Mired

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Représentation du lieu des corps noirs dans l'espace couleur CIE UVW, avec les isothermes en kelvins. Les isothermes se succèdent à intervalles irréguliers, de 1 000 K à 10 000 K.
Représentation du lieu des corps noirs dans le même espace, avec les isothermes en mireds. Les isothermes se succèdent à intervalles réguliers.

Le mired (contraction de l'expression anglaise MIcro REciprocal Degree) est une unité de mesure de l'inverse de la température de couleur, aussi appelée température inverse[1]. Le terme mired est aujourd'hui généralement remplacé par MK-1 (mégakelvin inverse[2], mégakelvin inversé[3], reciprocal megakelvin en anglais). Sa relation avec le kelvin est la suivante[4] :

,

avec M en mireds ou MK-1, et T en kelvins.

L'inverse de la température de couleur est approprié pour caractériser les variations de couleur telles que perçues par l'œil humain. Un même écart de l'inverse de température de couleur correspond à une différence de couleur similaire. La multiplication par un million, pour obtenir le mired, permet d'obtenir des nombres d'usage commode[5]. Cette unité a été introduite en 1932 par Irwin G. Priest (en) : il observa que le seuil de discrimination entre deux couleurs est approximativement uniforme sur l'échelle de l'inverse de la température de couleur[6],[7]. L'emploi du mired permet d'obtenir une mesure de la température de couleur qui reflète approximativement la variation des couleurs telle que perçue par l'œil humain.

En photographie, cette unité permet de quantifier facilement l'effet des filtres de conversion de température de couleur.

Application en photographie[modifier | modifier le code]

En photographie, le mired est utilisé pour indiquer le décalage de température de couleur (mired shift en anglais), entre (température de couleur de la lumière avant conversion) et (température de couleur de la lumière après conversion), provoqué par un filtre convertisseur ou correcteur de température de couleur. La nomenclature Kodak Wratten est couramment employée, tout comme les dénominations CTO (color temperature orange) et CTB (color temperature blue), avec les différentes nuances (double CTB, full CTB, half CTB, quarter CTB, etc.).

.

Exemples[modifier | modifier le code]

Voici deux exemples de température de couleur, avec les correspondances entre kelvins et mireds.

Ciel bleu 25 000 K 40 MK−1
Flash 5 000 K 200 MK−1
Nomogramme de calcul de la différence de température de couleur en mireds

Pour utiliser une lampe à incandescence halogène (3 200 K) en présence de lumière naturelle (5 500 K) sans altérer la dominante de couleur, on utilise un filtre full CTB (équivalent d'un filtre Kodak Wratten 80A) provoquant un décalage[8] :

.

Cependant, les filtres sont prévus pour une conversion ou une correction spécifique. Si on l'utilise avec des lumières très différentes, par exemple pour convertir la lumière d'une lampe à incandescence d'une TC de 2 250 K en lumière de lampe à incandescence halogène de température de couleur 3 200 K, la conversion sera imparfaite, alors que la différence de température de couleur des lumières en mireds est la même (-131 MK-1). Il faudra ajouter un léger filtre magenta.

Les deux exemples ci-dessous montrent qu'une différence de 1 000 K peut correspondre à des variations de couleur nettement différentes selon le niveau de température.

4 000 K3 000 K = 1 000 K 83 MK−1
7 000 K6 000 K = 1 000 K 24 MK−1

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « NF X08-017 : Évaluation de la température de couleur proximale des sources de lumière », AFNOR, (consulté le )
  2. Arnaud Margollé et Stéphane Gautier, Physique pour l'audiovisuel: Traitement du signal numérique. Optique. Photométrie. Colorimétrie, De Boeck Superieur, (ISBN 978-2-8073-2751-1, lire en ligne), p. 213
  3. René Bouillot et Marianne Lamour, Guide pratique de l'éclairage - 7e éd.: Cinéma - Télévision - Théâtre, Dunod, (ISBN 978-2-10-084636-8, lire en ligne), p. 35
  4. (en) Günther Wyszecki et W. S. Stiles, Color Science: Concepts and Methods, Quantitative Data and Formulae, John Wiley & Sons, (ISBN 978-0-471-39918-6, lire en ligne), p. 173
  5. Kodak-Pathé, Filtres Kodak : pour usages scientifiques et techniques, , p. 20.
  6. (en) Irwin G. Priest, « A proposed scale for use in specifying the chromaticity of incandescent illuminants and various phases of daylight », en:JOSA, vol. 23, no 2,‎ , p. 41–45 (DOI 10.1364/JOSA.23.000041, lire en ligne [abstract])
  7. (en) Claudio Oleari, Standard Colorimetry: Definitions, Algorithms and Software, John Wiley & Sons, (ISBN 978-1-118-89444-6, lire en ligne), p. 257
  8. (en) Blain Brown, Cinematography : Theory and Practice : Imagemaking for Cinematographers, Amsterdam, Focal Press, , 303 p., poche (ISBN 978-0-240-80500-9, LCCN 2002019924, lire en ligne), p. 172

Annexes[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]