Maurice (film)

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Maurice

Réalisation James Ivory
Scénario Kit Hesketh-Harvey
James Ivory
Acteurs principaux
Sociétés de production Merchant Ivory Productions
Pays de production Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre drame
Durée 140 minutes
Sortie 1987

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Maurice est un film dramatique britannique coécrit et réalisé par James Ivory, sorti en 1987. Il s’agit de l’adaptation du roman éponyme posthume largement autobiographique d'Edward Morgan Forster.

Synopsis[modifier | modifier le code]

1909-1910. À Cambridge, Maurice Hall, d'une famille de la haute bourgeoisie, séduisant jeune homme ouvert et spontané, sympathise avec deux aristocrates et esprits forts : le dandy Risley et le séduisant mais tourmenté Clive Durham. Très vite, Maurice et Clive éprouvent l’un pour l’autre plus que de l’amitié. Mais Clive ne veut dans leur relation qu'un amour platonique qui ne satisfait pas Maurice. Renvoyé de l’Université, Maurice décide de faire carrière dans les affaires à la City tout en continuant à voir Clive dans la propriété de ce dernier à Pendersleigh Park où les jeunes gens continuent de flirter sous l'œil peu avisé de leur famille et sous celui, plus clairvoyant, des domestiques.

1911. Destiné à une carrière d’avocat et à un brillant avenir politique dans son comté, Clive passe tous ses week-ends londoniens avec Maurice. La condamnation de Risley pour conduite immorale (il est pris en flagrant délit et en Grande-Bretagne l'homosexualité est un crime), sa déchéance sociale l’effraie et il décide de prendre ses distances avec Maurice.

1912. Au retour d’un voyage en Grèce, Clive rompt brutalement avec Maurice : « Nous devons changer ».

1913. Clive se marie avec Anne, une jeune fille de son milieu, et Maurice, en visite à Penderleigh, tombe sous le charme du jeune garde-chasse, Alec Scudder qui assume ce qu'il est. Les deux jeunes gens ont une liaison. Après avoir en vain essayé de « guérir » son homosexualité, après avoir lutté contre son attirance et sa méfiance pour Scudder, Maurice s'accepte tel qu'il est, prend le risque de vivre pleinement cet amour-là, le révèle à Clive chez qui on peut deviner l'ombre d'un regret.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Commentaires[modifier | modifier le code]

Maurice raconte la difficulté de vivre son homosexualité dans l'univers conformiste et répressif de l’Angleterre édouardienne. Il s’agit sans doute du sommet de la trilogie consacré par Ivory à l’adaptation d’œuvres de Forster et qui comprend aussi Chambre avec vue et Retour à Howards End. Il bénéficie du soin habituel des productions Merchant/Ivory mais il est animé d’un souffle que l’on trouve plus rarement chez ce réalisateur : les trois interprètes principaux sont particulièrement remarquables.

Maurice est le roman le plus autobiographique de son auteur et ne fut publié qu’à titre posthume en raison de son sujet scandaleux. L’histoire se déroule dans un pays et à une époque où l’homosexualité était un délit passible de la prison et du fouet. Parfait représentant de la Middle class, élevé dans les valeurs traditionnelles, soucieux de ne rien faire dont il puisse être honteux, Maurice découvre la vérité de ses sentiments par l’aveu de Clive : « j’aurais vécu une vie de larve si vous ne m’aviez réveillé ». Clive regrette d’ailleurs aussitôt son aveu : il a peur d’être dénoncé au doyen ou à la police. Le personnage de Risley, personnage qui a beaucoup été développé et transformé par rapport au roman, s’inspire d’Oscar Wilde, victime d’un procès retentissant. De même, Maurice, vers la fin du film craint-il d’être victime d’un chantage de la part de son jeune amant. Il avait dit à Clive : « Nous sommes des hors-la-loi, tout cela nous serait enlevé si les gens savaient ». Clive semble sacrifier son bonheur, et se transforme en pantin guindé et corseté par les conventions par peur du scandale, comme le souligne Lasker-Jones, l’hypnotiseur que consulte Maurice pour se guérir de son mal : « l'Angleterre n'a jamais eu beaucoup d'inclination pour accepter la nature humaine ».

Dans une société figée en castes où les aristocrates regardent de haut les bourgeois et ne voient même pas leurs domestiques, la liaison entre Maurice et Alec est d’autant plus intolérable. De nombreux critiques ont reproché le happy end, un tel amour ne pouvant selon eux avoir d’avenir en raison des différences sociales ; la vie même de Forster contredit pourtant cette vision.

Le dernier plan, montrant Clive à la fenêtre, alors que surgit une dernière fois l’image de Maurice tel qu’il l’avait connu à Cambridge, souligne le gâchis d’une existence qui s’est soumise aux règles de la normalité. Maurice, lui, a brisé la cage et choisi pour la première fois d’être lui-même : conclusion romantique mais dont l’optimisme est tempéré par la date où s’achève l’histoire, à la veille de la Grande Guerre. On note, pendant le match de cricket, une brève apparition d'Helena Bonham Carter, vue précédemment dans Chambre avec vue (A Room With a View).

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Nomination[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]