Nora Mitrani

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Nora Mitrani
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Michel Mitrani (frère)Voir et modifier les données sur Wikidata

Nora Mitrani, née le à Sofia en Bulgarie et morte à Paris 6e le [1], était une écrivaine surréaliste et sociologue bulgare.

Biographie[modifier | modifier le code]

Dans les années 1930, ses parents, d'origine judéo-espagnole et italienne, s'installent à Paris. Nora Mitrani est inscrite au lycée Hélène-Boucher, puis à l'Université de la Sorbonne où elle entreprend des études de philosophie et rédige une thèse sur Malebranche et Maine de Biran[2].

Pendant l'occupation allemande, sa mère est déportée à Auschwitz. Nora Mitrani poursuit ses études sous un faux nom.

D'abord catholique, puis trotskyste, Nora Mitrani rencontre les surréalistes en 1946 et collabore régulièrement aux revues Néon, Médium, Le Surréalisme même, L'Âge du cinéma, Bief, ainsi que la publication L'Almanach surréaliste du demi-siècle. Elle rencontre le poète Joë Bousquet et le plasticien Hans Bellmer dont elle devient la compagne et le modèle pour ses photographies et peintures (Déshabillage, L'Embryon rouge). Avec lui, elle travaille également sur les anagrammes de Rose au cœur violet (1950)[3]. Après sa rupture avec Bellmer, Nora Mitrani deviendra la compagne de Julien Gracq en 1953[4].

À partir de 1947, Nora Mitrani signe toutes les déclarations et tracts collectifs surréalistes dont les exclusions des peintres Victor Brauner et Matta mais pas celle de Max Ernst.

En 1950, elle voyage au Portugal et y donne une série de conférences. Elle rencontre le poète Alexandre O'Neill qui constitua, en 1947, le premier noyau de poètes et écrivains surréalistes portugais. À son retour en France, Nora Mitrani écrit une série d'articles intitulée Portugal 50 qui est publiée dans Franc-tireur sous le pseudonyme de Daniel Gautier. Elle passe pour avoir été l'une des premières à faire connaître en France l'œuvre de Fernando Pessoa[5].

Admise au « Groupe de Recherches sur la Sociologie de la Connaissance et la Sociologie de la Vie » du C.N.R.S., elle travaille sous la direction de Georges Gurvitch. Elle y rencontre Pierre Naville. Elle entreprend la rédaction d'une thèse sur la technocratie. Cette enquête restée inachevée est publiée dans les Cahiers internationaux de sociologie entre 1955 et 1958[6].

En 1955, elle participe à un ouvrage collectif sur Søren Kierkegaard édité en Égypte par l'écrivain Georges Henein. Cette même année, André Breton écrit dans une dédicace à son attention : « L'idée que je me fais de la noblesse est souvent passée par les inflexions de son langage et de sa pensée. »[7]

Nora Mitrani meurt d'un cancer le .

Elle est la sœur du cinéaste Michel Mitrani.

Œuvre[modifier | modifier le code]

  • Rose au cœur violet, Paris, éditions du Terrain vague / Losfeld, coll. « Le désordre », 1988, anthologie de textes écrits entre 1940 et 1960 et réunis par Dominique Rabourdin, avec une préface de Julien Gracq.
  • Chronique d'un échouage, Nantes, L’œil ébloui, 2019, suivie d'une postface de Dominique Rabourdin, Nora Mitrani ou la liberté d'être.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 6e, n° 146, vue 16/31.
  2. Penelope Rosemont, Surrealist women: an international anthology, University of Texas Press, 1998, p. 226 & Colevile, op. cit.
  3. P. Rosemont, op. cit., p. 226 & Colevile, op. cit.
  4. Orlando de Rudder, « Julien Gracq, Nora Mitrani » (novembre 2005), sur le blog de l'écrivain & Magazine littéraire, no 465, juin 2007, p. 30.
  5. P. Rosemont, op. cit., p. 226.
  6. Jean Cazeneuve, L'Œuvre sociologique de Nora Mitrani, dans Revue française de sociologie, Vol. 2, no 4, octobre-décembre 1961, p. 304.
  7. Biro, op. cit.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Adam Biro & René Passeron « Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs », Office du Livre, Fribourg, Suisse & Presses universitaires de France, Paris, 1982, p. 284.
  • Jean Cazeneuve « L'Œuvre sociologique de Nora Mitrani », dans "Revue française de sociologie", volume 2, no 4, octobre-[1]
  • Georgiana Colvile « Scandaleusement d'elles. Trente quatre femmes surréalistes », Jean-Michel Place, Paris, 1999, p. 206 à 211.
  • Dominique Rabourdin « Gravité mortelle de l'amour », dans "Ça presse", no 29, Lyon, .
  • Penelope Rosemont « Surrealist Women : an international anthology », University of Texas Press, 1998, p. 226.

Liens externes[modifier | modifier le code]