Ouvrage de Rochonvillers

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Ouvrage de Rochonvillers
Le bloc 5 du gros ouvrage de Rochonvillers vu en novembre 2004.
Le bloc 5 du gros ouvrage de Rochonvillers vu en novembre 2004.

Type d'ouvrage Gros ouvrage d'artillerie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié de Thionville
└─ sous-secteur d'Angevillers (ou d'Œutrange)
Numéro d'ouvrage A 8
Année de construction 1929-
Régiment 169e RIF + 151e RAP
Nombre de blocs 11
Type d'entrée(s) Entrée des munitions (EM)
+
Entrée des hommes (EH)
Effectifs 756 hommes et 26 officiers
Coordonnées 49° 24′ 09″ nord, 6° 02′ 23″ est
Localisation de l'ouvrage
Localisation de l'ouvrage

L'ouvrage de Rochonvillers est un ouvrage fortifié de la ligne Maginot, situé sur les communes de Rochonvillers et d'Angevillers, dans le département de la Moselle.

C'est un gros ouvrage d'artillerie, comptant onze blocs. Construit à partir de 1929, il a été un peu abimé par les combats de , avant d'être réparé puis transformé pendant la guerre froide. Il est l'un des premiers ouvrages de la Ligne et un des plus gros, comprenant notamment le plus gros bloc (bloc 5) du Nord-Est.

Position sur la ligne[modifier | modifier le code]

Faisant partie du sous-secteur d'Angevillers dans le secteur fortifié de Thionville, l'ouvrage de Rochonvillers, portant l'indicatif A 8, est intégré à la « ligne principale de résistance » entre les casemates d'intervalle du Gros-Bois (C 35) à l'ouest et du Grand-Lot (C 36) à l'est, à portée de tir des canons du gros ouvrage de Molvange (A 9)[1].

L'ouvrage a une galerie de liaison avec l'abri du Grand-Lot (X 2).

Description[modifier | modifier le code]

L'ouvrage est composé en surface de neuf blocs de combat et de deux blocs d'entrée, avec en souterrain une caserne, une cuisine, des latrines, un poste de secours, des PC, des stocks d'eau, de gazole et de nourriture, des installations de ventilation et de filtrage de l'air, des magasins à munitions (un M 1 et plusieurs M 2) et une usine électrique, le tout relié par des galeries profondément enterrées. Ces galeries sont construites au minimum à 30 mètres de profondeur pour les protéger des bombardements. L'énergie est fournie par quatre groupes électrogènes, composés chacun d'un moteur Diesel SGCM GVU 33 (fournissant 225 chevaux à 500 tr/min)[2] couplé à un alternateur, complétés par un petit groupe auxiliaire (un moteur CLM 1 PJ 65, de 8 ch à 1 000 tr/min)[3] servant à l'éclairage d'urgence de l'usine et au démarrage pneumatique des gros diesels. Le refroidissement des moteurs se fait par circulation d'eau.

Équipage[modifier | modifier le code]

L'équipe de l'ouvrage, sous les ordres du commandant Guillemain, comprenait 756 hommes (dont 26 officiers) des 169e RIF et 151e RAP[4].

  • Commandant de l'ouvrage : chef d'escadron Guillemain
  • Officier adjoint : lieutenant Wagner
  • Commandant en seconde : commandant Marq
  • Major d'ouvrage : lieutenant Sohet
  • Commandant l'artillerie : capitaine Abonneau (27e batterie)
  • Commandant l'infanterie : capitaine Léveillé
  • Commandant le génie : capitaine Villette

Historique[modifier | modifier le code]

L'entrée des munitions, vue en 2011.
L'entrée des munitions derrière le talus, vue en 2011.

Pendant l'occupation, la Wehrmacht fait réaliser à proximité des entrées un ensemble de bâtiments destinés à former un PC de guerre et qui ne seront pas achevés. Les travaux de modernisation des années 1980 à 1983 ont conduit à l'aménagement du PC de guerre de la 1re Armée française (le PC de temps de paix étant installé au château de Mercy près de Metz) dans l'ancien magasin M 1 de l'ouvrage, englobant une notion anti-atomique. Les entrées sont équipés d'un talus anti-souffle et les créneaux sont remplacés par des prises d'air pour les moteurs de l'usine, elle-même modernisée par le remplacement des moteurs et générateurs. Les portes des entrées sont également remplacées et des systèmes électroniques contrôlent les accès.

Le bloc 9 pour tourelle de mitrailleuses destiné à l'origine à la défense du plateau sous lequel s'étend l'ouvrage, fait également l'objet d'un profond remaniement. Ceinturé par un dispositif anti-accès surveillé et électrifié, ses dessus servirent de base à une antenne de transmission. Le bloc en lui-même contenant certains dispositifs relatifs à cette dernière, le reste du bloc se verra également modifié : installation de sanitaires de base (WC et lavabo) pour le personnel de maintenance appelé à accéder au lieu, mise à niveau du circuit électrique et modernisation de différents points comme l’éclairage. Si la tourelle de mitrailleuses reste en place, elle n'a plus alors vocation à être utilisée. Le puits d'accès côté bloc se voit fortement ensablé et la galerie côté ouvrage murée afin d'interdire toute communication physique. Par là même, Le monte-charge est neutralisé et verrouillé en position haute. L'accès rendu impossible par l'ouvrage en lui-même, celui-ci s'effectue alors par son unique cloche GFM, dont la partie émergée est supprimée pour laisser place à une échelle d'accès, coiffé d'une trappe blindée. Le tout étant surmonté d'un abri en tôles.

L'ouvrage est finalement abandonné en 2002, à l'exception du terrain où il se situe, qui reste alors employé comme terrain de manœuvres. En 2013, les « ferrailleurs » ont dévasté l'ouvrage en arrachant la totalité des câbles électriques et ont tout brûlé à l'intérieur. Les galeries sont entièrement noircies et une forte odeur est présente un peu partout à l'intérieur.

Situation actuelle[modifier | modifier le code]

Bien que n'étant plus utilisé, l'ouvrage appartient toujours à l'armée française.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 3, p. 87.
  2. La SGCM, Société générale de constructions mécaniques, construisait des moteurs de marine à La Courneuve sous licence MAN. Les SGCM GVU 33 de Rochonvillers ont six cylindres, chacun avec 6 600 cm3 de cylindrée (un alésage à 200 mm et une course de 330 mm).
  3. Le nom du petit moteur Diesel CLM 1 PJ 65 correspond au fabricant (la Compagnie lilloise de moteurs, installée à Fives-Lille), au nombre de cylindre (un seul fonctionnant en deux temps, mais avec deux pistons en opposition), au modèle (PJ pour « type Peugeot fabriqué sous licence Junkers ») et à son alésage (65 mm de diamètre, soit 700 cm3 de cylindrée).
  4. a et b Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 3, p. 88-89.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 1, Paris, éditions Histoire & collections, coll. « L'Encyclopédie de l'Armée française » (no 2), (réimpr. 2001 et 2005), 182 p. (ISBN 2-908182-88-2).
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1).
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 3 : Le destin tragique de la ligne Maginot, Paris, Histoire et collections, , 246 p. (ISBN 2-913903-88-6).
  • Ernest Niessen, Angevillers, 1918-1945 : chronique d'une enfance vécue sur la ligne Maginot, Knutange, Fensch vallée éd., , 277 p. (ISBN 2-908196-75-1).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Descriptions et photos

Articles connexes[modifier | modifier le code]