Ouraline

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Un présentoir à gâteau en ouraline
Le même présentoir brille d'un éclat fluorescent sous la lumière ultra-violette

L'ouraline est un verre dans lequel a été incorporé de l'uranium, la plupart du temps sous forme de diuranate. La proportion d'uranium varie généralement de 0,1 à 2 % du poids total de l'objet, mais certaines pièces datant du XIXe siècle en contiennent jusqu'à 25 %[1],[2].

L'ouraline a longtemps servi à la fabrication de vaisselle et de bibelots, mais son utilisation s'est faite plus rare lorsque la disponibilité de l'uranium pour l'industrie a diminué à cause de la Guerre froide. La plupart des objets en ouraline sont maintenant considérés comme des antiquités et ne sont plus recherchés que par les collectionneurs. La production actuelle d'objets en ouraline se cantonne à des objets communs comme des perles ou des billes.

Apparence

En l'absence de tout autre colorant, la couleur de l'ouraline, qui varie du jaune au vert, dépend du niveau d'oxydation du matériau et de sa concentration en ions uranium. Les deux caractéristiques principales des objets en ouraline sont qu'ils brillent d'une lumière fluorescente verte quand ils sont placés sous une lumière ultraviolette et qu'ils peuvent émettre des radiations d'un niveau légèrement supérieur à la radioactivité naturelle, même si la plupart sont considérés comme inoffensifs.

La dénomination anglo-saxonne « vaseline glass » vient de la couleur jaune-vert de l'ouraline qui rappelait celle de la vaseline commercialisée dans les années 1920 aux États-Unis, et ce terme est aujourd'hui fréquemment employé pour désigner un verre ayant la couleur de l'ouraline même s'il n'en a pas toutes les caractéristiques physiques.

Variations

Il existe plusieurs sous-types d'ouraline : le « custard glass » est un verre opaque de teinte crémeuse ; le « jadite glass », ou « Jadite », est un verre opaque de teinte verte ; le « Depression glass » est un verre transparent ou semi-opaque de teinte vert pâle.

De même que pour le terme « vaseline glass », les dénominations « custard glass » et « Jadite » sont souvent employées pour décrire l'apparence d'un verre plutôt que ses caractéristiques physiques, et le terme « Depression glass » peut désigner n'importe quel type de verre datant de la Grande Dépression.

Histoire

Période pré-industrielle

L'utilisation de l'ouraline remonte à l'antiquité, comme en témoigne une mosaïque retrouvée en 1912 dans une villa de type romaine du cap de Posillipo dans la baie de Naples en Italie par R.T. Gunther de l'université d'Oxford. Cette dernière comprenait des pièces de verre de couleur jaune contenant 1 % d'oxyde d'uranium.

À partir de la fin du Moyen Âge, la pechblende est extraite des mines d'argent de la maison de Habsbourg à Joachimsthal en Bohême (aujourd'hui Jáchymov en République tchèque) et sert de colorant dans l'industrie du verre locale.

Après avoir découvert l'uranium en 1789, Martin Heinrich Klaproth fit des expériences sur l'utilisation de cet élément dans la coloration du verre.

Production moderne

L'ouraline commença à se populariser à partir de la seconde moitié du XIXe siècle et a connu un âge d'or entre les décennies 1880 et 1920.

Une collection de vaisselle en ouraline

Tout le monde s'accorde à dire que le premier gros producteur d'objets en ouraline a été Josef Riedel[3]. Il a donné leur nom à deux variétés d'ouraline, "annagelb" et "annagrün", respectivement jaune et vert-jaune, en l'honneur de sa femme Anna Maria. Riedel a été un souffleur d'ouraline prolifique et sa verrerie, établie à Dolni Polubny en Bohême, prospéra de 1830 à 1848.

À partir des années 1840, le nombre de verreries à produire des objets en ouraline se multiplia en Europe et de nouvelles variétés furent créées. La cristallerie de Baccarat, en France, créa une ouraline verte et opaque qui fut baptisée chrysoprase à cause de sa couleur rappelant celle de la calcédoine verte.

À la fin du XIXe siècle, les souffleurs de verre découvrirent qu'il était possible de tremper l'ouraline en induisant une micro-cristallisation par adjonction de minéraux afin de rendre le verre plus résistant. Le verre ainsi produit était d'un blanc opaque.

Durant la Grande Dépression, on ajouta plus d'oxyde de fer au mélange car la tendance de l'époque était à une ouraline plus verte. Ce matériau, qui n'était plus à proprement parler de l'ouraline mais plutôt de la vitrocéramique, fut appelé « vaseline glass ».

La production américaine d'ouraline cessa au milieu de la Seconde Guerre mondiale suite à la confiscation des stocks d'uranium par le gouvernement. Elle ne reprit qu'en 1958.

De nos jours, certains fabricants perpétuent la tradition du verre vaseline aux États-Unis : Fenton Art Glass Company, Mosser Glass, Gibson Glass et Jack Loranger.

Références

  1. Big Book of Vaseline Glass, de Barrie Skelcher, Schiffer
  2. "Vaseline and uranium glass ca. 1930s"[1]
  3. http://www.antique-marks.com/josef-riedel.html

Liens externes