergès est élu en conseiller général de La Réunion à Saint-Paul[1]. Lors des élections législatives de 1956, il succède à son père, député de 1946 à 1955, à l'Assemblée nationale.

Il fonde le Parti communiste réunionnais en 1959 et reprend le journal Témoignages fondé par son père. Le , le leader du PCR entre en clandestinité. Sa cavale va durer vingt-huit mois, ridiculisant la police et le pouvoir. Il souhaitait ainsi protester contre une condamnation à trois mois de prison pour diffamation et contre des poursuites engagées par le gouvernement pour atteinte à l'intégrité du territoire, devant la Cour de sûreté de l'État. Les poursuites étaient basées sur une quarantaine d'articles de presse s'échelonnant sur plus de quatre ans, de à . Paul Vergès ne réapparaît que le , après vingt-huit mois de cavale. Du fait d'une loi d'amnistie, il n'était plus inculpé à ce moment que d'« atteinte à l'intégrité du territoire ». Après s'être constitué prisonnier, il est transféré en métropole où il bénéficie d'une ordonnance de non-lieu de la part de la Cour de sûreté de l'État. Il devient maire du Port en 1971 et député européen en 1979. Il réussit tout ceci en étant interdit de radio et de télévision, comme son parti, jusqu'en 1981.

Conseil régional et Parlement[modifier | modifier le code]

En 1983, il est élu au conseil régional de La Réunion avec son fils Laurent[9]. Il démissionne de son mandat de député en 1987 pour manifester son désaccord sur la loi de parité sociale du , laquelle priverait les Réunionnais de leur droit à l'égalité sociale. Réélu député (RL) en , il laisse la direction du PCR à Élie Hoarau en 1993. Ce passage de relais ne marque pas la fin de sa carrière politique.

Paul Vergès est élu sénateur le . En septembre de la même année, il alerte l'opinion sur la nécessité de faire de l'étude des conséquences du réchauffement climatique une priorité nationale. Le , il fait voter, à l'unanimité des deux assemblées parlementaires, une loi reconnaissant cette priorité. Il est réélu sénateur le . Il est par ailleurs élu président du conseil régional de La Réunion en 1998 et réélu en .

En 2000, il fonde l'Agence régionale de l'énergie de La Réunion (ARER) et lui assigne les missions d'accompagnement et de développement du concept d'autonomie énergétique à 100 % d'énergies renouvelables à l'horizon 2025 de l'île de La Réunion, comme réponse au changement climatique, et de diffuser cette démarche aux autres îles de la planète.

Paul Vergès en 2006.

En 2002, il est nommé président de l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique en France métropolitaine et dans les départements et territoires d'outre-mer, l'ONERC. D'une façon générale, l'environnement devient une source de préoccupation importante de son action politique. Il soutient activement le développement des énergies renouvelables.

En , il est élu député européen pour la circonscription Outre-Mer, qui comprend La Réunion, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis-et-Futuna et compte trois sièges sur 732 au total. En 2005, il est remplacé par Gélita Hoarau au Sénat pour ne pas demeurer en situation de cumul de mandats. Il démissionnera ensuite en 2007.

Père de Pierre Vergès, il a été très marqué par la mort accidentelle en de son autre fils Laurent, député et conseiller général.

Lors de l'élection présidentielle de 2007, il apporte son soutien à Marie-George Buffet.

En , candidat à la députation dans la 3e circonscription de La Réunion, il est largement devancé au second tour par Didier Robert (UMP), ne recueillant que 37,6 % des votes[10]. Sa liste est également devancée par celle de Didier Robert aux élections régionales de 2010 à La Réunion ; il perd alors la tête du conseil régional au profit de ce dernier.

Il est de nouveau élu sénateur le . Alors qu'il annonce sa prochaine démission au profit de Gélita Hoarau[11], sénatrice PCR non réélue, le Parti socialiste le prie de conserver son mandat, du fait de l'étendue fragile de la nouvelle majorité issue du dernier scrutin sénatorial. En sa qualité de doyen d'âge du Sénat, il préside, le (à 86 ans), la séance d'élection du président du Sénat[12], exercice qu'il renouvelle le (à 89 ans) à la suite des élections sénatoriales de septembre.

Aux côtés d'autres sénateurs, il est l'initiateur, en , de la loi criminalisant les massacres d'octobre à Paris en 1961 ; la résolution fut adoptée le par 174 voix pour et 168 contre[réf. nécessaire].

Mort[modifier | modifier le code]

Paul Vergès meurt au CHU de Bellepierre dans la commune de Saint-Denis de La Réunion dans la nuit du au [13]. Gélita Hoarau lui succède de nouveau au Sénat sur un siège renouvelable en septembre de l'année suivante[14].

Il est un des responsables politiques français qui détiennent le record de longévité dans des fonctions politiques ; il occupe en effet différents mandats après son élection comme conseiller général de La Réunion en 1955, totalisant 61 ans de vie politique à sa mort[15]. Jean-Marie Le Pen, élu député pour la première fois en 1956, lui succède alors.

Controverses[modifier | modifier le code]

Paul Vergès a été vivement critiqué[Par qui ?] après avoir placé son fils à la vice-présidence du conseil régional de La Réunion lors de son mandat, et sa fille à la direction scientifique et culturelle de la Maison des civilisations et de l'unité réunionnaise.[réf. nécessaire]

Ouvrage[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « Paul Vergès », sur www2.assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  2. « Défendre Bush et Sharon? Pourquoi pas ? », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  3. « Le dernier souper de Jacques Vergès », sur Paris Match, (consulté le ).
  4. Jacques Vergès et Jean-Louis Remilleux, Le salaud lumineux : conversations avec Jean-Louis Remilleux, Librairie générale française, , 412 p. (ISBN 978-2-253-05893-9).
  5. Laurent Decloitre, « Paul Vergès au scanner », L'Express,‎ (lire en ligne).
  6. Ian Hamel, « L'autre secret de Jacques Vergès », Le Point,‎ (lire en ligne).
  7. a et b Jacques Tillier, Une plume libre : De Mesrine à Sarkozy, souvenirs d’un journaliste pas comme les autres, Pygmalion, coll. « Documents et témoignages », , 422 p. (ISBN 978-2-7564-0975-7, lire en ligne).
  8. Hervé Schulz, « Le sénateur Paul Vergès, figure politique de La Réunion, meurt à 91 ans », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  9. « Catalogue de l'exposition La Région a vingt ans » [archive du ], sur regionreunion.com.
  10. « Résultats des élections législatives 2007 », sur interieur.gouv.fr (consulté le ).
  11. « Sénat : Paul Vergès élu démissionne », sur lefigaro.fr, .
  12. « Jean-Pierre Bel élu premier président socialiste de l'histoire du Sénat », sur lemonde.fr, .
  13. « Paul Vergès est décédé », sur Clicanoo, (consulté le ).
  14. « Sénat : Gélita Hoarau remplacera Paul Vergès », Zinfos974,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. Hervé Schulz, « Le sénateur Paul Vergès, figure politique de La Réunion, meurt à 91 ans », sur lemonde.fr, .

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]