Mieczysław Weinberg

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Mieczysław Weinberg

Naissance
Varsovie, Pologne
Décès (à 76 ans)
Moscou, Russie
Activité principale Compositeur
Style Classique, moderne
Activités annexes Compositeur de musique de film
Lieux d'activité Moscou (de 1943 à sa mort)[1]
Années d'activité 1935-1994
Formation conservatoire de Varsovie[2]
Maîtres Vassili Zolotarev (en) (composition)[2], Józef Turczyński (piano)[1]
Récompenses Prix d’État de l'URSS (1990)

Œuvres principales

cf. liste des œuvres de Mieczysław Weinberg

  • 7 opéras, dont La passagère (Op.97) et L'Idiot (Op.144)
  • 21 symphonies complètes, dont la trilogie « Aux portes de la guerre » des symphonies no 17 à 19
  • 17 quatuors à cordes
  • 6 concertos, dont le Concerto pour trompette (Op.94)
  • musique du film Quand passent les cigognes

Mieczysław Weinberg (en russe : Моисей Самуилович Вайнберг, Moïsseï Samouïlovitch Weinberg), né le à Varsovie et mort le à Moscou, est un compositeur d'origine polonaise établi en URSS dès l'invasion de la Pologne en 1939. L'ampleur de sa production musicale fait de lui l'égal de Sergueï Prokofiev et de Dmitri Chostakovitch, sans toutefois recueillir comme eux la reconnaissance internationale. Il est l'auteur de la musique du film culte Quand passent les cigognes et de l’opéra La Passagère d'après le roman autobiographique de Zofia Posmysz.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né à Varsovie le , il étudie le piano avec son père, musicien dans divers théâtres juifs de la ville. À l'âge de 10 ans, il est admis dans la classe de piano de Józef Turczyński au conservatoire de Varsovie, puis obtient son diplôme en 1939.

L'invasion de la Pologne par l'Allemagne en fait basculer sa vie. Lui seul parvient à fuir les troupes allemandes pour gagner l'URSS, alors que toute sa famille est arrêtée et exterminée par les nazis. Naturalisé soviétique sous le nom de Moisei Vainberg, Weinberg s'installe à Minsk, capitale de la RSS de Biélorussie, où il commence des études de composition au conservatoire de la ville avec Vassili Zolotarev (en). Après deux ans d'études, il passe son diplôme en avec l'exécution en public d'un poème symphonique pour grand orchestre en .

L'invasion de l'Union soviétique le le force de nouveau à s'enfuir. Il s'installe à Tachkent, capitale de la RSS d'Ouzbékistan, où il trouve un soutien parmi des réfugiés juifs comme Israël Finkelstein[3], qui fait découvrir ses premières partitions à Dmitri Chostakovitch en 1943. Chostakovitch apprécie l'œuvre de son jeune collègue et favorise l'installation de Weinberg et de sa femme Nathalie (fille de l'acteur juif Solomon Mikhoels), à Moscou. Débute une longue amitié entre les deux compositeurs, qui dure jusqu'à la mort de Chostakovitch en 1975[4].

En 1953, Chostakovitch fait signer une pétition qu'il adresse à Beria, le chef du NKVD, pour venir en aide à Weinberg, incarcéré pour ses prétendues « activités sionistes », en réalité pour des motifs antisémites. La mort de Staline, le , marque une certaine rupture politique et Weinberg retrouve la liberté.

Les années 1960 voient la consécration de sa musique. Ses œuvres sont créées par les grands interprètes russes comme les musiciens David Oistrakh, Mstislav Rostropovitch, Leonid Kogan, Emil Gilels, les chefs d'orchestre Vladimir Fedosseïev, Kirill Kondrachine, Rudolf Barchaï et le Quatuor Borodine.

Les dernières années de Weinberg sont assombries par les maladies, dont la maladie de Crohn[5] et la dépression. Il meurt le à Moscou, dans la plus grande précarité, quelques semaines après s'être converti au christianisme russe orthodoxe. Il est enterré au cimetière Domodedovo près de Moscou.

Musique[modifier | modifier le code]

Weinberg a achevé une œuvre immense comptant plus de 500 compositions dont 154 reçoivent un numéro d'opus : sept opéras (Le Portrait), un Requiem profane, 22 symphonies (une inachevée), quatre symphonies de chambre, deux sinfoniettas, plusieurs concertos (violon, violoncelle, flûte, trompette, clarinette), 17 quatuors à cordes, sonates pour violon et piano, quatre sonates pour violoncelle et piano, etc.

Son style peut être rapproché de celui de Dmitri Chostakovitch ou de Béla Bartók, comprenant des éléments empruntés au folklore musical juif. Il fait souvent un usage virtuose des instruments à cordes de l'orchestre, tout en ayant également souvent recours à des « cadenzas »[6].

Parmi les nombreuses musiques de films et de dessins animés qu'il a composées (pour au moins 65 films[5]), celle de Quand passent les cigognes (réalisé par Mikhaïl Kalatozov) reçoit une reconnaissance internationale après que ce film a gagné la Palme d'or à Cannes en 1958. Il a aussi composé de la musique pour des spectacles de cirque, ce genre d'œuvres étant alors bien mieux considérées en Russie qu'ailleurs[7].

Très bon pianiste, il crée en , dans la petite salle du conservatoire de Moscou, les Sept Romances sur des poèmes de Blok de Chostakovitch avec la soprano Galina Vichnevskaïa, David Oïstrakh au violon et Mstislav Rostropovitch au violoncelle.

En 1990, l'artiste reçoit le Prix d’État de l'URSS pour la Symphonie de chambre no 1, version révisée de l'opus 3, et la Symphonie de chambre no 2, version révisée de l'opus 14.

La branche allemande de la maison d'édition de musique Peermusic Classical (en) commence en 2003 la publication des œuvres de Weinberg[8], dont un grand nombre ont été éditées et publiées en Russie, mais non distribuées en Occident.

Au début de l'année 2015[9], l'Association internationale Mieczysław Weinberg[10] est créée dans le but de « promouvoir la musique de Mieczysław Weinberg, faire découvrir son œuvre, encourager les musiciens à jouer sa musique et élargir sa notoriété à une plus vaste audience »[11]. Les présidents du conseil d'administration de cette association sont le violoniste Linus Roth et le chef d'orchestre Thomas Sanderling ; Irina Chostakovitch (dernière épouse de Dmitri Chostakovitc]) est présidente honoraire[12],[9].

Liste des œuvres[modifier | modifier le code]

Discographie sélective[modifier | modifier le code]

  • Symphonie no 1, par l'Orchestre symphonique de Göteborg dirigé par Thord Svedlund, Chandos
  • Symphonie no 2, par l'Orchestre symphonique d'Umeå dirigé par Thord Svedlund, Olympia
  • Symphonie no 3, par l'Orchestre symphonique de Göteborg dirigé par Thord Svedlund, Chandos
  • Symphonie no 4, Rhapsodie sur des thèmes moldaves, Sinfonietta nº 2 par l'Orchestre symphonique national de la radio polonaise dirigé par Gabriel Chmura vol. 2, Chandos
  • Symphonie no 5, par l'Orchestre symphonique national de la radio polonaise dirigé par Gabriel Chmura vol.1, Chandos 1977 - 1981
  • Symphonie no 6, par l'Orchestre philharmonique de Moscou dirigé par Kirill Kondrachine, RMG Records/Melodiya
  • Symphonie no 7, par l'Orchestre symphonique de Göteborg dirigé par Thord Svedlund, harpe Erik Risberg
  • Symphonie n° 8 "Polish Flowers" Op.83, par l'Orchestre Philharmonique de Varsovie, direction Antoni Wit
  • Symphonie no 10, par l'Orchestre de chambre de Moscou dirigé par Roudolf Barchaï, Olympia 1970
  • Symphonie no 12, par l'Orchestre symphonique Tchaïkovski de la Radio de Moscou dirigé par Vladimir Fedosseïev, Olympia
  • Symphonies no 14 et no 16, Sinfonietta no 1 par l'Orchestre symphonique national de la radio polonaise dirigé par Gabriel Chmura vol. 3, Chandos
  • Symphonies nº 17, nº 18 et nº 19 (trilogie « Aux portes de la guerre ») par l'Orchestre symphonique Tchaïkovski de la Radio de Moscou dirigé par Vladimir Fedosseïev, Olympia
  • Symphonie no 21 "Kaddish" Op. 152 et Polish Tunes Op. 47 n°2 par l’Orchestre Symphonique de Sibérie dirigé par Dimitry Vasilyev, Toccata Classics, 2014.
  • Quatuors à cordes, intégrale par le Quatuor Danel, CPO (6 CD)
  • Sonate pour contrebasse solo, Op. 108 (1971), Joel Quarrington, Analekta
  • Sonates pour violoncelle et piano no 1 et no 2 + Sonates pour violoncelle seul no 1 et no 3 : Dmitri Yablonski, violoncelle, Hsin-ni Liu, piano, Naxos (2009)
  • Sonates pour violon et piano no 4 et no 5 + 3 pièces pour violon et piano : Stefan Kirpal, violon, Andreas Kirpal, piano, CPO (2009)[13]
  • Sonates pour violon, intégrale (en cours )[14],[15]
  • Chansons, intégrale (en cours )[16]
  • Concertino pour violon et orchestre à cordes, op. 42[17] ; sonatine pour violon et piano en ré majeur, op. 46 ; trio pour cordes, op. 48 ; symphonie no 10 en la mineur, op. 98 ; sonate pour violon seul no 3, op. 126, par Gidon Kremer, Daniil Grishin, Giedrè Dirvanauskaite, Daniil Trifonov et Kremerata Baltica, 2 CD, ECM Records, 2014 (Diapason d'or, Choc de la Musique - Classica.
  • Trio pour violon, violoncelle et piano opus 24, par le Trio Karénine, Mirare, 2019.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b livret par Alistair Wightman du CD CHANDOS CHAN10128 "Mieczyslaw Weinberg : Symphonies (Volume 1)", Orchestre symphonique national de la radio polonaise dirigé par Gabriel Chmura.
  2. a et b livret par David Fanning du CD CHANDOS CHSA5078 "Mieczyslaw WEINBERG, Symphonies no 1 et 7", Orchestre symphonique de Göteborg dirigé par Thord Svedlund.
  3. Celui-ci a dirigé avec Chostakovitch une classe de composition à Leningrad quelques années auparavant.
  4. Les deux compositeurs étudient les partitions de l'autre et se livrent à une amicale compétition sur le nombre de quatuors à cordes composés.
  5. a et b (en) Robert R. Reilly, « Light in the Dark: The Music of Mieczyslaw Vainberg », Crisis magazine, (consulté le ).
  6. (en) Onno van Rijen, « Moisei Vainberg / Weinberg - Internet Edition compiled by Onno van Rijen », (consulté le ).
  7. (en) Benjamin Ivry, « How Mieczyslaw Weinberg’s Music Survived Dictators », sur The Forward, (consulté le ).
  8. voir leur catalogue : (en) « Catalogue of works – Mieczysław Weinberg » [PDF], Peermusic Classical, (consulté le ).
  9. a et b « Création de l’association Mieczyslaw Weinberg – Flash Info – ResMusica », sur ResMusica, (consulté le ).
  10. en anglais : International Mieczysław Weinberg Society, traduit par Société internationale Weinberg sur leur site.
  11. « Profil » , Association Internationale Mieczysław Weinberg.
  12. « Contact », Association Internationale Mieczysław Weinberg.
  13. (en) Linus Roth (violon) et José Gallardo (piano), Sonates et pièces pour violon et piano [« Mieczysław Weinberg - Complete sonatas and works »], label Challenge Classics, , 3 CD, numéro catalogue CC 72567, durée : 70:57 (EAN 0-608917-256727, présentation en ligne, écouter en ligne).
  14. (en) Yuri Kalnits (violon) et Michael Csányi-Wills (piano), Mieczyslaw Weinberg: intégrale des sonates pour violons [« Mieczyslaw Weinberg: Complete Violin Sonatas »], vol. 1 : Sonate pour violon et piano nº 1 Op. 12, Sonate pour violon seul nº 1 Op. 82, Sonate pour violon et piano nº 4 Op. 39, Sonatine pour violon et piano Op. 46, label Toccata Classics, , CD, numéro catalogue TOCC0007, durée : 78:07 (EAN 5-060113-440075, présentation en ligne, écouter en ligne)
  15. (en) Yuri Kalnits (violon) et Michael Csányi-Wills (piano), Mieczyslaw Weinberg: intégrale des sonates pour violons [« Mieczyslaw Weinberg: Complete Violin Sonatas »], vol. 2 : Rhapsodie sur des thèmes moldaves Op. 47 nº 3 (arr. pour violon et piano), Sonate pour violon et piano nº 2 Op. 15, Sonate pour violon seul nº 2 Op. 95, Sonate pour violon et piano nº 5 Op. 53, label Toccata Classics, , CD, numéro catalogue TOCC0026, durée : 70:57 (EAN 5-060113-440266, présentation en ligne, écouter en ligne).
  16. (en) Olga Kalugina (soprano), Svetlana Nikolaeva (mezzo soprano) et Dmitry Korostelyov (piano), Mieczyslaw Weinberg: intégrale des chansons [« Mieczyslaw Weinberg: Complete Songs »], vol. 1 : Chants d'enfants Op. 13, Au-delà de la frontière des derniers jours Op. 50, En berçant l'enfant Op. 110, label Toccata Classics, , CD, numéro catalogue TOCC0078, durée : 60:09 (EAN 5-060113-440785, présentation en ligne, écouter en ligne).
  17. Autre version de l'op. 42 : album Russian Violin Concertos, Sergey Ostrovsky, Naxos 8.572631, 2011.

Liens externes[modifier | modifier le code]