Ouragan Mitch

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Ouragan Mitch
Ouragan Mitch, le 26 octobre 1998 à 21:45 GMT
Ouragan Mitch, le 26 octobre 1998 à 21:45 GMT

Apparition 22 octobre 1998
Dissipation 5 novembre 1998

Catégorie maximale Ouragan catégorie 5
Pression minimale 905 hPa
Vent maximal
(soutenu sur 1 min)
290 km/h (180 mi/h)

Dommages confirmés 7 milliards $US (2 005)
Morts confirmés 9 086 morts confirmés
18 000 morts au total estimés
Blessés confirmés n/d

Zones touchées
 

Parcours de l'ouragan Mitch
Parcours de l'ouragan Mitch
Échelle de Saffir-Simpson
DT12345
Saison cyclonique 1998 dans l'océan Atlantique Nord

L'ouragan Mitch fut le deuxième plus meurtrier[1] et l'un des plus puissants ouragans enregistrés dans le bassin Atlantique, avec des vents atteignant 290 km/h. Mitch était le 13e cyclone tropical, le 9e ouragan, et le 3e ouragan majeur de la saison cyclonique 1998. À ce jour, Mitch était l'ouragan du bassin Atlantique le plus fort jamais observé au mois d'octobre, depuis dépassé par l'ouragan Wilma durant la saison cyclonique 2005. Il fut aussi classé comme le 4e ouragan atlantique le plus intense depuis que sont enregistrées des données météorologiques, bien qu'il soit passé à la septième place depuis.

Évolution météorologique

Mitch proche de son intensité maximale

Une onde tropicale, alors très au Sud, traverse la côte africaine le 10 octobre. Elle était passée auparavant aux environs d'Abidjan le 8 octobre, et avait traversé la partie sud de l'Afrique de l'Ouest durant les 8 et 9 octobre. Elle se déplace alors vers l'est dans l'Atlantique tropical. Les vents d'altitude ne sont alors pas favorables, et l'onde tropicale ne s'organise pas. Elle arrive dans l'est de la mer des Caraïbes le 18 et 19 octobre. Son apparence commence alors à s'améliorer. Elle arrive dans le sud de la mer des Caraïbes le 20, poursuivant son renforcement. Le 21 octobre, une reconnaissance aérienne est envoyée. Une circulation de surface de faible diamètre est trouvée, avec une pression de 1 001 hPa. Sur cette base, on estime que la dépression tropicale Treize s'est formée le 22 octobre à h UTC.

La dépression tropicale est alors déjà proche du statut de tempête tropicale. Pourtant, une dépression d'altitude au nord est de Treize, aux environs de Hispaniola, maintient un cisaillement du vent. La dépression se renforce lentement. Elle atteint le statut de tempête tropicale le 22 septembre 18 h UTC, et le nom de Mitch lui est attribué. Elle est alors à environ 415 kilomètres au sud-est de l'île San Andres. Mitch a une circulation particulièrement petite, puisque les vents les plus forts ne s'étendent qu'à 15 kilomètres du centre, et que les vents de force tempête tropicale ne s'étendent pas à plus de 93 kilomètres

Mitch s'est formé à l'ouest de la mer des Caraïbes, et dérive initialement vers l'ouest. Son déplacement est alors lent. La possible reformation du centre durant la journée du 22 septembre vers le sud-ouest, puis la descente d'un creux barométrique redressant le flux au nord, permet à Mitch d'effectuer une boucle cyclonique. Le creux est cependant situé au large de la côte sud-est des États-Unis, et est bien trop éloigné pour accélérer sensiblement la tempête tropicale. Mitch se déplace donc lentement en direction du nord, parfois un peu plus à l'ouest, parfois un peu plus à l'est.

Schéma de l'ouragan Mitch

L'origine de Mitch vient d'une onde tropicale qui a démarré de la côte africaine le 10 octobre. Elle se déplaça ensuite vers l'ouest dans l'océan Atlantique, et resta désorganisée jusqu'à son entrée dans la mer des Caraïbes le 18 octobre. Dans l'ouest de la mer des Caraïbes, la convection a soudainement augmenté, et le 22 octobre, l'onde devint une dépression tropicale à 670 km au sud de Kingston en Jamaïque. Sous l'effet du courant, Mitch dériva vers l'ouest et s'intensifia, devenant alors une tempête tropicale le 23 octobre, alors à 420 km au sud-est de San Andrés.

Initialement, l'intensification fut limitée par une dépression qui créait un vent de cisaillement vertical au-dessus de la tempête tropicale. Quand la tempête dévia vers le nord, le cisaillement diminua, et la tempête commença alors à se renforcer fortement. Mitch, alors à 475 km au sud de la Jamaïque, atteignit le statut d'ouragan le 24 octobre. Les eaux chaudes et les courants forts ont ensuite rapidement renforcé l'ouragan. Du 24 au 25 octobre, la pression centrale perdit 52 mbar en 24 h seulement, et le 26 octobre, Mitch atteignit l'intensité maximum avec des vents de 290 km/h et une pression de 905 mbar, une des pressions les plus faibles jamais enregistrées dans un ouragan atlantique.

Préparatifs

En restant à l'ouest de la mer des Caraïbes, l'avenir de Mitch était très incertain, le National Hurricane Center américain a alors averti les populations aux alentours de la zone tout en leur demandant de surveiller l'ouragan. Seulement 2 jours avant qu'il ne frappe les côtes, il restait une possibilité pour l'ouragan d'épargner le Honduras et de frapper le Guatemala ou le Belize. De plus, le National Hurricane Center aura des difficultés à contacter les gouvernements locaux. À cause de l'incertitude, les gouvernements ont officiellement émis des alertes cycloniques pour toute la région s'étendant de la frontière Honduras/Nicaragua jusqu'au Belize, seulement 2-3 jours avant qu'il ne touche les côtes.

Impacts

L'ouragan Mitch est le second plus meurtrier dans le bassin de l'Atlantique Nord après Grand ouragan de 1780 et devant l'ouragan de Galveston en 1900. Près de 10 000 personnes sont mortes officiellement, dans les inondations et les coulées de boue, mais une estimation place ce nombre à près de 18 000 en comptant les disparus. La plupart de ceux-ci se retrouvent en Amérique centrale, principalement au Honduras et au Nicaragua.

Amérique centrale

À cause de sa faible vitesse entre le 29 octobre et le 3 novembre, l'ouragan Mitch a déversé des quantités historiques d'eau au Nicaragua et en Honduras, on parle d'environ 900 mm de pluie. Les inondations sont responsables de dégâts chiffrés à plus de 5 milliards (USD 1998, 6 milliards de dollars 2006).

Honduras

Photo de Tegucigalpa, capitale du Honduras, après le passage de Mitch
Quelques relevés au Honduras
Précipitations totales (mm)
Choluteca donnée 911,6
La Ceiba donnée 876,8
Balfate donnée 671,3
Tela donnée 565,4
Yoro donnée 520,4

Le Honduras fut le plus durement touché. C’est en effet dans ce pays que l’ouragan était à l’apogée de sa puissance. Le bilan humain est de 6600 morts de la catastrophe et 8052 personnes disparues. Quant aux dégâts causés, 92 ponts et 70 000 habitations ont été partiellement ou complètement détruits. Il n'existe pas de cartographie officielle des précipitations. Ces quelques données permettent cependant de se rendre compte de la violence des précipitations. La ville de San Pedro Sula, capitale économique du pays, se retrouvera sous un mètre d'eau, et son aéroport sera gravement endommagé[2].

Nicaragua

Lorsque l’ouragan Mitch a frappé le Nicaragua, un des pays les plus pauvres d’Amérique centrale. Des affaissements de terrains et inondations ont eu lieu dans tout le pays, des dizaines de villages disparurent sans laisser de trace. Les pluies torrentielles vont remplir le cratère du volcan Casita qui va former un lac, avant de s'effondrer sous la pression des eaux le 30 octobre engendrant d’importantes inondations et torrents de boue dans 10 communautés. Le lahar qui en résulta tuera 2 000 personnes[3] et près de 867 752 personnes durent être déplacées. On compte 2362 morts et 970 personnes disparues. Le bilan des dégâts matériels est un peu moins élevé qu’au Honduras mais reste tout de même assez important; 71 ponts détruits ou endommagés, 70% de routes impraticables et 30 000 maisons ont été totalement ou partiellement détruites. De plus, les constructions précaires ont été emportées par les flots ou la boue. Au niveau de l’agriculture, le pays s’en sort bien quoique 10 % de la récolte de café, principal produit d’exportation, aient été anéantis.

Guatemala

Avec le passage de l’ouragan Mitch, des précipitations catastrophiques engendraient d’importantes inondations au Guatemala également. 5969 personnes furent évacuées préventivement. C’est le nord-est du pays qui a été le plus sévèrement touché par Mitch. Au 9 novembre, on diagnostique 258 tués et 120 disparus ainsi que 723 581 personnes encore en difficultés. Les dégâts matériaux sont moins importants qu'au Honduras et au Nicaragua, 32 ponts, 40 routes et 19 000 habitations ont été détruits ou endommagés. Du côté de l’agriculture c’est la catastrophe, 95% de la production nationale de banane détruite, entre 25 et 60% pour le maïs, le haricot, le café et la canne à sucre. On constate aussi une perte de 30% du bétail.

L'aide humanitaire

Des procédures d’aides ont rapidement été mises en place. Le défi était d’une rare ampleur pour les organismes de secours, les gouvernements et les organisations d’assistances. En tout, prêt d’1,3 million de personnes ont dû être évacuées et secourues.

Les forces armées françaises

Dans le cadre de l'opération Cormoran, les forces armées françaises (dont les forces armées aux Antilles) ont été déployées dans plusieurs pays d'Amérique centrale. La marine nationale a projeté en mer des Caraïbes le porte-hélicoptères "Jeanne d'Arc" et sa conserve la frégate "Duguay-Trouin" ainsi que le bâtiment de transport léger (Batral) "Francis Garnier".[4] Ce dernier, basé à Fort-de-France en Martinique, a appareillé avec deux cents tonnes de frêt humanitaire (nourriture et matériaux de construction financés par le ministère des Affaires étrangères, médicaments fournis par une organisation non gouvernementale) ainsi qu'avec une compagnie de génie constituée d'éléments du 1er régiment du service militaire adapté et du 33ème régiment d'infanterie de marine (RIMa). Arrivé en premier sur zone, le "Francis Garnier" a opéré une rotation entre Puerto Barrios (Guatémala) et Puerto Cortés (Honduras) avant d'accoster à nouveau à Puerto Barrios pour servir de base arrière aux militaires de l'armée de terre, désormais installés en base avancée dans les arènes municipales de Morales (Guatemala) . La "Jeanne d'Arc" et le "Duguay-Trouin" ont quant à eux été déroutés de leur croisière annuelle de formation des élèves-officiers (GEAOM) et ont dû traverser, dans l'océan Atlantique, le cyclone Mitch, subissant alors quelques dégâts. Sur place, les élèves-officiers médecins ont, avec le concours des moyens héliportés de la "Jeanne d'Arc", assuré des missions de soutien sanitaire aux populations.[5] Des moyens de transport aérien ont égalent été engagés (C 160, Transall) ainsi qu'un important détachement de la sécurité civile comprenant plus de deux cents hommes et un hôpital de campagne, en charge notamment d'évaluer la situation sanitaire.[6] L'engagement des forces armées françaises a donné lieu à des auditions parlementaires qui ont été consignées en annexe d'un rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques.[7] Selon ce rapport, au plus fort de l'opération Cormoran, plus d'un millier de militaires français ont été engagés.

Base avancée du RSMA de Martinique à Morales
Des militaires français en train de rétablir une route près de Morales
A l'arrière-plan de l'échelle de coupée, les hangars du port de commerce de Puerto Barrios détruits par Mitch
Distribution de nourriture aux victimes de Mitch

La Croix-Rouge

La Croix-Rouge a fourni une aide massive. En tout, ce sont plus de 8000 volontaires de la Croix-Rouge qui ont été mobilisés par les sociétés nationales d’Amérique centrale. L’aide se traduit par la construction d’abris, l’apport de services de premiers secours, de l’eau potable, de la nourriture, des vêtements, des couvertures, des médicaments et autres articles de première nécessité. Des fournitures sanitaires, articles d’hygiène, équipements pour approvisionnement en eau et son assainissement ont été expédiés par avion depuis l’Europe et l’Amérique du Nord. On constate aussi des dons en espèces et du personnel mobilisé par les sociétés nationales de la région, des collectes de vêtements et de nourritures par les Églises et les commerçants locaux. De nombreux problèmes de coordination et de logistique entre les ONG furent perçus par les habitants comme une aide inappropriée. La nécessité d’une meilleure politique de gestion des risques naturels et des catastrophes qui en découlent est un apprentissage pour l’avenir. Mitch a rendu la population beaucoup plus vulnérable, la priorité a donc été de mettre en place un programme de reconstruction et de relèvement afin d’aider les communautés à retrouver leur autosuffisance et leur dignité et de réduire cette vulnérabilité. A lieu également, une distribution de semences et d’outils aratoires. Un programme de nourriture contre travail a aussi été mis en œuvre et administrés par la Croix-Rouge.

Office of Foreign Disaster Assistance

L’USAID/OFDA (United States Agency for International Development/Office of Foreign Disaster Assistance) a joué un rôle essentiel dans l’aide humanitaire des pays touchés. Elle mobilisa des moyens aériens (ponts aériens par hélicoptère). Dès le 29 octobre elle mit en place des procédures d’aide d’urgence, débloqua des fonds d’urgence et du personnel de secours fut recruté. Elle apporta des moyens financiers pour l’eau, la santé, l’hygiène, la médecine, les logements et l’agriculture, le déploiement d’équipes de sécurité civile et du personnel médical. L’action se poursuivit à long terme pour la reconstruction des territoires ravagés et ce financement conséquent fut assuré notamment par les États-Unis et l’Union Européenne.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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Notes et références