Noé Jordania

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Noé Jordania
ნოე ჟორდანია
Illustration.
Noé Jordania en août 1918.
Fonctions
Président du gouvernement de la
République démocratique de Géorgie

(2 ans, 7 mois et 22 jours)
Prédécesseur Noé Ramichvili
Successeur Mamia Orakhelachvili
(Président du Comité révolutionnaire de Géorgie)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Lantchkhouti (Empire russe)
Date de décès (à 84 ans)
Lieu de décès Paris (France)
Sépulture Carré géorgien du cimetière de Leuville-sur-Orge
Nationalité Russe
Géorgienne
Parti politique Parti ouvrier social-démocrate géorgien
Menchevik
Conjoint Ina Koreneva
Enfants 4
Profession Journaliste

Signature de Noé Jordaniaნოე ჟორდანია

Noé Jordania
Présidents du gouvernement de la
République démocratique de Géorgie

Noé Jordania[Note 1] (en géorgien : ნოე ჟორდანია), né le à Lantchkhouti, en Géorgie, à l'époque dans l'Empire russe, est un homme politique russe, transcaucasien, et géorgien, membre du Parti ouvrier social-démocrate de tendance menchévique, exilé en France à la suite de l'invasion de son pays par l'Armée rouge et mort le , à Paris.

Il fut l'un des principaux artisans de l'indépendance de la Géorgie en 1918 et président des 2e et 3e gouvernements de la République démocratique de Géorgie (1918 à 1921).

Biographie[modifier | modifier le code]

Les études[modifier | modifier le code]

Élève de l’école primaire, puis du séminaire de Tbilissi (entré en 1884), il se distingue par son esprit critique et consacre son temps à l’étude des sciences naturelles et de la sociologie, tout en dirigeant le cercle clandestin des étudiants.

En 1891, il est étudiant à l’Institut vétérinaire de Varsovie. Il étudie les théories et mouvements socialistes et révolutionnaires de l’Europe.

L'activité révolutionnaire[modifier | modifier le code]

En 1893, de retour à Tbilissi, sur l'initiative d'Egnaté Ninochvili[1] il participe avec Nicolas Tcheidze[2] et Sylvestre Djibladzé à la naissance du Parti ouvrier social-démocrate géorgien, puis il part en voyage d’études en Suisse, France, Allemagne, Angleterre et écrit des articles destinés à la presse de son pays : sur le passé national géorgien, le mouvement ouvrier européen, l’organisation rurale, etc.

Aussi lorsqu’il rentre quatre ans après, il est reconnu par tous comme un journaliste et un écrivain de grand talent. Un an plus tard, il prend la direction du journal Kvali (« Le Sillon ») et en fait le centre de ralliement de la jeune génération en révolte contre le régime tsariste. Il est arrêté et incarcéré.

En 1902, il lance l’idée d’une confédération des peuples du Caucase. Élu député à la première Douma de l’Empire russe (1906), il y préside le groupe socialiste (qui regroupe mencheviks et bolcheviks). Signataire de l’Appel de Viborg, il est condamné à la détention. Pour y échapper, il s'exile notamment en Suisse[3].

La proclamation de la restauration de l'indépendance de la Géorgie[modifier | modifier le code]

En 1917, après la Révolution de Février, il est un des dirigeants du soviet de Tbilissi, puis porte-parole de toutes les organisations révolutionnaires du Caucase et du Conseil national géorgien.

Le , Noé Jordania proclame, au nom de tous les partis politiques, la restauration de l’indépendance de la Géorgie et l'instauration d'une république.

La présidence de gouvernements géorgiens[modifier | modifier le code]

En juillet, il est élu par l'Assemblée parlementaire provisoire à la présidence du 2e gouvernement de la République démocratique de Géorgie, gouvernement d'union nationale avec ministres sociaux-démocrates, sociaux-fédéralistes et nationaux-démocrates.

En , il est élu par l'Assemblée constituante géorgienne à la présidence du 3e gouvernement de la RDG, cette fois homogène social-démocrate.

À la tête de l'exécutif (mandat d'une année, limité à 2 consécutifs selon la Constitution), il entreprend la reconstruction nationale, les réformes modernes qui doivent acheminer la Géorgie vers la démocratie.

L’action sociale et éducative, la défense des libertés, la politique étrangère menée pour nouer des alliances, faire reconnaître l’indépendance de la Géorgie[4] et récupérer les provinces cédées par la Russie à la Turquie par le traité de Brest-Litovsk (1918), développent dans la population géorgienne un fort sentiment d’adhésion nationale.

Mais en les armées de la Russie soviétique, en violation du traité du , envahissent la Géorgie sans déclaration de guerre. La Géorgie, également attaquée par la Turquie, tombe aux mains des Russes. Le , Noé Jordania est chargé par le Parlement (nouvelle dénomination de l'Assemblée constituante) de poursuivre la lutte à l’étranger.

L'exil[modifier | modifier le code]

Après la Turquie, la France accueille officiellement le gouvernement en exil qui s'installe à Leuville-sur-Orge. Il défend avec une énergie inlassable les droits de la Géorgie auprès des représentants officiels des nations, des partis socialistes, de l’opinion publique.

En 1924, Noé Jordania envoie des ministres -notamment Noé Khomériki- et des membres du Parti ouvrier social-démocrate géorgien préparer une insurrection nationale sur le territoire géorgien : déclenchée en août, elle échoue.

Jusqu’à la fin de sa vie, il garde dans la plus grande clandestinité des contacts personnels avec la Géorgie. Il meurt le 11 janvier 1953, quelques mois avant Staline, le dirigeant de l'Union Soviétique, qui décédera en mars 1953, qui comme lui, était Georgien.

Il repose au carré géorgien du cimetière de Leuville-sur-Orge[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La transcription en langue française des patronymes géorgiens a été stable jusqu’à la fin du XXe siècle : les règles constituées par l’intermédiation de la langue russe, confirmées par la Légation de la République démocratique de Géorgie en France (1921-1933) et proches de la prononciation en langue géorgienne, étaient utilisées sans exception ; elles le sont encore aujourd’hui par le ministère français des Affaires étrangères et par la plupart des universitaires français s’intéressant à la Géorgie. L’usage a progressivement changé avec l’intermédiation de la langue anglaise et la définition d’une translittération latine proche de la transcription anglaise (2002). Ainsi ნოე ჟორდანია donne Noé Jordania en transcription française et Noe Zhordania en transcription anglaise (et en translittération latine).

Références[modifier | modifier le code]

  1. Colisée : "Biographie d'Egnaté Ninochvili" consulté le 7 janvier 2014.
  2. Colisée : "Biographie de Nicolas Tcheidze" consulté le 7 janvier 2014.
  3. Dictionnaire historique de la Suisse : "Géorgie", 3e paragraphe" consulté le 23 novembre 2015.
  4. La reconnaissance "de jure" de la Géorgie indépendante par le Conseil suprême de Versailles a été obtenue le 26 janvier 1921 - dépêche adressée par Aristide Briand, Ministre des affaires étrangères de la France, à Evguéni Guéguétchkori, Ministre des affaires étrangères de Géorgie.
  5. Luc Méloua : "Les tombes géorgiennes du cimetière de Leuville-sur-Orge Site Samchoblo consulté le 4 novembre 2015

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Noé Jordania termine l'écriture de ses mémoires à Vanves (France) en 1939, texte traduit et annoté par Christine Pagava Boulez sous le titre "Itinéraire d'un chef politique, Mon Passé, Mémoires du Président Noé Jordania, 1re République de Géorgie (1918-1921)" et déposé en 2008. (ISBN 978-1-4382-2312-4).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Source de la traduction[modifier | modifier le code]