Orcus (mythologie)

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La porte d'Orcus dans les jardins de Bomarzo, Italie, XVIe siècle.

Dans la mythologie romaine, Orcus était probablement une sorte de divinité ou démon des Enfers[1] « assez mal distingué des Enfers eux-mêmes, comme séjour des morts[2]. »

Le vocable Orcus a parfois été assimilé à Pluton[3] ou Dis Pater[4].

Dans la littérature[modifier | modifier le code]

Dans son œuvre Sur la mort du moineau de Lesbie, Catulle parle d'Orcus en le comparant à Pluton : les ténèbres d'Orcus qui dévorent toutes choses.

Culture populaire[modifier | modifier le code]

Le terme « Orcus » est utilisé ultérieurement pour référer à des démons et des monstres des Enfers, plus particulièrement en Italie où orco est un monstre de contes qui se nourrit de chair humaine. Le mot français « ogre », apparu dès le Moyen Âge, est peut-être une métathèse du orcus latin mais cette théorie étymologique n'est pas prouvée[5], bien que le terme « ogre » en français se traduise orco en italien[6].

Un exemple précoce du orco apparaît dans l'œuvre du poète italien Ludovico Ariosto Orlando furioso, comme un monstre bestial et aveugle inspiré du cyclope de l'Odyssée. Il ne doit pas être confondu avec Orca, monstre marin apparaissant également dans l'Orlando furioso.

Dans Le Capitaine Fracasse (1863), roman de Théophile Gautier, le baron de Sigognac s'écrie : « [...] je combattrais parmi des tourbillons de flamme et de fumée des orques, des endriagues et des dragons [...] »[7].

L'orco inspira les Orques de l'écrivain britannique J. R. R. Tolkien, apparaissant notamment dans son roman Le Seigneur des anneaux (il fit allusion lui-même à la dérive du nom Orcus). Le terme fut ensuite beaucoup repris en fantasy.

Orcus apparaît en tant que seigneur des démons dans la trilogie Empire of the East Series de Fred Saberhagen, ainsi que dans le roman A Dirty Job de l'écrivain américain Christopher Moore.

Il est aussi source d'inspiration de jeux de rôles (Donjons et Dragons) et jeux vidéo (NetHack).

Il est mentionné dans la série TV Happy! comme un démon qui possède de génération en génération les membres d'une famille de la mafia sicilienne[8].

Il a donné son nom à l'objet transneptunien (90482) Orcus.

Sites[modifier | modifier le code]

Un temple d'Orcus a probablement existé sur le mont Palatin à Rome, mais il en reste peu de traces.

La Tomba dell'Orco (« de l'Ogre »), une tombe sous tumulus du site des nécropoles étrusques de Monterozzi, près de Tarquinia (Italie), a été nommée en français « tombe d'Orcus ».

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jeanne Wathelet-Willem, « La fée Morgain dans la chanson de geste », Cahiers de civilisation médiévale, n° 51, 13e année, juillet-septembre 1970., p. 210, note 9, lire en ligne.
  2. Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, Presses universitaires de France.
  3. Philippe Dain (et François Kerlouégan), Mythographe du Vatican III, traduction et commentaire, collection « ISTA », vol. 854, Presses universitaires de Franche-Comté, 2005, p. 80, lire en ligne.
  4. Bernadette Liou-Gille, « Divinisation des morts dans la Rome ancienne », Revue belge de philologie et d'histoire, t. 71, fascicule n° 1 « Antiquité — Oudheid »,‎ , p. 107-115 (lire en ligne).
  5. Charrière 1980, p. 159-160.
  6. Louis Dupont, Les pièges du vocabulaire italien, Genève, Librairie Droz, , 201 p., p. 120.
  7. Théophile Gauthier, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 126, [lire en ligne].
    « En effet, cette semaine je n'ai défait aucune armée, je n'ai combattu ni orque, ni dragon, je n'ai pas fourni à la mort sa ration de cadavres, et la rouille est venue à mon glaive [...] » (Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 182, [lire en ligne]).
  8. (en-US) Andrea Reiher, « Pucker up that sphincter for the latest Happy! episode », sur The A.V. Club (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) « Orcus », Glotta, 39. Bd., 1./2. H., Vandenhoeck & Ruprecht (GmbH & Co. KG), 1960, p. 154-158, lire en ligne.
  • Georges Charrière, « Du social au sacré dans les contes de Perrault », Revue de l'histoire des religions, Paris, Presses universitaires de France, t. 197, fascicule n° 2,‎ , p. 159-189 (lire en ligne).
  • Franz Cumont, « Les présages lunaires de Virgile et les « Selenodromia », L'antiquité classique, t. 2, fascicule n° 2,‎ , p. 259-270 (lire en ligne).
  • Daniel Fabre, « Une histoire d'ogre », dans Jacques Revel et Jean-Claude Schmitt (dir.), L'ogre historien : autour de Jacques Le Goff, Paris, Gallimard, , 353 p. (ISBN 2-07-075089-2, présentation en ligne), p. 303-333.
  • (de) Wolfgang Fauth, « Der Schlund des Orcus : Zu einer Eigentümlichkeit der römisch-etruskischen Unterweltsvorstellung », Numen, Brill, vol. 21, fascicule 2,‎ , p. 105-127 (lire en ligne).
  • Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, Presses universitaires de France, , 14e éd. (1re éd. 1951), 608 p. (ISBN 978-2-13-050359-0, présentation en ligne).
  • (de) Wilhelm Heinrich Roscher, Ausführliches Lexicon der griechischen und römischen Mythologie, vol. III : N-P, nebst Schluss von Palladion und Phoinix, Leipzig, B. G. Teubner, 1897-1909, 3742 p. (lire en ligne), p. 940-945.
  • (en) Hendrik Wagenvoort, Studies in Roman Literature, Culture and Religion, Leyde, E. J. Brill, , X-316 p. (présentation en ligne), chap. VI (« Orcus »), p. 102-131.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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