Tombe du Dragon

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La tombe du Dragon (ou monument funéraire de Landry) est un monument funéraire remarquable du cimetière du Père-Lachaise érigé en l'honneur d'Antoine de Guillaume-Lagrange (1781-1807). Élevée quelques années après l'ouverture du cimetière, la stèle comporte les premières sculptures et épitaphes. Le monument est classé aux monuments historiques.

Dessin du monument par C.-P. Arnaud en 1817.
Médaillon représentant Guillaume-Lagrange.
Bas-relief de l'allégorie de la douleur.
Monument restauré par la ville de Paris.

Localisation[modifier | modifier le code]

Le monument est situé dans la division 29 du cimetière du Père-Lachaise sur un bosquet qui est appelé « bosquet du Dragon[1] ». L’appellation est attestée dès 1836[2].

À l'époque de la Restauration, le monument sert de lieu de rassemblement aux bonapartistes. Afin d'y mettre un terme, les autorités modifient la voirie et font construire autour[1].

Historique[modifier | modifier le code]

Le , la mère d'Antoine de Guillaume-Lagrange est autorisée à construire, sur une concession perpétuelle, un cénotaphe en mémoire de son fils, sous-officier dans le 16e régiment de dragons, décédé le en Pologne lors de la campagne de Prusse et de Pologne.

Le monument aurait été érigé en 1809[1]. Il s'agit de la première sculpture bâtie au cimetière du Père-Lachaise[1]. Le monument est cité dès 1817 dans l'ouvrage de C.-P. Arnaud dans son ouvrage sur les tombeaux des cimetières parisiens[3].

La tombe du Dragon fait partie de la seconde série de protection aux monuments historiques dont bénéficiera le Père-Lachaise. La première série, datant de , a permis l'inscription de l'ensemble des monuments funéraires construits avant 1900 dans la partie romantique du cimetière. L'œuvre de Godde est classée aux monuments historiques par un arrêté du [4].

La tombe est entretenue par la mairie de Paris.

Description[modifier | modifier le code]

Une face de la stèle est ornée à sa tête d'un médaillon représentant Guillaume-Lagrange. En dessous figure l'épitaphe suivante entourée d'un sabre et une carabine sculptés :

« STA VIATOR, HEROEM VIDES.

Hommage d'une tendre mère à la mémoire du meilleur et du plus malheureux des fils Antoine C. M. de Guillaume Lagrange, fils unique, âgé de 25 ans et 6 mois, né à Orléans, sous-officier dans le 16 regt. de dragons, mort en héros sur le champ de Bataille au combat du 4 février 1807, dans les déserts de Pologne. »

À la base de la stèle, une allégorie de la douleur est représentée par une femme voilée agenouillée près d'une urne funéraire ; près d'elle se trouve un jeune enfant nu.

Au dos de la stèle figure l'épitaphe suivante :

« Monument élevé à la gloire du plus tendre des fils et des amis. Antoine C. M. de Guillaume Lagrange, fils unique âgé de 25 ans et demi, sous officier au 16e régiment de dragons, mort en héros, sur le champ de bataille, victime de son courage, de sa bravoure, regretté de ses chefs, de ses amis, de ses camarades et généralement de tous ceux qui le connaissaient.

Il était le rejeton de la plus ancienne noblesse de Limoges. Ses ancêtres ont servi avec distinction et ont occupé des places honorables.

Après avoir signalé sa valeur à Austerlitz, à Iéna, à Erfurt, à Spandau ; etc. Il trouva la mort dans les affreux déserts de Pologne, au combat du 4 février 1807. Ce fut à l'entrée d'un village, dans un passage dangereux ; on demanda : qui veut passer le premier. C'est moi, s'écrit-il. Aussitôt il s'élance… À l'instant une balle lui perce le cœur !!! Ses dernières paroles sur le champ de bataille, furent : Ma mère ! ma pauvre mère !!

Ô mon cher et bien aimé fils, mon meilleur ami ! Tout ce que j'avais de plus précieux au monde ! C'est ta bravoure, ton grand dévouement à la patrie, qui me prive de te revoir ; seul bonheur que nous désirions.

Ô toi si bon, si aimant, si sensible jamais je ne te pleurerai assez, ni autant que tu le méritais.

Toi qui possédais toutes les qualités de l'âme et du cœur reçois l'hommage de ta malheureuse et inconsolable mère. La mort seule peut mettre un terme à sa douleur.

Êtres bons et sensibles, plaignez son sort, il méritait bien de vivre, d'être réuni à sa tendre mère. Il ne demandait à Dieu pour récompense de tant de peines et de fatigues, que de la revoir, de la serrer encore une fois contre son cœur, avant que de finir l'un et l'autre leur carrière. »

Le monument a été réalisé par Étienne-Hippolyte Godde[3] (1781-1869), l'architecte de la porte d'entrée principale et de la chapelle du cimetière.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Christian Charlet, Le Père-Lachaise : au cœur du Paris des vivants et des morts, Paris, Gallimard, , 127 p. (ISBN 2-07-030155-9), p. 34-35 ; 43-44.
  2. Richard, Le Véritable Conducteur aux cimetières du Père La Chaise, Montmartre, Mont-Parnasse et Vaugirard, (lire en ligne), p. 207-208.
  3. a et b C. P. Arnaud, Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, (lire en ligne), p. 33-36.
  4. Notice no PA00086780, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Théophile Astrié, Guide dans les cimetières de Paris, (lire en ligne)
  • Edward Falip, Guide aux sépultures des personnages célèbres inhumés dans les trois grands cimetières de Paris, (lire en ligne)
  • Henry Jouin, « La Sculpture dans les cimetières de Paris : Cimetière de l'Est (Le Père-Lachaise) », Nouvelles Archives de l'art français, Paris, vol. 13,‎ (lire en ligne)
  • Henry Jouin, « Monuments ou statues érigés par l'État, par la ville ou à l'aide de souscriptions et sépultures historiques entretenues par la ville dans les cimetières de Paris », Inventaire général des richesses d'art de la France. Paris, monuments civils. Tome 3, Paris,‎
  • Jules Moiroux, Le cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, (lire en ligne)
  • Catherine Healey (dir.), Karen Bowie (dir.) et Agnès Bos (dir.), Le Père-Lachaise, Paris, Action artistique de la Ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », , 219 p. (ISBN 2-913246-00-1).
  • Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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