Oligarchie russe

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Un oligarque est un membre d'une oligarchie, classe dominante liée au gouvernement d'un pays.

Depuis la transition de l'économie russe vers l'économie de marché, avec notamment les privatisations pendant les deux mandats du président Boris Eltsine, les termes « oligarque » et « oligarchie » (en russe : олигарх, олигархия) se sont substitués à ceux d’apparatchik et de nomenklatura (аппаратчик, номенклату́ра) employés à l'époque soviétique. En Russie, oligarque désigne les personnalités de premier plan du monde des affaires, en lien avec le pouvoir politique, qui se sont enrichies depuis la dislocation de l’URSS. Un terme associé et complémentaire, mais qui n'est pas réservé aux personnalités de premier plan, est celui de Нувори́ш qui vient du français « nouveaux riches ».

Le terme est généralement employé dans la presse occidentale pour décrire les hommes d'affaires russes. D'après une étude du journaliste Alan Macleod au sujet de son emploi par le New York Times, CNN et Fox News, 98 % des mentions de pays liés aux oligarques se rapportaient à la Russie (très majoritairement) ou à des pays de l'ex-Union soviétique. Les hommes d'affaires américains n'étant que très rarement qualifiés d'oligarques[1].

Histoire

En 2013, le Crédit Suisse estime que 110 personnes détiennent 35 % de la richesse privée de la Russie, soit 263 milliards de livres sterling sur 750 milliards, ce qui représente « un degré d'inégalité qui ne se retrouve dans aucune autre nation digne de ce nom (l'exception étant quelques îles des Caraïbes servant de refuges à des milliardaires) »[2].

En Russie, sous l'ère Eltsine

Les oligarques les plus influents et exposés des années Eltsine sont :

Potanine et Fridman sont les seuls à être passés à l'ère Poutine en préservant leur influence. Selon The Guardian, les autres ont été « purgés par le Kremlin »[4].

Autres oligarques

Cette liste comprend des personnes généralement considérées comme des oligarques russes :

Vladimir Poutine

Dès le début de son mandat présidentiel, Vladimir Poutine afficha de façon déterminée son objectif d'instaurer la « dictature de la loi » et de lutter contre la mafia para-étatique et des oligarques industriels et financiers, dont la mainmise sur l'économie russe devenait une préoccupation majeure de la population, après une ère de laisser-faire et de complicité de Boris Eltsine dans la création de cette oligarchie, qui le soutenait en retour (notamment le groupe des sept banquiers). Ainsi, plusieurs de ces oligarques qui avaient alors accaparé les ressources et le patrimoine industriel en profitant des lacunes du droit des affaires en transition, ont été mis au pas ou poursuivis par la justice (par exemple le banquier Sergueï Mavrodi). Tel Mikhaïl Khodorkovski, ex-patron du groupe pétrolier Ioukos, condamné à huit ans de prison pour escroquerie et évasion fiscale à grande échelle, emprisonné en Sibérie[6]. Le groupe Ioukos est issu de l'époque soviétique. Il fut acquis dans des conditions douteuses par Khodorkovski au milieu des années 1990, pour 309 millions de dollars seulement, dans le cadre de privatisations qualifiées de « hold-up du siècle ». À la suite de l'acquisition de l'entreprise Sibneft, Youkos était devenue en 2003 la première compagnie pétrolière de Russie et la quatrième au niveau international. Il semble que ce soit le projet de céder le groupe Ioukos à un groupe pétrolier nord-américain pour 40 milliards de dollars qui ait déclenché la campagne dirigée contre Khodorkovski. Des négociations étaient en cours avec Exxon-Mobil et Chevron-Texaco dans la perspective d'une fusion partielle avec Youkos-Sibneft et il semble que Khodorkovsky ait également noué des contacts avec Halliburton, l'entreprise énergétique dirigée par Dick Cheney jusqu'en 2000. D'après l'agence Vedomosti, des observateurs considèrent que Poutine pourrait voir en la personne de Mikhaïl Khodorkovski un adversaire politique : « Les autorités craignent une mise en liberté anticipée de M. Khodorkovski, une aggravation de la situation politique intérieure à l'approche des élections et, bien entendu, une multiplication des procès à l'étranger », ajoute le vice-président de l'Union russe des industriels et des entrepreneurs, Igor Iourguens[7]. La très faible popularité de Khodorkovski et de ses amis politiques en Russie est néanmoins peu susceptible d'en faire un concurrent politique sérieux.

Quelques oligarques accusés de crimes et délits économiques et pénaux se sont soustraits à la justice en s'enfuyant à l'étranger, tels Boris Berezovski ou Vladimir Goussinski, dont le Parquet général de Russie demande l'extradition pour des cas avérés de fraudes et d'évasions fiscales. D'autres se sont rapprochés du pouvoir et ont obtenu des postes au sein de structures étatiques, en contrepartie de la mise au service du pays de leurs fortunes (souvent acquises dans des conditions aussi douteuses que celle de Khodorkovski). Ce fut le cas de Roman Abramovitch, d'Anatoli Tchoubaïs, de Roman Avdeïev ou de Vladimir Potanine. Enfin, d'autres semblent jouir d'une certaine impunité, tel Pavel Fedoulev qui, en , s'est emparé du combinat métallurgique d'Ouralkhimmach, avec l'aide des OMON (les forces spéciales du ministère de l'Intérieur). La longue série de privatisations contestées dans l'industrie métallurgique russe, commencée en 1991, continue sous le gouvernement du président Poutine[8].

Au bout du compte, si la Russie s'est relevée économiquement et si la législation et la réglementation financière et économique ont fait des progrès notables, Vladimir Poutine n'a pas pu éradiquer la corruption étatique, un phénomène qui avait pris une ampleur importante avant même la dissolution de l'Union soviétique. Cette nation passe selon l'indice de perception de la corruption du 79e rang sur 91 en 2001 au 143e rang sur 179 pays en 2007[9]. Il n'a pas non plus développé réellement un État de droit au sens hégélien où on l'entend en Europe de l'Ouest (du temps de l'Union soviétique, la notion d'État se confond avec l'existence du Parti unique). Il n'a, par contre, jamais remis en question le formalisme démocratique et parlementaire du régime, ainsi que la constitution, laissant ainsi ouvert la possibilité d'une évolution authentiquement démocratique du pays.

L'évincement des oligarques des médias qu'ils possédaient (Berezovski, Goussinski et quelques autres) a renforcé le contrôle de l'État sur l'information de masse et a induit une censure de fait nuisible au pluralisme politique en Russie. Toutefois, à côté d'un large soutien de la population à la personne de Vladimir Poutine et malgré une omniprésence de l'appareil médiatique para-étatique, il existe en Russie des opposants déclarés à la politique présidentielle et une fraction des médias conserve un regard critique (y compris des médias comme Kommersant qui fait pourtant, aujourd'hui, partie de la galaxie Gazprom). L'internet russe reste très vivant et contestataire.

Certains analystes estiment que la protection dont bénéficient les oligarques fugitifs de la part des pays occidentaux, sous couvert de droits de l'Homme ou de justice équitable, serait en rapport direct avec la période de privatisation et l'enrichissement rapide et de plusieurs milliards de dollars de ces oligarques. L'évasion fiscale des fortunes de ces oligarques vers la Grande-Bretagne, les États-Unis ou Israël, parfois mêlée à des transmissions présumées de documents secret d'État aux services secrets des pays concernés (exemple supposé de Boris Berezovski avec le MI6), constitueraient les vraies raisons de cette protection occidentale.[réf. nécessaire]

Notes et références

Bibliographie

  • David E. Hoffman, The Oligarchs. Wealth and Power in the new Russia, New York, Perseus Book Group, 2002.
  • Christine Ockrent, Les Oligarques, Paris, Robert Laffont, 2014.

Voir aussi

Articles connexes