Mes provinciales

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Mes provinciales

Réalisation Jean-Paul Civeyrac
Scénario Jean-Paul Civeyrac
Acteurs principaux

Andranic Manet
Gonzague Van Bervesselès
Corentin Fila
Diane Rouxel
Jenna Thiam
Sophie Verbeeck[1]
Valentine Catzéflis
Charlotte Van Bervesselès

Sociétés de production Moby Dick Films
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Drame
Durée 137 minutes
Sortie 2018

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Mes provinciales est un film français écrit et réalisé par Jean-Paul Civeyrac, sorti le .

Synopsis[modifier | modifier le code]

Venant de Lyon, Étienne découvre l'exubérance romanesque de la capitale. Il suit des études de cinéma à l'université Paris 8. Il fait la connaissance d'étudiantes et d'étudiants dont Jean-Noël et Mathias[2], qui comme lui, sont passionnés par le septième art.

Le film est un bildungsroman[n 1] sur l'amitié, les prises de consciences philosophiques et politiques d'Annabelle[3], l'éducation sentimentale et le cinéma[n 2].

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Production[modifier | modifier le code]

Développement[modifier | modifier le code]

Jean-Paul Civeyrac écrit le scénario et réalise le film produit par Frederic Niedermayer pour Moby Dick Films et coproduit par Michèle et Laurent Pétin d'ARP Sélection[12].

Tournage[modifier | modifier le code]

Le tournage débute le et finit le . Il se déroule principalement à Paris et à Lyon.

Selon son réalisateur, le noir et blanc ajoute une touche de romanesque[13].

Au casting, Andranic Manet (Réparer les vivants et La Dream Team) et Corentin Fila (Quand on a 17 ans) sont issus de la classe libre du Cours Florent.

Le , l'affiche du film et la bande-annonce officielle sont publiées.

L'affiche et le film présentent la traduction de la citation suivante qui s'inscrit dans le premier romantisme allemand :

« Ich lebe bei Tage
Voll Glauben und Mut
Und sterbe die Nächte
In heiliger Glut[n 5]. »

— Novalis[14] (Georg Philipp Friedrich, Freiherr von Hardenberg), Hymnen an die Nacht (1800)

Bande originale[modifier | modifier le code]

Le réalisateur utilise une nouvelle fois des compositions de Johann Sebastian Bach[15] associés aux personnages de Lucie[14] et surtout d'Étienne[7].

Gonzague Van Bervesselès (Jean-Noël) interprète au piano Sylvie d'Erik Satie[16].

Selon le réalisateur, l'amour romantique est célébré par la musique de Giya Kancheli[15].

Le film se conclut par la 5e symphonie[17] de Gustav Mahler[14],[18],[19].

Accueil[modifier | modifier le code]

Accueil critique[modifier | modifier le code]

En France, le site Allociné recense une moyenne des critiques presse de 3,8/5, et des critiques spectateurs à 3,5/5[20].

Selon Les Inrockuptibles, pour Serge Kaganski, le film est « un objet incandescent, littéraire, romantique[21] ». Pour Jean-Baptiste Morain, c'« est un film apparemment doux, et qui ne l’est pas du tout[22] ».

Stéphane Delorme rédacteur en chef des Cahiers[23], blâme les « considérations littéraro-cinématographico-existentielles[9] » du réalisateur. Pour Stéphane Delorme, « ce qui rend la vision de ce film si embarrassante, c’est la prétention désarmante au « grand œuvre » et la naïveté de croire qu’il suffit pour cela d’aligner les références nobles ».
« On a le droit de ne pas être d’accord[24] avec cette vision binaire et un peu fausse. » conclut Christophe Narbonne dans Première. Selon L'Obs  : « Dès (que Civeyrac) regarde ses comédiennes, dès qu'Etienne partage l'écran avec ses petites amoureuses[9], le film prend vie. »

Dans La Croix, pour Céline Rouden, « Ce récit d’apprentissage situé dans un Paris intemporel séduit par l’ampleur de son récit et l’élégance de sa mise en scène[25]. »

Selon Sud-Ouest par Sophie Avon, « son film ressemble à une œuvre inaugurale qui par-dessus les époques et à travers les âges, parle de la jeunesse éternelle, de sa fugacité, de ses fantômes[26]. »

Yannick Haenel de Transfuge, relève « la beauté des incertains ». « écran total[27] » titre Eric Neuhoff dans Le Figaro.

« C’est dans ces non-dits que le film est le plus émouvant. Une grâce survient, proche d’un mysticisme, qui connecte les individus les uns aux autres par des visages en gros plan auréolés de lumière[28]. »

— Benoit Basirico, Bande à part

Distinctions[modifier | modifier le code]

Analyse[modifier | modifier le code]

Le film est structuré en quatre parties « Un petit château de bohême », « Un illuminé », « Une fille de feu », « Le soleil noir[32] de la mélancolie » et d'un épilogue[11]. C'est une référence plurielle aux recueils de nouvelles de Gérard de Nerval[33].

Contre le conformisme de la jeunesse, le film cite :

« Contre tout cela, vous ne devez rien faire d'autre (je crois) que de continuer simplement à être vous-mêmes : cela signifie être continuellement irreconnaissables. Oublier immédiatement les grands succès, et continuer imperturbables, obstinés, éternellement contraires[34], à prétendre, à vouloir, à vous identifier avec ce qui est autre ; à scandaliser ; à blasphémer. »

— Pier Paolo Pasolini, Lettres luthériennes[33],[35],[36]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Roman d'apprentissage[2]
  2. Étienne Tinan : « Ce ne sont pas les images qui m’intéressent, c’est le cinéma[4]. »
  3. Gonzague Van Bervesselès : « Pas de baiser[6] pour moi dans ce film : la scène a été finalement coupée au montage ! »
  4. Sophie Verbeeck : « Je suis partie à la ZAD pour pouvoir m'emparer du texte de l'activiste[1]. »
  5. Mes provinciales :
    « Chaque jour je vis
    de foi, de courage
    et meurs chaque nuit
    aux feux de l'extase. »
    A Paris Education:
    « I live by day,
    full of courage and faith,
    and by night die
    in holy fire. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Haenel 2018. « J'ai pris un verre avec...Andranic Manet et Sophie Verbeeck » de Jean-Christophe Ferrari, Transfuge (no 118), p. 6 (consulté le 18 avril 2018)
  2. a b et c (en) Jordan Mintzer, « 'A Paris Education' ('Mes Provinciales'): Film Review », sur Hollywood reporter, (consulté le ) : « With his diatribes about the cinema and unstable lifestyle, Mathias becomes a guru-like figure for Etienne »
  3. a et b « Mes Provinciales », sur Utopia, (consulté le ) : « alors que les intentions se mesurent aux actes, Etienne Tinan aura appris l’écart entre la vie rêvée et la vie vécue. »
  4. AFP, « "Mes provinciales", un roman d'apprentissage version cinéma », sur le Point, (consulté le )
  5. a et b « Mes provinciales », sur Cinémathèque française, (consulté le )
  6. Dupuis et Dion 2018
  7. a et b Elisabeth Lequeret et Sophie Torlotin, « Tous les cinémas du monde : Mes Provinciales, de Jean-Paul Civeyrac », à partir de 21 h 10 min, sur Radio France internationale, (consulté le )
  8. a b et c (de) « 'A Paris Education' Reception - 68th Berlinale International Film », sur Getty images, (consulté le )
  9. a b et c Nicolas Schaller, « Le choix de l'Obs : Mes provinciales, par Jean-Paul Civeyrac », sur L'Obs, (consulté le ) : « Il faut toutes les citer : Diane Rouxel (Lucie), Jenna Thiam (Valentina), Sophie Verbeeck (Annabelle), Valentine Catzéflis (Barbara). »
  10. a et b Pierre Eugène, « Mes provinciales : Un film, ce lit », sur Critikat, (consulté le ) : « Annabelle, la « fille de feu » politique, a d’ailleurs « Lit » pour nom de famille »
  11. a et b Fabien Lemercier, « Critique : Mes Provinciales », sur Cineuropa, (consulté le )
  12. Fabien Lemercier, « Dernier clap pour Mes Provinciales de Jean-Paul Civeyrac », sur Cineuropa, (consulté le )
  13. « "Mes Provinciales" - Rencontre avec Jean-Paul Civeyrac : Actualité de la Berlinale », sur Arte, (consulté le ) : « Accueillir, avec une joie contenue mais néanmoins profonde, les rencontres, les œuvres d´art, les idéaux verbalisés... tel est l´apprentissage naturel du héros de ce film-roman »
  14. a b et c (en) Anne-Katrin Titze, « Discovering and forgetting : Jean-Paul Civeyrac on Novalis, Flaubert, Pasolini, Rose Pourquoi and A Paris Education », sur Eye for film, (consulté le ) : « Louise Narboni. She really knows the musicality of editing in that way and that allows us as viewers really to have our thoughts rest and set down, thanks to that musicality she has. »
  15. a et b (en) « A Paris Education: presskit », sur Films du Losange, (consulté le )
  16. « Mes provinciales », sur Cinezik, (consulté le )
  17. Jacques Bontemps, « Rétrospective Jean Paul Civeyrac : De la musique avant toute chose », sur Cinémathèque française, 4 au 11 avril 2018 (consulté le ) : « l'adagietto de la 5e symphonie de Mahler dans Mes provinciales »
  18. (de) Hannah Kattner, « Mes provinciales : „Du liebst das Kino und opferst alles“ », sur Critic, (consulté le ) : « Als Mathias gegangen ist, setzt sich einer der Studenten an das Klavier und spielt ein Stück von Gustav Mahler, während ein anderer bemerkt, dass der Wein leer sei. »
  19. (it) Giampiero Raganelli, « Mes provinciales di Jean Paul Civeyrac », sur Quinlan, (consulté le ) : « Fino ad arrivare a quello struggente finale, lo sguardo dalla finestra dei tetti parigini, con accompagnamento di Mahler. »
  20. « Mes provinciales », sur Allociné (consulté le ).
  21. Serge Kaganski, « “Mes provinciales” de Jean-Paul Civeyrac: un film et un cinéaste en état de grâce », sur Les Inrocks, (consulté le ) : « Un éblouissement. »
  22. Jean-Baptiste Morain, « Mes Provinciales - Jean-Paul Civeyrac », sur Les Inrocks, (consulté le )
  23. Stéphane Delorme, « Notes sur d’autres films », sur Cahiers du cinéma (no 743) , extrait par Allociné, (consulté le ) : « (...) aligner les références nobles »
  24. « Mes provinciales », sur Première, (consulté le ) : « Civeyrac oppose ainsi les valeureux soutiens de Godard à ceux de Verhoeven et Fincher qu’il brocarde sans nuances : le “méchant” fan de genre fera son long métrage, pas les autres. »
  25. Céline Rouden, « Mes Provinciales, lumineux film d’apprentissage », sur La Croix, (consulté le ) : « L’assurance qu’il va peu à peu conquérir, subtilement rendu par le cinéaste et son acteur Andranic Manet, va s’accompagner d’une perte progressive de ses illusions. »
  26. « Cinéma : de "Larguées" à "Escobar", les six avis de la semaine : Mes provinciales », sur Sud-Ouest, (consulté le )
  27. Eric Neuhoff, « Mes provinciales, écran total », sur Le Figaro, (consulté le )
  28. Benoit Basirico, « Mes provinciales : Marivaudage incandescent d’une jeunesse à la dérive », sur Bande à part, (consulté le ) : « on pense à Jean Eustache et Mes petites amoureuses »
  29. (en) « Mes provinciales : A Paris Education », sur Berlinale, (consulté le ) : « Jean Paul Civeyrac’s tenderly melancholic black-and-white study of these young people’s encounter with art and life is at the same time a declaration of love for classic cinema and the city of Paris. »
  30. Jean-Marc Lalanne, « "Mes provinciales" de Jean-Paul Civeyrac : le premier choc du festival de Berlin », sur Les Inrocks, (consulté le ) : « Un roman d'apprentissage intellectuel et amoureux signé Jean-Paul Civeyrac illumine la Berlinale. »
  31. (en) « A Paris Education - Mes provinciales », sur Film Society Lincoln Center, (consulté le ) : « It’s a seemingly idyllic life of the mind—until more complicated matters of the flesh, as well as jealous creativity, intrude. »
  32. Emile Breton, « Soleil noir », sur L'Humanité, (consulté le )
  33. a et b Guerin 2018
  34. Mathieu Macheret, « Mes provinciales : un bel endormi happé par la ville », sur Le Monde, (consulté le ) : « Etienne se révélant un jeune homme happé par les « soleils » dans les orbites desquels il gravite. »
  35. Pasolini 2000.
  36. Olivia Gesbert, « La Grande table : La nouvelle jeunesse de JP Civeyrac », sur France culture, (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]