Miloš Zeman

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Miloš Zeman
Illustration.
Miloš Zeman, en 2013.
Fonctions
3e président de la République tchèque
En fonction depuis le
(11 ans, 1 mois et 15 jours)
Élection 25-26 janvier 2013
Président du gouvernement Petr Nečas
Jiří Rusnok
Bohuslav Sobotka
Prédécesseur Václav Klaus
Président du Parti des droits civiques
Prédécesseur Parti fondé
Successeur Vratislav Mynář
3e président du gouvernement tchèque

(3 ans, 11 mois et 25 jours)
Président Václav Havel
Gouvernement Zeman
Législature 3e
Coalition ČSSD
Prédécesseur Josef Tošovský
Successeur Vladimír Špidla
2e président de la Chambre des députés

(2 ans et 20 jours)
Législature 2e
Prédécesseur Milan Uhde
Successeur Václav Klaus
Président du Parti social-démocrate tchèque

(8 ans, 1 mois et 10 jours)
Prédécesseur Jiří Horák
Successeur Vladimír Špidla
Biographie
Date de naissance (79 ans)
Lieu de naissance Kolín (Allemagne nazie)
Nationalité Tchèque
Parti politique KSČ (1968-1970)
ČSSD (1992-2007)
SPO (depuis 2009)
Diplômé de École supérieure d'économie de Prague
Profession Économiste
Résidence Château de Prague

Signature de Miloš Zeman

Miloš Zeman
Présidents de la République tchèque
Présidents du gouvernement tchèque

Miloš Zeman (né le à Kolín, alors en protectorat de Bohême-Moravie) est un homme politique tchèque, président de la République depuis 2013.

Économiste de formation, membre du Parti communiste tchécoslovaque (KSČ) durant sa jeunesse, il devient une figure politique reconnue de la République tchèque, au lendemain de la Révolution de velours, en 1989. Après avoir été élu président du Parti social-démocrate tchèque (ČSSD), en 1993, il est élu président de la Chambre des députés en 1996, par ses pairs. Deux ans plus tard, en 1998, il est investi président du gouvernement, conduisant un cabinet minoritaire, soutenu par la première formation de l'opposition.

Il se retire en 2002 et tente, l'an suivant, en 2003, d'être élu président de la République, face à l'ancien président du gouvernement, Václav Klaus. Après avoir quitté le ČSSD, en 2007, il fonde, deux ans plus tard, en 2009, le Parti des droits civiques (SPO), qui échoue de peu aux élections législatives de 2010. En , il annonce sa candidature à l'élection présidentielle de 2013. Arrivé en tête du premier tour, il s'impose au second contre Karel Schwarzenberg, deux semaines plus tard, devevant ainsi le troisième président de la République tchèque, et le premier chef de l'État élu au suffrage universel direct.

Contrairement à ses prédecesseurs, le président Zeman joue un rôle fort important dans le jeu politique, passant outre, d'une certaine mesure, ses compétences strictes, ce qui le conduit, quelques mois après son investiture au château de Prague, à gérer une crise politique, remplaçant le président du gouvernement démissionnaire Petr Nečas par son conseiller personnel Jiří Rusnok, le préférant à Miroslava Němcová, pourtant proposée par la coalition sortante.

Biographie

Sous le régime communiste

À la fin de ses études secondaires, en 1963, Miloš Zeman est interdit d'études supérieures, après la publication d'un article sur Tomáš Masaryk. Admis, en 1965, à l'école supérieure d'économie de Prague, il suit les cours à distance deux années durant, puis rejoint l'université en 1967.

Il adhère au Parti communiste tchécoslovaque (KSČ) l'année d'après, et obtient son diplôme avec une thèse sur la prévision économique en 1969. Il commence alors à enseigner la prospective aux étudiants de l'école, mais est licencié en 1970, et exclu du parti, pour avoir fait part de son opposition à l'occupation soviétique.

Un an durant, Zeman est au chômage, frappé d'une interdiction de travail. En 1971, celle-ci est levée et il est recruté par la société Sportpropag, comme prévisionniste économique. Sur instruction du comité central du KSČ, à la suite de publications prétendument anti-communistes, il est licencié en 1984, mais retrouve un emploi au sein de la compagnie Agrodat la même année. Il est, de nouveau, contraint de quitter son travail, en 1989.

Après la Révolution de velours

Ayant participé à la grande manifestation du , il convoque des réunions dans les théâtres et à l'université, tout au long des semaines qui suivent, dans le centre de Prague. En , le Forum civique (OF) le coopte à la Chambre des peuples de l'Assemblée fédérale de Tchécoslovaquie.

Réélu aux élections libres de juin suivant, alors que l'OF emporte 50 des 75 sièges à pourvoir en République tchèque, il est élu au bureau de l'assemblée et prend la présidence de la commission du Budget. En 1992, il adhère au Parti social-démocrate tchèque (ČSSD), et est élu, au mois de juin, à la Chambre des députés de l'Assemblée fédérale.

Au mois d'octobre, il présente, et fait adopter par les deux chambres, une résolution demandant la création d'une « Union tchéco-slovaque », sur un modèle confédéral, grâce aux voix du Mouvement pour une Slovaquie démocratique (HZDS), alors que ce dernier avait négocié, avec le Parti civique démocrate (ODS), tchèque, la séparation de la Tchécoslovaquie[1].

Le , à la suite de la séparation, il est désigné président du ČSSD. Lors des élections législatives tchèques des 31 mai et , le parti remporte 26,4 % des voix et 61 sièges sur 200, soit dix-neuf points de plus que lors du scrutin de 1992, ce qui en fait la deuxième formation du pays.

Après une médiation du président de la République, Václav Havel, il passe un accord avec le Parti civique démocrate (ODS) de Václav Klaus, désormais minoritaire, ce qui lui permet d'être élu président de la Chambre des députés[2].

Président du gouvernement

À l'occasion des élections législatives anticipées des 19 et , les sociaux-démocrates remportent 32,3 % des suffrages et 74 députés, devenant ainsi la première force politique tchèque. Ayant passé un « accord d'opposition » avec l'ODS, qui assure son remplacement par Klaus à la présidence de la chambre basse et par lequel le parti libéral s'interdit de voter une motion de censure[3], il est investi, le , président du gouvernement de la République tchèque. Le but, inavoué, de l'accord est de réduire à néant l'influence de l'Union chrétienne démocrate - Parti populaire tchécoslovaque (KDU-ČSL) et de l'Union de la liberté (US), les deux petits partis centristes soutenus par Václav Havel, et donc de limiter au maximum l'influence de ce dernier[4]. Après avoir été remplacé, le , par Vladimír Špidla, vice-président du gouvernement et ministre du Travail et des Affaires sociales, à la présidence du Parti social-démocrate tchèque, il décide de ne pas se représenter aux élections législatives des 14 et 15 juin 2002, qui voient de nouveau la victoire du ČSSD. Le 12 juillet, Špidla, à la tête d'une alliance avec la KDU-ČSL et l'US-DEU, lui succède à la tête du gouvernement.

L'échec de 2003

Le , il se présente au second tour de l'élection présidentielle, un scrutin indirect, après l'échec, lors du premier vote, du candidat social-démocrate Jaroslav Bureš. Alors qu'il est l'un des favoris du vote, avec Klaus, il ne parvient à franchir la barre du premier tour, n'ayant pas réussi à faire le plein de voix dans son propre camp[5]. Il prend alors sa retraite de la vie politique.

Le retour, puis l'élection présidentielle

Il quitte le ČSSD en 2007, afin de signifier son désaccord avec les positions politiques du président du parti, Jiří Paroubek. Deux ans plus tard, il annonce la création du Parti des droits civiques (SPO), formation de tendance sociale-démocrate, dont il prend la présidence au cours du congrès fondateur, le . À l'occasion des élections législatives des 28 et 29 mai 2010, le SPO ne remporte que 4,33 % des suffrages, alors que le seuil pour entrer à la Chambre est de 5 %. Il démissionne alors immédiatement de la direction du SPO, mais en est élu, en novembre, président d'honneur.

Le , il se déclare candidat à l'élection présidentielle de janvier 2013, qui doit se tenir, pour la première fois, au suffrage universel direct. Il entame aussitôt la collecte des 50 000 parrainages citoyens nécessaires. Il atteint ce chiffre le 26 juin et en fait valider, au total, 82 856, soit le nombre le plus élevé. À l'occasion d'un débat télévisé avec l'autre favori du scrutin, l'indépendant Jan Fischer, au début du mois de , il est désigné vainqueur par le public et les analystes politiques[6]. Europhile, il se décrit comme un « euro-fédéraliste » et critique l'attitude de son prédécesseur Václav Klaus, eurosceptique notoire. Il s'est notamment prononcé pour l'adoption de l'euro[7].

Avec 24,2 % des suffrages exprimés, pour un taux de participation de 61 % des inscrits, il arrive en tête du premier tour, juste devant le premier vice-président du gouvernement et ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, candidat de TOP 09, parti de centre-droit, qui remporte 23,4 % des voix. Le second tour est programmé deux semaines plus tard, soit les 25 et 26 janvier[8]. Au lendemain du vote, le candidat social-démocrate, Jiří Dienstbier, arrivé quatrième avec 16,1 % des voix, et le Parti communiste de Bohême et Moravie (KSČM), qui n'avait aucun candidat, lui apportent leur soutien[9].

Le 26 janvier, il remporte 54,8 % des voix, avec 59 % de participation[10], devenant le nouveau chef de l'État tchèque, le premier élu au suffrage universel direct, et déclare à cette occasion « J’estime également le vote des électeurs de mon adversaire, car avec leur participation ils ont donné la preuve de leur activisme citoyen. Et c’est ce qui devrait être important pour nous. Je promets qu’en tant que président élu par les citoyens, je m’efforcerai d’être le président de tous les citoyens »[11].

Président de la République

Le 8 mars suivant l'élection, Miloš Zeman prête serment au château de Prague, devenant ainsi le troisième président de la République tchèque.

Le 3 avril, il préside la cérémonie de la montée du drapeau européen sur le château de Prague, en compagnie du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso[12].

En juin 2013, à la suite de la démission du gouvernement de centre-droit du libéral Petr Nečas, Miloš Zeman charge son conseiller Jiří Rusnok de former un cabinet de technocrates. Cette décision est vivement critiquée par les partis politiques qui y voient une entorse à la Constitution[13].

Face à cette situation, le vice-président du Parlement européen Othmar Karas et le président de la commission des Affaires étrangères Elmar Brok ont demandé à ce que la Commission européenne vérifie rapidement si l'évolution que Zeman cherche à imprimer au fonctionnement des institutions tchèques n’est pas contraire aux valeurs de l’Union européenne, estimant que le chef de l'État ne respecte pas le cadre du régime parlementaire[14]. Ainsi, par son interprétation extensive de ses compétences en tant que président et sa volonté de contourner la Chambre des députés, Zeman chercherait actuellement à modifier à son profit l'équilibre constitutionnel tchèque, ce que dénoncent de nombreux juristes et acteurs politiques tchèques et européens[15].

Cependant, le 7 août, le cabinet du président du gouvernement n'obtient pas la confiance de la Chambre basse, 93 députés s'étant prononcés en faveur du gouvernement intérimaire de Rusnok, contre 100 n'ayant pas accordé leur confiance au chef du gouvernement[16]. Jiří Rusnok, qui avait pourtant déclaré vouloir gouverner sans la confiance du Parlement, annonce dans la foulée la démission immédiate de son gouvernement, une décision qui provoque dans la foulée la dissolution de la Chambre[17].

Les élections législatives anticipées sont convoquées pour le 26 octobre 2013 et voient la victoire relative des sociaux-démocrates du ČSSD avec 20,45 % des voix. La pratique voulant que le chef de l'État confie au chef du parti arrivé en tête des élections la tâche de former un gouvernement, c'est vers le président du ČSSD Bohuslav Sobotka que Zeman devrait se tourner. Le président tchèque exprime pourtant publiquement ses réticences à nommer Sobotka, intervenant ainsi dans la vie interne de son ancien parti afin d'encourager un changement de direction en son sein[18], vraisemblablement au profit du vice-président du ČSSD Michal Hašek, considéré comme un fidèle du chef de l'État[19].

Finalement, près de trois semaines après le scrutin, Sobotka annonce, à l'issue d'une rencontre avec le président Zeman, qu'il sera effectivement chargé de former le futur gouvernement[20]. Le , le chef de l'État confie officiellement au président du Parti social-démocrate la mission de constituer un gouvernement, sur la base des négociations en cours avec l'Action des citoyens mécontents (ANO) et l'Union chrétienne démocrate - Parti populaire tchécoslovaque (KDU-ČSL), précisant toutefois que Bohuslav Sobotka sera nommé président du gouvernement de la République tchèque une fois remis de son opération au genou[21].

Bibliographie

  • 1991 : Naše Posttotalitní krize a její možná východiska (« Notre crise post-totalitaire et ses issues possibles »)
  • 1998 : Varovná prognostika (« La prévision prémonitoire »)
  • 2005 : Jak jsem se mýlil v politice (« Comment je me suis fourvoyé en politique »)
  • 2006 : Vzestup a pád České sociální demokracie (« Ascension et chute de la social-démocratie tchèque »)

Notes et références

  1. (fr) «  Coup de théâtre à Prague - Le pied de nez du Parlement aux indépendantistes », Le Soir,
  2. (fr) « Accord sur la formation du nouveau gouvernement - Tchéquie, fin de match », Le Soir,
  3. (fr) « La gauche accède au pouvoir grâce à l'opposition de droite ! Prague ou la politique du paradoxe », Le Soir,
  4. (fr) « Václav Havel installe le gouvernement de Miloš Zeman - La Tchéquie reprend un peu de gauche », Le Soir,
  5. (fr) « Deuxième élection présidentielle en République tchèque, 24 janvier 2003 », Fondation Robert-Schuman,
  6. (fr) « Présidentielle : les candidats se concentrent sur les débats dans les médias - Infos du 6 janvier 2013 », Radio Prague,
  7. (fr) « République tchèque: le pro-européen Zeman succède à l'eurosceptique Klaus », Le Nouvel Observateur,
  8. (fr) « Election présidentielle : Miloš Zeman et Karel Schwarzenberg participeront au 2e tour », Radio Prague,
  9. (fr) « Présidentielle – 2e tour : les sociaux-démocrates et les communistes soutiennent Miloš Zeman, l’ODS Karel Schwarzenberg », Radio Prague,
  10. (fr) « Milos Zeman élu président de la République tchèque », Le Monde,
  11. (fr) « Miloš Zeman élu nouveau président de la République tchèque », Radio Prague,
  12. (fr) « Le drapeau européen flotte sur le château de Prague », Euronews,
  13. (fr) « Le président Milos Zeman exacerbe la crise politique tchèque », Le Monde,
  14. (fr) « Des députés européens réclament une vérification rapide de la résolution de la crise gouvernementale en République tchèque », Radio Prague,
  15. (fr) « La Constitution tchèque à l’épreuve de la crise politique actuelle », Radio Prague,
  16. (fr)« République tchèque : la crise politique n´est pas finie », Le Journal International,
  17. (fr)« République Tchèque: chute du gouvernement de Jiri Rusnok », Euronews,
  18. (fr) « Le parti social-démocrate : une division au sein du parti devient apparente », Radio Prague,
  19. (de) « Tschechien vor schwieriger Regierungsbildung », Der Standard,
  20. (fr) « Le président Zeman confiera bien la formation du gouvernement à Bohuslav Sobotka », Radio Prague,
  21. (fr) « Le président Miloš Zeman charge Bohuslav Sobotka (ČSSD) de former un gouvernement », Radio Prague,

Annexes

Articles connexes

Liens externes