Nu (lettre grecque)

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Nu
Versions modernes de la lettre grecque nu en capitale et bas-de-casse, avec la police Times New Roman.
Versions modernes de la lettre grecque nu en capitale et bas-de-casse, avec la police Times New Roman.
Graphies
Capitale Ν
Bas de casse ν
Utilisation
Alphabets Grec
Ordre 13e lettre
Phonèmes principaux [n]

Nu (capitale Ν, minuscule ν ; en grec νι) est la treizième lettre de l'alphabet grec, précédée par mu et suivie par xi. Dérivée de la lettre nun de l'alphabet phénicien, elle est l'ancêtre de la lettre N de l'alphabet latin et de la lettre Н de l'alphabet cyrillique.

Usage[modifier | modifier le code]

En grec moderne et en grec ancien, la lettre nu représente une consonne occlusive nasale alvéolaire voisée, [n].

Dans le système de numération grecque, nu vaut 50 ; par exemple ‹ νʹ › représente le nombre 50.

En physique, et seulement dans certains cas, ν (nu) représente la fréquence d'une onde.

Elle peut aussi représenter la viscosité cinématique en mécanique des fluides.

En France, la lettre est utilisée comme symbole par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale.

Histoire[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

La lettre nu tire son origine de la lettre correspondante de l'alphabet phénicien, . Celle-ci provient peut-être de l'alphabet protosinaïtique, une écriture utilisée dans le Sinaï il y a plus de 3 500 ans, elle-même probablement dérivée de certains hiéroglyphes égyptiens ; le hiéroglyphe sur lequel la lettre phénicienne est basée signifierait « serpent » . L'alphabet phénicien atteint une forme plus ou moins standard vers le XIe siècle av. J.-C. Sa 14e lettre est une consonne (l'alphabet phénicien est un abjad qui ne note pas les voyelles) correspondant probablement au son [n].

La lettre correspondante de l'alphabet sudarabique est m, m, correspondant à la lettre , nä, de l'alphasyllabaire guèze. Dans les alphabets sémitiques, la lettre phénicienne a conduit au syriaque ܢ, à l'hébreu נ, à l'araméen 𐡍, à l'arabe et au berbère ⵏ.

Alphabets archaïques[modifier | modifier le code]

Alphabet grec peint sur la panse d'une coupe attique à figures noires.

L'alphabet grec dérive directement de l'alphabet phénicien. Sa 14e lettre devient la 14e de l'alphabet grec (la lettre archaïque digamma, abandonnée depuis, s'intercalant en 6e position). Elle note le son [n].

Les différents alphabets grecs archaïques utilisent des formes très similaires pour le nu (généralement , à Mégare)[1].

Évolution[modifier | modifier le code]

La forme actuelle de la lettre provient de l'alphabet utilisé en Ionie, qui est progressivement adopté par le reste du monde grec antique (Athènes passe un décret formel pour son adoption officielle en 403 av. J.-C. ; son usage est commun dans les cités grecques avant le milieu du IVe siècle av. J.-C.). La forme du nu change toutefois peu. Avec l'abandon du digamma, la lettre prend la 13e position de l'alphabet.

L'alphabet grec reste monocaméral pendant longtemps. Les formes minuscules proviennent de l'onciale grecque, une graphie particulière créée à partir de la majuscule et de la cursive romaine vers le IIIe siècle et adaptée à l'écriture à la plume, et sont créées vers le IXe siècle. Pendant la Renaissance, les imprimeurs adoptent la forme minuscule pour les polices bas-de-casse, et modèlent les lettres capitales sur les formes des anciennes inscriptions, conduisant le grec à devenir bicaméral.

Nom[modifier | modifier le code]

Tout comme la plupart des noms des autres lettres, « nu » ne signifie rien de particulier en grec et n'est qu'un emprunt direct au nom de la lettre en phénicien. Il est supposé que le nom de la lettre phénicienne correspondante signifierait « serpent ».

En grec, la lettre est appelée νι (ni), prononcée /ˈni/. En grec ancien, la lettre est appelée νῦ (nû), prononcée /ˈnŷː/.

Dérivés[modifier | modifier le code]

L'alphabet étrusque est dérivé de l'alphabet grec employé en Eubée — alphabet que les Étrusques apprennent à Pithécusses (Ischia), près de Cumes. L'alphabet latin descend directement de l'alphabet étrusque ; le nu conduit ainsi à la lettre N.

Dans l'alphabet cyrillique, le nu donne naissance à la lettre en, Н. Elle n'est en revanche pas à l'origine de la lettre H latine, laquelle dérive du êta grec, Η.

Dans l'alphabet copte, la lettre conduit à la lettre nē, .

Il est possible que l'alphabet arménien dérive de l'alphabet grec. Dans ce cas, le nu, Ն, dériverait du nu.

Codage[modifier | modifier le code]

La majuscule Ν possède les codages suivants :

La minuscule ν possède les codages suivants :

  • Unicode : U+x03BD
  • Entité HTML : ν
  • TeX : \nu ;
  • DOS Greek : 164
  • DOS Greek-2 : 231
  • Windows-1253 : 237

Le tableau suivant recense les différents caractères Unicode utilisant le nu :

Caractère Représentation Code Bloc Unicode Nom Unicode
ν νU+03BD U+03BD Grec et copte[2] Lettre minuscule grecque nu
Ν ΝU+039D U+039D Grec et copte Lettre majuscule grecque nu
𝚴 𝚴U+1D6B4 U+1D6B4 Symboles mathématiques alphanumériques[3] Majuscule mathématique grasse nu
𝛎 𝛎U+1D6CE U+1D6CE Symboles mathématiques alphanumériques Minuscule mathématique grasse nu
𝛮 𝛮U+1D6EE U+1D6EE Symboles mathématiques alphanumériques Majuscule mathématique italique nu
𝜈 𝜈U+1D708 U+1D708 Symboles mathématiques alphanumériques Minuscule mathématique italique nu
𝜨 𝜨U+1D728 U+1D728 Symboles mathématiques alphanumériques Majuscule mathématique italique grasse nu
𝝂 𝝂U+1D742 U+1D742 Symboles mathématiques alphanumériques Minuscule mathématique italique grasse nu
𝝢 𝝢U+1D762 U+1D762 Symboles mathématiques alphanumériques Majuscule mathématique grasse sans empattement nu
𝝼 𝝼U+1D77C U+1D77C Symboles mathématiques alphanumériques Minuscule mathématique grasse sans empattement nu
𝞜 𝞜U+1D79C U+1D79C Symboles mathématiques alphanumériques Majuscule mathématique italique grasse sans empattement nu
𝞶 𝞶U+1D7B6 U+1D7B6 Symboles mathématiques alphanumériques Minuscule mathématique italique grasse sans empattement nu

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Lilian Hamilton Jeffery, The Local Scripts of Archaic Greece, Oxford, Clarendon,

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Browse by letter form », Poinikastas
  2. [PDF] « Grec et copte », Unicode
  3. [PDF] « Symboles mathématiques alphanumériques », Unicode