Musée Magnin

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Musée Magnin
Entrée de l'hôtel Lantin et musée Magnin.
Informations générales
Type
Musée d'art et d'histoire
Ouverture
1938
Gestionnaire
Dirigeant
Sophie Harent
Visiteurs par an
2016 : 17 714
2017 : 16 098
2018 : 17 738
2019 : 17 031
2020 : 6 492
2021 : 4 939
2022 : 10 396
Site web
Collections
Provenance
Maurice et Jeanne Magnin (frère et sœur)
Nombre d'objets
Environ 2000
Bâtiment
Article dédié
Protection
Localisation
Pays
France
Division administrative
Commune
Adresse
4 rue des Bons Enfants
Coordonnées
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Le musée Magnin est un musée d'art situé à Dijon, en Côte-d'Or en Bourgogne-Franche-Comté. Il présente une collection d'environ 2 000 œuvres et objets d'art réunis au cours de leur vie par deux amateurs d'art, Maurice Magnin (1861-1939) et sa sœur Jeanne (1855-1937)[1], dans leur hôtel particulier de famille du XVIIe siècle, l'hôtel Lantin.

Historique[modifier | modifier le code]

Une fratrie de collectionneurs[modifier | modifier le code]

Ce musée de France présente une collection de plus de 2 000 œuvres d'art réunies par Maurice Magnin (1861-1939), conseiller maître à la cour des comptes, passionné de peinture, et sa sœur Jeanne Magnin (1855-1937), artiste peintre amateur et critique d’art.

Ces deux collectionneurs constituent, entre 1881 et 1935, une collection formée essentiellement en vente publique. Ils eurent le souci d’évoquer les différentes tendances artistiques en France et à l’étranger et ont acquis des œuvres peu convoitées ou peu connues, comme le soulignait Jean-Gabriel Goulinat[2], leur ami et restaurateur de peintures au musée du Louvre, dans son article de 1938 consacré au musée. Maurice Magnin donne puis lègue sa collection à l’État en 1939[3]. Sans doute l’exemple de certaines donations antérieures, qui avaient permis la création de musées, dont les musées Jacquemart-André à Paris (legs de 1912) ou musée Bonnat-Helleu à Bayonne (legs de 1922), a pu les inciter à ce choix[4]. Aucune œuvre issue de ce legs ne peut faire l'objet d'un prêt[5]. Les collections ne peuvent par ailleurs s'enrichir, en raison des dispositions testamentaires de Maurice Magnin.

L'hôtel particulier[modifier | modifier le code]

Les Magnin choisissent de présenter leur collection dans l'hôtel Lantin, un hôtel particulier du XVIIe siècle, près du palais des ducs de Bourgogne, à Dijon[6]. L'hôtel Lantin, édifié pour le parlementaire Étienne Lantin en 1663-1664, passe en différentes mains, avant d'être acquis en 1829 par Jean Hugues Magnin-Philippon, le grand-père des collectionneurs. Une transformation importante, mais réalisée avec un souci d'unité, est l'adjonction en 1851 d'un étage aux écuries situées au fond de la cour.

Transmis à Joseph Magnin, qui habita cet hôtel, le bâtiment est ensuite la propriété de son fils Maurice. Celui-ci confie l'aménagement des anciens communs à Auguste Perret[7], qui y travaille en 1930-1932. Il concilie l'utilisation du béton armé avec l'architecture classique de l'hôtel, en particulier dans la galerie zénithale[8].

La collection[modifier | modifier le code]

La collection de peinture et les objets d'art sont présentés dans les pièces de l'hôtel Lantin dans l'esprit d'un cabinet d’amateur et d'une demeure habitée, comme le souhaitaient les Magnin.

Peinture[modifier | modifier le code]

Les Magnin tenaient à une présentation traditionnelle : dense et par écoles.

Peinture des écoles du nord[modifier | modifier le code]

La visite débute par les salles consacrées aux écoles du Nord. Des peintures flamandes du XVIe et du début du XVIIe siècle, encore souvent anonymes, émergent les paysages de Pieter Brueghel le Jeune, Paul Bril et Tobias Verhaecht. À l'exception des marines, tous les genres et styles de la peinture flamande et surtout hollandaise du XVIIe siècle sont présents. Le paysage est classicisant chez Jan Weenix et Jan Frans van Bloemen, baroquisant chez Jacques d'Artois, italianisant chez Frederik de Moucheron et échappe à toute convention dans un suggestif paysage orageux de Reynier van der Laeck.

Le portrait est servi par Nicolas Maes, Abraham van den Tempel et surtout Bartholomeus van der Helst, les figures par Jacob Jordaens et Hendrick Bloemaert.

Représentant de l'école d'Utrecht, Jan van Bijlert s'illustre dans une importante composition mythologique aux accents religieux. On trouve encore Pieter Lastman, maître de Rembrandt, et Gérard de Lairesse, chantre du classicisme au seuil du XVIIIe siècle.

Peinture italienne[modifier | modifier le code]

Les 170 peintures italiennes du musée appartiennent pour l'essentiel à une période allant de la Haute Renaissance au XVIIIe siècle[9]. Parmi les exceptions figure une Vierge à l'Enfant du Maître de San Torpè (Pise, vers 1310). Pour le XVIe siècle, un Christ et la femme adultère du bergamasque et vénitien Giovanni Cariani fait face à une Suzanne et les vieillards d'Alessandro Allori, élève de Bronzino. Le maniérisme appuyé de Ferraù Fenzoni, peintre de Faenza, contraste avec celui, tardif et tempéré, du lombard Giovanni Battista Crespi.

Au XVIIe siècle, le florentin Carlo Dolci manifeste un extrême raffinement, alors que le Portrait de Giovanni Donato Correggio en Persée, livré par Bernardo Strozzi donne dans une théâtralité toute vénitienne. Une dramatique Pietà de Giovanni Stefano Danedi (il Montalto) est typique du clair-obscur lombard. Les paysages de Pietro Paolo Bonzi et Giovanni Francesco Grimaldi témoignent chacun à leur manière du rôle précurseur d'Annibal Carrache à Bologne.

Pour Rome, Pietro Bianchi laisse un modello à la figure de Christ. La clarté et l'élégance de la peinture parisienne du milieu du siècle a déteint sur la manière de Giovanni Francesco Romanelli. Pour le XVIIIe siècle, Venise (Giovanni Antonio Pellegrini, Giambattista Tiepolo, Giovanni Battista Crosato (en)) et Naples (Giacomo del Po, Gaspare Traversi) constituent les temps forts de la collection. Grâce à leur indépendance de goût, les Magnin surent rassembler également des peintres rares dans les musées français : Benedetto Zalone (it), Claudio Ridolfi ou Jacopo Bertoja.

Peinture française[modifier | modifier le code]

Avec 650 pièces, l'école française représente la moitié de la collection de peintures. Les années 1630-1650 sont un domaine d'excellence. Le XIXe siècle se signale par de nombreux petits formats, œuvres intimistes et attachantes ou d'artistes aujourd'hui recherchés des amateurs.

Des années 1630 datent un portrait d'homme parfois attribué à Philippe de Champaigne jeune et deux compositions historiques de Claude Vignon encore influencées par l'École de Fontainebleau. Les Magnin ont constitué un ensemble quantitativement restreint mais qualitativement exceptionnel d'œuvres du temps de Mazarin. Les peintures d'Eustache Le Sueur, Laurent de La Hyre, Sébastien Bourdon au premier chef, et de Michel Dorigny, Lubin Baugin, Charles-Alphonse Dufresnoy, qualifiées au XXe siècle d'atticisme parisien : compositions équilibrées, couleurs claires, expression pondérée sont quelques caractéristiques qui ont fait songer à la langue pure, élégante et délicate des écrivains de l'antique Athènes[10]. Deux peintures de premier plan des années 1670 complètent cet ensemble : Le Sermon sur la montagne de Jean-Baptiste de Champaigne et le Portrait de la fille de l'artiste peignant son frère de Claude Lefèbvre.

À l'exception de l'autoportrait rembranesque d'Alexis Grimou, le début du XVIIIe siècle français est évoqué par des élèves de Charles Le Brun : Charles de La Fosse (L'Assomption, vers 1675), Louis de Silvestre et Patel le jeune pour le paysage classique. Le goût des Magnin pour l'esquisse se manifeste avec des œuvres de Hyacinthe Collin de Vermont, Jacques-François Amand, le baroquisant Michel-François Dandré-Bardon et pour le renouveau du classicisme par Gabriel-François Doyen, Guillaume Guillon Lethière, François-Xavier Fabre, Antoine-Jean Gros et Philippe Chéry (Portrait de femme en grand chapeau sur fond de parc).

Les Magnin se sont également beaucoup intéressés au paysage, d'abord au XVIIIe siècle avec les nocturnes de Simon-Mathurin Lantara et l'anonyme Effet de soir tombant, puis aux abords de 1800 avec de petites peintures de Georges Michel, Lazare Bruandet et de rarissimes Anne-Louis Girodet[11]. Au XIXe siècle, les paysages classicisants de Joseph Bidauld et Jean-Victor Bertin précèdent un Constant Troyon. Aux courants novateurs tels que Barbizon et a fortiori l'impressionnisme, les Magnin ont préféré les noms moins attendus de François Chifflart, Jean-Michel Grobon, Achille Benouville, Prosper Marilhat, Hippolyte Margottet et surtout Jules Bastien-Lepage, peintre alors très en vogue, qui, en 1881, se distingue par un nocturne vénitien proche de Whistler.

Le portrait est un autre point fort de la collection. Parmi les plus remarquables, l'homme au turban de Pierre-Narcisse Guérin fait face à La Sultane attribuée à Claude Marie Dubufe. Plusieurs portraits de la Restauration en quête d'attribution, dont la Jeune fille au collier de jais, côtoient les représentations intimistes de Jean-Louis Hamon, Louis-Léopold Boilly ou l'autoportrait romantique d'Ary Scheffer. Les Magnin ont cherché des portraits d'expression, y compris chez des artistes qui ont donné dans la mondanité comme Gustave Jacquet et Carolus-Duran. Ils les ont également trouvés dans les portraits d'intimes, tel celui que Jules-Élie Delaunay fit du peintre Auguste Toulmouche, Martin Drölling de sa fille ou Joseph-Désiré Court de sa femme.

Typiques d'une collection privée, les œuvres intimistes des années 1830 de François-Marius Granet, Étienne Bouhot, Jean-François Dunant, Jean-Pierre Franque et Hippolyte Bellangé, sont contemporaines de l'esprit romantique de Théodore Géricault, Paul Delaroche, Alexandre-Evariste Fragonard et Eugène Devéria. Des œuvres ingresques de Jules-Claude Ziegler ou Amaury-Duval témoignent de l'éclectisme des Magnin. L'orientalisme qui traverse tout le XIXe siècle est à nouveau honoré par des toiles dues à Narcisse Berchère, Adrien Dauzats, Léon Belly, Horace Vernet et Félix Ziem.

Les Magnin ont voulu redécouvrir des artistes en leur temps oubliés comme Anne-Louis Girodet et Charles Meynier[12], en acquérant plusieurs de leurs œuvres. Les deux collectionneurs n'ont par ailleurs pas oublié leur origine bourguignonne et plus ancienne franc-comtoise lorsqu'ils ont choisi Bénigne Gagneraux, Jean-François Colson, Jean-Claude Naigeon ou Faustin Besson et Jean Gigoux.

Objets d'art et arts graphiques[modifier | modifier le code]

Le musée Magnin n’est pas seulement consacré aux peintures. Il rassemble également plus de 600 dessins[13]. On retiendra parmi les Britanniques un dessin préparatoire de David Wilkie, réalisé durant son Grand Tour. Le domaine nordique s'étend jusqu'à l'école belge, avec des feuilles de Joseph-Denis Odevaere, François-Joseph Navez et Jacob Maris. Chez les Italiens, une vigoureuse figure pour un décor du Cavalier d'Arpin au palais des Conservateurs, deux exemples du portraitiste Ottavio Leoni, une Fuite en Égypte du napolitain Belisario Corenzio ainsi qu'une feuille d'étude du siennois Alessandro Casolani comptent parmi les dessins les plus importants.

La partie française est de loin la plus riche. Le XVIIe siècle comprend notamment une bataille typique de Jacques Courtois, des feuilles de Raymond de La Fage, artiste qui se consacra exclusivement aux arts graphiques. Le XVIIIe siècle est plus présent qu'en peinture, avec par exemple deux œuvres tardives et atypiques de Jean-Baptiste Greuze et François Boucher[14], des études de Charles-Joseph Natoire, Jean-Baptiste Oudry, Carle van Loo, Gabriel-François Doyen et Jean-Jacques de Boissieu.

Le néo-classicisme autour de 1800 est un point fort de la collection : l'étude de draperie de Jacques-Louis David côtoie des œuvres de Jean-Simon Berthélemy, Jean-Germain Drouais, Jean-Michel Moreau et Charles Meynier. Comme en peinture, le portrait est bien représenté (Claude Hoin, Jean-Baptiste Wicar), de même que le paysage, depuis les compositions fantaisistes du XVIIIe siècle (Joseph-Marie Vien, Georges-François Blondel, Nicolas-Charles de Silvestre) jusqu'aux accents plus réalistes de Ferdinand Bourjot, Eugène Cicéri, Antoine Vollon et Jules-Romain Joyant. Les années romantiques sont tout aussi honorées, avec les feuilles d'Eugène Isabey, Camille Roqueplan, Alexandre-Evariste Fragonard mais aussi Théodore Géricault et Eugène Delacroix.

Les Magnin ont également acquis des sculptures (dont Le Printemps et L'Automne, par Juste Le Court), et quelques dizaines de terres cuites qui souvent confirment dans le modelage leur goût de l'esquisse en peinture. Le modelé ferme des Quatre parties du Monde est attribué au sculpteur baroque Jan Pieter van Baurscheit (nl). Les collections conservent un bas-relief original de Jean-Pierre Dantan le jeune, des masques d'Alexandre Falguière et une rare esquisse à mi-chemin entre romantisme et symbolisme d'Auguste Préault.

Installés par les Magnin pour l'agrément du visiteur, les meubles sont, par leur intégration à la muséographie, particulièrement mis en valeur[15] : secrétaire en laque de Coromandel d'Adrien Jérôme Jollain, commode en arbalète de Jacques-Philippe Carel (en), table en cabaret de Jean-Pierre Dusautoy. Mais comme dans le reste de la collection, ce ne sont souvent pas les noms prestigieux qui sont ici les plus remarqués. Le visiteur s'attarde volontiers devant les meubles féminins billet-doux d'époque Restauration ou bonheur-du-jour Second Empire. Le plus rare est le secrétaire à double pente pour jeunes filles estampillé Bon Durand (maître en 1761) exposé dans la chambre.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. RMN-Grand Palais (Musée Magnin) / Thierry le Mage, « Un cabinet d'amateur, le charme dune ancienne collection privée », sur musee-magnin.fr (consulté le ).
  2. J.G. Goulinat, « Le musée Magnin à Dijon », L'Art et les artistes, mars 1938, p. 217-222.
  3. J.G. Goulinat, « Le musée Magnin à Dijon », L’Art et les artistes, , pp. 217-222 : « Les collections furent installées au musée Magnin et l’inauguration se déroula le 16 janvier 1938 en présence de Jean Cassou, de Jean Vergnet-Ruiz, de Paul Jamot et de David Michel-Weill. »
  4. Laure Starcky, Catalogue sommaire illustré Les peintures françaises du musée Magnin, Paris, Les éditions Rmn-Grand Palais, Réunion des musées nationaux, , 264 p. (ISBN 978-2-7118-4093-9 et 2-7118-4093-X, lire en ligne), p. 6.
  5. Didier Rykner, « Nomination de Sophie Harent à la direction du Musée Magnin », La Tribune de l'art, 20 février 2018.
  6. « http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00112307 », sur culture.gouv.fr (consulté le ).
  7. « Histoire de l'hôtel Lantin | Musée Magnin »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur musee-magnin.fr (consulté le ).
  8. « Histoire de l'hôtel Lantin »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur musee-magnin.fr (consulté le ).
  9. Brejon de Lavergnée Arnauld, Catalogue des tableaux et des dessins italiens (XVe-XIX siècles), Inventaire des collections publiques françaises, Paris, .
  10. Catalogue d'exposition, Éloge de la clarté, un courant artistique au temps de Mazarin, Dijon, .
  11. Catalogue d'exposition, Visions du déluge, de la Renaissance au XIXe siècle, Paris, .
  12. Livret d'exposition, Charles Meynier 1763-1832, Paris, .
  13. Album d'exposition, Dessins français du XVIIe au XIXe siècle de la collection du musée Magnin, Dijon,
  14. Catalogue d'exposition, Boucher et les peintres du Nord, Paris, .
  15. Termeulen Vincent, Les arts mobiliers du musée Magnin, Paris,

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • A. Brejon de Lavergnée, Catalogue des tableaux et dessins italiens (XVe et XIXe siècles), Paris, 1980.
  • Les Peintures françaises, catalogue sommaire illustré, préface d'Emmanuel Starcky, avec la participation d'Hélène Isnard, Paris, Dijon, musée Magnin, 2000.

Article connexe[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]