Trémolite

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Trémolite
Catégorie IX : silicates[1]
Image illustrative de l’article Trémolite
Campolungo, Tessin, Suisse (Topotype)
Général
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique H2Ca2Mg5O24Si8 Ca2Mg5[Si4O11(OH,F)]2
Identification
Masse formulaire[2] 812,366 ± 0,021 uma
H 0,25 %, Ca 9,87 %, Mg 14,96 %, O 47,27 %, Si 27,66 %,
Couleur incolore; blanc; gris; vert clair; verdâtre; rose; brun
Système cristallin Monoclinique
Réseau de Bravais Centré C
Classe cristalline et groupe d'espace Prismatique ; 2/m
C 2/m
Macle commun sur {100}
Clivage Parfait sur {110}, distinct sur {010}
Cassure irrégulière; subconchoïdale
Habitus Agrégat; fibreux; radié; massif; prismatique; aciculaire
Échelle de Mohs de 5,00 à 6,00
Trait blanc
Éclat vitreux ; soyeux
Propriétés optiques
Indice de réfraction α=1,599-1,612
β=1,613-1,626
γ=1,625-1,637
Biréfringence Uniaxe (-) ; Δ=0,026
2V = 86-88°
Fluorescence ultraviolet Luminescent, fluorescent
Transparence Transparent, translucide
Propriétés chimiques
Densité de 2,99 à 3,03
Propriétés physiques
Magnétisme aucun
Radioactivité aucune

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

La trémolite est une espèce minérale du groupe des silicates (sous-groupe des inosilicates, famille des amphiboles), de formule idéale Ca2Mg5[Si4O11(OH,F)]2 avec des traces de Ti, Mn, Al, Na, K et Cl. La trémolite magnésienne pure est blanche, mais les différentes teneurs en fer vont lui donner des tons de vert. Elle forme une série avec l'actinote, la ferro-actinote (en) et la parvo-manganotrémolite.

Inventeur et étymologie[modifier | modifier le code]

Décrite par le minéralogiste Johann Georg Albrecht Hoepfner en 1790[3]. Le nom dérive du topotype, collecté par Horace Bénédict de Saussure et alors supposé provenir du Val Tremola, près d'Airolo au Tessin[4].

Topotype[modifier | modifier le code]

La vallée de Tremola, est souvent donnée comme le topotype de cette espèce, de fait la localisation exacte est une vallée voisine : Campolungo, Val Piumogna, Leventina, Tessin, Suisse.

Cristallographie[modifier | modifier le code]

  • Paramètres de la maille conventionnelle : a = 9,838 5 Å, b = 18,055 4 Å, c = 5,277 8 Å, Z = 2 ; beta = 104,751 ° V = 906,64 Å3
  • Densité calculé = 2,98

Gîtologie[modifier | modifier le code]

La Trémolite se forme par métamorphisme des sédiments riches en dolomite et en quartz selon le schéma :

5 CaMg(CO3)2 + 8 SiO2 + H2O → Ca2Mg5Si8O22(OH)2 + 3 CaCO3 + 7 CO2

La trémolite est un indicateur du degré de métamorphisme, à une température élevée, il se transforme en diopside. Elle peut former des cristaux aplatis de près de 20 cm.

Minéraux associés[modifier | modifier le code]

Calcite, cummingtonite, diopside, forstérite, grossulaire, magnésio-cummingtonite (en), riébeckite, serpentine, talc, wollastonite, winchite.

Variété[modifier | modifier le code]

Synonymie[modifier | modifier le code]

  • abkhazite (N.E. Efrenov 1948) espèce déclassée comme synonyme de trémolite[7].
  • calamite (Werner) Trémolite d'un gris jaunâtre, en longues fibres lamellaires cannelées, de Norvège[8] du latin calamus (roseau).
  • grammatite (Klaproth 1790) [9]
  • hoepfnerite ou hoepfnérite : ce terme a un temps été proposé pour désigner la trémolite en hommage au minéralogiste J. G. A. Hoepfner[10].
  • nordenskiöldite : Échantillons récoltés près de St Petersbourg au début du XIXe siècle dédiée au minéralogiste Nils Gustaf Nordenskiöld[11].
  • péponite (Breithaupt) trémolite en masses bacilcillaires dans un calcaire grenu près de Schwarzenberg en Saxe[12].
  • raphilite (Thomson 1836): Décrite initialement sur des échantillons de Perth Canada. Son nom est tiré du Grec ancien ῥαφίς [rhaphís (aiguille)] en référence à l'aspect des cristaux aciculaires[13].
  • sebesite : étymologie de la ville de Sebes en Transylvanie[14]
  • semi-néphrite : terme usité pour désigner une trémolite apte à la confection d'outils préhistoriques[15].
  • zéolithe en colonne (Louis Gmelin)[16]

Galerie[modifier | modifier le code]

Gisements remarquables[modifier | modifier le code]

Drapeau du Brésil Brésil

Drapeau du Canada Canada

Drapeau de la Finlande Finlande

  • Polvijärvi, Etelä-Suomen (Chrome-trémolite).

Drapeau de la France France

Drapeau de la Suisse Suisse

  • Campolungo, Vallée de Piumogna, Leventina, Tessin (Topotype)

Utilités et dangers[modifier | modifier le code]

  • La trémolite gemme peut être taillée comme pierre fine. Il s'agit de néphrite, une variété de trémolite avec des teintes vertes, l'un des deux minéraux reconnus comme du jade (l'autre étant de la jadéite).
  • La trémolite, dont les fibres sont particulièrement longues, est la forme la plus dangereuse d'amiante.

Nouvelle-Calédonie[modifier | modifier le code]

En 1994, l’Inserm dénonce l'utilisation de la trémolite dans un badigeon blanchâtre enduisant les cases kanak de Nouvelle-Calédonie, le , confectionné avec cette roche friable. C'est l'administration coloniale qui à l'origine avait recommandé aux Kanaks de « blanchir » leurs habitations pour donner un aspect plus propre aux tribus. Des analyses ont révélé, lors des activités ménagères, des concentrations pouvant être supérieures à 7 000 fibres par litre d'air, alors que la valeur-seuil dans les bâtiments est de cinq fibres[22].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. J. G. A. Höpfner, I. "Ueber die Klassifikation der Fossilien in einem Schreiben des Herausgebers an Herrn Dr [Dietrich Ludwig Gustav] Karsten in Halle". II. "Versuch einer neuen Classifikationsmethode der Stein- und Erdarten, nach den neuesten chemischen Erfahrungen", Magazin für die Naturkunde Helvetiens, 4, 1789, 255-332
  4. Andrée Jean François Marie Brochant de Villers, Alexandre Brongniart, Frédéric Georges Cuvier, Dictionnaire des sciences naturelles, tome 19, 1821, p. 297
  5. Rocks & Min.: 22: 506-509.
  6. Jensen (1978) Minerals of New York State, p.46
  7. Bulletin de la Société française de minéralogie et de cristallographie. Volume 73 1950 P.93
  8. Nouveau cours de minéralogie: comprenant la description de toutes les espèces minérales, Volume 3 Par Gabriel Delafosse p. 493 1862
  9. Annales de Crell, 1790 T1, p. 54
  10. A dictionary of practical and theoretical chemistry William Nicholson 1808
  11. Lectures on Mineralogy - Page 29 2008
  12. Manuel de minéralogie, Volume 1 Par Alfred Des Cloizeaux p. 79 1862
  13. Outlines of mineralogy, geology, and mineral analysis, Volume 1 Par Thomas Thomson 1836
  14. James Dwight Dana, George Jarvis Brush (1868) A System of Mineralogy: Descriptive Mineralogy, John Wiley & Sons, New York (NY), 5e éd., 827 p., p. 238
  15. "Le temps d'avant": la préhistoire de la Nouvelle-Calédonie p. 191 1995 Par Christophe Sand
  16. Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle Tome 36, Par Charles S. Sonnini p. 377 1851
  17. Cassedanne, J.P. & Cassedanne, J.O. (1978): Famous mineral localities: The Brumado district, Bahia, Brazil. Mineralogical Record 9 : 196-205
  18. Schroetter, Ralph. The Bancroft & Area Mineral Collectors Guide. Page 172, full edition.
  19. Goujou J-C. (1998), Minéralogie des rodingites de la mine de Canari, Corse, France. Le Règne Minéral 20, 11-24.
  20. Didier Béziat, J.L. Joron et P. Monchoux : "Spessartites in the Montagne Noire, France : mineralogical and geochemical data", Eur. Journ. Mineral., 1993, 5, p. 879-891.
  21. Roger De Ascenção Guedes, A. Casteret, J. C. Goujou, « Aperçu minéralogique de la vallée d'Aure, Hautes-Pyrénées », in Le Règne minéral, no. 47, 2002, p. 5-21
  22. La Nouvelle-Calédonie malade de sa poussière d'amiante, Le Monde, 22 mai 2007

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