Mont Testaccio

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Le mont Testaccio (italien : Monte Testaccio ; latin Mons Testaceus ; français Mont des tessons), à Rome, est, au sens propre, un immense dépotoir romain constitué de tessons d’amphores accumulés durant l’Antiquité, situé entre le mur d’Aurélien et le Tibre, à l’extrémité sud des fortifications.

Les innombrables couches de tessons (en latin testae[1], d’où le nom du site) sont soigneusement rangées en couches horizontales. Il s’agit des restes des amphores à huile débarquées le long du Tibre dans les entrepôts avant leur vente dans les commerces de la capitale.

Vue d’ensemble du Monte Testaccio

Histoire

Couches de tessons d’amphores du Monte Testaccio
Monte Testaccio

Cette décharge du port fluvial voisin (emporium) fut utilisée de la fin de l’époque républicaine au milieu du IIIe siècle.

Dans les siècles qui suivirent son abandon, le mont Testaccio devint le siège de fêtes et parties de campagne, puis, à partir du XVe siècle, il fut le point d’aboutissement du Chemin de croix du Vendredi saint, se transformant alors en un véritable Golgotha.

Plus tard, il sera le lieu privilégié des Ottobrate, ces fêtes romaines typiques où défilaient des charrettes chargées de cueilleurs de raisins se rendant vers les auberges et les caves à la fin des vendanges : ce n’étaient alors que chansons, danses, jeux et concours de poésie, le tout copieusement arrosé de vin des Castelli Romani, stocké dans les caves creusées au pied de la colline.

Le mont Testaccio a donné son nom à l’un des rioni (quartiers) de la Rome moderne (rione XX Testaccio).

Description

Amphore de type Dressel 20

Le mont Testaccio s’élève sur une hauteur d’environ 30 mètres (54 m au-dessus du niveau de la mer), sur une surface d’environ 20 000 m2 qui forme une sorte de triangle irrégulier de 200 à 300 m de largeur. Une rampe, sans doute anciennement utilisée par les chariots, bifurque vers le nord-est[2].

Les amphores révélées par les fouilles sont celles des couches superficielles : elles proviennent presque exclusivement d’Espagne (Dressel 20). Ce sont des amphores à huile, de forme sphérique, portant une marque sur l'une des deux anses. Elles portaient, marqués au calame, le nom de l’exportateur et les marques des divers contrôles effectués au cours du voyage. Ces amphores ont été datées des années 140 jusqu’au IIIe siècle[2].

Les premières recherches archéologiques ont été menées de 1872 à 1878 par l’archéologue allemand Heinrich Dressel (1845-1920), qui établit une typologie des amphores romaines encore en vigueur. Le travail fut repris dans les années 1980 par les archéologues espagnols Emilio Rodríguez Almeida et José Remesal Almeida.

La masse d'amphores entassées est évaluée à cinquante millions d'unités, pour les trois quarts d’huile de Bétique[3].

Notes et références

  1. Ce mot testa fut employé en argot bas latin pour désigner la « tête », qui trouve là son étymologie (italien testa, français tête). Informations lexicographiques et étymologiques de « tête » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. a et b Filippo Coarelli, traduit de l’italien par Roger Hanoune, Guide archéologique de Rome, édition originale italienne 1980, Hachette, 1998, (ISBN 2012354289), p. 242
  3. John Scheid et François Jacques, Rome et l'intégration de l'Empire (44 av. J.-C.–260 apr. J.-C.), vol. 1, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio », 2010, 480 pages, (ISBN 978-2130582472), p. 388

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Voir aussi

Bibliographie

  • Filippo Coarelli, Guide archéologique de Rome, Hachette, 1998 (ISBN 2012354289) Document utilisé pour la rédaction de l’article

Liens externes