Nicolas Lémery

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Nicolas Lémery
Description de l'image Nicolas Lémery.jpg.

Naissance
Rouen (France)
Décès (à 69 ans)
Paris (France)
Nationalité française
Domaines Chimie, Pharmacie, Médecine moderne
Institutions Académie des Sciences en 1699
Diplôme Doctorat en pharmacie
Renommé pour son Cours de Chimie, son Traité des drogues simples, sa pharmacopée universelle, son ultime Traité de l'antimoine...

Nicolas Lémery, né à Rouen le et mort à Paris le , est un pharmacien (apothicaire) et un chimiste français.

Sa vie

La famille de Nicolas Lémery de religion protestante, appartenait à la bourgeoisie de robe de Rouen. Son père, Julien Lémery, né en 1589 à Rouen et mort le 18 mai 1657 dans cette même ville, était procureur au Parlement de Normandie et ses deux frères aînés, Louis et Pierre étaient respectivement avocat et procureur au parlement de Rouen, son plus jeune frère Thomas s'établit comme marchand dans cette même ville.

Après des études qu'il fit au collège protestant de Quevilly, Nicolas entra en apprentissage en 1660 chez son oncle maternel Pierre Duchemin, apothicaire à Rouen. Au bout de six années passées chez son oncle à apprendre le métier d'apothicaire, il vint à Paris en 1666 pour travailler avec Christophe Glaser (1615-1672) qui était l'apothicaire ordinaire de Louis XIV et démonstrateur de chimie au Jardin du Roi à Paris. Nicolas Lémery quitta au mois de juillet 1668 le laboratoire de Glaser qui était aux dires de Fontenelle : « plein d'idées obscures, avares de ces idées-là mêmes, et très peu sociable ». Il se rend alors à Montpellier où de 1668 à 1672, il est pensionnaire d'Henry Verchant, maître apothicaire à Montpellier dans l'île du Puits des Esquilles au Sixain Sainte Croix. Il donne aux étudiants de Verchant des leçons et des démonstrations qui attirent un public nombreux et même des professeurs de médecine de l'Université de Montpellier. De retour à Paris en 1672, il se mit en relation avec Bernadin Martin qui était l'apothicaire du prince de Condé et profita de son laboratoire installé à l'hôtel de Condé dans le quartier de l'Odéon. Il fit découvrir la chimie au prince et aux membres de son entourage tel l'abbé Bourdelot qui était son médecin. Nicolas Lémery racheta le 18 septembre 1674 la charge d'apothicaire privilégié d'Antoine Régnier décédé. Peu de temps après il ouvrit une officine et un laboratoire dans les caves d'une maison à l'enseigne de la Porte dorée située rue Galande près de la place Maubert. Il put alors donner libre cours à ses talents d'enseignant et de démonstrateur auprès d'une assemblée nombreuse et choisie qui venait assister émerveillée à la révélation des secrets de la chimie jusqu'ici cachés aux profanes. Selon Fontenelle, « les Dames mêmes entraînées par la mode, avaient l'audace de venir se montrer à des assemblées si savantes ».

Il se marie en avec Madeleine Bellanger, fille de François Bellanger, bourgeois de Paris et de Marie de La Cour. À partir de 1681, les protestants commencèrent à être inquiétés dans la pratique de leur religion. Le 4 mars 1683, un arrêt du conseil du roi ordonna à tous les protestants de se démettre de leur charge dans les deux mois. Nicolas Lémery fut contraint de vendre sa boutique de la rue Galande le 6 février 1683 à Jean Fradin, maître apothicaire à l'Hôtel-Dieu de Paris, puis il démissionna de sa charge d'apothicaire le 23 avril 1683 au profit de Denis Machuraux.

Vers le milieu de l'année 1683 il se rendit seul en Angleterre en espérant que Charles II accueillerait favorablement ses propositions de services, mais il comprit rapidement qu'il ne pourrait rien entreprendre en Angleterre du fait des troubles qui paraissaient alors devoir s'élever. Au bout de quelques mois il regagna la France et on le retrouve vers la fin de l'année à l'Université de Caen où il se fait recevoir docteur en médecine ; De retour à Paris il vit en exerçant la médecine, mais la Révocation de l'Édit de Nantes, le 18 octobre 1685, interdit aux protestants l'exercice de la médecine et de la pharmacie. Conscient qu'il ne pourrait plus professer longtemps la religion protestante sans mener sa famille à la ruine et à l'enfermement, il abjura sa foi le 8 janvier 1686, avec femme et enfants. Le 8 avril 1686, Louis XIV pour honorer son retour à la religion catholique, et, eu égard à ses talents, lui accorda de nouvelles lettres patentes qui lui permettent d'ouvrir à la fin de l'année une nouvelle boutique d'apothicaire et un laboratoire de chimie au bas de la rue Saint-Jacques près de la fontaine Saint-Séverin. Ensuite, ainsi que le rapporte Fontenelle « Les jours tranquilles revinrent, et avec eux les écoliers, les malades, le grand débit des préparations chimiques, tout cela redoublé par l'interruption. »

Après le renouvellement de l'Académie royale des sciences par Louis XIV, le , il est nommé associé chimiste le 28 janvier de la même année, puis pensionnaire chimiste le à la mort de Claude Bourdelin. En 1712, il est nommé directeur, mais gravement malade, il est contraint de démissionner le 6 mars 1715. Il reçoit alors le titre de pensionnaire vétéran. Il meurt le 19 juin 1715 dans sa maison de la rue Saint-André-des-Arts qu'il occupait depuis le mois de décembre 1693, et où il avait installé boutique et laboratoire.

Son œuvre

Nicolas Lémery enseigna pendant plus de vingt-cinq ans la chimie et la pharmacie à de nombreux étudiants qui venaient de tous les pays de l'Europe. Son Cours de chymie publié en 1675 est d'une clarté et d'une précision remarquable pour l'époque. Il était destiné avant tout à l'enseignement et à la vulgarisation. Des générations de chimistes en profitèrent et s'en inspirèrent jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Il n'eut pas moins de treize éditions et fut traduit dans la plupart des langues européennes. La dernière édition est celle de Baron, publiée, in-quarto, en 1756 et comportant de nombreux commentaires et remarques qui montre l'évolution de la chimie, 50 ans après la mort de Lémery. Même si Nicolas Lémery ne fit pas de découvertes remarquables, il fut l'un des premiers à démythifier la chimie et à la débarrasser des oripeaux de l'alchimie. Il fut l'un des premiers à aborder la chimie sur le plan mécanistique. Sa théorie sur les acides et les bases introduit une vision corpusculaire de la réaction chimique. Les acides sont des pointes qui se fixent dans les pores des bases, entraînant la neutralisation des deux espèces par formation d'un sel. En développant cette théorie il aborde de façon implicite la notion d'affinité entre deux corps.

Si son Cours de Chymie a fait autorité pendant un siècle, ses autres publications n'en ont pas moins connu au siècle des Lumières un réel succès populaire. On compte la Pharmacopée universelle (1697), le Traité universel des drogues simples qui deviendra un Dictionnaire universel des drogues... (1698), et l'ultime opus, le Traité de l’antimoine (1707]) dont des procédés d'analyse et autres mesures d'empoisonnement étaient encore usités dans les laboratoires en 1860. Un certain nombre d’articles publiés par l’Académie des sciences sont remarquables, l’un propose une explication chimique et physique des feux souterrains, des tremblements de terre, de la foudre et du tonnerre.

Nicolas Lémery découvrit qu'un mélange intime de soufre en poudre et de fer en limaille auquel on ajoute un peu d'eau pour en former une pâte, s'enflamme spontanément en reproduisant, selon lui, le phénomène volcanique. Parmi ses recherches fructueuses en chimie et en médecine, on lui doit notamment la découverte du fer dans le sang.

Descendance de Nicolas Lémery

Son fils aîné, Louis (1677-1743) fut médecin, chimiste et membre de l'Académie des sciences (élu le comme chimiste puis nommé pensionnaire le en remplacement de son père). Son fils cadet Jean dit Pierre Lemery de Clerveaux, et nommé Jacques par les biographes, (1678-1716), également chimiste, fut élu à l'Académie des sciences le et nommé associé le . Son plus jeune fils, Pierre, dit Pierre Lemery de Préfond, né le 9 mars 1681 à Paris, ne sera ni juriste, ni chimiste mais embrassera la carrière des armes. À la mort de son père en 1715, il est capitaine d'infanterie au régiment de Poyanne. En 1719, il quitte l'armée et achète une charge de valet de garde-robe de Louis XV. Les trois autres enfants de Nicolas Lemery moururent en bas âge.

Bibliographie

Ouvrages publiés par Nicolas Lémery

  • Cours de chimie, contenant la manière de faire les opérations qui sont en usage dans la médecine, par une méthode facile, avec des raisonnements sur chaque opération, pour l’instruction de ceux qui veulent s’appliquer à cette science (1675). Texte en ligne Ouvrage souvent réédité et traduit dans la plupart des langues européennes.
  • Pharmacopée universelle, contenant toutes les compositions de pharmacie qui sont en usage dans la médecine, tant en France que par toute l’Europe : leurs vertus, leurs doses, les manières d’opérer les plus simples et les meilleures : avec un lexicon pharmaceutique, plusieurs remarques, et des raisonnemens sur chaque opération (1697) Texte en ligne 1 2
  • Dictionnaire universel des drogues simples, contenant leurs noms, origine, choix, principes, vertus, étymologie, et ce qu’il y a de particulier dans les animaux, dans les végétaux et dans les minéraux (1698) Texte en ligne
  • Traité de l’antimoine, contenant l’analyse chymique de ce minéral et un recueil d’un grand nombre d’opérations rapportées à l’Académie royale des sciences (1707). Traduit en allemand en 1709 par Jean-André Mahlern.

Études

  • Paul Dorveaux, « Apothicaires membres de l'Académie royale des sciences. VI, Nicolas Lemery », Revue d'histoire de la pharmacie, 1931, no 75, 208-219.
  • Didier Giron , Nicolas Lemery, 1645-1715, Thèse de doctorat en pharmacie, Paris V, Université René Descartes, 1986 [1]
  • Michel Bougard, La Chimie de Nicolas Lemery, Turnhout, Brepols, 1999.
  • Jean-Dominique Bourzat, Lecture contemporaine du Cours de Chymie de Nicolas Lemery, Lyon, Éditions du Cosmogone, 2005.
  • Bernard Joly, "Nicolas Lemery", apud The dictionary of seventeeth-century french philosophers, Thoemmess Press, 2004.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes