Musée lorrain

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Musée lorrain
Logo du Musée lorrain
Informations générales
Type
Ouverture
1850
Visiteurs par an
57650 (moyenne 2006-2012)
Site web
Collections
Collections
Collections archéologiques, peintures, sculptures, tapisseries, mobilier, arts graphiques, faïences, arts et traditions populaires, etc.
Bâtiment
Protection
Localisation
Pays
France
Commune
Adresse
64 Grande Rue - 54000 Nancy
Coordonnées
Carte

Le palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain, est le musée historique de la région Lorraine, l'un des trois grands musées de la ville de Nancy, avec le musée des Beaux-Arts et le musée de l'École de Nancy. Avec près de 60 000 visiteurs annuels, il a pour vocation de faire découvrir l'histoire de ce territoire, de la Préhistoire jusqu'au XIXe siècle, et de faire revivre le passé ducal de cette région, devenue française en 1766.

Le palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain bénéficie d'un vaste projet de rénovation et d'extension. De ce fait, les collections permanentes sont fermées au public depuis le . Le musée propose toutefois une programmation hors les murs, ainsi que la visite de l'église des Cordeliers.

À l'origine de la création du Musée lorrain, la Société d'archéologie lorraine, aujourd'hui Société d'histoire de la Lorraine et du Musée lorrain, créée en 1848. Établi depuis plus de 160 ans dans l'ancien palais des ducs de Lorraine, en plein cœur de la Ville Vieille, à Nancy, le Musée lorrain présente sur une surface d'exposition de plus de 8 000 m2 des collections variées :

Le Musée lorrain s'articule aujourd'hui en deux sites historiques voisins :

Historique des bâtiments[modifier | modifier le code]

Palais ducal[modifier | modifier le code]

L'ensemble ducal est aujourd'hui fort mutilé, malgré d'imposants vestiges[1]. Un château médiéval rebâti au XIVe siècle s'élevait déjà sur l'emplacement de l'actuel palais, dont nous ne savons que peu de choses, si ce n'est ce que la campagne de fouilles effectuée en 2001 dans la cour du Musée lorrain en a révélé. Ce château ne fut pas épargné durant les guerres de Bourgogne et souffrit particulièrement durant les sièges que Charles le Téméraire imposa à la cité ducale. De retour victorieux en ses États, le duc de Lorraine René II ne put même y loger, nous dit la Chronique de Lorraine, « parce que [la cour] estoit toute désolée, en plusieurs lieux on avait pris le bois pour chauffer ceux qui en la garnison estoient »[1] ; mais c'est seulement à la fin de son règne que René II décide de reconstruire complètement le château, entreprise largement poursuivie par son fils, le duc Antoine, et ses successeurs.

La partie méridionale du palais, toujours visible aujourd'hui en bordure de la Grande Rue, fut donc bâtie sous le règne d'Antoine, dans un style qui conjugue les dernières influences du gothique international et les prémices de la Renaissance en Lorraine. Dans le cadre du projet de rénovation du Musée lorrain, toitures et façades ont ainsi été restaurées entre 2005 et 2012[2].

L'entrée principale se faisait par la Porterie, construite en 1511 - 1512 et très inspirée de celle de Blois, puisque le duc Antoine avait passé ses jeunes années à la cour de Louis XII. C'est au sculpteur Mansuy Gauvin, imagier habituel de la maison de Lorraine[3], que nous devons la statue équestre du duc Antoine qui orne le monument. L'original, comme le blason des ducs, fut cependant détruit à la Révolution française pour être remplacé en 1851 par une reconstitution du sculpteur Giorné Viard, dont le nom est toujours visible sur le socle. Le ou les auteurs des sculptures « très marquées d'italianisme »[3] (trophée d'armes, feuillages stylisées, rinceaux, coquilles, etc) qui décorent le reste du monument nous sont inconnus mais les motifs témoignent de la position de carrefour culturel qu'occupait la Lorraine de la Renaissance en Europe. À gauche de la Porterie, la petite porte Masco, du nom d'un ours du duc Léopold, qui y montait la garde au début du XVIIIe siècle[4]. Désormais, l'entrée principale du Musée lorrain se trouve un peu plus haut dans la rue.

Vestibule, ancienne entrée du Palais ducal, Musée lorrain.

Ces deux portes, ouvertes lors des grands événements de la vie culturelle locale (Journées européennes du Patrimoine…) conduisent à l'ancien vestibule du palais, couvert de quatre voûtes, dont les clefs sont décorées de médaillons contenant les profils des ducs René II et Antoine, avec titres et devise. Le sol, pavé de croix de Lorraine est postérieur (XIXe siècle).

Côté cour, la contre-façade repose sur des arcades, voûtées d'ogive, dont le décor fait écho à celui de la Porterie (coquilles, putti, feuillages, masques, palmettes, animaux, etc.). La galerie conduit à une tour carrée, autre vestige Renaissance, appelée Tour de l'Horloge, surmontée d'une flèche aiguë récemment restaurée et qui abrite un large escalier à vis menant notamment à la grande Galerie des Cerfs du premier étage, dont on aperçoit depuis le jardin les fenêtres à croisées de pierre. Cette galerie de 400 m2 est aujourd'hui la plus vaste du Musée lorrain et accueille régulièrement les expositions temporaires. Son décor, aujourd'hui disparu, lui a donné son nom ; achevés en 1524 par Hugues de la Faye, « vingt-trois panneaux surmontés d'autant de médaillons »[5] mettaient en parallèle la vie d'un cerf et la vie du Christ. Nous restent cependant des dessins de l'artiste, conservés au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.

Vue cavalière du Palais ducal de Nancy, XVIIe siècle, Claude Deruet, Musée lorrain.

La partie septentrionale des bâtiments était quant à elle occupée au XIXe siècle par une gendarmerie où un incendie accidentel se déclara le , gagnant ensuite la partie Renaissance où s'était installée la Société d'archéologie lorraine quelque deux décennies plus tôt, particulièrement éprouvée et restaurée par Boeswillwald entre 1872 et 1875. Cet événement explique notamment les quelques différences de style qu'on peut noter côté rue sur la partie nord du Palais ducal, reconstruite quant à elle en 1873 par l'architecte Prosper Morey. Côté jardin, l'architecte préserva la façade néoclassique que l'on doit au duc Léopold ; une école primaire supérieure investit ces locaux jusqu'en 1935, avant que le Musée lorrain ne s'y étende en 1937.

Le Musée lorrain possède l'original d'une vue cavalière du Palais Ducal et de ses dépendances que le peintre lorrain Claude Déruet, grava au milieu du XVIIe siècle ; on peut y observer l'étendue du palais au temps de sa splendeur, la qualité des jardins et parterres et l'ampleur des modifications et destructions opérées par le duc Léopold, dans son projet d'édifier en lieu et place de l'ancien palais Renaissance, un « nouveau Louvre ». Ce projet ne fut jamais réalisé, Léopold quitta Nancy pour Lunéville, et c'est en cet état mutilé que le Palais ducal nous est parvenu aujourd'hui.

Au nord-est, le jardin est bordé par une série de bâtiments modernes, abritant la salle de conférence, l'atelier pédagogique et les collections archéologiques du Musée lorrain. Le projet de rénovation de ce dernier prévoit cependant de les remplacer par une nouvelle aile entièrement vitrée, conçue par l'agence Dubois & Associés, qui a remporté le concours international d'architecture lancé pour l'occasion[6].

Église des Cordeliers[modifier | modifier le code]

De l'autre côté de la petite rue Jacquot, au nord du Palais ducal, l'ensemble conventuel des Cordeliers forme la seconde partie du Musée lorrain. Souhaitant célébrer sa victoire sur Charles le Téméraire à la Bataille de Nancy en 1477, René II fait venir en la capitale ducale une branche réformée des Franciscains, issue de l'Observance, les Cordeliers, qu'il affectionne particulièrement. Les terrains sont achetés en 1485 - 1486 ; l'église est très rapidement construite et sera consacrée en 1487. Appartenant à la paroisse Saint-Epvre de Nancy, elle est toujours consacrée, ce qui constitue une particularité notable au sein d'un musée européen.

L'église ne témoigne aujourd'hui que peu de sa splendeur passée, ayant particulièrement souffert à la Révolution française. L'ornementation polychrome avait été particulièrement soignée, contrebalançant la simplicité de la forme architecturale articulée autour d'une nef unique. Bien qu'il s'agisse d'un document de propagande politique destinée à glorifier la maison de Lorraine, l'exceptionnelle série de gravures de la pompe funèbre du duc Charles III en donne un aperçu fameux[7].

L'église abrite une série de tombeaux, dont deux seulement sont d'origine : celui, en enfeu, de René II, bâtisseur de l'ensemble conventuel, et celui du cardinal de Vaudémont. Au milieu de la nef et dans les chapelles latérales, plusieurs tombeaux ornés de gisants, tous transférés d'établissements religieux locaux, souvent supprimés[8]. On y retrouve des membres des maisons de Lorraine et de Vaudémont, ainsi que de hauts fonctionnaires de la cour. Il était de coutume pour les aristocrates locaux de se faire enterrer au plus près du pouvoir ducal et divin[9]. Le célèbre graveur Jacques Callot fut ainsi inhumé avec son père et son grand-père dans le cloître du couvent[10]. Une stèle actuellement exposée au Musée lorrain en témoigne.

À gauche du chœur, la chapelle ducale, dite « chapelle ronde », voulue par le duc Charles III comme lieu de sépulture unique pour la famille de Lorraine. Les travaux débutèrent en 1608 et se poursuivirent en pointillé au XVIIe et XVIIIe siècle. Récemment restaurée[11], la chapelle ronde dévoile une élégante coupole qui n'est pas sans rappeler la Sagrestia Vecchia, la chapelle des Médicis en l'église San Lorenzo de Florence, ou la Rotonde des Valois à Saint-Denis[12].

Coupole de la chapelle ducale, Musée lorrain

Au seuil de la chapelle, une plaque de bois scelle l'entrée la crypte abritant les tombeaux des Ducs de Lorraine. L'accès y est interdit au public, car la crypte demeure propriété privée de la famille de Habsbourg-Lorraine, dont les membres s'y rendent régulièrement. Ainsi chaque troisième dimanche du mois d'octobre, une messe est dite en l'église des Cordeliers à la mémoire des Ducs de Lorraine, souvent en présence de membres de la famille. À l'entrée de la chapelle, une plaque de marbre rappelle le passage d'illustres visiteurs en ces murs : Marie-Antoinette d'Autriche, fille du dernier duc de Lorraine François III ou encore son frère, l'empereurJoseph II ; au XIXe siècle, les empereurs François II et François-Joseph, les souverains de France Charles X, Louis-Philippe ainsi que l'impératrice Eugénie vinrent s'y recueillir[13].

La chapelle, symbole du pouvoir monarchique en Lorraine, fut saccagée à la Révolution française, et les dépouilles ducales jetées dans une fosse commune du cimetière de Boudonville[14] ou cimetière des III Maisons, non loin de là[13]. Elle fut restaurée sous Louis XVIII, à la demande de la famille de Habsbourg-Lorraine ; les corps des Ducs de Lorraine réintégrèrent alors leurs tombeaux lors d'une ultime pompe funèbre. Jusqu'à la Première guerre mondiale, la maison d'Autriche entretint un aumônier attaché à l'église[13].

En 1937, la nouvelle mouture du Musée lorrain reçu la garde des lieux, à la suite d'un accord entre la ville, le service des monuments historiques et l'évêque de Nancy.

En 1951, l'archiduc Otto de Habsbourg choisit l'église des Cordeliers pour célébrer son mariage avec la princesse Régina de Saxe-Meiningen.

Collections[modifier | modifier le code]

Palais ducal[modifier | modifier le code]

Le Palais ducal regroupe les collections d'histoire de l'art, de l'Antiquité au XIXe siècle. Le circuit de visite peut suivre un cheminement chronologique.

Le bâtiment en fond de cour accueille les collections archéologiques à travers trois salles:

Le rez-de-chaussée du Palais ducal abrite une section consacrée au grand Moyen Âge, des croisades jusqu'à la Renaissance avec une riche collection d'art religieux ; à noter le groupe du Retour du Croisé, émouvante sculpture du XIIe siècle, auparavant placée dans l'église des Cordeliers. L'école de Saint-Mihiel ou école de Ligier Richier est également représentée par Le Christ au jardin des Oliviers, haut-relief imposant de la fin du XVIe siècle.

Au premier étage :

À gauche de l'escalier, en direction de la Galerie des Cerfs, trois salles ont été réaménagées à l'automne 2013 pour accueillir les collections exclusivement consacrées à la Renaissance. Chefs-d'œuvre de l'orfèvrerie civile des XVe et XVIe siècle, les 31 pièces du trésor de Pouilly-sur-Meuse y sont désormais visibles en permanence, de même que la maquette de la ville de Nancy en 1611 issue de l'exposition "La ville révélée - autour de la ville neuve de Charles III" présentée au Palais du Gouvernement du 1er février au , dans le cadre des festivités "Nancy 2013 - L'effet Renaissance". Les deux dernières pièces du mobilier ducal qui nous soient parvenues sont présentées dans la dernière salle (Tapisserie de la Condamnation de Banquet, lit du Duc Antoine).

À droite de l'escalier, la galerie dite de Léopold retrace la vie artiste et intellectuelle du duché de Lorraine du XVIe au XVIIIe siècle, et ouvre sur une première salle consacrée aux grands peintres lorrains du XVIIe siècle, particulièrement Georges de la Tour et sa Femme à la puce, chef-d'œuvre du clair-obscur (1638), accompagnée d'une interprétation vidéo de l'artiste contemporain Sylvain Lang (2007). Au fond de la galerie est proposé un parcours à travers les collections de faïence des grandes manufactures locales (Lunéville, Saint-Clément, Niderviller) où l'on peut apercevoir un surtout de table agrémenté de biscuits en terre de Lorraine, présentant la légende de Léda et le cygne,sculpté par Paul-Louis Cyfflé entre 1766 et 1780.

Au deuxième étage :

Église et couvent des Cordeliers[modifier | modifier le code]

Moules à gaufre, XIXe siècle, section « Arts et traditions populaires », Musée lorrain.

Le couvent des Cordeliers abrite les collections d'art et traditions populaires du Musée lorrain, autour de la vie artisanale et quotidienne de la Lorraine rurale.

  • Au rez-de-chaussée, une section récente intitulée « De l'arbre à la chaise » évoque le travail du bois, très présent en Lorraine, du choix des essences, à la menuiserie et l'ébénisterie, en passant par l'abattage, le transport par schlitte ou flottage, et la reconstitution d'un atelier de menuisier (XVIIIe - XIXe siècle)
  • Au premier étage, des reconstitutions d'intérieurs typiques retracent la vie dans les campagnes lorraines du XVIe au début du XXe siècle ; on peut y voir une riche collection de mobilier (coffres, armoires lorraines, alcôves, saloirs, etc), des objets de la vie quotidienne liés à l'habitat et l'alimentation.

Autres fonds de la collection[modifier | modifier le code]

Nancy à l'époque contemporaine: XIXème - XXème siècles[modifier | modifier le code]

Les fonds du musée permettent d'appréhender l'histoire de la ville de Nancy à l'époque contemporaine. Ils constituent un matériel essentiel pour connaitre l'évolution dans l'architecture et l'urbanisme de la ville, de son apparence au long du XIXème et du XXème, ainsi que de la vie et les coutumes de ses habitants dans cette période. Des photographies et autres documents imprimées, notamment les cartes postales, des peintures et des dessins, donnent à voir l'aspect de la ville et ses bâtiments emblématiques de la fin du XIXème au milieu du XXème.

Le musée conserve aussi des objets anthropologiques et ethnographiques, datant des XIXe et XXe siècles, qui permettent de recueillir, étudier et diffuser les modes de vie traditionnels de la région (voir "Eglise et couvent des Cordeliers").

Art Nouveau[modifier | modifier le code]

Le musée lorrain dispose d'une grande collection d'objets datant du XIXème siècle, parmi lesquels des œuvres artistiques, des œuvres d'art graphique et photographiques, et du mobilier style Art Nouveau.

Une grande partie de ces objets ne peut pas être exposée en permanence en raison de la fragilité du support; néanmoins, le musée a montré ces collections fréquemment lors d'expositions thématiques temporaires, en particulier celles consacrées à la production artistique industrielle de la ville au XIXème et aux artistes de l'École de Nancy[16]. Le musée conserve aussi une importante collection de mobilier et d'autres objets datant de la période XIXème - début du XXème, notamment des affiches et des objets décoratifs, qui constituent un dépôt précieux de la mémoire de la ville. Ces objets sont aussi représentatifs du rayonnement artistique nancéien à la fin du XIXème et au début du XXème, en particulier du grand mouvement de l'Art Nouveau en France, développé à travers l'Alliance provinciale des industries d'art, ou École de Nancy.

L'École de Nancy[modifier | modifier le code]

Le musée lorrain compte ainsi parmi ses collections des œuvres importantes des artistes nancéiens, notamment issus de l'École de Nancy, courant français de l'Art Nouveau, et dont la production artistique s'associe notablement à la ville de Nancy. Tels furent les cas du peintre, sculpteur et graveur Victor Prouvé, l'ébéniste Louis Majorelle, du maître verrier et décorateur Jacques Gruber ou de l'illustrateur Henri Bergé, dont les oeuvres sont réunies notamment par le Musée de l'École de Nancy. Les artistes de l'École de Nancy, ayant pour but la diffusion et la valorisation des arts décoratifs - dans l'esprit typique de l'Art Nouveau - produisent aussi de nombreuses œuvres graphiques ou ornementales, d'une remarquable valeur artistique, rattachées aux industries de la mode, la publicité ou l'illustration. Un grand nombre de ces créations appartient au fonds des Magasins Réunis de Nancy, une chaîne commerciale fondée par Antoine Corbin et tenue par son fils Eugene Corbin, collectionniste et mécène majeur de l'École de Nancy, que le musée lorrain accueillit aussi.

Le fonds Henri Bergé[modifier | modifier le code]

En 2018, 36 dessins d'Henri Bergé sont donnés à la Société d’Histoire de la Lorraine et du Musée lorrain. Ces planches aquarellées et dessinées appartiennent à un vaste ensemble désigné sous le terme d’Encyclopédie florale. Pour la grande majorité d’entre elles, il s’agit de planches botaniques s’inscrivant dans le vocabulaire décoratif de l’Ecole de Nancy. Bergé est un éminent représentant de toute une génération d’artistes décorateurs qui font de la nature leur principale source d’inspiration. Ces dessins réalisés pour servir de modèle aux œuvres de la verrerie Daum, dans laquelle Henri Bergé entre en 1897, nous renseignent aujourd’hui sur le processus de création des œuvres[17].

Le fonds des Magasins Réunis[modifier | modifier le code]

Porte en Métalline, par l'architecte Lucien Weissenburger

Le palais des ducs de Lorraine conserve ainsi un grand ensemble d'objets et de documents provenant des Magasins Réunis, une ancienne chaîne de grands magasins originaire de Nancy, important témoignage de la mode, des coutumes, et plus généralement de la vie à Nancy à l'époque. Ces objets, de grande valeur historique et sociologique, sont aussi des beaux exemples de la création et de la production artistique à Nancy. Beaucoup d'artistes ont travaillé sur l'architecture et les luxueuses décorations de style Art Nouveau des Magasins Réunis, notamment Lucien Weissenburger, Louis Majorelle ou Victor Prouvé parmi d'autres.

De plus, les Magasins Réunis, dont le modèle commercial s'est étendu dans tout le Grand Est de la France, comptait avec sa propre maison d'édition, d'impression et phototypie ; de nombreuses œuvres graphiques et photographiques, notamment des cartes postales, sont conservés au musée. Parmi ces matériaux, il convient de souligner la collection d'ephemera, en raison de sa qualité artistique. Autres que les architectes, sculpteurs et décorateurs, les artistes de l'École de Nancy participent aussi à la production d'œuvres imprimées destinées à un seul usage - tels que les menus, affiches, invitations, calendriers, etc. -, qui leur servent à explorer et exprimer librement le style et le programme esthétique de l'Art Nouveau. Ces œuvres constituent aujourd'hui des pièces majeures de la collection contemporaine du musée, et des exemples précieux de la création typographique et graphique particulière de l'Art Nouveau en France.

Les Ephemera des Magasins Réunis[modifier | modifier le code]

La collection des ephemera provenant des Magasins Réunis de Nancy donne à voir les préférences et tendances dans la mode du XIXème et début du XXème, notamment à travers les affiches pour expositions, les catalogues de vente ou les publicités. De plus, ce type de documents "éphémères" renvoient au quotidien nancéien du XIXème, à la vie sociale et aux coutumes de ses habitants - le type d'activités proposées, le style d'événements promus...

Ces collections mettent en avant le développement extraordinaire de l'industrie artistique et de l'art industriel de la ville, auxquelles le musée a consacré des expositions[16], et qui illustre l'esprit de l'Art Nouveau.   

Fréquentation[modifier | modifier le code]

Fréquentation du musée[18]

Programmation pendant le chantier de rénovation[19][modifier | modifier le code]

Actuellement en rénovation, le palais ducal est fermé aux visiteurs. Seule l'église des Cordeliers reste accessible, avec un accrochage consacré à « Nancy, capitale des ducs de Lorraine » et qui bénéficie d'une programmation culturelle.

Pendant toute la durée du chantier, le palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain propose des conférences ou expositions en dehors de ses murs, en partenariat avec le Comité d'histoire régionale (région Grand Est), le château de Lunéville, le musée de Commercy ou encore le musée du Louvre (2020).

Expositions (depuis 2004)[modifier | modifier le code]

  • Stanislas, un roi de Pologne en Lorraine ( - )
  • Saint Nicolas, entre histoire et légende ( - )
  • 100 000 ans sous les rails, archéologie de la ligne LGV Est-européenne ( - )
  • Transparences, histoire du verre et du cristal en Lorraine ( - )
  • Victor Prouvé, l'Art Nouveau mis en images ( - )[20]
  • Les Juifs et la Lorraine, un millénaire d’histoire partagée ( - ), reconnue d'intérêt national par le Ministère de la Culture et de la Communication ; le Musée lorrain possède la première collection de judaica (objets liés au culte juif) de province, après celle du Musée d'art et d'histoire du Judaïsme de Paris. Il s'agit notamment d'un don que René Wiener, collectionneur, a fait au Musée lorrain en 1939[21]. Cette collection n'est temporairement pas visible en 2017.
  • De l'arbre à l'armoire, l’âge d’or du mobilier lorrain ( - )
  • Un exceptionnel ensemble d’orfèvrerie renaissance : Le trésor de Pouilly-sur-Meuse ()
  • Jean Prouvé à Nancy : construire des jours meilleurs ()
  • Un nouveau monde, naissance de la Lorraine moderne (), reconnue d'intérêt national par le Ministère de la Culture et de la Communication ; cette exposition a été organisée dans le cadre des festivités « Nancy 2013 - L'effet Renaissance ». Parmi plus de 200 œuvres, le gisant de Philippe de Gueldre, chef-d'œuvre des collections permanentes du Musée lorrain était présenté pour la première depuis sa restauration (2009 - 2013). Il a rejoint, le , son emplacement originel dans l'église des Cordeliers[15].
  • Jusqu'au , Été 1914 - Nancy et la Lorraine dans la guerre, exposition labellisée « Centenaire »[22].
  • La Lorraine pour horizon. La France et les duchés de René II à Stanislas du au . Reconnue d'intérêt national par le Ministère de la Culture, cette exposition a été organisée dans le cadre des festivités organisées à l'occasion du 250e anniversaire de la réunion de la Lorraine à la France.
  • A la gloire du duc ! L'épée de grand écuyer de Lorraine, emblème de souveraineté du au . Exposition-dossier présentant un trésor national récemment acquis par le musée qui constitue le seul objet de pouvoir de la Lorraine ducale subsistant connu à ce jour.
  • Lorrains sans frontières. C'est notre histoire ! du au . Organisée en partenariat avec le musée de l’Histoire de l’Immigration et l’Université de Lorraine, cette exposition explorait les grands mouvements migratoires ayant eu lieu en Lorraine depuis le début du XIXe siècle.
  • Georges de La Tour et l'énigme de la Femme à la puce du au . Exposition hors les murs au musée des Beaux-Arts de Nancy.
  • Charmants biscuits. Bergers, rois et déesses au temps de Stanislas du au . Exposition hors les murs au musée de la Céramique et de l'Ivoire de Commercy.
  • Les Adam. La sculpture en héritage du 18 septembre 2021 au 9 janvier 2022. Exposition hors les murs au musée des Beaux-Arts de Nancy. Reconnue d'intérêt national par le Ministère de la Culture, cette exposition a été organisée avec la collaboration exceptionnelle du musée du Louvre.
  • 1909. L’Alsace à Nancy du 26 novembre 2021 au 23 mai 2022. Exposition au musée Alsacien de Strasbourg.
  • L'éclat du blanc. Biscuits de porcelaine lorrains du XVIIIe siècle du 13 mai 2023 au 8 janvier 2024. Exposition hors les murs au musée du Pays de Sarrebourg.

Projet de rénovation[modifier | modifier le code]

Le musée lorrain fait l’objet d’un plan de rénovation depuis le début des années 2000, afin de restaurer les bâtiments et réaménager l’intérieur du musée, qui n’a pas été modernisé depuis les années 1930[23]. Un premier projet est proposé en 2013 par l’agence parisienne Dubois & Associés[23],[24]. Initialement prévu pour être terminé en 2020[24], ce projet impliquait la destruction de deux bâtiments anciens pour les remplacer par des bâtiments vitrés, ainsi qu’une entrée souterraine et la création d’une salle de conférence[25]. Ce projet est très critiqué par des associations de sauvegarde du patrimoine et est finalement abandonné, après que le tribunal administratif a annulé l’autorisation de travaux, jugés non-conformes au Plan de sauvegarde et de mise en valeur[26],[27]. Une nouvelle version du projet est présentée en 2021 et la réouverture du musée est prévue pour 2027[25].

En mai 2023, la Ville de Nancy annonce une nouvelle date de réouverture du musée, prévue à la fin 2029[28].

Conservateurs[modifier | modifier le code]

Le musée est actuellement géré par une équipe de trois conservateurs du patrimoine. Le directeur du musée est Richard Dagorne.

Idendité Début Fin
Charles Cournault 1861 1890
Lucien Wiener 1869 1908
Jules Beaupré 1908 1921
René Martz 1908 1921
Georges Demeufve 1908 1934
Georges Goury 1908 1937
Charles Sadoul 1910 1930
Pierre Marot 1934 1952
Eugène Georges
Paul Chenut
Paul Laprévote
Albert France-Lanord 1937 1992
abbé Jacques Choux 1952 1984
Francine Roze 1979 2014
Claire Aptel 1986 1993
Martine Matthias 1997 2004
Thierry Dechezleprêtre 1997 2008
Éric Moinet 2004 2010
Lisa Laborie-Barrière 2010 2015
Richard Dagorne 2011 en cours
Sophie Mouton 2014 2021
Pierre-Hippolyte Pénet 2015 en cours
Kenza-Marie Safraoui 2021 en cours

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b MAROT, Pierre, CHOUX, Jacques, Le vieux Nancy, Nancy : Presses universitaires de Nancy, Éditions du Pays Lorrain, 1993, p. 50.
  2. « musee-lorrain.nancy.fr/le-proj… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  3. a et b MAROT, Pierre, CHOUX, Jacques, Le vieux Nancy, Nancy : Presses universitaires de Nancy, Éditions du Pays Lorrain, 1993, p. 67.
  4. Le Pays lorrain et le Pays messin, 12/1921, no 12, no 179, p. 562.
  5. MAROT, Pierre, CHOUX, Jacques, Le vieux Nancy, Nancy : Presses universitaires de Nancy, Éditions du Pays Lorrain, 1993, p. 68.
  6. « musee-lorrain.nancy.fr/le-proj… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  7. Aperçu du document présenté en ligne par le CRULH (Centre de Recherche Universitaire Lorrain d'Histoire) et la Bibliothèque diocésaine de Nancy : http://bib.livrelorrain.fr/pompe_funebre.swf
  8. MAROT, Pierre, CHOUX, Jacques, Le vieux Nancy, Nancy : Presses universitaires de Nancy, Éditions du Pays Lorrain, 1993, p. 86.
  9. MAROT, Pierre, CHOUX, Jacques, Le vieux Nancy, Nancy : Presses universitaires de Nancy, Éditions du Pays Lorrain, 1993, p. 82.
  10. MAROT, Pierre, CHOUX, Jacques, Le vieux Nancy, Nancy : Presses universitaires de Nancy, Éditions du Pays Lorrain, 1993, p. 71.
  11. « musee-lorrain.nancy.fr/le-proj… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  12. MAROT, Pierre, CHOUX, Jacques, Le vieux Nancy, Nancy : Presses universitaires de Nancy, Éditions du Pays Lorrain, 1993, p. 94.
  13. a b et c MAROT, Pierre, CHOUX, Jacques, Le vieux Nancy, Nancy : Presses universitaires de Nancy, Éditions du Pays Lorrain, 1993, p. 72.
  14. cimetière de Boudonville
  15. a et b Service des Publics du Musée lorrain
  16. a et b « Victor Prouvé, les années de l’École de Nancy. L’art nouveau mis en images », sur musee-lorrain.nancy.fr (consulté le )
  17. Christophe Bardin, « Une oeuvre singulière, l'Encyclopédie florale d'Henri Bergé (1870-1937) », La revue des Musées de France, vol. 4,‎ , p. 80 à 85
  18. ministère de la Culture, Fréquentation des Musées de France, (jeu de données), Ministère de la CultureVoir et modifier les données sur Wikidata
  19. « Visitez le Musée lorrain à Nancy », sur nancy.fr (consulté le ).
  20. Anne-Laure Carré, Victor Prouvé, 1858-1943, catalogue des expositions éponymes présentées à Nancy du 17 mai au 21 septembre 2008, Paris/Nancy, Gallimard/Ville de Nancy, 2008, 299 p., Présentation du catalogue par Anne-Laure Carré mise en ligne le 27 septembre 2010
  21. Les Juifs et la Lorraine, un millénaire d’histoire partagée, Musée Lorrain, Nancy ; Somogy – Éditions d’Art, 2009, p. 164.
  22. « Musée Lorrain : « Été 1914, Nancy et la Lorraine dans la guerre » » (consulté le ).
  23. a et b Richard Dagorne, « Le projet de rénovation du Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain », Dossier de l'art,‎ , p. 70-73 (lire en ligne)
  24. a et b A. P., « Le nouveau Musée lorrain sortira de terre pour 2020 », L'Est Républicain,‎ (lire en ligne)
  25. a et b Frédérique Braconnot, « Musée lorrain : le chantier de rénovation à nouveau sur les rails », L'Est Républicain,‎ (lire en ligne)
  26. P. R., « Le tribunal administratif annule l'autorisation d'extension du Musée lorrain », L'Est Républicain,‎
  27. Françoise-Aline Blain, « La justice annule le projet d'extension du Musée lorrain », Le Quotidien de l'art,‎ (lire en ligne Accès payant)
  28. Pierre-Emile Bouchy, « "Nancy. La date de réouverture du musée Lorrain est repoussée : voici jusqu'à quand" », Actu.fr,‎ (lire en ligne Accès libre)

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Marot, « Le Musée historique lorrain, œuvre de patriotisme, instrument de culture », dans Le Pays lorrain, 57e année, 1976, p. 1-44 (lire en ligne)
  • Pierre Marot, « Les galeries et salles du Musée lorrain, transformations et enrichissements depuis 1937 », dans Le Pays lorrain, 57e année, 1976, p. 45-59 (lire en ligne)
  • Martine Mathias, « Les collections du Musée lorrain », dans Le Pays lorrain, hors-série 1848-1998, p. 55-62 ('lire en ligne)
  • Propos recueillis par Martine Mathias et Thierry Dechezleprêtre, « Entretien avec l'abbé Choux, conservateur au Musée lorrain de 1952 à 1984 », dans Le Pays lorrain, hors-série 1848-1998, p. 63-66 (lire en ligne)
  • Martine Mathias, « Anciennes muséographies et perspectives nouvelles au Musée Lorrain », dans Le Pays lorrain, hors-série 1848-1998, p. 67-76 (lire en ligne)
  • « palais Ducal, musée Lorrain », sur stanislasurbietorbi.com (consulté le )

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Liens externes[modifier | modifier le code]