Melon (plante)

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Le Melon (Cucumis melo) est une plante herbacée annuelle originaire d'Afrique intertropicale, appartenant à la famille des Cucurbitacées et largement cultivée comme plante potagère pour son faux-fruit comestible. Le terme désigne aussi le fruit climactérique lui-même très savoureux, sucré et parfumé.

À ne pas confondre avec le « melon d'eau » (pastèque), mais cette expression désigne aussi certaines variétés de melons à chair blanche.

Botanique

Classification

Nom scientifique : Cucumis melo L. subsp. melo, famille des Cucurbitacées, sous-famille des Cucurbitoideae, tribu des Melothrieae, sous-tribu des Cucumerinae.

Le melon cultivé appartient à la sous-espèce Cucumis melo L. subsp. melo dont le faux-fruit est très polymorphe. Le fruit sauvage d'origine ne dépassait pas 30 à 50 g mais il a servi de base à la définition de très nombreuses variétés[1]. Celles-ci sont diversement rassemblées selon les auteurs en groupes, dont les plus importants sont :

  • Parmi les melons consommés comme fruits (récoltés à maturité):
    • Le groupe cantalupensis, melon cantaloup ;
    • Le groupe reticulatus, melon brodé ;
    • Le groupe inodorus, melon d'hiver ;
  • parmi les melons consommés comme légumes (récoltés avant maturité) :
    • Le groupe flexuosus, melon serpent ;
    • Le groupe momordica, melon phut (Inde).

Il existe un melon sauvage appelé localement « melon tsamma », présent dans le désert du Kalahari (voir aussi le Parc transfrontalier de Kgalagadi), qui avec les concombres sauvages est la seule source d'eau de la région pendant la période de sécheresse annuelle[2].

Le terme « melon » vient du latin melo, melonis. Ce terme provient d'une racine grecque signifiant « pomme », « fruit » (« pomme » se dit malum en latin).

Description

Le melon est une plante herbacée annuelle à tiges rampantes assez longues munies de vrilles.

Les feuilles sont généralement entières ou légèrement lobées.

Les plantes sont monoïques (sexes séparés sur des fleurs distinctes), et les fleurs, unisexuées sont jaunes. Les fleurs mâles apparaissent les premières. Le melon fleurit tout l'été de mai à septembre.

Le fruit est généralement volumineux, de forme ovale ou ronde et porte sur sa peau des divisions nettement dessinées. Sa peau est plus ou moins lisse, ou bosselée, côtelée, brodée ou galeuse, sa couleur varie de tous les tons du vert au jaune en passant par le blanc. La pulpe de couleur jaune à orangé est très juteuse et très parfumée à maturité. La cavité centrale, fibreuse, renferme de nombreux pépins.

Culture

Le melon est une plante allogame qui se cultive par semis au milieu du printemps. Mieux vaut semer en place car les racines des cucurbitacées sont assez fragiles. Planter deux ou trois graines (afin de sélectionner le meilleur plant) tous les mètres car le melon a tendance à s'étaler. Il apprécie un emplacement chaud, ensoleillé et un sol riche (type fumier). En l'absence de fumier et pour faciliter le développement, on pourra apporter un engrais riche en potassium (la 3e lettre de la formule standard NPK).

Pincer au-dessus des deux premières vraies feuilles. Puis, sur les deux tiges ainsi formées, repincer au-dessus de la 4e feuille. Pincer ensuite à trois feuilles après chaque melon. Ne conserver que trois à quatre fruits maximum par plant. Veiller également à supprimer les feuilles masquant les fruits.

Lorsque le melon commence à faire une certaine taille, on peut le poser sur une tuile ou un tapis de gravier pour le protéger de l'humidité du sol et de façon que ce support lui apporte un maximum de chaleur propice à la maturation du fruit.

Le melon est mûr lorsque ses feuilles et son écorce commencent à jaunir et sa peau et son pédoncule à craqueler.

Il y a quatre facteurs qui jouent sur la qualité d'un melon : Variété, ensoleillement, irrigation et maturité du fruit le jour de la récolte. Important : il faut récolter le melon après une bonne période d'ensoleillement et plutôt le soir que le matin (le matin, les sucres sont plus bas avec l'utilisation du sucre de la plante comme aliment pendant la nuit où la plante respire sans photosynthèse).

Le taux de sucre minimal pour être commercialisable est de 10 sur l'échelle de brix. En dessous de 9, c'est une courge.

Dans certains cas, le melon est greffé[3]. Le greffage en culture de melon a pour objectif de protéger les cultures contre certains agents pathogènes : • Verticillium dalhiaePhomopsis sclerotioidesFusarium oxysporum f. sp. melonis. Le greffage permet également de cultiver en conditions limites de sol (température basse, salinité élevée, etc.), défavorables à la culture du melon. Enfin, dans certaines conditions, le greffage permet d’augmenter la productivité des plantes, voire la qualité des fruits.

Maladies

Le melon est sensible à l'oïdium. Il a besoin d'un apport en eau régulier mais un arrosage à la base en évitant de mouiller les feuilles et un bon paillage limitent l'infection par l'oïdium.

Il est également sensible au Fusarium oxysporum, au mildiou et au virus mosaïque du concombre, de la pastèque et de la courgette, tous trois transmis par le même puceron (Aphis gossypii)[4].

Variétés cultivées

Melon brodé
Melon cantaloup
Melon Honeydew

En 2012, près de 900 variétés de melons sont inscrites au catalogue européen des variétés cultivées.

Il existe plusieurs types de melon :

  • Melon brodé (Cucumis melo reticulatus) : forme ronde, écorce liégeuse en relief, chair orangée. Sa peau épaisse avec du relief le caractérise.
  • Melon cantaloup : chair orangée, forme ronde, écorce lisse. Originaire d'Asie mineure et introduit en Italie à la Renaissance puis largement cultivé en France (Charentes, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne, Gers, Vaucluse et Bouches-du-Rhône) à partir du XVIe siècle. Le fruit est rond, l'écorce lisse ou « écrite » (c'est-à-dire présentant une formation liégeuse de faible intensité) vert clair, jaunissant légèrement à maturité, avec des lignes de suture (sillons) plus foncées, il pèse environ 1 kg. La chair est orangée, sucrée, juteuse et très parfumée. La maturation est climactérique. Les variétés anciennes sont à faible durée de conservation alors que certaines variétés récentes ont une plus longue durée de conservation.
  • Melon Galia : forme ronde, peau brun orangé, chair émeraude.
  • Melon hami
  • Melon Sucrin
  • Melon inodore (Cucumis melo inodorus), caractérisé par une peau lisse et inodore.
  • Melon d'Espagne
  • Melon Honeydew : Aussi appelé melon miel. Le fruit est rond, l'écorce est lisse, blanc gris. Il pèse 2 kg. La chair est verdâtre (parfois orangée dans certaines variétés récentes). Ce type à maturation non climactérique produit un fruit de bonne conservation. Il est cultivé aux États-Unis, en Amérique, en Australie et en Asie. Il dérive de l'ancienne variété « Blanc d'Antibes d'hiver ».
  • Melon Ogen
  • Melon Piel de sapo (« peau de crapaud » en espagnol). Le fruit est ovale, l'écorce verte mouchetée de jaune avec des taches vert foncé. La chair est blanc verdâtre, sucrée, juteuse, peu aromatique. La maturation est non climactérique. C'est le type le plus cultivé en Espagne et en Turquie (sous le nom de Kirkagac).

Certaines variétés aromatiques et à faible durée de conservation sont climactériques et d'autres peu aromatiques mais de longue conservation ne le sont pas.

En France

En 2014, plus de 265 variétés sont inscrites au Catalogue officiel, dont 15 sur la liste SVI (anciennes variétés destinées aux amateurs)

Quatre types variétaux sont principalement cultivés : le « cantaloup charentais », le « charentais brodé » , le « vert olive » (écorce vert olive, forme ovale) et le « galia » .

D'autres variétés plus anciennes sont encore cultivées, mais semblent être en voie de disparition : serpent, rouge de Perse, petit gris de Rennes, sucrin de Tours et melon de Trets.

Appellations locales

Voatango est un vocable malgache qui désigne le melon cultivé à Madagascar. Il est odorant mais sa chair est blanche et fade.

En France, trois productions bénéficient d'une IGP (indication géographique protégée), les melons du Haut-Poitou, ceux du Quercy et, depuis 2012, le melon de Guadeloupe[5].

Aspects économiques

La production mondiale de melons s'élève à 28,3 millions de tonnes[6].

Les principaux pays producteurs sont la Chine (qui produit à elle seule plus de 50 % de la production mondiale soit 15,1 millions de tonnes), la Turquie et l'Iran (1,2 million de tonnes chacun), l'Espagne, les États-Unis, la Roumanie, l'Égypte et l'Inde.

Le rendement moyen est de 211 quintaux par hectare, mais il atteint 333 q/ha aux Pays-Bas (cultures en serres) et 346 aux Émirats arabes unis, pays toutefois de faible production.

En Europe, les principaux producteurs sont l'Espagne (un million de tonnes), l'Italie (580,000 t), puis la France.

La France en produit environ 300 000 tonnes (13e rang mondial, rendement moyen 192 q/ha), mais n'est pas autosuffisante. Elle en importe 90 000 tonnes par an principalement en provenance d'Espagne, du Maroc et d'Israël.

Au Japon, à Yūbari, lors de ventes aux enchères, le prix de vente des melons peut varier de 30 euros à plusieurs milliers d'euros[7]la paire.

Utilisation

Melon associé au jambon de Parme

Les fruits mûrs se mangent crus, soit en entrée, soit en dessert. On peut aussi les cuire pour en faire des compotes et des confitures.

Un bon melon doit être lourd (signe qu'il est gorgé de sucre : le taux de sucre doit dépasser 10 degrés Brix pour être commercialisé, en dessous il est classifié comme courge), exhaler une odeur typée (le humer du côté de l'auréole) qui est signe de maturité. Trop forte, cette odeur est signe de surmaturité. Dans le cas du melon de Cavaillon la présence d'une craquelure voire d'un détachement du pécou (pédoncule déhiscent), est un signe de maturité, mais cela ne concerne pas tous les types de melons. Un bon melon lisse ou brodé doit avoir 10 tranches (9 est un signe de non maturité), bien marquées par un trait vert bleuté. La plupart des melons commercialisés en France ont un taux de sucre garanti. Le melon se conserve mieux dans un placard ou une cave fraîche qu'au réfrigérateur.

Pour certains gastronomes, la présence d'une petite aréole à la base du fruit, est un signe de qualité, indiquant un melon « femelle ». La largeur de l'aréole est seulement un indicateur concernant la variété. À noter que les recherches du CNRS publiées en 2008, ont trouvé un gène qui contrôle le sexe chez le melon. La majorité des variétés ont une andromonoécie, et possèdent des fleurs mâles et des fleurs hermaphrodites (avec les organes des deux sexes) sur un même plant. Le gène CmACS-7 a permis cette mutation du melon qui lui donne son andromonoécie. Ce gène provoque l'arrêt de la synthèse de l'éthylène ce qui a pour conséquence le développement des deux organes, de fleurs hermaphrodites qui se suffisent à elles-mêmes (pas d'insectes) pour produire des fruits.


Apport nutritionnel

En général, le melon ne dépasse pas les 40 kilocalories (Kcal) aux 100 grammes[8]

  • Le melon Honeydew est réputé contenir peu de nutriments et de modestes quantités de potassium et de vitamine A.
    Sa teneur en vitamine varie selon le type de cultivar, la taille du fruit, et surtout le type de sol de culture. Une étude[9] portant sur les teneurs en acide ascorbique total (AAT), en acide ascorbique (AA), et en Acide déshydroascorbique (DAA), ainsi qu'en acide folique (AF) et potassium (K) a été déterminée à pleine maturité dans les fruits de taille commerciale (tailles standardisées 4 à 9) pour 3 cultivars commerciaux ; Mega Brew, Morning Ice and TAM Dew Improved (TDI) à partir d'échantillons provenant de cultures de ces variétés et d'hybrides TDI × Green Ice sur deux types de sols (argileux et sableux). Le taux d'acide ascorbique total a augmenté avec la taille des fruits, jusqu'à un maximum (taille 6 ou 5), avant de diminuer quand le fruit était plus gros[9]. L'acide ascorbique total et le contenu en acide folique étaient peu liés à la taille, mais plus élevés dans les fruits venant de sols argileux (par rapport au substrat sableux). L'hybride expérimental était plus riche en AAT et significativement plus en AF indépendamment de la taille de fruits ou de type de sol[9]. L'acide ascorbique libre et le taux de DAA étaient généralement plus élevés à partir de fruits cultivés sur sol argileux que sableux mais le contenu en AA a été élevé dans de petits fruits et restait stable avec l'augmentation de la taille des fruits jusqu'à la taille 6 ou 5, avant de diminuer, tandis que le contenu DAA augmentait linéairement avec une augmentation de la taille des fruits.
    La teneur en potassium (1,7 mg/g de poids frais en moyenne) n'était pas affectée par la taille des fruits, du type de sol ou l'époque)[9].

Histoire

La région d'origine du melon n'est pas connue, selon certains il est originaire de l'Inde, selon d'autres, il vient de l'Iran ou encore de l'Afrique même. Ce qui est certain c'est qu'il était cultivé en Égypte 2000 ans avant notre ère. 5 siècles avant JC, sa production du delta du Nil était renommée. De là, sa production passa en Grèce, puis en Italie au Ier siècle après JC. Les Grecs désignaient divers cucurbitacées à chair douce par le nom "pepon" (sens littéral : cuit par le soleil - le soleil est sous entendu- , mûr ) , de "peptein" (cuire). Cela a donné en latin "pepo". De là découle "melopepon" en grec (littéralement pomme-courge cuite au soleil, de "melo" qui veut dire pomme, et "pepon") et donc "melopepo" en latin. Le nom français dérive donc plus du mot qui désigne la pomme en grec, "melon".

Il fait partie des plantes potagères énumérées dans le capitulaire De Villis par Charlemagne au début du IXe siècle. En 1495, le roi Charles VIII de France, de retour des guerres d'Italie, le réintroduit en France. Cependant, les variétés d'alors cultivées étaient peu sucrées et consommées en salades.

Au siècle suivant, des moines ramenèrent à Rome depuis l'Arménie, une variété ronde à chair orangée et savoureuse, qui fut cultivée dans les jardins de la résidence d'été des papes à Cantalupo, aux environs de Rome. Cette variété prit le nom en France de « Cantaloup » et dès le XVIe siècle sa culture se propage en Provence, dans la vallée du Rhône, dans le Languedoc, puis rejoint le Val de Loire, l'Anjou et la Touraine. De là, il approvisionne la Cour et les marchés de Paris. Ce n'est que plus tard qu'il se propage en Charente, où par sélection, les célèbres « cantaloups charentais », puis le « charentais brodé », seront créés bien plus tard.

Au XVIIIe siècle, la marquise de Sévigné en villégiature à Grignan en devint friande et Voltaire, le qualifia de « chef d'œuvre de l'été ».

Alexandre Dumas qui appréciait les melons et en particulier ceux de Cavaillon demanda, en échange du don de la totalité de son œuvre publiée (près de 400 volumes) qu'il fit en 1864 à la bibliothèque de la ville, une rente viagère de 12 melons par an. Ce que le conseil municipal accepta et lui servit jusqu'à sa mort en 1870. C'est ainsi que fut créée la confrérie des Chevaliers du melon de Cavaillon.

Idiotisme

En français, l'expression « avoir le melon » signifie « avoir la grosse tête »[10].

Galerie

Calendrier

Dans le calendrier républicain français, le 3e jour du mois de Thermidor est dénommé jour du Melon[11].

Notes et références

  1. "Histoire et amélioration de cinquante plantes cultivées" de Claire Doré, Fabrice Varoquaux - 840 pages - Éditions Quae, 2006 - (ISBN 978-2-7380-1215-9)
  2. Parc de Khal-agadi, pas si désert, article dans Science & Vie n° 1130, novembre 2011, pp. 18-21.
  3. Le greffage du melon
  4. Amélioration des espèces végétales cultivées: objectifs et critères de sélection de André Gallais, H. Bannerot - Éditions Quae, 1992 - 768 pages - (ISBN 978-2-7380-0383-6).
  5. Communiqué de l'Institut National de l'Origine et de la Qualité.
  6. Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) chiffre 2005.
  7. Site Journal des Femmes.
  8. Melon : un fruit gorgé d'eau et de soleil, Le Point, le 12 juin 2012.
  9. a b c et d G.E. Lester, K.M. Crosby, 2004, Human wellness compounds in Honeydew fruit : influence of cultivar and environment ; ISHS Acta Horticulturae 639: XXVI International Horticultural Congress: Expanding Roles for Horticulture in Improving Human Well-Being and Life Quality (Résumé, en anglais)
  10. Liste d'idiotismes botaniques français#M
  11. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 29.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Thierry Delahaye et Pascal Vin, Le melon et la pastèque, illustrations de Fabien Seignobos, Collection Chroniques du potager, éditions Actes Sud, Arles, 2002 (ISBN 2-7427-3476-7)
  • Cl. Chaux et Cl. Foury, Productions légumières, tome 3, légumineuses potagères, légumes fruits, chap. 7 Melon, Collection Agriculture d'aujourd'hui, éditions Lavoisier Tec & Doc, Paris, 1994 (ISBN 2-85206-975-X)

Liens externes

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