Métchif

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Métchif
Michif (crg)
Pays Canada, États-Unis
Nombre de locuteurs Total : 800
Canada : 725 (2016)[1]
États-Unis : 75 (2010)[2]
Typologie ordre libre
Classification par famille
Codes de langue
IETF crg
ISO 639-3 crg
Étendue Langue individuelle
Type Langue vivante
WALS mcf
Glottolog mich1243
ELP 1755
APiCS 75

Le métchif, ou mitchif, est une langue mixte apparue au xixe siècle, et incorporant des éléments de deux langues : le français et le cri (ou cree, langue algonquienne du Canada).

Le métchif est parlé par certains membres de la nation métisse au Canada et dans le nord des États-Unis.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Le mot métchif ou mitchif provient du vieux mot français métif signifiant « métis »[3],[4]. En français du Québec, le /t/ devant /i/, /y/, /j/, /ɥ/ est régulièrement affriqué en [ts], plus rarement en [tʃ] (métsif ou métchif).

Présentation[modifier | modifier le code]

Le métchif est principalement composé de noms français, de verbes cris, ainsi que d'emprunts aux lexiques d'autres langues amérindiennes, notamment l'ojibwé et le chipewyan. La forme polysynthétique des verbes cris est présente dans toute sa complexité dans la grammaire du métchif. Des exemples d'emprunts au français sont les mots lawm pour « homme », salay pour « soleil » et lo pour « eau »[5]. Tandis que des exemples d'emprunts au cri sont les verbes meechishouw de michisiw pour manger et wawpouw de wâwpiw pour voir[5].

Cette langue aurait émergé non pas comme pidgin franco-cri mais comme marque d'identité et occasionnellement comme langue secrète parmi les Métis élevés dans les deux langues. Après un déclin notable de la langue, le métchif connaît un regain d'intérêt grâce à des programmes mis en place par le Ralliement national des Métis en collaboration avec le ministère du Patrimoine canadien et d'autres parties intéressées.

Lors du recensement canadien de 2016, 1 170 personnes ont déclaré avoir le mitchif comme langue principale, la plupart en Saskatchewan (41,9 %) et au Manitoba (17,5 %)[6].

Syntaxe[modifier | modifier le code]

Syntagme nominal[modifier | modifier le code]

Les noms (dérivés du français, donc) sont pratiquement toujours des formes enclitiques issues d'un déterminant (possessif, article défini) et du nom[7].

Français Métchif
un fusil /œ̃ fyzi/ aeñ fiizii
une maison /yn mɛzɔ̃/ aen meezoñ
le garçon /lə ɡarsɔ̃/ li garsoñ
la roche /la rɔʃ/ la rosh
les couteaux /le kuto/ lii kutu
son manger /sɔ̃ mɑ̃ʒe/ su mañzhii
sa main /sa mɛ̃/ sa maeñ
mes chiens /me ʃjɛ̃/ mii shyaeñ

Des démonstratifs issus du cri peuvent venir déterminer le nom. Ce dernier porte alors la marque du genre (animé or inanimé) du nom cri correspondant[8].

Français Métchif Cri des plaines
ce garçon-là awa li garsoñ awa nâpêsis (animé)
cet œuf-là ôma li zaef ôma wâwi (inanimé)
cette roche-là awa la rosh awa asinîy (animé)
ces hommes-là neekik lii zom neekik nâpêwak (animé)

Les adjectifs sont d'origine française (le cri n'a pas d'adjectif), et comme en français, ils peuvent être placés avant ou après le nom. Les adjectifs antéposés s'accordent avec le nom. Les adjectifs postposés sont en revanche invariables.

Ordre des mots[modifier | modifier le code]

L'ordre des mots est, comme en cri, très libre. Cependant, plus une phrase contient de mots d'origine française, plus l'ordre des mots tend à ressembler à celui du français.

Le Notre Père en métchif et français
Métchif Français
Toñ Periinaan Notre Père
Toñ Periinaan, dañ li syel kayaayeen kiichitwaawan toñ noo. Kiiya kaaniikaanishtaman peetoteiie kaandaweetaman taatochiikateew ota dañ la ter taapishkoch dañ li syel. Miinaan anoch moñ paeñiinaan poneeiiminaan kamachitotamaak, niishtanaan nkaponeemaanaanik anikee kaakiimaiitotaakoyaakuk kayakochii'inaan, maaka pashpii'inaan aayik ochi maachiishiiweepishiwin. Answichil. Notre Père, qui es aux cieux, Que ton nom soit sanctifié, Que ton règne vienne, Que ta volonté soit faite Sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour Pardonne-nous nos offenses, Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, Et ne nous soumets pas à la tentation, Mais délivre-nous du mal. Amen.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Langue – Faits saillants en tableaux, Recensement de 2016 », sur statcan.gc.ca, Statistique Canada, .
  2. Ethnologue [crg].
  3. Jennifer S.H. Brown, « Mitchif » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. Publié le 7 février 2006. (consulté le ).
  4. Cf. entrée « métif », Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  5. a et b Hubert Mansion, 101 mots à sauver du français d'Amérique, Les éditions Michel Brûlé, Montréal, 2008, p. 92
  6. Statistique Canada Gouvernement du Canada, « Recensement en bref : Les langues autochtones des Premières Nations, des Métis et des Inuits », sur www12.statcan.gc.ca, (consulté le )
  7. Taken from Rhodes (1977)
  8. Rhodes (1977), Bloomfield (1984)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]