Paul III

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Paul III
Image illustrative de l’article Paul III
Paul III. École Titien (après 1546). Kunsthistorisches Museum
Biographie
Nom de naissance Alexandre Farnèse
Naissance
Canino, États pontificaux
Décès (à 81 ans)
Rome, États pontificaux
Pape de l'Église catholique
Élection au pontificat (66 ans)
Intronisation
Fin du pontificat
(15 ans et 28 jours)
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
par le pape Alexandre VI
Titre cardinalice Cardinal-évêque d'Ostie
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale par le
pape Alexandre VI
Doyen du Collège des cardinaux

Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Alexandre Farnèse (Alessandro Farnese en italien), né à Rome ou à Canino, le , est élu pape le sous le nom de Paul III (en latin Paulus III, en italien Paolo III) et règne jusqu'à sa mort, à Rome, le .

Avec son soutien est créée la compagnie de Jésus (jésuites), dont l'un des membres est son représentant au concile de Trente (dit aussi « concile de la Contre-Réforme catholique ») qu'il convoqua.

On lui doit également la condamnation officielle de l'esclavage par l'Église catholique en 1537.

Biographie

Jeunesse

Alexandre Farnèse est le fils de Pier Luigi Farnèse et de Giovanelle Gaetani, sœur du seigneur de Sermoneta et descendante de la famille du pape Boniface VIII.

Il reçut la meilleure éducation que son époque pouvait offrir, d'abord à Rome, où il eut comme tuteur Pomponio Leto, puis à Florence au palais de Laurent le Magnifique, où naquit son amitié avec le futur Léon X, de six ans son cadet. Ses contemporains louent son érudition dans toutes les disciplines de la Renaissance, particulièrement sa maîtrise des lettres classiques latines et italiennes. Avec de tels avantages de naissance et de talent, son avancement dans la carrière ecclésiastique fut rapide.

Carrière curiale

Le , à peine âgé de 25 ans, il fut élevé au rang de cardinal-diacre de SS. Côme et Damien par Alexandre VI. Certains ne laissent pas échapper l'occasion d'ironiser sur la rapide consécration et surnomment Alexandre Farnèse, il cardinale della Gonnella, avec une allusion évidente aux avantages obtenus grâce à la faveur de sa sœur Giulia Farnèse, maîtresse d'Alexandre VI. Il porta la pourpre pendant plus de quarante ans, traversant tous les grades jusqu’à devenir doyen du Sacré Collège. En phase avec les abus de son temps, il accumula nombre d’opulents bénéfices, mais dépensait son immense revenu avec une générosité qui lui valait la louange des artistes et l’affection du peuple romain. Ses capacités naturelles et son habileté diplomatique, acquise de longue expérience, lui valaient un grand prestige parmi ses collègues du Sacré Collège, d’autant plus que son Palais Farnèse excédait en magnificence toutes les autres places de Rome[1]. Qu’il continuât de grandir en faveur sous des pontifes de caractères aussi opposés que les Borgia, Della Rovere et Médicis, est une preuve suffisante de son habileté.

Évêque de Montefiascone et Corneto de 1499 à 1519, il était déjà, en deux occasions précédentes, passé à deux doigts de la tiare quand le conclave de 1534, presque avec la formalité d’un plébiscite, le proclama successeur de Clément VII. Il est à mettre au crédit de sa réputation et à la bonne volonté des cardinaux, que les factions qui divisaient le Sacré Collège s’entendirent sur son élection. Il était universellement reconnu comme l’homme du moment, et la piété et le zèle qui l’avaient caractérisé depuis sa prêtrise permirent d’oublier les extravagances de ses jeunes années.

Pendant l'époque des beylerbeys à Alger, en 1541, le pape Paul III joint les galères de la papauté à la flotte de Charles Quint contre les Turcs d'Alger en 1541. Les Espagnols débarquent dans la région d'Alger le 1er novembre. La tempête détruit la moitié de leur flotte, les troupes sont paralysées, une intervention des soldats du bey oblige les Espagnols à rembarquer à la fin du mois[2].

Pape

Le peuple de Rome se réjouit de l’élection à la tiare du premier citoyen de leur ville depuis Martin V. Paul III fut couronné le 3 novembre et ne perdit pas de temps pour s’atteler aux réformes. L’élévation au cardinalat de ses petits-fils, Alessandro Farnese, âgé de quatorze ans, et Guido Ascanio Sforza, âgé de seize, déplurent au parti de la réforme et entraînèrent les protestations de l’empereur, mais cela fut pardonné, quand peu après, il introduisit au Sacré Collège des hommes de la trempe de Reginald Pole, Contanini, Sadoleto et Caraffa.

Le Pape du concile de Trente

Portrait de Paul III avec ses petits-fils (Titien, 1545-1546)

Peu après son élévation, le , Paul III convoqua un concile œcuménique à Mantoue pour le mois de mai suivant ; mais l’opposition des princes protestants et le refus du duc de Mantoue d’assumer la responsabilité du maintien de l’ordre contrecarrèrent le projet. Il publia une nouvelle bulle, convoquant un concile à Vicence pour le  ; l’obstacle majeur y fut le regain d’hostilité entre Charles Quint et François Ier. Le vieux pontife parvint à les convaincre de tenir avec lui une conférence à Nice et de conclure une trêve de dix ans. Comme gage de bonne volonté, une petite-fille de Paul fut mariée à un prince français, et l’empereur donna sa fille, Marguerite, à Octave (Ottavio), le fils de Pierre Louis (Pier Luigi), fondateur de la dynastie Farnèse de Parme.

Bien des causes contribuèrent à retarder l’ouverture du concile. L’accroissement de puissance qu’une Allemagne réunifiée aurait mis entre les mains de Charles était si intolérable à François Ier, que lui, qui persécutait dans son propre royaume l'hérésie avec tant d'acharnement, au point que le pape dut l’appeler à réfréner sa violence, devint l’allié fidèle de la ligue de Smalkalde et la poussa à rejeter toutes les offres de réconciliation. Charles-Quint lui-même n’était pas à blâmer car, favorable à la tenue d'un concile, il s'imaginait que les différends religieux en Allemagne pouvaient être réglés par des conférences réunissant les deux parties. Ces conférences, comme toute tentative de ce genre en dehors des cours normales de l’Église, entraînaient des pertes de temps, et faisaient beaucoup plus de mal que de bien. Charles se faisait aussi une idée fausse de l'objet d’un concile œcuménique. Dans son désir d’unir toutes les parties, il croyait possible l'adoption de formulations larges auxquelles tous auraient pu souscrire.

Pendant ce temps, Paul III s’occupait de la réforme de la cour papale avec une vigueur qui pavait la voie des canons disciplinaires de Trente. Il nomma des commissions pour relever les abus de toutes sortes ; il réforma la cour apostolique, le tribunal de la Rote, la pénitencerie apostolique, et la chancellerie apostolique. Il renforça le prestige de la papauté en faisant lui-même ce que ses prédécesseurs confiaient à un conseil. Dans la querelle permanente entre François Ier et Charles-Quint, Paul III garda une stricte neutralité, bien que Charles le pressât de soutenir l’Empire et de soumettre François aux censures de l’Église. L’attitude de Paul III, comme patriote italien, suffit à empêcher l’Empereur d'être le seul arbitre en l’Italie. C’est autant pour préserver les territoires pontificaux que pour promouvoir ses intérêts familiaux que Paul exhorta Charles et ses cardinaux affidés à consentir à l’érection de Plaisance et Parme en un duché pour son fils Pier Luigi Farnese. Une querelle survint avec Gonzague, le gouverneur impérial de Milan, qui se termina plus tard par l’assassinat de Pier Luigi et la perte définitive de Plaisance pour les États Pontificaux.

Quand la trêve de Crépy-en-Laonnois () mit fin aux guerres désastreuses entre Charles-Quint et François Ier, Paul III relança énergiquement le projet de tenue d’un concile œcuménique. Pendant ce temps, l’Empereur avait développé un programme de son cru, sur plusieurs points essentiels en porte-à-faux avec celui du pape. Puisque les protestants répudiaient un concile présidé par le Pontife romain, Charles était résolu à soumettre les princes par les armes. Paul ne s’y opposa pas et il promit de l’aider avec trois cent mille ducats et vingt mille hommes de pied ; mais il ajouta sagement la condition que Charles ne devrait conclure aucun traité séparé avec les hérétiques et ne passer aucun accord préjudiciable à la Foi et aux droits du Saint-Siège. Charles souhaitait alors que le concile fût prolongé jusqu’à la victoire des Catholiques. De plus, prévoyant que la lutte avec les prédicateurs de l’hérésie serait plus obstinée que le conflit avec les princes, il pressa le pontife d’éviter de formuler des dogmes de foi pour le présent et de confiner les travaux du concile au renforcement de la discipline. Le pape ne pouvait souscrire à aucune de ces demandes.

Finalement, après d’incessantes difficultés (), le concile de Trente tint sa première session. En sept sessions, la dernière ayant eu lieu le , les Pères s'attaquèrent avec vigueur aux questions les plus importantes de la foi et de la discipline ecclésiastique. Sans écouter les menaces ni les protestations du parti impérial, ils formulèrent pour tous les temps la doctrine catholique sur les Écritures, le péché originel, la justification et les sacrements. Le concile avait bien entamé ses travaux quand l'irruption de la peste à Trente obligea à un ajournement : le concile fut transféré à Bologne. Le pape Paul n'en fut d'ailleurs pas l’instigateur, il entérina seulement la décision des Pères. Cependant, quinze prélats dévoués à l’Empereur refusèrent de quitter Trente et Charles exigea le retour du concile en territoire allemand. Néanmoins, les délibérations se poursuivirent à Bologne jusqu’à ce que, finalement, le 21 avril, le pape, dans le but d’éviter un schisme, ajournât le concile pour une durée indéterminée. La pertinence de la résolution du concile à proclamer les vérités fondamentales du Credo catholique devint bientôt évidente quand l’Empereur et ses conseillers semi-protestants infligèrent à l’Allemagne leur religion Intérime : elle fut méprisée par les deux parties. Le pape Paul, qui avait apporté à l’Empereur une aide essentielle dans la guerre smalcaldique, mesurait maintenant l’amateurisme théologique de Charles-Quint, et leurs dissensions durèrent désormais jusqu’à la mort du pontife.

Sur l'esclavage

Dès 1537, Paul III condamna officiellement, par la lettre Veritas ipsa et la bulle pontificale Sublimis Deus, la pratique de l'esclavage, y mettant le poids de son autorité pontificale. Cette dénonciation n'eut pas d'effet sur les souverains d'Occident en raison de leurs impératifs économiques et de la perte manifeste d'influence politique de la papauté, entérinée par la sécession anglicane. Seul Charles Quint avait, sur recommandation de sa Commission des Indes, interdit l'esclavage[3] avant même que l'Église ne prît position.

Cette interdiction fut respectée quelque temps par l'Espagne[4], ce qui ne fut toutefois pas le cas pour le Portugal. Quant à la France, elle interdit aux navires chargés d'esclaves de mouiller dans les ports français[5] et il était illégal en Nouvelle-France (Québec, Louisiane), jusqu'à ce que John Law, protestant d'origine écossaise, donc non tenu d'obéir au Pape, l'organise sous la Régence en Louisiane (1717). L'esclavage s'était d'autre part installé dans certaines colonies des Antilles comme fait accompli. Colbert avait tenté de l'encadrer par le code noir. Dans des villes comme Nantes et Bordeaux, il fut néanmoins le fait des Irlandais jacobites, pourtant catholiques. Mais Paul III était mort depuis longtemps.

Voir également :

Fin

La fin de Paul III survient subitement. Après l'assassinat de Pier Luigi, il se bat pour retenir Plaisance et Parme dans le giron de l'Église et prive Ottavio, le fils de Pier Luigi et beau-fils de Charles Quint, de ces duchés. Ottavio, confiant dans la générosité de l'empereur, refuse d'obéir, ce qui brise le cœur du vieil homme lorsqu'il apprend que son petit-fils favori, le cardinal Farnèse, est partie prenante dans la transaction.

Il est pris d'une fièvre violente et meurt au Quirinal, le à l'âge de quatre-vingt-deux ans.

Il repose dans la Basilique Saint-Pierre dans la tombe dessinée par Michel-Ange et érigée par Guglielmo della Porta[6].

Descendance

En 1502, encore diacre, Alexandre Farnese avait rencontré Sílvia Ruffini qui lui avait donné quatre enfants : Pierre Louis Farnèse, duc de Parme, Paolo, Ranuncio et Constanza. Les deux premiers seront légitimés par Jules II.

Notes et références

Sources

  • P. Sforza Pallavicini (trad. H. Migne), Histoire du concile de Trente, imp. Migne, 1844 ;
  • O. Ponvinio, Pontificorum Romanorum vitæ.

Bibliographie

  • M. Artaud de Montor, History of the Popes, New York, 1867 ;
  • L. Pastor, Histoire des papes, Plon, Paris, 1892-1938 ;
  • L. Von Ranke, Histoire de la papauté, Fayard, Paris, 1986.
  • Fred Bérence Les Papes de la Renaissance Éditions du Sud & Albin Michel, Paris, 1966.

Notes

  1. Sur le palais Farnèse et la famille Farnèse en général, voir Ferdinand de Navenne, Rome. Le palais Farnèse et les Farnèse, Paris, Albin Michel, 1914 et 1923.
  2. Cf. Pierre Mesnard, "Charles Quint et les Barbaresques", Revue hispanique, 1959, (vol. 61, 2-3), p. 232.
  3. Qu'il avait lui-même réinstauré dix ans plus tôt.
  4. Si l'on en croit le film Mission.
  5. Cette mesure était cependant fort théorique, puisque le commerce triangulaire avait lieu dans l'autre sens
  6. Tous les papes ne reposent pas dans un monument correspondant à leur importance dans l'Histoire.

Voir aussi

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Articles connexes

À la télévision

  • Le pape Paul III est interprété par Peter O'Toole dans la série télévisée Les Tudors.
  • Borgia, série télévisée franco-allemande créée par Tom Fontana et diffusée sur Canal+ à partir d'octobre 2011. Alessandro Farnese est interprété par Diarmuid Noyes.

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