Meteor (missile)

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Meteor BVRAAM
Meteor (missile)
Présentation
Type de missile Missile air-air à longue portée
Constructeur MBDA
Développement 2002-2012
Coût à l'unité N/A
Caractéristiques
Image illustrative de l’article Meteor (missile)
Moteurs Fusée LFK GmbH + statoréacteur
Masse au lancement 185 kg
Longueur 3,657 m
Diamètre 0,178 m
Envergure N/A
Vitesse Mach 4+
Portée +200 km [1],[2]
Altitude de croisière N/A
Charge utile Explosif effet de souffle et éclats
Guidage Inertiel réactualisé par liaison de données, radar actif en guidage terminal
Détonation Proximité et contact
Plateforme de lancement Rafale, Typhoon, Gripen

Le Meteor (BVRAAM) est un missile air-air à longue portée de conception européenne, en service depuis le . MBDA est le maître d’œuvre industriel, il a pour principaux partenaires industriels Saab (Suède, 10 %), Bayern-Chemie (Allemagne, 16 %) et Inmize (Espagne, 10 %). Il est doté d'une Zone d'Interception Assurée (ZIA) nettement supérieure à celle des missiles actuellement en service et environ trois fois supérieure à celle de l'AIM-120 AMRAAM[3].

Il correspond à un besoin de missiles très flexibles, agiles et très rapides (plus de Mach 4), à longue portée (plus de 200 km), pour assurer la supériorité aérienne[2]. Même lancé de très loin, le Meteor a, en fin de course, assez d'énergie cinétique pour l'emporter sur des cibles rapides et à très grande manœuvrabilité comme les chasseurs extrêmement agiles de 5e génération[4].

Propulsé par un statoréacteur et guidé par radar, il pèse 185 kg pour 3,657 m de long et son autodirecteur est d'une technologie issue de celle du MICA EM, sa taille et ses interfaces le rendant totalement compatible avec les missiles de génération antérieure (MICA, AMRAAM).

Face à l'arrivée sur le marché d'autres missiles air-air à longue portée, les états-majors européens ont décidé d'acquérir un minimum de Meteor pour maintenir leur niveau d'efficacité. À terme, le Meteor équipera le Rafale, l'Eurofighter Typhoon, le Gripen, le F-35 et sera intégré sur le TAI TFX Kaan et le KAI KF-X[5].

Historique[modifier | modifier le code]

Un Typhoon exposé au salon du Bourget de 2009 avec un Meteor et un IRIS-T.

En 1994, le Royaume-Uni envisage un successeur aux missiles air-air alors en service. En , après de longues tractations, un contrat est officiellement signé entre MBDA et l'Agence britannique d'achat de défense (Defense Procurement Agency (en))[4] ainsi que six pays européens (l'Allemagne, l’Espagne, la France, l'Italie, le Royaume-Uni et la Suède), afin de réaliser ce missile air-air longue portée.

Le premier tir d'essai du Meteor a été effectué depuis un Gripen en 2005 (Vidsel, Suède). Le Typhoon a, quant à lui, terminé sa première série d’essais le (Aberporth, Royaume-Uni)[6], consistant en des tirs limités à la séparation. Lors du salon de Farnborough, en , le Premier ministre David Cameron a annoncé le financement des travaux d'intégration du Meteor au Typhoon.

Il entre en service opérationnel le , dans l'Armée de l'air suédoise, qui devient la première utilisatrice de ce missile[7].

Commandes[modifier | modifier le code]

Une première commande de 200 unités a été notifiée par la DGA en pour la Marine nationale et l'Armée de l'air, avec une mise en service sur Rafale prévue en 2018[8]. Elle a ensuite été abaissée à 100 missiles avant de remonter à 160 en 2021[9].

En , le Qatar a commandé 160 Meteor pour équiper ses futurs Rafale[10].

L'Allemagne a commandé en 2013 150 unités pour les Typhoon de la Luftwaffe livrées entre 2016 et 2018, une seconde commande par le Bundesamt für Ausrüstung, Informationstechnik und Nutzung der Bundeswehr de 100 exemplaires a lieu en [11].

L'Espagne a commandé 100 unités pour les Typhoon de l'Ejército del aire[12]. Elle commence à les mettre en œuvre mi-janvier 2022[13].

Concept du Meteor, défis techniques à relever[modifier | modifier le code]

La capacité du Meteor à être tiré sur des cibles à très longue distance en guidage radar actif propulsé par statoréacteur confère au Meteor des caractéristiques sans équivalent. Le Meteor doit en effet intercepter des cibles à plus de 100 km (80 nq) avec une zone d'interception assurée (ZIA, en anglais No Escape Zone) de 50 à 60 km [14], donc au-delà de la portée des missiles actuellement en service dans le monde. Selon le directeur du projet Rafale à la DGA le couple Radar RBE2-AESA/Missile Meteor font du Rafale l'avion le plus performant du monde en air-air[15].

Il sera prioritairement réservé aux missions d'interception à grande distance, au-delà de la portée optique (Beyond Visual Range, en abrégé BVR) de tout type d'aéronef. Son utilisation sera privilégiée pour l'attaque à 100 km de cibles de haute valeur telles que des avions radar ou des ravitailleurs, ou, pour les forces armées françaises, pour la protection d'un raid nucléaire de Rafale F3[16].

Ce missile doit pouvoir assurer une efficacité de destruction à des distances importantes, de l'ordre de 50 milles entre la cible et l'avion tireur au moment de l'impact. À cette fin, le système d'armes comporte :

  1. un radar de bord qui doit fournir des informations précises sur la cible avant le départ du missile, et/ou une liaison de données de type L-16 assurant les mêmes fonctions en retransmettant vers l'avion tireur les informations d'un capteur porté par un autre aéronef (ex : AWACS) ;
  2. des systèmes d'identification des cibles à des distances compatibles avec la portée du missile ;
  3. une manœuvrabilité suffisante du missile dans toutes les phases de vol, pour toutes les distances de tir, qui devra lui assurer une grande probabilité de destruction des cibles.

La propulsion de ce missile est également un défi technologique du fait du concept retenu : celui d'un statoréacteur. Ce statoréacteur à propergol solide et à poussée régulée (Throttleable Ducted Rocket ou TDR) dans sa phase de croisière comporte un accélérateur à poudre intégré dans la chambre de combustion, ce qui permet de donner une impulsion initiale suffisante pour atteindre une vitesse compatible avec le fonctionnement du statoréacteur.

Le missile dispose également d'une liaison de données avec l'avion tireur (LAM) permettant la mise à jour pendant son vol des données concernant la cible tout le temps précédant l'activation de son autodirecteur radar. Le directeur du projet Rafale à la DGA déclare : "[...] grâce à son statoréacteur à propulsion permanente, mais aussi au RBE2-AESA qui, de par sa portée et sa résolution, est capable de le suivre très longtemps, le Meteor peut être réaffecté en vol d'une cible à une autre [...] L'impact a été direct, ce qui démontre aussi les performances de l'autodirecteur radar actif du Meteor [...]"[15]

La durée d'utilisation en vol sans besoin de maintenance est de 1 000 heures.

Intégration au Rafale[modifier | modifier le code]

Le premier vol captif a été réalisé sur un Rafale Marine F2 à Istres (France) en et les premiers essais de catapultage/appontage ont eu lieu en décembre de la même année sur le porte-avions Charles de Gaulle[17].

Le , la DGA a notifié à Dassault, MBDA et Thales l'intégration du Meteor sur le Rafale. Des essais aéromécaniques ont débuté en , afin d'ouvrir le domaine de vol du Rafale équipé de Meteor dans les différentes configurations air-air et air-sol. En , ces mêmes configurations ont été validées sur Rafale Marine à bord du porte-avions Charles de Gaulle. Les essais de séparation ont commencé le , tandis que les essais d'intégration devaient s'étaler jusqu'en 2016[18].

Le , les équipes du ministère de la Défense, de Dassault Aviation et de MBDA ont procédé au premier tir guidé du missile Meteor à partir du Rafale contre une cible aérienne. Le tir, effectué par un Rafale mis en œuvre depuis le site DGA Essais en vol de la base aérienne 120 Cazaux, s’est déroulé avec succès dans une zone du site DGA Essais de missiles de Biscarrosse[19].

À titre d'exemple, la configuration Rafale en mission de supériorité aérienne, qui peut en emporter un maximum de quatre, sera de :

Opérateurs[modifier | modifier le code]

Opérateurs et futurs opérateurs du missile Meteor.
  • Opérateurs
  • Opérateurs futurs
  • Actuels[modifier | modifier le code]

    Futurs[modifier | modifier le code]

    Notes et références[modifier | modifier le code]

    1. « Meteor », sur saab.com (consulté le )
    2. a et b (el) « METEOR », sur Force aérienne grecque (consulté le )
    3. (en) « AIM-120D vs MBDA Meteor », sur Defense Issues, Word press, (consulté le ).
    4. a et b (en) « Rafale pushes BVR at extreme! » [« Rafale pousse le combat plus loin que la vue au extrème ! »], Fox Three, Rafale international, no 6,‎ (lire en ligne [PDF]).
    5. Michel Cabirol, « MBDA monte à bord de l'avion de combat sud-coréen, le KF-X », sur La Tribune (France), (consulté le ).
    6. info-aviation.com, 1er juillet 2011 Les améliorations récentes de l’Eurofighter.
    7. « Le Meteor en service », Air et cosmos, no 2509,‎ , p. 22.
    8. « Commande de 200 missiles Météor », sur www.defense.gouv.fr, .
    9. « Haute intensité : L'aviation de combat française présente des fragilités qui peinent à se réduire », sur Zone Militaire, (consulté le ).
    10. « Le Qatar fait le plein de missiles pour son Rafale », sur www.menadefense.net, .
    11. « METEOR additionnels pour les Eurofighter de la Luftwaffe ! », sur avia news, (consulté le ).
    12. (es) « El gobierno espanol autorisa la fase de produccione del missile Meteor por importe de 100 millones de euros. », sur www.infodefensa.com/, (consulté le ).
    13. « Le missile Meteor est opérationnel sur les Eurofighter espagnols », sur journal-aviation.com (consulté le ).
    14. (en) « Vayu Aerospace - Home », sur www.vayuaerospace.in (consulté le ).
    15. a et b Henri-Pierre Grolleau, « Rafale Standard F4 en 2022 », AIR FAN,‎ , p. 40.
    16. « hors-série RAFALE 2010 : Le RAFALE au combat », Air & Cosmos,‎ , p. 92 (ISSN 1240-3113).
    17. (en) « Meteor Missile Takes to the Sky with Europe's Next Generation Fighters » [« Le missile Meteor décole vers le ciel avec les chasseus européens de la prochaine génération »], MBDA, (consulté le ).
    18. « Le Rafale lâche ses premiers Meteor », sur Mer et Marine, (consulté le ).
    19. « Réussite du premier tir guidé d’un missile Meteor à partir du Rafale », Ministère de la Défense, (consulté le ).
    20. « Le Rafale change de braquet avec Meteor : Le Rafale au combat », Air & Cosmos, hors-série Rafale 2010,‎ , p. 99 (ISSN 1240-3113).
    21. « Le missile Meteor est opérationnel sur les Eurofighter espagnols », sur www.journal-aviation.com, (consulté le )
    22. Vincent Groizeleau, « La France commande 200 missiles Meteor pour le Rafale », sur www.meretmarine.com, (consulté le )
    23. Michel Cabirol, « La Grèce signe cinq contrats d'armement d'une valeur de 4 milliards d'euros avec la France », sur La Tribune, (consulté le )
    24. Elise Denjean, « Contrat avec la Grèce : comment la France réussit à exporter ses Rafale dans le monde », sur Europe 1, (consulté le )
    25. (en) « Rafale fighter jets : India gets its 1st of 36 Rafale fighter jets from France », sur The Economic Times (consulté le ).
    26. « 36° Stormo Caccia Aeronautica Militare », Aviation Report (consulté le )
    27. (en) « Qatar receives Meteor missiles, NH90 helos », sur Janes.com (consulté le ).
    28. (en) Alan Warnes, « FARNBOROUGH: Swedish air force hails Meteor missile introduction », sur FlightGlobal, Farnborough, (consulté le )
    29. Alexandre Rocchi, « L’Allemagne commande des missiles MBDA Meteor supplémentaires », sur Air et Cosmos, (consulté le )
    30. Michel Cabirol, « L'Allemagne bloque l'exportation du missile Meteor de MBDA vers l'Arabie Saoudite », sur La Tribune, (consulté le )
    31. Michel Cabirol, « MBDA obtient une commande de 200 millions d'euros au Brésil », sur La Tribune, (consulté le )
    32. « South Korea unveils first images of KF-X design with European missiles », Defense News,‎ (lire en ligne)
    33. (en-GB) George Allison, « F-35B fitted with Meteor missile ‘middle of this decade’ », (consulté le )

    Voir aussi[modifier | modifier le code]

    Articles connexes[modifier | modifier le code]

    Liens externes[modifier | modifier le code]

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