Mátyás Rákosi

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Mátyás Rákosi
Illustration.
Fonctions
Président du Conseil des ministres de la République populaire de Hongrie

(10 mois et 20 jours)
Prédécesseur István Dobi
Successeur Imre Nagy
Secrétaire général du
Parti des travailleurs hongrois

(8 ans)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Ernő Gerő
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Ada, Autriche-Hongrie
Date de décès (à 78 ans)
Lieu de décès Gorki, URSS
Nationalité Hongroise
Parti politique Parti des communistes de Hongrie
Parti des travailleurs hongrois
Religion Aucune (athée)

Mátyás Rákosi
Présidents du Conseil des ministres
de la République populaire de Hongrie

Mátyás Rákosi, né Mátyás Rosenfeld, est né le 9 mars 1892 à Ada en Autriche-Hongrie (aujourd'hui en Voïvodine en Serbie) et est mort le 5 février 1971 à Gorki, en Union soviétique). Secrétaire général du Parti communiste hongrois, puis du Parti des travailleurs hongrois, il fut Premier ministre en 1952-1953. Il s'exile en Union soviétique lors de la révolution hongroise d'octobre 1956.

Du soldat au chef du Komintern

Rákosi naquit à Ada, un village du comté de Bács, dans l'Empire austro-hongrois (aujourd'hui en Serbie). Il était d'une famille juive, quatrième fils d'un épicier ; sa mère devait donner naissance à sept autres enfants, mais par la suite, il rejeta complètement le judaïsme, et même toute religion, conformément à l'athéisme de la doctrine communiste.

Pendant la Première Guerre mondiale il servit dans l'armée austro-hongroise sur le front de l'Est et fut capturé. Les événements révolutionnaires en Russie firent de lui un marxiste convaincu et, après son retour en Hongrie, il participa à la République des conseils de Hongrie de Béla Kun en qualité de commissaire au commerce ; après la chute du régime, il s'enfuit et se retrouva en fin de compte en Union soviétique. À son retour en Hongrie en 1924, il fut emprisonné par le régime de l'amiral Horthy. Après seize ans d'emprisonnement, il fut renvoyé en Union soviétique en 1940, en échange des drapeaux révolutionnaires hongrois capturés par les troupes russes à Világos en 1849. En Union soviétique, il devint un des chefs du Komintern. Il revint à Debrecen, en Hongrie, le , chargé par les autorités soviétiques, d'organiser le parti communiste.

« Le meilleur élève hongrois de Staline »

Quand, après la Seconde Guerre mondiale, le Rideau de fer tomba sur la Hongrie et que des méthodes brutales eurent porté les communistes au pouvoir, Rákosi devint secrétaire général du Parti communiste hongrois. Il dirigea de façon très autoritaire le Parti, renforça son pouvoir et organisa de 1945 à 1949 la « soviétisation » progressive du pays. Toutes les organisations « non-staliniennes » furent interdites ou mises au pas. Le Parti communiste imposa la fusion au parti agrarien, puis au parti social-démocrate, pour former avec eux en juin 1948 le Parti des travailleurs hongrois, dont Rákosi prit la tête.

Rákosi se qualifiait lui-même de « meilleur élève hongrois de Staline ». Pour sa politique de soviétisation systématique, il inventa la « tactique du salami », expression par laquelle il expliquait comment on élimine pièce par pièce une opposition démocratique, prenant progressivement le contrôle de la République de Hongrie. En 1949, Rákosi commença à instituer la terreur d'État : la police de sécurité ÁVH agit énergiquement contre tous les adversaires de régime, plusieurs milliers de personnes perdirent la vie. Le , la République de Hongrie adopta une nouvelle constitution, devenant la République populaire de Hongrie.

En 1952, Mátyás Rákosi devint également Premier ministre et il fit peser sa lourde autorité sur la Hongrie. Le pays connut de graves problèmes économiques avec la détérioration massive des moyens de production et une crise de l'agriculture. Pour cette raison, après la mort de Staline, qui le protégeait, le gouvernement soviétique le contraignit à céder en juin 1953 le poste de premier ministre à Imre Nagy. Il resta toutefois à la tête du Parti communiste. Peu de temps après, début 1955, son entourage reprit les rênes du pouvoir et Nagy fut renvoyé de son poste le 14 avril 1955 ; András Hegedűs, rákosiste, lui succéda. Rákosi restait encore secrétaire général du Parti communiste hongrois, bien que la rébellion du peuple hongrois se profilât déjà à l'horizon, et il fit arrêter et même exécuter des milliers d'opposants du régime.

La chute

En février 1956, Nikita Khrouchtchev prononça son discours secret qui devait devenir célèbre, au XXe congrès du Parti communiste d'Union soviétique : il y dénonçait le culte stalinien de la personnalité dans les autres pays du bloc soviétique. Cinq mois plus tard, en juillet 1956, Rákosi était contraint de quitter son poste. Le , Rákosi devait rédiger son autocritique, dans laquelle il demandait à être démis de ses fonctions (pour raisons de santé) et qui fut publiée dans les journaux hongrois[1]. Il fut brièvement remplacé par Ernő Gerő en tant que secrétaire général du Parti communiste hongrois et préféra une nouvelle fois s'enfuir en Union soviétique alors que la révolution hongroise battait son plein, où il vécut encore 15 ans. Il fut toutefois exclu du Parti communiste en 1962. Il finit sa vie en République socialiste soviétique kirghize.

Au cours de la Révolution hongroise de 1956, des Juifs se battirent des deux côtés de la barricade, mais, à la suite de la révolution, on assista à une réaction antisémite contre les membres juifs de l'ancien gouvernement dirigé par Mátyás Rákosi. Pendant le gouvernement de Rákosi et son régime communiste, c'est l'athéisme et non la religion qui était favorisé : le sionisme comme le respect des règles religieuses juives étaient mis hors la loi, pendant un certain temps beaucoup de Juifs se virent expulsés des grandes villes vers la province. Bien que Rákosi fût d'origine juive (mais athée), il conformait ses actions à son point de vue politique et non à ses traditions et il se joignit à la campagne antisémite de Staline en 1953, si bien qu'il commença à préparer un simulacre de procès antisémite qui prit fin après la mort de Staline. Les juifs communistes n'en furent pas moins écartés progressivement des postes à responsabilité et l'expulsion des juifs de la vie publique fut achevée au cours de la période Kádár.[réf. souhaitée]

Notes et références

  1. (de) Peter Gosztony (Herausgeber), Der Ungarische Volksaufstand in Augenzeugenberichten, p. 61, Deutscher Taschenbuch Verlag, Munich, 1981.

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