Oise (rivière)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 16 novembre 2014 à 01:45 et modifiée en dernier par Philippe rogez (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Oise
Illustration
Bateaux sur l'Oise par Charles-François Daubigny.
Caractéristiques
Longueur 341,1 km
Bassin 16 667 km2
Bassin collecteur Seine
Débit moyen 110 m3/s (Pont-Sainte-Maxence)
Régime pluvial océanique
Cours
Source Calestienne
· Localisation Chimay (Belgique)
· Altitude 310 m
· Coordonnées 49° 59′ 48″ N, 4° 20′ 43″ E
Confluence Seine
· Localisation Conflans-Sainte-Honorine (France)
· Altitude 22 m
· Coordonnées 48° 59′ 15″ N, 2° 04′ 16″ E
Géographie
Principaux affluents
· Rive gauche Thon, Serre, Ailette, Aisne
· Rive droite Brêche, Thérain
Pays traversés Drapeau de la Belgique Belgique, Drapeau de la France France

Sources : SANDRE, Géoportail, Banque Hydro

L'Oise est une rivière du bassin parisien au nord de la France et en Belgique, principal affluent de la Seine.

Elle prend sa source en Belgique, à 309 mètres d'altitude dans le massif forestier dit Bois de Bourlers, dans l’ancienne commune de Forges au sud-est de la ville hennuyère de Chimay. Cette rivière au cours avoisinant 330 kilomètres, presqu'entièrement navigable et bordée de canaux sur 104 kilomètres, baigne Hirson, Guise, Ribemont, La Fère où elle reçoit la Serre, la ville de Compiègne en amont de laquelle elle reçoit un gros contributeur, l'Aisne, l'agglomération de Creil près de laquelle elle reçoit sur sa rive gauche, en amont la Brêche et en aval le Thérain, puis longe la forêt de Chantilly avant d'atteindre Pontoise.

L'Oise se jette dans la Seine à 20 mètres d'altitude, en rive droite à Conflans, en aval du centre de la commune de Conflans-Sainte-Honorine dans le département des Yvelines. L'Oise a donné son nom aux départements de l'Oise et de l'ancienne Seine-et-Oise créés en 1790 ainsi qu'au département du Val-d'Oise créé en 1968.

Hydronymie

Oise est issu d'un type toponymique Isara répandu en Europe. Il s'agit d'un mot non celtique à l'origine mais vraisemblablement intégré par les Celtes à époque ancienne et qui signifie « l'impétueuse, la rapide »[1]. Il est apparenté à l'indo-européen *isərós « impétueux, vif, vigoureux », proche du sanskrit isiráh, de même sens[2].

On le retrouve dans :

  • Isara, Vénétie
  • Éisra, Lituanie
  • et surtout par fossilisation de *isarā comme nom de rivière dans d'anciens pays de langue celtique :

Le nom Isara est devenu Oise, à la suite d'une série de mutations phonétiques dans un temps difficilement définissable.

  1. Sigmatisme de R en S : ISARA > ISASA
  2. Amuïssement des voyelles et assimilation de SS en S : iSaSa > iSSa > OISE.

Histoire

Vallée de l'Oise en Thiérache
Bords de l'Oise, par Charles-François Daubigny, musée de Saint-Louis (Missouri)

La rivière Isara est citée par César, puis par l'auteur latin Lucain. Le géographe Vibius Sequester nous informe qu'à son époque, l'appellation est simplement Esia. L'évolution se poursuit avec une diphtongaison de la voyelle initiale qui donne Oysia, forme attestée en 886. La forme médiévale apparue probablement au XIIe siècle mais déjà très répandue au XIIIe siècle est Oise ou Oyse.

Il reste pour les clercs la forme latine savante et ses variantes Ysera, Isera, Isara... Nombreux sont les lettrés qui aiment discourir sur la rivière navigable et flottable. Ils prennent en référence l'abbé Folcuin de Lobbes qui écrit en latin au Xe siècle : « Hysa nunc fluvii nomen est qui antiquitus Hysara dicebatur ». La forme latine hysa est donc employé avant l'an mil dans le monde savant. De l'écriture avec un h antéposé, nous pouvons déduire que le latin médiéval proche de la prononciation germanique, mais aussi peut-être gauloise encore relictuelle au IXe siècle, insiste sur l'aspiration de la première voyelle.

L'Oise, rivière navigable, fait la jonction avec le nord du bassin parisien jusqu'au contrefort des Ardennes. Une antique et intense activité de transport est renforcée dès l'époque classique par l'aménagement de canaux et de routes parallèles. L'essor de la navigation sur l'Oise est un modèle européen de développement au XIXe siècle. Les apports pondéreux des pays miniers du Nord valorisent sa vallée et entrainent le prodigieux essor de la ville de Creil, à l'instar de la basse vallée. La rivière Oise est indissociable d'une riche histoire de la batellerie. Le musée de Conflans-Saint-Honorine en témoigne.

L'Oise qui baigne Guise, La Fère, Chauny, Noyon, Compiègne, Verberie, Pont-Saint-Maxence, Creil, Beaumont, Pontoise selon les dictionnaires en 1860 n'est navigable en tant que rivière qu'à partir de Chauny. Outre des parties de département de l'Aisne, de l'Oise et de Seine-et-Oise à proximité desquelles elle coule paisiblement, elle fait communiquer le bassin de la Seine avec le réseau de canaux du Nord et de l'Est. Notons les canaux anciens ou plus récents en amont de Compiègne qui intègrent ce réseau :

L'Oise, troisième axe fluvial français avec 7 millions de tonnes de fret annuel au début des années 1990, possède une navigation encore active, mais si le gabarit européen est présent de Conflans à Compiègne sur plus de 100 km, un bouchon persistant subsiste entre Seine et delta rhénan. Sa puissance est bien sûr conditionnée par l'aval de Seine, dont les acteurs économiques, fort bon communicateurs en paroles, se reposent depuis des décennies par rapport aux actifs professionnels du Benelux.

Il y un début d'exécution du Projet Seine-Nord de mise à grand gabarit (Rhénan) entre Compiègne et le Cambrésis et destiné à relier les deux bassins par une réutilisation agrandie du canal du Nord et de nouvelles sections. La mise en service serait en 2020, si tout va bien.

La trouée de l'Oise est le terme militaire qui stigmatise la faiblesse de la frontière française face à la Meuse. De tous temps, dans le prolongement de la Hellweg des marchands, l'Oise est une voie de passage facile, voire d'invasion conquérante vers le sud-ouest. Cette perte de profondeur par disparition d'obstacles naturels à moins de 200 km de Paris revient de manière inaperçue après les défaites napoléoniennes. Le premier traité de 1814 prive la France des places-fortes cruciales de Philippeville et Mariembourg. L'affaiblissement des protections n'échappe pas à l'état-major allemand qui utilise la trouée pour passer en force en 1914 et en 1940. L'intelligence du vieux général Gallieni, profitant d'une mince erreur d'alignement des divisions conquérantes, a sauvé la mise à la France en 1914. Mais le désastre de 1940 témoigne a contrario de l'exploit oublié du vieil officier colonial, adepte de la vitesse, et surtout de la discipline quasi-prussienne de l'armée française engagée dans une guerre longue de résistance.

Les bords de l'Oise sont le théâtre de combats âpres pendant la Grande Guerre. Outre les durs combats d'août à septembre 1914, notons la densité des engagements de mars à octobre 1918 sur la ligne de front qui est placée :

  • de Creil à Beaumont en septembre 1914, les divisions allemandes abordant par le nord et l'ouest.
  • en amont de Ribécourt, sur la rive droite entre Noyon et Compiègne, en novembre 1914 après le sursaut français.
  • à La Fère le 22 avril 1917.
  • à nouveau proche de Ribécourt, mais légèrement en aval le 15 juillet 1918.
  • de manière éphémère à Guise pendant l'assaut victorieux des régiments français du général Debeney du 4 au 5 novembre 1918.

La déroute allemande permet la remontée à la source avant le 11 novembre 1918.

Notons enfin les durs combats autour de l'Isle-Adam entre les 10 et 15 juin 1940 pour empêcher le franchissement de la rivière par les troupes du IIIè Reich.

Introduction géophysique et hydraulique

Carte de l'Oise

L'Oise traverse les terrains crétacés de la Thiérache, puis s'enfonce entre les interminables plateaux tertiaires du bassin parisien interne. Elle suit une ondulation tectonique, en réalité une multitude de failles alignées, principalement du nord-est au sud-ouest.

Le bassin de l'Oise estimé entre 17 000 et 20 000 km2 est la plus grande surface réceptrice parmi les tributaires du fleuve Seine. Il est supérieur de 30 % au bassin de la Marne, le second en superficie. Mais il faut noter que le régime pluvial océanique présent sur l'étendue du bassin de l'Oise avec seulement 6,5 l/s/km2 d'apport moyen annuel ou 205 mm de hauteur d'eau, assure un même ordre de grandeur à l'apport final des deux affluents, soit environ 110 m3/s de débit modulaire. Depuis un siècle d'observation, les apports orientaux du bassin parisien sont nettement plus conséquents et constants. L'Oise n'assure un étiage supérieur à 50 m3/s qu'à partir du confluent avec l'Aisne. Le bassin de l'Aisne qui s'étend sur 7 940 km2 assure un débit modulaire approchant 65 m3/s, soit un apport respectivement 60 % plus élevé par rapport à l'ensemble du bassin de l'Oise. L'Aisne l'emporte par son débit sur l'Oise.

La modestie des reliefs et de l'altitude caractérise le bassin de l'Oise. La platitude du lit se révèle dangereuse car toute grande crue provoque de graves inondations. Si le creux reste prononcé en août ou en période de canicule, les précipitations hivernales assurent des hautes eaux en janvier/février. En saison froide, le débit moyen peut atteindre 700 m3/s et beaucoup plus si un redoux survient après de fortes chutes de neige, si des pluies océaniques se déversent avec force sur les terres argileuses et imperméables de l'amont, en Thiérache et aux confins de l'Argonne.

Les crues destructrices de 1993 ou encore du 7 au 12 janvier 2011 s'expliquent, ainsi que les difficultés des aménagements hydrauliques en cas de cumul d'intempéries graves.

Hydrologie

L'Oise est une rivière assez régulière et bien alimentée toute l'année. Son débit a été observé sur une période de 49 ans (1960-2008), à Pont-Sainte-Maxence, localité du département de l'Oise située assez loin de son débouché dans la Seine[3]. À cet endroit, le bassin versant de la rivière est de 14 200 km2 sur 16 667, c'est-à-dire de 85,2 % de sa totalité.

Toujours à Pont-Sainte-Maxence, le débit moyen interannuel, ou module, de la rivière est de 109 m3/s.

L'Oise présente des fluctuations saisonnières de débit pas trop prononcées, avec des hautes eaux d'hiver-printemps portant le débit mensuel moyen au niveau de 142 à 187 m3/s de décembre à avril inclus (avec un maximum en janvier-février), et des basses eaux d'été de juillet à octobre, avec une baisse du débit moyen mensuel jusqu'à 47,4 m3 au mois de septembre, ce qui est encore confortable. Les débits de l'Oise observés et calculés correspondent à s'y méprendre à ceux de la Marne sa voisine, régularisée il est vrai par un énorme lac de retenue, le lac du Der-Chantecoq. Mais ces moyennes mensuelles occultent des variations intermédiaires plus importantes.


Débit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : Pont-Sainte-Maxence
(Données calculées sur 49 ans)

À l'étiage, le VCN3 de l'Oise peut chuter jusque 21,0 m3 en cas de période quinquennale sèche, débit qui reste élevé comparé aux baisses bien plus profondes qui se produisent dans les bassins des grandes rivières comparables dans d'autres régions de France, spécialement plus au sud et à l'est. Les crues sont rarement très importantes. Ainsi, le débit instantané maximal enregistré a été de 543 m3/s le 8 janvier 2003, tandis que la valeur journalière maximale était de 665 m3/s le 5 février 1995. Les QIX 2 et QIX 5 valent respectivement 340 et 470 m3. Le QIX 10 est de 560 m3/s, le QIX 20 de 640 m3 et le QIX 50 de 750 m3/s. Il ressort de ces chiffres que les crues de février 1995 étaient d'ordre vicennal (20 ans).

Source de l'Oise

À titre de comparaison :

  • Le VCN3 et le QIX 10 de la Marne à Paris valent 23 et 510 m3/s (débit moyen 110)
  • Ceux de l'Oise à Pont-Sainte-Maxence valent 21 et 560 m3 (débit moyen 109)
  • Ceux de l'Yonne à son confluent valent 14 et 710 m3 (débit moyen 93)
  • Ceux du Loing à son confluent valent 3,2 et 190 m3 (débit moyen 19)
  • Ceux de la Moselle peu avant la frontière valent 13 et 1 500 m3 (débit moyen 132)
  • Ceux de la Seine à Alfortville, avant le confluent de la Marne valent 43 et 1 200 m3 (débit moyen 218)
  • Enfin ceux de la Vienne à Nouâtre valent 25 et 2 200 m3 (débit moyen 201)

L'Oise est donc une rivière abondante et assez régulière, alimentée par des précipitations généralement modérées. La lame d'eau écoulée dans son bassin versant est de 243 millimètres annuellement, ce qui est modéré, nettement inférieur à la moyenne d'ensemble de la France (320 millimètres tous bassins confondus), mais plus ou moins égal à la moyenne de la totalité du bassin versant de la Seine (240 millimètres). Le débit spécifique (ou Qsp) vaut de ce fait 7,7 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.

Principaux affluents

Rive droite

La Brêche

Rive gauche

L'Aisne

Cours de l'Oise en Belgique

L'Oise prend sa source au sud-est de la commune de Chimay, arrondissement administratif de Thuin dans la province de Hainaut en Belgique. La petite rivière apparue à Forges parcourt seulement quinze kilomètres avant de franchir la frontière franco-belge à Macquenoise. L'un des derniers villages traversés est Forge-Philippe.

Départements et communes traversés ou bordés par l'Oise en France

D'amont en aval ; en gras figurent les communes de plus de 10 000 habitants (en 1999) et chefs-lieux administratifs (de canton, d'arrondissement et de département)

Dans le Nord

Une commune est traversée par l'Oise, il s'agit de la commune d'Anor.

Dans l'Aisne

L'Oise à Hirson
L'Oise à Guise

Soixante-et-une communes de l'Aisne sont bordées ou traversées par l'Oise.

Dans l'Oise

Cinquante-trois communes de l'Oise sont bordées ou traversées par la rivière.

Dans le Val-d'Oise

Beaumont-sur-Oise
Écluse sur l'Oise à L'Isle-Adam
L'Oise à Butry-sur-Oise

Vingt-et-une communes du Val-d'Oise sont bordées ou traversées par l'Oise.

Dans les Yvelines

Confluence avec la Seine

Trois communes des Yvelines sont bordées par l'Oise.

Les îles de l'Oise

Dans l'Oise :

  • Île Saint-Maurice (Creil)
  • Ile de Sarron (pont-Sainte-Maxence)
  • Île de Venette
  • Ile de Janville

Dans le Val-d'Oise :

L'Oise des peintres, des écrivains et des poètes

C'est à partir du milieu du XIXe siècle que l'Oise et ses environs inspirent régulièrement les artistes.

Peintre pionnier ouvrant cette époque, Charles-François Daubigny (1857-1878) achète Le Botin, une péniche atelier à Auvers-sur-Oise. L'auteur du Soleil couchant sur l'Oise, célèbre pour sa recherche en peinture de rivière, a sans doute attiré dans son sillage les impressionnistes à la recherche des reflets de lumière sur l'eau. L'auberge Ravoux, lieu de réunion éphémère à Auvers, en témoigne[pas clair].

Camille Pissarro s'installe en 1866 avec sa famille à Pontoise. Après avoir trouvé refuge en Angleterre pendant la guerre franco-allemande, il s'y réinstalle en 1872 et héberge quelque temps la petite famille de Cézanne, son élève. L'année suivante, Cézanne trouve une demeure plus spacieuse à Auvers mais continue à travailler avec Pissarro.

La maison-clinique du docteur Gachet, à Auvers, accueille Vincent van Gogh. Diminué physiquement, en proie à des hallucinations, le peintre hollandais brossera 70 toiles avant de se retirer de l'existence. Sa tombe est dans un cimetière du village.

Robert-Louis Stevenson et son ami Walter Simpson descendent l'Oise après avoir emprunté le dédale des canaux du Nord à bord de deux canoës, L'Aréthuse et la Cigarette. Il laisse ses observations dans le récit Voyage en canoë sur les rivières du nord de la France et de la Belgique (An Inland Voyage).

Cinéma

Liens externes

Données de la banque Hydro

Autres

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

wikilien alternatif2

Les coordonnées de cet article :

Notes et références

  1. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, errance, (ISBN 978-2-87772-369-5), p. 191
  2. Xavier Delamarre, op. cit.
  3. Banque Hydro - Station H7611012 - L'Oise à Pont-Sainte-Maxence (ne pas cocher la case "Station en service")