Naveta d'Es Tudons

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Naveta d'Es Tudons
Image illustrative de l’article Naveta d'Es Tudons
Vue générale de l'édifice
Présentation
Type Naveta
Période Âge du bronze
Fouille 1959
Protection Classé BIC (1931)
Visite accessible au public
Caractéristiques
Géographie
Coordonnées 40° 00′ 11″ nord, 3° 53′ 30″ est
Pays Espagne
Communauté autonome Îles Baléares
Île Minorque
Commune Ciutadella de Menorca
Géolocalisation sur la carte : Minorque
(Voir situation sur carte : Minorque)
Naveta d'Es Tudons
Géolocalisation sur la carte : îles Baléares
(Voir situation sur carte : îles Baléares)
Naveta d'Es Tudons
Géolocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Naveta d'Es Tudons

La Naveta d'Es Tudons est un monument funéraire, de type naveta, situé sur la commune de Ciutadella de Menorca, sur l'île de Minorque, dans l'archipel des Baléares, en Espagne. L'édifice est daté de l'Âge du bronze. C'est le monument préhistorique le plus célèbre et le plus visité de Minorque.

Historique[modifier | modifier le code]

L'édifice est mentionné pour la première fois en 1818 par Joan Ramis i Ramis, qui lui donne son nom[1],[2] en raison de sa ressemblance avec la forme de la coque d'un navire renversé[Note 1] et parce qu'il pensait que le monument était un temple dédié à la déesse Isis, en laquelle il voyait l'inventrice de la navigation et la protectrice des marins[2].

La naveta d'Es Tudons est inscrite depuis le 3 juin 1931 sur la liste des biens d'intérêt culturel (référence : RI-51-0003442).

Le monument a été fouillé en 1959 par Lluís Pericot i Garcia, puis restauré par Maria Lluïsa Serra. Avant restauration, l'étage supérieur et l'arrière du monument étaient en ruine.

C'est le monument le plus visité de Minorque, véritable icône de la culture populaire[3] et de la promotion touristique de l'île. L'édifice est d'autant plus célèbre que durant tout le XXe siècle il figurait dans les manuels scolaires espagnols et qu'à ce titre il est entré dans l'imaginaire populaire de plusieurs générations[2].

En 2013, l'Espagne a proposé l'inscription du site au titre de la « culture talayotique de Minorque » sur la liste indicative de l'UNESCO, préalable à une possible inscription au patrimoine mondial[4].

Architecture[modifier | modifier le code]

Plan dressé par Émile Cartailhac.

Le monument mesure 14 m de longueur sur 6,40 m de largeur et 3,6 m de hauteur[5]. L'édifice est orienté sud-sud-ouest / nord-nord-est et ouvre au sud-sud-ouest. Les murs sont montés à la base en appareil cyclopéen. Côté extérieur, les blocs de parement sont biseautés de façon que la facade et les côtés soient fortement talutés. L'entrée est basse et étroite (0,75 m de hauteur sur 0,57 m de largeur). Elle était à l'origine obturée par une dalle rectangulaire, comme l'indique la présence d'une feuillure dans l'encadrement[6].

L'entrée ouvre sur un couloir de 1,30 m de long, donnant accès à la chambre inférieure (7,45 m de long sur 2 m de large). L'abside comporte un aménagement en forme de banc. La hauteur sous plafond est de 2,25 m. Le plafond est constitué de grandes dalles, d'une largeur moyenne de 1,50 m, encastrées dans les parois intérieures[6]. L'accès à la chambre supérieure est possible par une cheminée percée dans le plafond du couloir d'accès. La chambre supérieure mesure 7,10 m de long pour une hauteur de 0,85 m de hauteur. Elle est également couverte de très grandes dalles percées de trous, d'origine naturelle par usure du calcaire, ou d'origine artificielle et destinés à en assurer la ventilation[1].

La chambre inférieure devait vraisemblablement servir à la décomposition des cadavres[7] tandis que la chambre supérieure servait à stocker les ossements des cadavres déjà décomposés[8].

Matériel archéologique[modifier | modifier le code]

Les fouilles ont livré les restes d'au moins cent squelettes (dont un crâne trépané) et divers objets utilitaires et de parure en os (boutons, poinçons) et en bronze (perles biconiques, bracelets)[2], aujourd'hui exposés au musée de Minorque à Port Mahon.

Une datation par le carbone 14 d'ossements issus du monument indique une période d'utilisation comprise entre 1130 et [9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Du catalan minorquin naveta ou naueta, pluriel navetes ou nauetes, diminutif de nau, « nef », et de Es Tudons, nom de lieu, litt. « les ramiers ». On trouve parfois simplement Nau d'Es Tudons (« nef d'Es Tudons »).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Leslie V. Grinsell, Barrow, pyramid, and tomb : ancient burial customs in Egypt, the Mediterranean, and the British Isles, Westview Press, Boulder, Colorado, 1975, (ISBN 0-89158-504-4), p. 194.
  2. a b c et d Sintes Olives 2015.
  3. (ca) José Simón Gornés Hachero, « Arquitectura y territorio de las navetas funerarias de Menorca », dans VII Jornades d'Arquelogia de les Illes Balears, Maó, Conseil Insular de Menorca, coll. « Llibres del Patrimoni Históric i Cultural », , 464 p. (ISBN 9788494794209, lire en ligne), p. 39
  4. (en) « Talayotic Culture of Minorca », UNESCO
  5. Gornés Hachero 2016.
  6. a et b (en) Edwin Oliver James, Prehistoric religion: a study in prehistoric archaeology, Barnes & Noble, New York, 1957, (ISBN 9781111767211), p. 67.
  7. (en) Emma Blake, Arthur Bernard Knapp (ss la dir. de), The archaeology of Mediterranean prehistory, John Wiley & Sons - Blackwell, Oxford, 2005, (ISBN 978-0-631-23267-4), p. 170.
  8. (en) Phil Lee, The Rough Guide to Menorca, Rough Guides, 2001, 288 p. 187.
  9. Micó 2006.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Émile Cartailhac, Monuments primitifs des îles Baléares, Toulouse, Privat, , 80 p. (lire en ligne)
  • (en) Rafael Micó, « Radiocarbon dating and balearic Préhistory : reviewing the periodization of the prehistoric sequence », Radiocarbon, vol. 48, no 3,‎ , p. 421-434 (lire en ligne)
  • (es) José Simón Gornés Hachero, Sociedad y cambio en Menorca: sistematización de los contextos arqueológicos de las navetas funerarias entre el 1400 y el 850 CAL ANE, vol. anexo 1 (Tesis doctoral), Universitat Autònoma de Barcelona, , 286 p. (lire en ligne [PDF]), p. 177-200
  • Elena Sintes Olives, Guide Minorque talayotique : La Préhistoire de l' île, Sant Lluis, Triangle, , 319 p. (ISBN 9788484786405), p. 262-265

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]