Minute (hebdomadaire)

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Minute
Image illustrative de l’article Minute (hebdomadaire)

Pays Drapeau de la France France
Langue Français
Périodicité Hebdomadaire
Genre Généraliste
Prix au numéro 50
Diffusion 40 000 ex. (juillet 2006)
Fondateur Jean-François Devay, Jean Boizeau
Date de fondation 1962
Éditeur SACEN (SARL)
Ville d’édition Paris

Directeur de la rédaction Jean-Marie Molitor
Rédacteur en chef Céline Pascot
ISSN 1243-7751
OCLC 301746229
Site web www.minute-hebdo.fr

Minute est un hebdomadaire de droite à ses débuts puis d’extrême droite, diffusé en France depuis 1962, au positionnement satirique et conservateur. D’après les chiffres donnés par la direction de l’hebdomadaire, en 2006, 40 000 exemplaires seraient diffusés chaque semaine.

Histoire

Centre-droit

Créé le 6 avril 1962 par Jean-François Devay, ancien directeur de L’Aurore, le journal est domicilé au 12, rue du Croissant dans le deuxième arrondissement de Paris. Il comprend dans ses premières années un grand nombre d'échos consacrés au showbiz et de dessins humoristiques. François Mitterrand l'alimente en échos politiques[1]. Le journal soutient les personnalités de centre-droit, Jean Lecanuet et Valéry Giscard d'Estaing, mais il accorde surtout une grande place à la culture. La liste des actionnaires-bienfaiteurs du journal comportait des noms comme Fernand Raynaud, Françoise Sagan, Juliette Gréco, Eddie Barclay, Marcel Dassault et la famille Rotschild, etc[1].

Lors de sa « grande époque » (250 000 exemplaires vendus par semaine 1962-1981), la rédaction du journal était invitée tous les dimanches au Club de la presse - émission télévisée et radiophonique sur la politique. Le ton est très critique envers Charles de Gaulle, le journal comptant de nombreux lecteurs dans les rangs des déçus de la guerre d’Algérie. En 1965, le journal contribue à l’éclatement du scandale de l’affaire Ben Barka. L'écrivain Jean Bourdier assure la rubrique littéraire alors célèbre : « Sous ces couvertures ». Il en deviendra par la suite le rédacteur en chef.

Jean-François Devay meurt d’un cancer du poumon en juillet 1971. Il est remplacé comme directeur de publication par Jean Boizeau et de nombreux journalistes vont bientôt quitter Minute, où la direction va commencer à mettre un frein aux enquêtes, au point que plusieurs d'entre eux écrivent aussi pour le Canard Enchaîné, comme Jean Montaldo[2]. En septembre 1972, l'extrême-droite tente de prendre le contrôle Minute, constate Jean Montaldo[2], qui cesse alors d'y collaborder pour ne pas se "retrouver dans un combat politique qui n'était pas le mien"[2].

Dans son numéro du 1er mai 1974, le journal appelle à voter pour Valéry Giscard d'Estaing. La même année Ilich Ramírez Sánchez (Carlos) revendique une série d’attentats à Paris : explosions à la voiture piégée devant les locaux parisiens de L'Aurore, de Minute et de L'Arche. À la fin des années 1970, le journal adopte une ligne d'extrême droite. François Brigneau assume un temps la rédaction en chef, mais le ton extrêmement politique qu’il imprime au journal conduit à son remplacement et il retourne à ses fonctions d’éditorialiste. Serge de Beketch fait ses débuts de journaliste à Minute, puis travaille durant plusieurs années à Pilote : revenu à Minute en 1974, il en devient le rédacteur en chef en 1979 avant de quitter le journal en 1986 lorsque Jean-Marie Le Pen le désigne pour diriger National-Hebdo.

En novembre 1980, Jean Boizeau meurt à son tour et Jean-Claude Goudeau lui succède à la tête du journal, qui se distingue par un ton très critique envers la classe politique, et notamment par un positionnement anticommuniste marqué: en 1980, Minute contribue à relayer les accusations de l’hebdomadaire L’Express contre Georges Marchais, à qui il est reproché d’avoir été volontaire pour travailler en Allemagne, à l'usine d'aviation Messerschmitt AG, durant la Seconde Guerre mondiale. Au cours de l’été, Jean-Claude Goudeau est remplacé par Patrick Buisson, historien de l’OAS et futur conseiller de Nicolas Sarkozy un quart de siècle plus tard.

Extrême droite

Dans la deuxième partie des années 1970, le journal adopte une ligne d'extrême droite marquée par le soutien affiché au Front national, à qui sont consacrés de nombreux articles, et qui finira par embaucher le chef des informations générales, Serge de Beketch, pour créer en 1986 National-Hebdo.

À l’approche des années 1980, les ventes de Minute, qui paie son soutien affiché à Jean-Marie Le Pen et le départ de journalistes d'investigation comme Jean Montaldo, démissionnaire en 1972, commencent à baisser. Suite à l'élection de François Mitterrand en 1981, l'hebdomadaire fait figurer à la «une» le sous-titre «hebdomadaire d'opposition nationale». Outre les révélations, les sujets favoris de Minute sont l'immigration, la violence l'insécurité, l'immoralité, l'école libre, les PME. Le lectorat remonte et la publication atteint les 200 000 exemplaires en 1982[3].

  • 1987/1988 : scission de la rédaction entre Minute et Le Chardon. Le Chardon, lancé par Jean-Claude Goudeau, ne dura que quelques mois, avant que la rédaction ne se reforme, fusionnant les deux journaux sous le nom de Minute - Le Chardon.
  • 1990 : achat du titre par Serge Martinez (alors député du Front national qui fut plus tard le second et un des financiers de Bruno Mégret). Serge Martinez transforme le journal en news et le titre en La France, Minute n'apparaissant plus qu'en sous-titre, ou en sur-titre en fonction des numéros. L'hebdomadaire est alors couramment désigné du nom de Minute - La France.
  • 1993 : Serge Martinez revend le titre à Gérald Penciolelli. Celui-ci a l'intention d'en refaire l'hebdomadaire original en abandonnant la présentation de type news. Puis transformation du format en taille type Canard enchaîné (slogan : « Tous les canards ne sont pas de gauche »).
  • Février 1999 : Nicolas Miguet tente, sans succès, d'acheter le titre, alors en difficulté financière.
  • Avril 1999 : la société éditrice de Gérald Penciolelli, en cessation de paiement, est liquidée par le tribunal de commerce. Dans le numéro daté du 31 mars 1999, la direction de l'hebdomadaire appelait ses plus fidèles lecteurs à « sauver Minute ». Le journal interrompt sa parution durant quelques mois. Nicolas Miguet, dans l'intervalle, lance une feuille titrée L’Hebdoet sous-titrée Le Nouveau Minute. L’équipe rédactionnelle, en conflit avec Gérald Penciolelli, annonce son intention d'acheter le titre et, entretemps, sort le pastiche Un Faux Minute, distribué sur le parvis du tribunal de Commerce, qui dénonce les agissements de l’ancien directeur de publication, ainsi que ceux de Nicolas Miguet.
  • Décembre 1999 : le tribunal de commerce attribue le titre à Catherine Barnay, pourtant proche de Gérald Penciolelli.
  • Janvier 2002 : Jean-Marie Molitor, toujours exploitant, rachète le titre.
  • 27 mars 2013 : Le journal est mis en liquidation judiciaire. Jean-Marie Molitor continue à exploiter le titre via la société éditrice de Monde et Vie[4].

Lors de la présidentielle de 2002, il avait envisagé, avec quelques-uns de ses confrères du même courant de pensée politique (le quotidien Présent, les hebdomadaires Rivarol et National-Hebdo et le décadaire Le Libre Journal), la probabilité de l'élimination, dès le premier tour (21 avril 2002), du premier ministre Lionel Jospin, et d'une possible qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour. Le Canard enchaîné, hebdomadaire satirique, avait lui aussi envisagé cette possibilité, de même que l'hebdomadaire Les Quatre Vérités .

Positionnement politique actuel

Aujourd'hui, Minute est un journal proche de l'extrême droite qui se veut rassembleur de la droite souverainiste et nationaliste.

Minute n'appartenant pas à un groupe de presse puissant, il est très dépendant du produit de ses ventes. Peu à peu, Minute a disparu d’un certain nombre de points de vente où il n’avait qu’un ou deux acheteurs. Selon le journal, il s'agirait d'un « boycott » visant la presse à faible tirage. Il affirme aussi que les autres organes de presse « pillerai[en]t sans citer ». Il a notamment été le premier journal à révéler que François Mitterrand avait une fille naturelle.

Minute a été régulièrement condamné pour diffamation, ce qui lui a permis d'apparaître dans le jeu Trivial Pursuit sous la question : « Quel hebdomadaire peut se vanter d'avoir le plus de procès ? »

En 1999, lors de la scission du FN entre mégretistes et lepénistes, le journal a refusé de prendre parti. Dans un éditorial paru en juillet 2006, Jean-Marie Molitor appelait d'ailleurs à une « union des patriotes » entre partisans de Jean-Marie Le Pen, Philippe de Villiers et Bruno Mégret. À maintes reprises, l'hebdomadaire a aussi appelé les membres de l'UMP se considérant à l'aile droite de ce mouvement à rejoindre cette coalition.

Lors de la guerre du Kosovo, Minute a soutenu le régime serbe et son leader Slobodan Milošević. Ainsi, la une du numéro daté du titrait : « Les Serbes nous protègent de l'invasion islamiste. Aujourd'hui le Kosovo, demain la France ».

Avant l'élection présidentielle de 2002, Minute a publié plus de cinquante entretiens avec des élus du RPR, de l’UDF et du Front national et a organisé des débats entre des personnalités de la droite et du FN. Cela a entrainé une polémique avec certaines personnalités de gauche — parmi lesquelles Julien Dray — qui ont protesté contre le nombre important de députés UMP accordant des entretiens à Minute.

Lors de la coupe du monde de football de 2006, Minute avait titré « Y a-t-il trop de noirs dans l'équipe de France ? ». De plus, le numéro de l'hebdomadaire nationaliste paru après la finale du mondial titrait « Ciao voyou », une accompagnée d'une photo de Zinédine Zidane, expulsé du terrain après avoir frappé de la tête un joueur de l'équipe italienne qui l'avait insulté. Minute l'assimilait ensuite, dans un article, à un jeune voyou de banlieue.

Lors de l'Élection présidentielle française de 2007, Minute a apporté son soutien à la candidature de Jean-Marie Le Pen.

En 2009, Minute a annoncé le remplacement de Hilaire de Cremiers de son poste de conseiller politique du prince Jean de France par M. Franchet d'Esperey (cf. article no 2 420 du 5 août 2009). Hilaire de Crémiers collaborer cependant encore avec le second fils de l'actuel comte de Paris, Jean d'Orléans (1965) (Minute no 2 465 du 16 juin 2010), lui apportant son total et entier soutien pour la restauration d'une monarchie parlementaire.

En 2010, Minute soutient Bruno Gollnisch durant l'élection à la présidence du FN, pour la succession de Jean-Marie Le Pen. Marine Le Pen, critiquée radicalement par le journal, est pourtant élue au congrès de Tours, le 16 janvier 2011. Le Canard enchaîné rapporte que l'entrée du congrès est interdite aux envoyés de Minute, pour « hostilité illégitime »[5].

Les tensions entre le parti de Marine Le Pen et le journal sont régulièrement confirmées.

En janvier 2013, notamment à l'occasion du débat sur le « mariage pour tous », Minute pose ainsi la question de l'existence d'un « lobby gay au FN[6] » et s'en prend au vice-président du FN Florian Philippot. À ce sujet, Marine Le Pen qualifie Minute de « torchon[7] ». Florian Philippot accuse pour sa part l'hebdomadaire d'être le « niveau zéro de la politique » et les assimile à des « complotistes d'extrême droite de l'entre-deux-guerres »[8]. Par la suite, en juin 2013, le journal titre sa une « Jeux de mains, jeux de vilains ! », faisant référence à l'affaire Clément Méric.

Automne 2013, Minute crée une nouvelle polémique en présentant à la une une photo de la ministre de la Justice Christiane Taubira accompagnée du titre « Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane », référence à une polémique survenue quelques semaines plus tôt, une banane ayant été agitée devant elle par une jeune fille de 11 ans se trouvant parmi de jeunes militants opposés au mariage pour les couples homosexuels, celle-ci criant : « La guenon, mange ta banane »[9]. À la suite de cette nouvelle polémique, le gouvernement déclare souhaiter l'interdiction de l'hebdomadaire d'extrême-droite[10],[11],[12]. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme condamne fermement les « attaques » du journal[13]. La direction (ou rédaction) de l'hebdomadaire assume sa « une » et déclare ne pas craindre les répercussions judiciaires[14]. Le 30 octobre 2014, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Jean-Marie Molitor, directeur de la rédaction de Minute, à 10,000 euros d'amende pour "incitation à la haine raciale"[15].

Le 20 mai 2014, le journal a été condamné à 4 000 euros d'amende et à 3 000 euros de dommages et intérêts par le tribunal correctionnel de Paris pour homophobie, par rapport à une première de couverture très controversée sur le mariage homosexuel. C'est l'association SOS Homophobie qui avait porté plainte[16].

Principaux rédacteurs

Ils ont écrit ou dessiné dans Minute (cette liste ne donne pas la répartition des participants dans chacune des deux périodes de l'histoire du journal) :

Attentats

Le journal Minute a été à plusieurs reprises la cible d'attentats :

  • 2 décembre 1963, un incendie criminel dévaste ses locaux[17] ;
  • 14 mai 1971, une bombe et deux cocktails Molotov sont jetés dans les locaux[18] ;
  • 15 juin 1972, un paquet déposé devant le domicile de François Brigneau, éditorialiste du journal, est ramassé par un éboueur algérien, Saïd Mekki. La bombe qui y était dissimulée explose prématurément, le laissant aveugle et manchot[19] ;
  • 13 avril 1985 : attentat à la bombe revendiqué par Action directe[20].

Attaque informatique

  • 11 novembre 2013, le site internet du journal est victime d'une attaque à la suite d'une une sur Christiane Taubira. Il devient alors inaccessible pendant plusieurs jours[21].

Liens externes

Références

  1. a et b "Le dernier mort de Mitterrand", par Raphaëlle Bacqué
  2. a b et c "Le vrai canard", par Karl Laske et Laurent Valdiguié [1]
  3. Minute l'hebdomadaire Minute, journal d'extrème droite
  4. Minute n'a plus la banane : le journal est en liquidation judiciaire
  5. Le Canard enchaîné du 20 janvier 2011.
  6. Rue89 - Mariage gay : au FN, les homos se taisent, comme d’habitude, 3 janvier 2013
  7. Le Point - Mariage gay : Marine Le Pen cède à la pression, 7 janvier 2013
  8. http://www.leparisien.fr/politique/lobby-gay-au-fn-philippot-accuse-minute-de-propager-des-rumeurs-08-01-2013-2463145.php
  9. www.arretsurimages.net/breves/2013-11-12/Taubira-guenon-parents-Elle-aurait-pu-aussi-bien-dire-girafe-C-de-l-Ouest-id16396.
  10. http://www.lexpress.fr/actualite/politique/une-de-minute-sur-taubira-valls-envisage-une-interdiction-de-la-diffusion_1298910.html
  11. http://www.lefigaro.fr/politique/2013/11/12/01002-20131112ARTFIG00561-indignation-apres-la-une-de-minute-sur-christiane-taubira.php
  12. http://www.leparisien.fr/politique/insultes-contre-taubira-le-gouvernement-veut-empecher-la-diffusion-de-minute-12-11-2013-3308879.php.
  13. « L'ONU condamne les "attaques racistes" contre Christiane Taubira », www.france24.com, éd. du 16 novembre 2013.
  14. http://www.lesinrocks.com/2013/11/13/actualite/minute-assume-craint-pas-les-repercussions-judicaires-11444513/
  15. http://www.huffingtonpost.fr/2014/10/30/minute-condamne-une-christiane-taubira-singe_n_6074712.html
  16. « « Minute » condamné pour homophobie pour sa couverture sur le mariage homosexuel », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. Minute papillon
  18. Liberté de la presse : selon que vous serez
  19. Ils ont tué Pierre Overney, Morgan Sportès.
  20. Chronique des actes terroristes d'Action Directe
  21. Le site de Minute Hebdo attaqué puis fermé.