Parti d'action nationaliste

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Parti d'action nationaliste
(tr) Milliyetçi Hareket Partisi
Image illustrative de l’article Parti d'action nationaliste
Logotype officiel.
Présentation
Président général Devlet Bahçeli
Fondation
Siège Ehlibeyt Mh. Ceyhun Atuf Kansu Cd No:128, 06105 Ankara
Fondateur Alparslan Türkeş
Secrétaire général İsmet Büyükataman (tr)
Branche paramilitaire Loups gris (non officiel)
Slogan « Votez pour l'avenir du pays »
(turc : Ülkenin Geleceğine Oy Ver)
Positionnement Droite[1],[2],[3],[4] à extrême droite[5],[6],[7],[8]
Idéologie Islamo-nationalisme[9]
Ultranationalisme turc[5],[10],[11],[12],[13],[14]
Synthèse turco-islamique[15]
Néofascisme[16]
Nationalisme culturel[14],[17],[18]
Nationalisme ethnique[19]
National-conservatisme[20]
Conservatisme social[21]
Panturquisme[22]
Touranisme[23],[24]
Populisme de droite[10],[25]
Euroscepticisme[26]
Affiliation nationale Alliance populaire
Adhérents 480 584 (2022)[27]
Couleurs Rouge et blanc (officiellement)
Rouge rubis (usuellement)
Site web mhp.org.tr
Représentation
Députés
50  /  600
Maires métropolitains
1  /  30
Élus de districts
233  /  1351
Conseillers provinciaux
188  /  1251
Élus municipaux
2819  /  20498
Drapeau du Parti d'action nationaliste.

Le Parti d’action nationaliste (Milliyetçi Hareket Partisi ou MHP en turc) est un parti politique turc généralement classé à l'extrême droite fondé en 1969. Le prédécesseur de MHP est le Parti national républicain et paysan (Cumhuriyetçi Köylü Millet Partisi), fondé en 1958.

En 1969, quatre ans après l'arrivée d'Alparslan Türkeş à la tête du parti, celui-ci prend le nom de Parti d'action nationaliste.

De 1983 à 1985, le parti prend le nom de Parti conservateur (Muhafazakâr Parti), puis de Parti nationaliste et travailliste (Milliyetçi Çalışma Partisi) de 1985 à 1993. Le BBP a été fondé en 1993 et le parti İYİ a été fondé en 2017 par les opposants qui ont quitté ce parti.

Il participe au gouvernement Ecevit II de 1999 à 2002 en coalition avec le Parti de la gauche démocratique (DSP) de Bülent Ecevit et le Parti de la mère patrie (ANAP) de Mesut Yılmaz, et disparaît de la Grande Assemblée nationale de Turquie avant de la réintégrer lors des élections de 2007.

Dans la perspective des élections générales du 24 juin 2018, il forme une Alliance populaire avec le Parti de la justice et du développement (AKP) et contribue à l'élection de Recep Tayyip Erdoğan à la présidence de la république de Turquie.

Historique[modifier | modifier le code]

Fondation du parti[modifier | modifier le code]

Les origines de l’extrême droite moderne turque remontent à la fin des années 1930, se structurant autour d'officiers favorables au régime nazi et enclins au panturquisme. Ses militants, surnommés les « Loups gris », sont violemment anti-communistes[28].

Le CKMP, Parti national républicain et paysan (en turc : Cumhuriyetçi Köylü Millet Partisi), fondé en 1958, passe en 1965 sous la direction du colonel Alparslan Türkeş. Le parti est renommé MHP, le , lors d'un congrès se déroulant dans la ville d'Adana ; l'ancien emblème du parti, la Balance de Thémis, est remplacé par les trois croissants sur fond rouge, alors que l'emblème de la section des jeunes du MHP devient un loup entouré d'un croissant sur fond rouge.

De 1969 jusqu'à son interdiction[modifier | modifier le code]

Dans les années 1970, les milices du MHP affrontent violemment les syndicats et les mouvements de gauche radicale. En 1978, les militants du MHP massacrent des familles entières supposées proches de l'extrême gauche, dans la ville de Maraş. Plusieurs centaines de personnes sont assassinées en deux jours[28].

Jusqu'en 1973, le parti n'obtient pas les résultats espérés. Les différents revers subis lors des élections législatives de 1969 et de 1973 (respectivement 3,02 % et 3,38 %) ont été imputés à la politique panturquiste défendue par Alparslan Türkeş, qui n'a pas trouvé d'écho dans la société turque. De plus, Alparslan Türkeş est le colonel qui a annoncé à la radio turque le début du coup d'État militaire de 1960 qui aura pour conséquence la mort par pendaison d'Adnan Menderes, premier ministre à l'époque, et très apprécié des Turcs.

Le Parti du salut national de Necmettin Erbakan et le Parti démocrate (en) de Ferruh Bozbeyli régnaient alors sur la scène politique de l'époque avec une idéologie conservatrice musulmane ; Alparslan Türkeş décide alors de s'éloigner des idées de Nihâl Atsız, c'est-à-dire un nationalisme turc laïc, et de se rapprocher d'une politique qu'il décrira comme « le corps de notre politique est le nationalisme turc, et son âme est l'Islam ». Ce nationalisme « Islam-Turc » a permis au parti de s'ouvrir à l'Anatolie conservatrice. Le MHP récolte les fruits de cette nouvelle politique lors des élections législatives et municipales de 1977 au cours desquelles le parti multiplie par deux ses scores des précédentes élections. Sa politique conservatrice lui permet également de s'implanter dans des villes où les minorités kurdes et zazas sont importantes, et remporter par la même occasion la mairie de Bingöl en présentant un candidat d'origine kurde

Interdiction (1980-1983)[modifier | modifier le code]

Après le coup d'État de 1980, à la suite d'un arrêté publié le , le MHP est interdit comme tous les autres partis politiques du pays.

Refondation[modifier | modifier le code]

Le , les cadres du parti décident de refonder le parti sous le nom de Parti conservateur (en turc : Muhafazakâr Parti), puis de nouveau renommé Parti nationaliste et travailliste (en turc : Milliyetçi Çalışma Partisi) en .

Reprise du nom originel[modifier | modifier le code]

Le lors d'un congrès, le Parti nationaliste et travailliste reprend son nom initial de Parti d'action nationaliste (MHP).

Élections de 2018[modifier | modifier le code]

En , en vue des élections législatives et de la présidentielle du 24 juin, le MHP et l'AKP annoncent une coalition électorale, l'Alliance populaire[29]. Le suivant, le président sortant Recep Tayyip Erdoğan est désigné candidat à la présidentielle par son parti[30]. Le MHP décide de le soutenir.

En France, des militants du MHP sont responsables d'actions d'intimidation visant la communauté kurde[31].

Emblème[modifier | modifier le code]

Signe de ralliement du MHP et des Loups gris.

L'emblème, attribué à l'empire ottoman[32], représente trois croissants sur un fond rouge. Un signe de ralliement des membres du MHP et en général des Loups gris est un signe de la main, où l'index et l'auriculaire sont levés, les autres doigts se rejoignant vers l'avant, pour former la tête d'un loup.

Résultats électoraux[modifier | modifier le code]

Bureaux du MHP à Iğdır.

Élections législatives[modifier | modifier le code]

Année Voix % Rang Sièges Gouvernement
1969 274 225 3,02 5e
1  /  450
Opposition
1973 362 208 3,38 6e
3  /  450
Opposition
1977 951 544 6,42 4e
16  /  450
Opposition
1995 2 301 343 8,18 6e
0  /  550
Extra-parlementaire
1999 5 606 634 17,98 2e
129  /  550
Ecevit IV et V
2002 2 629 808 8,35 4e
0  /  550
Extra-parlementaire
2007 5 001 869 14,27 3e
71  /  550
Opposition
2011 5 580 415 13,01 3e
53  /  550
Opposition
06/2015 7 520 006 16,29 3e
80  /  550
Opposition
11/2015 5 694 136 11,90 3e
40  /  550
Opposition
2018 5 564 517 11,10 4e
49  /  600
Soutien sans participation
2023 5 484 506 10,07 3e
50  /  600
Soutien sans participation

Élections présidentielles[modifier | modifier le code]

Année Candidat Premier tour Second tour Résultat
Voix % Voix %
2014 Ekmeleddin İhsanoğlu 15 587 132 38,44 2e
2018 Recep Tayyip Erdoğan 26 325 188 52,59 Élu
2023 Recep Tayyip Erdoğan 27 088 360 49,50 27 834 692 52,18 Élu

Élections municipales[modifier | modifier le code]

Résultats du MHP lors des élections locales de 2014.
Date Voix % Mairies
1973 133 089 1,33
1977 819 136 6,62
1994 2 239 117 7,95 118
1999 5 401 597 17,17 499
2004 3 372 249 10,45 248
2009 6 683 600 16,27 490
2014 7 907 067 17,62 167
2019 3 211 038 7,44 238

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « En Turquie, le parti d’Erdogan bénéficie du succès inattendu des nationalistes du MHP », sur Le Monde.fr, (consulté le )
  2. Fawaz Gerges, Contentious Politics in the Middle East, Springer, , p. 299
  3. Gözde Yilmaz, Minority Rights in Turkey, Taylor & Francis, , p. 65
  4. « Turkish right-wing dissidents' bid to oust party leader foiled »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Yahoo! Actualités,
  5. a et b (en) Wolfram Nordsieck, « Turkey », sur parties-and-elections.eu (consulté le ).
  6. (en) IBP Inc, Turkey Recent Economic and Political Developments Yearbook Volume 1 Strategic Information and Developments, Lulu.com, , 310 p. (ISBN 978-1-329-16451-2, lire en ligne), p. 46
  7. (en) Senem Aydin-Düzgit, Daniela Huber, Meltem Müftüler-Baç et E. Fuat Keyman, Global Turkey in Europe II : Energy, Migration, Civil Society and Citizenship Issues in Turkey-EU Relations, Edizioni Nuova Cultura, , 248 p. (ISBN 978-88-6812-282-9, lire en ligne), p. 180
  8. Turkish far right on the rise. The Independent. Author - Justin Huggler. Published 19 April 1999. Retrieved 16 February 2017.
  9. « Sainte-Sophie instruments de l'islamo-nationalisme du MHP et de l'AKP »
  10. a et b (en) Russell F. Farnen, Nationalism, Ethnicity, and Identity : Cross National and Comparative Perspectives, Transaction Publishers, , 538 p. (ISBN 978-1-4128-2936-6, lire en ligne), p. 252.
  11. (en) Arman, Murat Necip, « The Sources Of Banality In Transforming Turkish Nationalism », CEU Political Science Journal, no 2,‎ , p. 133–151.
  12. Eissenstat, Howard. « Anatolianism: The History of a Failed Metaphor of Turkish Nationalism » ()
    Middle East Studies Association Conference
    .
  13. (en) Tachau, Frank., « The Search for National Identity among the Turks », Die Welt des Islams, vol. 8, no 3,‎ , p. 165–176.
  14. a et b (en) Steven A. Cook, « Recent History: The Rise of the Justice and Development Party », U.S.-Turkey Relations: A New Partnership to, Council on Foreign Relations,‎ , p. 52.
  15. (en) « Could the MHP's Turkish-Islamic Synthesis Challenge the AKP's Hold on Power », sur turkeyanalyst.org, .
  16. R.w. Apple Jr, « TRAIL OF MEHMET ALI AGCA: 6 YEARS OF NEOFASCIST TIES », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  17. (en) Fatma Müge Göçek, The Transformation of Turkey : Redefining State and Society from the Ottoman Empire to the Modern Era, I.B. Tauris, , p. 56.
  18. (en) Nathalie Tocci, « Turkey and the European Union », The Routledge Handbook of Modern Turkey, Routledge,‎ , p. 241.
  19. Ferhat Kentel, « Turquie : la conquête du centre par le Loup gris », sur Cairn.info (consulté le ).
  20. (en) Ali Carkoglu, Turkey and the European Union : Domestic Politics, Economic Integration and International Dynamics, Routledge, , p. 127.
  21. (en) Ödül Celep, « Turkey's Radical Right and the Kurdish Issue: The MHP's Reaction to the "Democratic Opening" », Insight Turkey, vol. 12, no 2,‎ .
  22. (en) « MHP to start rallies against Kurdish initiative on Dec. 13 » [archive du ], sur todayszaman.com, .
  23. « Could the MHP's Turkish-Islamic Synthesis Challenge the AKP's Hold on Power? », sur Turkeyanalyst.org (consulté le ).
  24. (en) Mehtap Söyler, The Turkish Deep State : State Consolidation, Civil-Military Relations and Democracy, Routledge, , 236 p. (ISBN 978-1-317-66880-0, lire en ligne), p. 119.
  25. (en) Nermin Abadan-Unat (trad. de l'allemand), Turks in Europe : from guest worker to transnational citizen, New York, Berghahn Books, , 286 p. (ISBN 978-1-84545-425-8, lire en ligne), p. 19.
  26. (en) Gamze Avcı, « The Nationalist Movement Party's Euroscepticism: Party Ideology Meets Strategy », South European Society and Politics, vol. 16, no 3,‎ , p. 435-447.
  27. (tr) « Milliyetçi Hareket Partisi », sur yargitaycb.gov.tr (consulté le ).
  28. a et b Ariane Bonzon et Adam Levent, « Meral Akşener, une «louve» nationaliste face à Erdoğan », Slate.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  29. (en) « AKP, MHP to press button for ‘People’s Alliance’ », sur Hürriyet Daily News, Hürriyet Daily News, (consulté le ).
  30. « Élections en Turquie : Erdogan officiellement désigné candidat par son parti », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le ).
  31. « La communauté kurde de France menacée par les nationalistes turcs », sur StreetPress,
  32. (en) « Conflict, Democratization, and the Kurds in the Middle East », sur Google Books (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]