Mercure de France

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Mercure galant
puis Mercure de France
Image illustrative de l’article Mercure de France

Pays Drapeau de la France France
Langue Français
Périodicité mensuel
Genre politique, mondain, littéraire
Date de fondation 1672
Date du dernier numéro juillet-août 1965
Ville d’édition Paris

Le Mercure galant devenu le Mercure de France est une revue française fondée en 1672 et qui après plusieurs formules et équipes éditoriales, disparaît en 1965[1].

Dans l'esprit, le Mercure galant faisait suite au Mercure françois fondé par Jean et Estienne Richer au début du XVIIe siècle, qui, publié de 1611 à 1648, fut la première revue française à voir le jour.

Histoire de la revue[modifier | modifier le code]

Mercure galant (1672-1724)[modifier | modifier le code]

Le Mercure dont il est question est le dieu romain du commerce et des voleurs, le messager des dieux, que la tradition classique a fini par confondre avec le dieu grec Hermès, dieu protecteur.

Le Mercure galant est fondé par Jean Donneau de Visé et dirigé par lui jusqu'à sa mort, en 1710. La première livraison date de 1672. Il est d’abord publié sous la forme d’un trimestriel (puis d’un mensuel à partir de mars 1677). Le Mercure galant[2] a pour but d’informer le public des sujets les plus divers et de publier des poèmes ou des historiettes. Cette publication bénéficie d'un privilège royal[1]. Les premiers numéros du Mercure galant contenant plusieurs histoires véritables sont édités par Claude Barbin entre 1672 et 1674 et forment six volumes au format in-12.

La publication reprend en mars 1677 sous le titre de Nouveau Mercure galant, puis redevient le Mercure galant entre janvier 1678 et . De 1679 à il porte la mention « Dédié à Monseigneur le Dauphin ». De 1678 à 1685, un supplément trimestriel, l’Extraordinaire du Mercure galant[3] s'est ajouté aux périodiques mensuels. Conçus pour les contributions des lecteurs, ils publient leurs productions galantes et relatent les évènements particuliers. Entre 1680 et 1709, Jean Donneau de Visé s'associe à Thomas Corneille. En , la rédaction est reprise par Charles du Fresny. Le , Edme Boursault donna au théâtre la pièce le Mercure galant, ou la Comédie sans titre. Donneau de Visé s’étant plaint, pendant longtemps, cette comédie, imprimée sous le nom de Poisson, est intitulée la Comédie sans titre.

Au total 488 volumes ont été publiés entre 1672 et 1710[4] sous la direction de Donneau de Visé.

La revue continue à paraître après la mort de son fondateur, d'abord avec Charles Dufresny jusqu’en , soit 44 volumes.

Elle est reprise en , sous le titre Nouveau Mercure galant, avec à sa direction Lefebvre de Fontenay qui l'abandonne en , publiant entretemps un supplément fort remarqué en intitulé Journal historique de tout ce qui s'est passé depuis les premiers jours de la maladie de Louis XIV…, communiqué par le marquis de Dangeau.

En , l'abbé Pierre-François Buchet relance le titre jusqu’en mai 1721 sous le nom de Le Nouveau Mercure, introduisant une nouvelle typographie.

Premier Mercure de France (1724-1823)[modifier | modifier le code]

Marque de la revue telle qu'elle apparaît en page de titre en 1749.
Marque de la revue telle qu'elle apparaît en page de titre en 1812. Cette marque fut reprise par Vallette en 1890.

Avec la reprise par Antoine de La Roque, la revue change de titre au mois de et devient le Mercure de France, dédié au roi. La revue s'ouvre aux meilleurs morceaux choisis de la littérature.

Louis Fuzelier l'anime de 1745 à , puis c'est l'académicien Louis de Boissy jusqu’en 1758 et enfin dès août, Jean-François Marmontel en prend la direction, qui lui fut retirée aux commencement de l'année 1760, ce dernier ayant tendance à exagérer certains faits. Il fut remplacé par le traducteur angliciste Pierre-Antoine de La Place.

De 1768 à 1778, Le Mercure est la propriété de Jacques Lacombe, qui faisait partie de la rédaction depuis 1761, et le revend à l'éditeur Charles-Joseph Panckoucke. Jean-François de La Harpe en est le rédacteur pendant vingt ans, associé avec Jacques Mallet du Pan, ce dernier développant les aspects politiques, en remplacement de Joseph-Gaspard Dubois-Fontanelle. Panckoucke garda la direction jusqu'en 1798 et réunit jusqu'à 15 000 abonnés en l'intégrant dans son groupe éditorial, l'un des plus importants d'Europe. Durant les premières années de la République, sous la direction de Jean-Jacques Lenoir-Laroche, on y croise Marmontel, Julien Louis Geoffroy, Cabanis, Antoine-Alexandre Barbier

Héritier de Panckoucke, Henri Agasse revend le titre en 1799 au fils du libraire Cailleau qui publie 40 numéros. En 1800, la maquette est transformée, la direction passe à Jean-Baptiste Esménard et l'impression est confiée à Pierre Didot : Fontanes, La Harpe, Morellet, Bourlet de Vauxcelles essayent de faire revivre la revue sur une ligne conservatrice et catholique qui se veut proche de l'Empire.

En , la revue fusionne sur ordre de l'Empereur avec La Décade philosophique, journal pourtant idéologiquement opposé au Mercure. Les années 1814 et 1815 sont chaotiques et un lancement de formule hebdomadaire échoue puis le titre s'interrompt jusqu’en . La reprise est assurée par Roquefort qui emploie notamment Pierre-Joseph Briot qui signe « Bourg Saint-Edme ». Chateaubriand en est un moment propriétaire, jusqu'à 1807[5].

L'entreprise connaît des difficultés de parution. Une association d'écrivains libéraux d'opposition se forment et s'en va fonder Mercure du XIXe siècle, tandis que le Mercure de France cesse de paraître en 1825.

Deuxième Mercure de France (1835-1882)[modifier | modifier le code]

En 1835 le Mercure de France ressuscite. Dirigé par M. Piquée, placé sous l'égide éditoriale de Samuel-Henri Berthoud et imprimé par Auguste Desrez, ce nouveau journal n'est à l'évidence qu'une annexe du Musée des familles[6], et l'histoire des deux revues reste finalement, durant la période 1835-1882, concomitante.

Le nouveau Mercure de France paraît d'abord mensuellement de manière indépendante de jusqu'en [7]. Il est ensuite directement intégré à la fin des numéros mensuels du Musée des familles dont il devient un simple supplément gratuit en [8]. En 1846, il est à nouveau externalisé, pour être cette fois imprimé dans les pages intérieures des chemises de livraisons du Musée des familles[9]. En 1882, après le rachat du Musée des familles par Charles Delagrave, la rubrique du Mercure de France persiste, mais elle se réduit alors à un simple court article banal et insignifiant.

Troisième Mercure de France (1890-1965)[modifier | modifier le code]

Nouvelle marque de la revue à partir de 1897 : le casque ailé du dieu Mercure.

En janvier 1890 la revue littéraire du Mercure de France est refondée par Alfred Vallette et son épouse Rachilde, avec un groupe d’amis dont les réunions ont lieu au café de la Mère Clarisse, rue Jacob : Jean Moréas, Ernest Raynaud, Jules Renard, Remy de Gourmont, Louis Dumur, Alfred Jarry, Albert Samain, Saint-Pol-Roux, George-Albert Aurier et Julien Leclercq : la génération symboliste.

Cette revue ne fut possible qu'avec ce que l'on appelait à l'époque « La Seconde Pléiade » lancée par Rodolphe Darzens en 1886, qui accueille à cette époque de nombreux jeunes poètes, futurs collaborateurs du Mercure[10]. Alfred Vallette va y prendre le pouvoir et la transformer en un nouveau Mercure de France[11].

Selon André Billy[12] :

« C’est Louis Dumur qui, un soir de la fin de 1889, au café François Ier avait eu avec Édouard Dubus et Gabriel-Albert Aurier la conversation d’où résulta la résurrection du très ancien Mercure de France. Les trois jeunes gens tombèrent d’accord pour proposer à Vallette la direction de la nouvelle revue. Après un quart d’heure de réflexion, Vallette accepta et alla chercher Albert Samain et Louis Denise, qui amena Remy de Gourmont, son collègue à la BNF. Jean Court [1867-1933] fut recruté par Dubus, Julien Leclercq par Aurier, Ernest Raynaud par Dumur et Jules Renard par Raynaud. L’assemblée constitutive se tint au Café Français, près de la gare Saint-Lazare, et le 25 décembre 1889 parut le premier numéro du Mercure de France, daté de janvier 1890. Que de fois, au cours de nos réunions des Soirées de Paris, René Dalize ne devait-il pas nous rappeler l’exemple du Mercure ? Hélas, les Soirées de Paris n’eurent pas leur Alfred Vallette ! »

Elle accède progressivement à la reconnaissance et développe bientôt un département d'édition d'ouvrages, « Les éditions du Mercure de France » en 1893. Mallarmé, Remy de Gourmont et Heredia y font paraître quelques textes inédits. Elle devient bimensuelle en 1905.

Georges Duhamel remplace Vallette, mort en , les succès de cet auteur ayant permis à la revue de sortir indemne de la crise de 1929, puis laisse la place à Jacques Bernard, qui engage dès 1941 la revue dans la collaboration : il fut condamné en 1945 à cinq ans de réclusion[13]. Duhamel, actionnaire principal de la maison, confie ensuite la revue au résistant Paul Hartman : c'est lui qui accueille des textes d'Henri Michaux, Pierre Reverdy, Pierre Jean Jouve, Louis-René des Forêts et Yves Bonnefoy, ainsi que le Journal de Paul Léautaud.

En 1958, les éditions Gallimard rachètent les éditions du Mercure de France dont la direction est confiée à Simone Gallimard. La revue cesse de paraître à la fin de l'année 1965.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Ivan Chupin, Nicolas Hubé et Nicolas Kaciaf, Histoire politique et économique des médias en France, Paris, La Découverte, , 126 p. (ISBN 978-2-7071-5465-1), p. 14.
  2. Piéjus, Anne, dir., « Mercure galant. Textes sur la littérature, les spectacles et la musique, 1672-1710 », sur HUMAN-NUM, (consulté le )
  3. Dictionnaire des journaux 1600-1789 : Extraordinaire du Mercure galant (1678-1685)
  4. Édition de Corinne Thépaut-Cabasset, L'Esprit des modes au Grand Siècle, p. 13-14
  5. Annotation de Jean-Claude Berchet dans les Mémoires d'outre-tombe, livre XVIII, chapitre 5
  6. Revue de Paris, tome 15, 01/01/1835, p. 142
  7. Catalogue général de la BNF
  8. Mercure du 12 octobre au 12 novembre, Musée des familles tome 12 (1844-1845, novembre 1844, p. 63
  9. « Avis aux abonnés », Musée des familles, tome 13 (1845-846), août 1846, p. 352
  10. La Pléiade, notice du Catalogue général de la BNF, en ligne.
  11. « La main dans le sac » par Éric Dussert, dans Le Matricule des anges, janvier-mars 1998.
  12. A. Billy, Le Pont des Saint-Pères, coll. C'était hier, Fayard, 1947, p. 40.— sur Google Livres.
  13. « L'édition sous haute surveillance durant l'Occupation », dans Le livre contemporain par Élisabeth Parinet, BNF, en ligne.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Volumes disponibles en ligne (1672-1791)[modifier | modifier le code]

Volumes disponibles en ligne (1835-1836)[modifier | modifier le code]

Volumes disponibles en ligne (1890-1935)[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François Moureau, Le Mercure galant de Dufresny (1710-1714) ou le Journalisme à la mode, Oxford, The Voltaire Foundation, 1982.
  • Christophe Schuwey, Un entrepreneur des lettres au XVIIe siècle : Donneau de Visé, de Molière au « Mercure galant », Paris, Classiques Garnier, 2020.
  • Jean Sgard, Dictionnaire des journaux (1600-1789), Paris, Universitas, 1992.
  • Édition de Corinne Thépaut-Cabasset, L'Esprit des modes au Grand Siècle, CTHS (collection Format no 66), Paris, 2010 (ISBN 978-2-7355-0715-3) ; p. 253
  • Monique Vincent, Donneau de Visé et le Mercure galant, Atelier national de reproduction des thèses, 1987
  • Monique Vincent, Mercure Galant, Extraordinaire, Affaires du temps. Table analytique contenant l'inventaire de tous les articles publiés 1672-1710, Honoré Champion, Paris, 1998 (ISBN 978-2852038202) ; p. 1056
  • Monique Vincent, Le Mercure galant, présentation de la première presse féminine d'information et de culture, Honoré Champion, Paris, 2005 (ISBN 978-2745310408) ; p. 669
  • Mercure galant - Première période 1672-1674, Genève, Slatkine, 1982, p. 520
  • Les origines du Mercure de France
  • Une table générale des numéros depuis janvier 1890 à janvier 1956.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]