Mouvement rural de jeunesse chrétienne

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Mouvement rural de jeunesse chrétienne
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Histoire
Fondation
1963
Prédécesseur
Cadre
Sigle
MRJCVoir et modifier les données sur Wikidata
Type
Mouvement de jeunesse
Forme juridique
Domaine d'activité
Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège
2, rue de la Paix
93500 Pantin
Pays
Langue
Organisation
Site web
Identifiants
RNA
SIREN
TVA européenne
FR61775676489Voir et modifier les données sur Wikidata

Le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) est une association gérée et animée par des jeunes âgés de treize à trente ans, héritière de la Jeunesse agricole catholique (JAC) créée en 1929, en Lorraine et de la Jeunesse agricole catholique des femmes (JACF).

Les travaux du mouvement tournent principalement autour de questions d'éducation, d'agriculture, de ruralité, d'environnement, d'emploi, de foi mais également de mondialisation, de politique ou encore d'économie.

Historique[modifier | modifier le code]

Les origines : la JAC[modifier | modifier le code]

La Jeunesse agricole catholique (JAC) est fondée en 1929 par l'abbé Charles Jacques(1900-1939 né à Maixe) du Diocèse de Nancy-Toul. Il va l'appeler JAC (Jeunesse Agricole Catholique), un jeu de mots avec son nom. Le mouvement connait un essor rapide sous l’impulsion de ecclésiastique.

En 1935, 2 500 jeunes assistent à un premier Conseil national. En 1939 ils sont 25 000 au Vél d’Hiv de Paris. Pendant la guerre, la JAC entre dans la clandestinité. En 1950, la JAC rassemble 50 000 jeunes pour son vingtième anniversaire. En 1954, pour son vingt-cinquième anniversaire, la JAC compte 350 000 jeunes dans tout le pays. Elle est alors à son apogée. Mais la société française des Trente Glorieuses est en pleine mutation : les non-agriculteurs sont de plus en plus nombreux dans les villages, le nombre d'ouvriers ruraux augmente, les jeunes sont scolarisés de plus en plus longtemps, et l'exode rural s'amplifie. Il n'y a plus coïncidence entre réalité agricole et rurale[1].

La JAC décide de s'adapter à ces nouvelles réalités. À partir de 1961, nait le Mouvement rural de la jeunesse catholique (MRJC) qui regroupe progressivement plusieurs organisations :

  • la Jeunesse agricole catholique (JAC)
  • la Jeunesse chrétienne de l'industrie (JCI), ex-Jeunesse rurale ouvrière chrétienne (JROC)
  • la Jeunesse chrétienne sanitaire et sociale (JCSS)
  • la Jeunesse chrétienne de l'artisanat et du commerce (JCAC).

Parallèlement, la Jeunesse agricole catholique féminine (JACF) suit le même processus et donne naissance à partir de 1963 au Mouvement rural de la jeunesse catholique féminine (MRJCF) par fusion de la JACF, la JROCF, la JCSSF, la JCACF.

Le , le MRJC et le MRJCF fusionnent officiellement et le mouvement devient ainsi mixte sous le seul nom de MRJC.

Le , le nom du MRJC est officiellement modifié au Journal officiel : le MRJC est désormais « chrétien » et non plus « catholique »[2].

La radicalisation politique et l'ancrage à gauche[modifier | modifier le code]

La fin des années 1960 est marquée par une radicalisation politique du MRJC. L'idéologie marxiste y progresse, notamment parmi les membres des équipes dirigeantes. Le mouvement de Mai 68 accélère le phénomène. Nombre de militants du MRJC se joignent aux étudiants en révolte[3]. En , une session tenue à Jambville réunit une centaine de responsables du MRJC et autant d'aumôniers pour analyser les "rapports de domination et d'exploitation au sein du système capitaliste"[4]. Le MRJC organise également au profit de ses membres et sympathisants des formations au marxisme, en faisant intervenir des intellectuels marxistes comme Gilbert Mury et Henri Lefebvre, et les "dominicains rouges" Paul Blanquart[5], Jean-Pierre Jossua, Jean-Yves Jolif, favorables aux révolutions chinoise et cubaine, ainsi qu'à la théologie de la libération.

En , une crise interne éclate. L'équipe nationale du MRJC, convertie au maoïsme et proche du Parti communiste marxiste-léniniste de France (PCMLF) interdit par le ministère de l'Intérieur, prône l'action révolutionnaire directe des militants du MRJC, ce qui signifierait la fin du MRJC en tant que mouvement d'Église et sa transformation en organisation révolutionnaire gauchiste[6]. Mais cette stratégie est rejetée par la base qui opte pour un engagement dans les organisations syndicales existantes (CGT, CFDT, etc.) et au sein de l'Union de la Gauche. L'équipe nationale pro-maoïste doit démissionner après un dur conflit. Parallèlement, cette crise interne a déboussolé nombre de sympathisants qui choisissent de s'éloigner du MRJC. En 1976 le MRJC, jadis mouvement de masse, ne compte plus qu'environ 10 000 militants[7].

À partir des années 1980, les références au marxisme et à la lutte des classes s'estompent peu à peu et laissent place aux discours plus consensuels sur le chômage, le sacré, la scolarité, l'armée, etc[8]. Depuis les années 1990, le MRJC conserve un positionnement malgré tout ancré à gauche[9].

En , le MRJC prend officiellement position contre le projet d'aéroport du Grand Ouest à Notre-Dame-des-Landes[réf. à confirmer][10].

Personnalités issues du MRJC[modifier | modifier le code]

De nombreux jeunes passés par le MRJC se sont par la suite engagés en politique et dans le syndicalisme agricole. À titre d'exemple : Jean-Marc Ayrault, ancien premier ministre; Jean Besson, sénateur socialiste de la Drôme de 1989 à 2014, Adrien Zeller, ancien président du Conseil régional d'Alsace ; Joseph Daul, président du groupe PPE au Parlement européen, Luc Guyau, président de la FNSEA de 1992 à 2001 ; François Dufour, ancien porte parole de la Confédération paysanne, ancien vice-président d'ATTAC et ancien vice-président (EELV) du Conseil régional de Basse-Normandie ; Dominique Potier, député socialiste de la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle depuis 2012 ; Mathilde Hignet, députée insoumise de la 4e circonscription d'Ille-et-Vilaine.

Présidence[modifier | modifier le code]

JAC[11] JAC/F[11]
1929 - 1939 Fondateur Abbé Charles Jacques
1929 – 1930 Jacques Ferté
1930 – 1935 Robert Gravier
1935 – 1939 Léon D’Hem
1939 – 1941 Pierre Lambert 1939 – 1943 Madeleine Allaire
1941 – 1945 Jean Fribault 1943 – 1946 Ghislaine Aube
1945 – 1950 Albert Labardin 1946 – 1950 Jeanine Caudrelier
1950 – 1952 Maurice Vinçot 1950 – 1952 Jeanine Maurin
1952 – 1954 René Raimbault 1952 – 1956 Suzanne Stackler
1954 – 1955 Jean Dye
1955 – 1957 Raymond Lacombe 1956 – 1958 Marie-A. Chereau
1957 – 1961 Louis Sesmat 1958 – 1961 Monique Stervinou
1961 – 1964 Joseph Bourgeais 1961 – 1964 Odile Tardieu
1964 – 1965 Michel Bertin 1964 – 1967 Renée Chombart
1965 – 1967 Jacques Picard

À partir de la fusion entre les mouvements masculin et féminin :

  • 1967 - 1969 : Marie-Thérèze Betty
  • 1969 - 1972 : Joachim Lebot
  • 1972 - 1973 : Geneviève Bernard
  • 1973 - 1974 : J.-F.[évasif] Guianvarc’h
  • 1974 - 1977 : Jean-Paul Nicolas
  • 1977 - 1979 : Roger Mousseau
  • 1979 - 1981 : Denis François
  • 1981 - 1983 François Eichholtzer
  • 1983 - 1984 : Elisabeth Soulignac
  • 1984 - 1986 : Christian Lavergne
  • 1986 - 1988 : Philippe Deblock
  • 1988 - 1990 : François Bernad
  • 1991-1994 : Bernard Vilboux
  • 1994-1996 : Pierre Bernard[11]
  • 1996-2000 : Marie-Pascale Paulin[12]
  • 2000-2003 : Frédéric Delattre[13]
  • 2003-2007 : Marie-Pierre Cattet[14]
  • 2007-2011 : Audrey Massié[15]
  • 2011-2013 : Jérémie Godet[16]
  • 2013-2016 : Simon Besnard[17]
  • 2016-2018 : Brieuc Guinard[18]
  • 2018 : Aline Coutarel (présidente par intérim) [19]
  • 2018-2020 : Sonia Basset[20]
  • 2020-2023 : Nelly Vallance[21]
  • 2023 : Manon Rousselot-Pailley [22]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « A gauche ces chrétiens. De la croisade à l'incertitude, l'itinéraire des jeunes ruraux », Revue Autrement,‎ n°8 - février 1977, p. 37.
  2. « Jeunesse et sports ; Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (1923-1981) », sur www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr
  3. Jean-Philippe MARTIN, Histoire de la nouvelle gauche paysanne: Des contestations des années 1960 à la Confédération paysanne, Paris, La Découverte,
  4. Denis PELLETIER, Jean-Louis SCHLEGEL, A la gauche du Christ, Paris, Seuil, , page 332.
  5. Paul BLANQUART, En bâtardise: itinéraires d'un chrétien marxiste, 1967-1980, Paris, Karthala,
  6. Denis PELLETIER, Jean-Louis SCHLEGEL, A la gauche du Christ, Paris, Seuil, , page 285.
  7. Gérard CHOLVY, Histoire des organisations et mouvements chrétiens de jeunesse en France (XIXe – XXe siècle), Paris, Cerf, , page 333.
  8. Jean-François CHOSSON, Les Générations du développement rural, 1945-1990, Librairie générale de droit et de jurisprudence, , page 274.
  9. Adrien de Tricornot, « Un manifeste pour que la « génération de la crise » ne soit pas « celle de la guerre » », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. « Le MRJC s’oppose au projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  11. a b et c J. Conq - C.-H. Guilloteau - F.Leprieur - B. Vilboux, JAC / MRJC : Origines et mutations, Chronique Sociale, 1er trim 1996, 411 p. (ISBN 2-85008-246-5), p. 410.
  12. « La présidente-militante du MRJC passe le relais », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  13. « Le MRJC, fidèle à l'Evangile, souhaite réaffirmer la foi en milieu rural », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  14. « Une jeune femme à la tête du MRJC », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  15. « Ressources jeunesse | Une nouvelle présidente pour le MRJC », sur www.ressourcesjeunesse.fr (consulté le )
  16. « Jérémie Godet, nouveau président du MRJC », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  17. « Simon BESNARD / MRJC - Forum National des Associations & Fondations », sur www.forumdesassociations.com (consulté le )
  18. « #ONBOUGELE12 Entretien avec Brieuc Guinard, président du MRJC | Social-Eco - Avant-Garde », Avant-Garde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. https://www.lecese.fr/content/questions-aline-coutarel-mrjc-education-populaire
  20. Emission RCF https://rcf.fr/spiritualite/vie-de-l-eglise/sonia-basset-presidente-nationale-du-mouvement-rural-de-jeunesse-chreti
  21. « Réunion de la Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse (Assemblée nationale) », sur La Veille Acteurs de Santé, (consulté le ).
  22. https://ruralitesecologistes.fr/wp-content/uploads/sites/12/2023/09/Mise-en-page-programme-3.pdf

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Concq, Charles-Henri Guilloteau, François Leprieur et Bernard Vilboux, JAC/MRJC, Origines et mutations : un mouvement de jeunesse au cœur de la société française, Lyon, Éditions de la Chronique sociale, , 424 p. (ISBN 978-2-850-08246-7).
  • Marie-Pierre Cattet, Qu'est-ce que le MRJC ?, Paris, L’Archipel, coll. « L’information citoyenne », , 144 p. (ISBN 2-84187-619-5 et 978-2-84187-619-8, OCLC 419485233).
  • SERGE CORDELLIER, JAC-F, MRJC et transformation sociale Histoire de mouvements et mémoires d’acteurs 1945-1985
  • MARIE-JOSEPHE DURUPT, Les mouvements d’action catholique, facteurs d’évolution du mouvement rural, thèse de 3e cycle sous la dir. de René Rémond, multigraphié, FNSP, Paris, 1963, 414 et 204 feuillets.
  • CHARLES-HENRI GUILLOTEAU, MRJC, école d’apprentissage du pouvoir social, mémoire de maîtrise de l’Institut des sciences sociales, Paris, 1986.
  • RICHARD STOSSE, Les mouvements catholiques de jeunesse féminine en Aveyron à travers leurs journaux. JFCA-JACF 1936-1958, mémoire de maîtrise en histoire sous la dir. de Philippe Levillain et Pascal Ory, Université Paris-X Nanterre, 1988, 129 feuillets.
  • MARIE-PAULE HALGAND, 1972 : la vague de 1968 ou la difficile recherche de l’identité mémoire de DEA de sociologie sous la dir. de Michel Wieviorka, CADIS, 1991, Paris, 100 feuillets + annexes.
  • FRANÇOIS COLSON, La JAC, des origines à la Libération, 1976, 42 pages (document de travail multigraphié).
  • ALBERT ACHARD (S. J.), Vingt ans de JACF 1933-1953, Ed. JACF, 1953, 128 pages.
  • MICHEL D’HAENE (S. J.), La JAC a 25 ans, Ed. JAC, coll. « Semailles », Paris, 1954, 144 pages.
  • JAC-MRJC : 1929-1979, 50 ans de notre mémoire, MRJC, Paris, 1979, 284 pages.
  • JAC-MRJC : 1929-1979, 50 ans d’animation rurale, MRJC, Paris, 1979, 130 pages.
  • 70 ans de jeunesse, 1929-2000, Paris, MRJC, 2000, 72 pages.
  • JAC et modernisation de l’agriculture de l’Ouest, Compte-rendu de la journée d’étude du , INRA-Rennes, Rennes, 1980, 212 pages.
    • reproduction de l’étude de DANIELLE BARRES, FRANÇOIS COLSON, FRANÇOISE BOURQUELOT ET HENRI NALLET, La JAC et la modernisation de l’agriculture, publiée la même année par l’INRA (Paris-Nantes) et l’EHESS (Paris), multigraphié, 26 pages ;
    • communication de PAUL HOUEE, Les étapes du projet jaciste dans le développement rural ;
    • communication d’YVES LAMBERT La JAC et la modernisation des agriculteurs dans la région d’Ancenis ;
    • communication de ROGER LE GUEN La Place de la JAC dans l’évolution des exploitations agricoles du Maine-et-Loire.
  • BERTRAND HERVIEU, La JAC et le MRJC, une brève étude historique, MRJC, Paris, 1971, 48 pages (multigraphié).
  • MARTYNE PERROT, « La jaciste, une figure emblématique », in Rose-Marie Lagrave (sous la dir. de), Celles de la Terre. Agricultrices, l’invention politique d’un métier, éd. de l’EHESS, Paris, 1987, 254 pages.
  • JEAN CONQ, De la Jeunesse agricole catholique au Mouvement rural de jeunesse chrétienne, 1959-1965, mémoire de maîtrise en histoire sous la dir. d’Antoine Prost, université Paris-I, 1991, 148 feuillets + annexes
  • CATHERINE ROSSIGNOL, La crise du Mouvement rural de jeunesse chrétienne, 1967-1974, mémoire de maîtrise en histoire sous la dir. d’Antoine Prost, université Paris-I, 1991, 159 feuillets + annexes.
  • GWENAËLLE LAOT, La Révolution culturelle jaciste. Aspects culturels de la JAC/F dans le Finistère (1945-1960), mémoire de maîtrise en histoire sous la dir. d’Yvon Tranvouez, université de Bretagne occidentale, 2001, 156 feuillets + annexes.
  • JEAN-FRANÇOIS COLET, Itinéraires de militants et militantes jacistes (1936-1967), mémoire de maîtrise d’histoire sous la dir. de Gérard Cholvy, université Paul-Valéry-Montpellier-III, 2002, 466 feuillets.
  • VINCENT FLEUROT, La JAC dans le Massif central méridional (Aveyron, Cantal), des années 1930 aux années 1960, thèse pour le doctorat d’histoire soutenue en 2003, université d’Aix-Marseille-I, 3 vol., 706 feuillets.
  • JEAN-MARIE BALANANT, Générations jacistes : des militants finistériens témoignent, mémoire de master I en histoire sous la dir. d’Yvon Tranvouez, université de Bretagne occidentale (Brest), 2005, 240 feuillets ;
  • En route vers la mixité : la transformation de la JAC et de la JACF en MRJC (1930-1965), mémoire de master II en histoire sous la dir. d’Yvon Tranvouez, université de Bretagne occidentale (Brest), 2007, 181 feuillets.
  • Alban Habauzit, « La JAC en Haute-Loire de la guerre au MRJC (1939-1964) », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay,‎
  • Jean-Pierre Houssel, « La place des anciens de la Jeunesse agricole catholique (JAC et JACF) dans la modernisation des campagnes en Haute-Loire », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay,‎

Liens externes[modifier | modifier le code]