Promenade du Peyrou

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Promenade du Peyrou
Le château d'eau, monument emblématique de la promenade.
Présentation
Type
architectes et sculpteurs
Construction
1689, 1753 et 1766
Propriétaire
propriété de la Municipalité
Patrimonialité
Logo monument historique Classé MH (1954, Arc de triomphe, Promenade, Château d'eau)
Logo monument historique Inscrit MH (1954, Aqueduc)
Logo monument historique Inscrit MH (2022, Acqueduc en totalité)
Localisation
Département
Commune
Coordonnées
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La promenade du Peyrou, également appelée place royale du Peyrou, est une esplanade de 4,59 ha[1] située à l'ouest du quartier de l'Écusson dans la ville de Montpellier (Hérault), en bordure de l'ancienne enceinte « commune-clôture ». Cet ensemble, classé parmi les monuments historiques, représente une conjonction de cinq œuvres : la promenade et ses terrasses permettant de contempler les Cévennes et les Pyrénées qui a été aménagée en 1689, la porte du Peyrou ou l'Arc de Triomphe avec son pont et ses rampes d'accès, réalisés en 1691, la statue équestre de Louis XIV érigée en 1718, l'aqueduc Saint-Clément et son réservoir construit à partir 1753, le château d'eau dont le projet fut retenu en 1766, les statues enfant et lion d'Injalbert et les grilles des entrées en 1883[2]. Plus tard, en 1927, la construction d'un cadran solaire analemmatique, réalisé à l'initiative du Pr Pierre Humbert et en 1939, la prise de la photo symbolique du résistant Jean Moulin.

Promenade du Peyrou à Montpellier en 2021.

D'importants travaux de rénovation ont été effectués depuis les années 1980 pour préserver les lieux.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

La promenade est située dans le sous quartier du « centre historique » appartenant au quartier « Montpellier centre ». D'une longueur de 289,50 mètres pour une largeur de 160,56 mètres, représentant 4,59 ha, elle possède quatre portes d'entrées, trois sur sa partie est et une en haut des escaliers sur sa partie ouest (43° 36′ 41″ N, 3° 52′ 06″ E). L'entrée principale (43° 36′ 40″ N, 3° 52′ 19″ E) est située sur la rue François Franque, suivie (dans le sens horaire) de la place Giral et des rues : Clapiès, du Maréchal de Castries, Hilaire Ricard, Pitot et de la Blottière[3],[4].

Accès
Ligne 4 du tramway.

La promenade du Peyrou est accessible, côté est, aux arrêts : Peyrou - Arc de Triomphe, par la ligne de tramway (M)   4 et par les lignes de bus (M)   67. Côté ouest, les lignes  6 et  10 desservent le lieu à l'arrêt Paladilhe[5] (43° 36′ 43″ N, 3° 52′ 02″ E). Trois stations de Vélomagg' (M) sont disponibles. L'une au no 7 de la rue Foch, l'autre au bas de l'avenue Ledru-Rollin et la dernière sur le parking des Arceaux (place Max-Rouquette). Étant sur la partie haute de Montpellier, deux ascenseurs[6] (43° 36′ 40,75″ N, 3° 52′ 20,64″ E) ont été aménagés pour offrir l'accès à l'Arc de Triomphe pour les personnes à mobilité réduite[7] (M). Deux espaces Modulauto[8] (M) sont accessibles aux parkings de l'Arc de triomphe et des Arceaux (place Max-Rouquette).

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Le nom de Peyrou (ou Peirou, dans les écrits anciens) signifie « pierreux » en occitan. Mais avant l'aménagement de la promenade, ce lieu portait le nom, en ancien français, de « Puy Arquinel », ou de « Puech Arquinel » en occitan[9], se traduisant par « colline Arquinel ».

Historique[modifier | modifier le code]

Histoire des lieux[modifier | modifier le code]

La promenade à la fin du XIXe siècle.

Jusqu'au XVIe siècle, le « Puy Arquinel » était composée de garrigue (cade, thym, romarin, lavande…). Balayée régulièrement par la tramontane avec une vue dégagée jusqu'à l'horizon, pour être situé à 52 m d'altitude, cet espace représentait le promontoire végétatif immédiat pour les habitants de la commune[10].

Habitué des lieux, Louis XIII a ordonné le au duc de Montmorency de canonner la rébellion protestante menée par le duc de Rohan où le traité de Paix (l'édit de Montpellier) a été signé le 19 octobre, après la destruction de la moitié de la ville[11].

Le sol ayant été aplani par la présence de l'armée royale, les commerçants l'ont transformé en espace de foires et de marchés lui donnant le nom de « mont de l'Échine » tant il était dur (s'échiner), côté ouest, d'en gravir la pente pour y accéder. Au nord-ouest de l'aménagement actuel, était installée une aire de dépiquage pour battre le blé avec l'aide du vent qui vannait l'écorce du grain[10].

Vers 1156, le terme de « Peyrou » désignait primitivement un quartier de la ville « al pèyrou » situé à la place de l'actuel Palais de Justice. La place prit naturellement le nom dans la continuité de la porte du Peyrou et de l'actuelle rue Foch dont le premier nom était rue Porte-du-Peyrou[12].

Création de la place[modifier | modifier le code]

L'histoire de la promenade du Peyrou débute le 31 octobre 1685 avec le vote des États de Languedoc pour la mise en place d’une statue équestre à la gloire de Louis XIV[13]. Dans une délibération du , le Conseil de ville décide d'établir une promenade au point culminant de Montpellier[14].

Les travaux de la première promenade commencent sous la supervision du marquis de la Trousse, du comte de Broglie et de l'intendant de Basville, le 17 janvier 1689[13], à la suite d'une adjudication portant sur l'acquisition du terrain, datée du 26 mars 1688[15].

L'aménagement du promontoire est confié au jeune architecte d'Aviler[16] ou Daviler, élève de Jules Hardouin-Mansart qui est le premier architecte du Roi. La promenade est aménagée sur une seule terrasse[12] d'une longueur de 286,60 mètres (140 cannes) pour une largeur de 75,53 mètres (38 cannes), représentant une surface de 2,16 ha[1]. L'ensemble est soutenu par de fortes murailles en pierres en remplacement des palissades de bois. Après l'installation de quelques bancs de pierres et d'espaces verts, l'inauguration est faite le 30 juillet 1690 où les membres du consulat font graver sur une plaque de marbre en lettres d'or, l'inscription : « ANNO MDCXXXX, AD CIVIUM DELICIAS, URBISQUE ORNAMENTUM HOC PUBLICUM OPUS FELICITER CONFECTUM EST REGNANTE LUDOVICO MAGNO CONSULIBUS NOBILI VIRO : De Capon du Bosc, Mazade, Germain, Castel, Dumas et Tourlet. » traduit par « L'an 1690, ce monument public a été achevé avec bonheur, pour le charme des habitants et le prestige de la ville, Louis XIV régnant, étant consuls des hommes estimables. »[17].

La porte du Peyrou[modifier | modifier le code]

L'ancienne entrée fortifiée de la ville, la « porte du Peyrou » est remplacée par un arc de triomphe en 1691. Cette décision est prise dans une volonté politique de propagande monarchique du cardinal de Bonzy afin que le milieu versaillais garde le contrôle des réalisations provinciales[13]. Cette porte d'apparat symbolise la puissance de la royauté pour accéder à la statue équestre dédiée à la gloire du roi Louis XIV, bienfaiteur de la ville.

Statue équestre de Louis XIV[modifier | modifier le code]

Elle représente 152 années d'histoire sur la promenade entre la commande de la première statue le 31 octobre 1685[18] et l'inauguration de la seconde œuvre en toute discrétion, le 29 août 1838, au lendemain de la révolution des Trois Glorieuses[19]. Sur la base des dessins créés par le Premier architecte du Roi Jules Hardouin-Mansart, la première statue est réalisée par les sculpteurs Pierre Mazeline et Simon Hurtrelle. La seconde, moins imposante et détaillée, est réalisée par Jean-Baptiste Joseph Debay et Auguste-Jean-Marie Carbonneaux.

La perspective est marquée au centre de l'esplanade par la statue équestre du roi Louis XIV. Il est représenté avec le bras tendu vers l'Espagne, évoquant son acceptation officielle du testament de Charles II d'Espagne et la fameuse phrase « Il n'y a plus de Pyrénées » qui lui a été attribuée à cette occasion. Toutefois, en observant l'orientation de la statue, on remarque qu'il a le bras tendu vers l'Italie.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

L'historien moderniste Emmanuel Le Roy Ladurie compte la promenade du Peyrou, aux côtés de la cathédrale Saint-Pierre, de la place de la Canourgue et du Plan-de-l'Olivier, comme un des « quatre sanctuaires de la Pureté Montpelliéraine », c'est-à-dire « les lieux où les Montpelliérains trouvaient, et trouvent encore, la spiritualité d'une ville qui en déborde »[20]. En effet, son architecture de style antique, rappelant celle d'un ancien temple, en fait l'un des monuments majeurs de la ville.

Protection[modifier | modifier le code]

L'aqueduc des Arceaux et le réservoir des Arcades sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 9 mars 1954 tandis que l'arc de triomphe, la promenade, les grilles d'entrée, les rampes et les murs de soutènement, le château d'eau, son bassin et les escaliers qui l'encadrent, le pont qui relie le château d'eau à l'aqueduc des Arceaux sont classés aux monuments historiques par arrêté du 18 août 1954[16]. L'aqueduc en totalité a été inscrit en 2022.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Mesures effectuées, sur le site cadastre.gouv.fr (consulté le 16 juin 2017)
  2. Note de l'ouvrage : Mémoires de … gibets de Montpellier et de Montpelliéret., p. 37.
  3. François de La Blottière, sur le site data.bnf.fr (consulté le 18 juin 2017)
  4. « Au pied de l’arc de triomphe, ça dérape les jours de pluie », publié le 11 février 2017 par Aurélia Valarie, sur le site du Midi-Libre (consulté le 18 juin 2017)
  5. « Plan interactif du réseau de transport » (consulté le 18 juin 2017)
  6. « La nouvelle avant-place du Peyrou se dévoile », publié par Nicolas Bonzom, le 29 juin 2016, sur le site 20minutes.fr (consulté le 18 juin 2017)
  7. « Carte d'aide à l'accessibilité », sur le site handimap.org (consulté le 18 juin 2017)
  8. « Stations et voitures », sur le site modulauto.net (consulté le 18 juin 2017)
  9. Prononcer « puèche » (M.-A. Lesaint, Traité complet de la prononciation française dans la seconde moitié du XIXe siècle, Halle-sur-Saale, Hermann Gesenius, (lire en ligne), p. 188).
  10. a et b Note de l'ouvrage : Mémoires de … gibets de Montpellier et de Montpelliéret., p. 31.
  11. Gérard Cholvy (dir.) ((compte-rendu)), Histoire de Montpellier, Toulouse, Privat, coll. « Univers de la France et des pays francophones », , pl., 438, 23 cm (ISBN 978-2-7089-4728-3, présentation en ligne, lire en ligne), p. 120 (consulté le 25 mai 2017)
  12. a et b Note de l'ouvrage : Le Peyrou de Montpellier., p. 14.
  13. a b et c Note de l'ouvrage : La Place royale du Peyrou à Montpellier., p. 121.
  14. Fliche 1950, p. 38
  15. Note de l'ouvrage : Le Peyrou de Montpellier., p. 13.
  16. a et b « Promenade du Peyrou (ensemble monumental de la) », notice no PA00103609, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  17. Note de l'ouvrage : Le Peyrou de Montpellier., p. 16.
  18. « place Royale dite promenade du Peyrou », sur le site de l'inventaire du patrimoine culturel (consulté le 25 juin 2017)
  19. Note de l'ouvrage : Le Peyrou de Montpellier, p. 91.
  20. Emmanuel Le Roy Ladurie Paris-Montpellier : PC-PSU, 1945-1963, Gallimard, 1982

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liste non exhaustive, classée en ordre croissant d'années d'éditions.

  • Eugène Thomas (1799-1871), Montpellier : tableau historique et descriptif pour servir de guide à l'étranger dans cette ville et dans ses environs, Montpellier, Félix Seguin, , IV-344 p., in-12 (BNF 31460331, présentation en ligne, lire en ligne).
  • Léon Malavialle, Le Peyrou et la statue équestre de Louis XIV, Montpellier, Camille Coulet, , 63 p.
  • Henri Lechat, « Projet de décoration de la place du Peyrou au XVIIIe siècle », Mémoires de la Section des lettres, Montpellier, Académie des sciences et lettres de Montpellier, 2e série, t. 1,‎ , p. 469 (lire en ligne)
  • [Fliche 1950] Augustin Fliche, « Montpellier : Le Peyrou », dans Congrès archéologique de France. 108e session. Montpellier. 1950, Paris, Société française d'archéologie, , 357 p. (lire en ligne), p. 38-44.
  • Jean Baumel (1907-1977) (photogr. Claude O'Sugrhu), Le Peyrou de Montpellier, Avignon, Presses universelles, , 110 p., 24 cm (OCLC 461838764, BNF 34651056, SUDOC 009425357, présentation en ligne).
  • Jean-Pierre Thomas (1756-1820), Gaston Vidal (1902-1989), Mémoire sur la place du Peyrou à Montpellier, Montpellier, Ed. de l'Entente bibliophile, , 163 p., 23 cm (ISSN 0423-2283, SUDOC 012123935, présentation en ligne).
  • Mireille Lacave, Montpellier naguère, 1845-1944, Paris, impr. en Suisse, Éditions Payot, , 207 p., Gd in-8 carré (ISBN 2-228-60070-9, BNF 34683627, présentation en ligne).
  • Jean-Michel Renault, Montpellier du charme à la folie, Imp. Union Européenne, Créations du Pélican, , 144 p., 23 cm (ISBN 978-2-7191-0360-9, présentation en ligne).
  • Antoine de Montalivet (Extrait de), Mémoires de … gibets de Montpellier et de Montpelliéret : Succinte [sic] histoire de Montpellier, Paris, , 53 p., 23 cm (présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 31, 33.
  • Jean-Michel Faidit, Le cadran solaire du Peyrou, vol. 20, Montpellier, Bulletin Historique de la Ville de Montpellier, .
  • Thierry Lochard, La Place royale du Peyrou à Montpellier : La statue équestre, le paysage et le territoire, vol. 36, Montpellier, Études Héraultaises, , 10 p. (présentation en ligne, lire en ligne [PDF]).
  • Alexandre Melissinos, Vivek Pandhi, Gilles Séraphin et Christine Ancey, Ministère de la culture et de la communication, Approches de Topographie historique : Les services de l'État dans l'Hérault (Plan de sauvegarde et de mise en valeur), Montpellier, , 445 p., 21 × 29,7 cm (lire en ligne [PDF]).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]