Otmar von Verschuer

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Otmar (Reinhold Ralph Ernst), baron von Verschuer (né le à la mine de Richelsdorf - mort le à Münster) est un médecin allemand eugéniste qui a été l'un des théoriciens majeurs[2] des politiques racistes du Troisième Reich pendant la période nazie.

Biographie[modifier | modifier le code]

De 1927 à 1935, il est l’assistant du renommé Eugen Fischer directeur de l'Institut d'anthropologie, d'hérédité humaine et d'eugénisme Kaiser-Wilhelm de Berlin où il dirige le département de génétique humaine[3].

En 1935, Otmar von Verschuer deviendra Directeur de l'Institut de biologie de l'hérédité et d'hygiène raciale de l'université de Francfort.

En 1942, il prend la place d’Eugen Fischer, partant en retraite, à l'Institut Kaiser-Wilhelm de Berlin en 1942, où il sera rejoint par Fritz Lenz, autre inspirateur de la politique eugéniste nazie.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il inspira et fit financer les « expériences médicales nazies » menées par son assistant, le Docteur Josef Mengele. Divers organes, des membres, du sang provenant de déportés préalablement infectés par la typhoïde, furent prélevés par Josef Mengele, puis envoyés à Otmar von Verschuer et à d’autres membres de l’Institut Kaiser Wilhelm[4].

Après la défaite nazie, il fut peu inquiété par la « dénazification ». Otmar von Verschuer détruisit sa correspondance avec Josef Mengele et prétendit, à son procès, tout ignorer d’Auschwitz et des méthodes de son disciple. Il fit aussi jouer ses relations et son prestige parmi la communauté scientifique alliée, notamment auprès de Franz Josef Kallmann[5] et Léo Alexander, l’expert médical en chef du Tribunal, tous deux futurs collègues de Verschuer à la ASHG (Société américaine de génétique humaine), soutenue par Rockefeller.

Il fut condamné à une amende de 600 DM en tant que Mitläufer (compagnon de route du parti nazi) par le tribunal de Francfort.

En 1956, pour son soixantième anniversaire, il devient membre de la Eugenics Society américaine et de l’ASHG, regroupant des généticiens parmi les plus éminents qui lui ont dédié une brochure.

En 1961, l'un des fondateurs de The Mankind Quarterly de International Association for the Advancement of Ethnology and Eugenics.

Jusqu’en 1968, Otmar von Verschuer dirigea par la suite l'Institut de génétique humaine de l'université de Münster, et fut considéré et honoré dans le monde entier.

Idées[modifier | modifier le code]

Pendant sa carrière, il s’attacha à l’étude des prédispositions héréditaires de maladies[6] et de la criminalité, et il défendit, dans la lignée de Weismann la thèse de la continuité du plasma germinatif.[pas clair]

Eugéniste, il se réjouit de l’arrivée d’Hitler au pouvoir et voit en lui « Le chef de l'ethno-empire [qui] est le premier homme d'État qui ait fait des données de la biologie héréditaire et de l'eugénique un principe directeur dans la conduite de l'État. »[7]

En 1935 il déclarait être « responsable d’assurer que les soins des gènes et de la race, dans lesquels l’Allemagne était un leader mondial, aient une base si forte qu’ils puissent résister à toute attaque de l’extérieur. »

En 1937, lors d’une conférence, il distinguait « la politique démographique quantitative et l’hygiène sociale pratique » visant « la limitation de la reproduction de ceux qui sont héréditairement malades et de peu de valeur » et enfin la « politique raciale au sens restreint » qui avait pour but « le maintien de la spécificité raciale du peuple » en particulier « la lutte contre l’intrusion d’éléments raciaux étrangers. »

Publications[modifier | modifier le code]

  • Der Erbartzt, revue eugéniste publiée sous la direction d’Otmar von Verschuer
  • Manuel d'Eugénique et Hérédité humaine, traduit en français par George Montandon, Masson. 1943
  • Rassenbiologie der Juden (Biologie raciale des Juifs) (1938)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Sheila Faith Weiss: After the Fall. Political Whitewashing, Professional Posturing, and personal Refashioning in the Postwar Career of Otmar Freiherr von Verschuer. Isis, Vol. 101 (2010), p. 722–758.
  • Otmar von Verschuer (1896-1969) et les fonctions socio-politiques de l'hygiène raciale, Sexe et race no 07 1991-1992 (Liliane CRIPS), publication Paris 7 (ISBN 2-9067-3110-2)
  • Peter Degen, "Racial Hygienist Otmar von Verschuer, the Confessing Church, and comparative reflections on postwar rehabilitation", 155-165 in Jing Bao Nie, Japan´s Medical Wartime Atrocities (London: Routledge&Kegan, 2010)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://repositorium.uni-muenster.de/document/midos/4a38cbad-7349-4603-8bc5-73c702005f28/findliste_verschuer.pdf »
  2. notamment l'article de 1938 Rassenbiologie der Juden (« Biologie raciale des Juifs »)
  3. Commission « Science et éthique » UNESCO
  4. « Mon co-chercheur dans cette recherche est mon assistant Mengele, médecin et anthropologue. Il sert en tant que Haupsturmführer et médecin au camp de concentration d’Auschwitz. Avec la permission du Reichsführer S.S.Himmler, une recherche anthropologique est entreprise sur les diverses formes de groupes raciaux dans le camp de concentration et des échantillons de sang, 57 seront envoyés à mon laboratoire pour investigation ».
  5. voir aussi syndrome de Kallmann
  6. Le professeur Otmar von Verschuer, dont Mengele sera l'assistant, déclare à Francfort, lors d'un congrès sur les maladies professionnelles : « Dans de très rares cas seulement, on peut envisager que la cause soit purement extérieure. » Il est persuadé que « dans les autres cas, l'accident et la lésion professionnelle ne sont que les déclencheurs d'une pathologie héréditaire ». Il se réjouit de ce « [qu']en Allemagne, les résultats de la recherche génétique ont été intégrés dans les mesures de santé publique. » Le Monde -20-062005- La médecine nazie et ses "expériences"
  7. Promesses et menaces de la science par Claude Allègre, Alain Finkielkraut, François Lurçat, dans Alliage, numéro 27, 1996

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]