Mátyás Rákosi

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Mátyás Rákosi
Illustration.
Assis, Mátyás Rákosi.
Fonctions
Président du Conseil des ministres de Hongrie

(10 mois et 20 jours)
Président István Dobi
Prédécesseur István Dobi
Successeur Imre Nagy
Secrétaire général du
Parti des travailleurs hongrois

(8 ans, 1 mois et 6 jours)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Ernő Gerő
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Ada, Autriche-Hongrie
Date de décès (à 78 ans)
Lieu de décès Gorki, URSS
Nationalité hongroise
Parti politique Parti des communistes de Hongrie
Parti des travailleurs hongrois
Religion Aucune (athée)

Mátyás Rákosi Mátyás Rákosi
Présidents du Conseil des ministres
de la République populaire de Hongrie
Mátyás Rákosi en 1947.

Mátyás Rákosi, né Mátyás Rosenfeld, le à Ada et mort le à Gorki, est un homme d'État hongrois. Secrétaire général du Parti communiste hongrois, puis du Parti des travailleurs hongrois, il est Premier ministre en 1952-1953. Il s'exile en Union soviétique lors de la révolution hongroise d'octobre 1956.

Biographie[modifier | modifier le code]

Du soldat au chef du Komintern[modifier | modifier le code]

Mátyás Rosenfeld naît à Ada, un village du comté de Bács, dans l'Empire austro-hongrois (aujourd'hui en Serbie), dans une famille juive, quatrième fils d'un épicier ; sa mère devait donner naissance à sept autres enfants, mais par la suite, il rejette complètement le judaïsme, et même toute religion, conformément à l'athéisme de la doctrine communiste.

Pendant la Première Guerre mondiale, il sert dans l'armée austro-hongroise sur le front de l'Est, où il est capturé. Les événements révolutionnaires en Russie font de lui un marxiste convaincu et, après son retour en Hongrie, il participe à la République des conseils de Hongrie de Béla Kun en qualité de commissaire au commerce ; après la chute du régime, il s'enfuit en Union soviétique. À son retour en Hongrie en 1924, il est emprisonné par le régime de l'amiral Horthy. Après seize ans d'emprisonnement, il est renvoyé en Union soviétique en 1940, en échange des drapeaux révolutionnaires hongrois capturés par les troupes russes à Világos en 1849. En Union soviétique, il devient un des chefs du Komintern. Il revient à Debrecen, en Hongrie, le , chargé par les autorités soviétiques d'organiser le Parti communiste.

« Le meilleur élève hongrois de Staline »[modifier | modifier le code]

Quand, après la Seconde Guerre mondiale, le Rideau de fer tombe sur la Hongrie et que des méthodes brutales portent les communistes au pouvoir, Rákosi devient secrétaire général du Parti communiste hongrois. Il dirige de façon très autoritaire le Parti, renforce son pouvoir et organise de 1945 à 1949 la « soviétisation » progressive du pays. Toutes les organisations « non-staliniennes » sont interdites ou mises au pas. Le Parti communiste impose la fusion au Parti agrarien, puis au Parti social-démocrate, pour former avec eux en le Parti des travailleurs hongrois, dont Rákosi prend la tête.

Rákosi se qualifie lui-même de « meilleur élève hongrois de Staline ». Pour sa politique de soviétisation systématique, il invente la « tactique du salami », expression par laquelle il explique comment on élimine morceau par morceau une opposition démocratique, prenant progressivement le contrôle de la République de Hongrie. En 1949, Rákosi commence à instituer la terreur d'État en chargeant la police de sécurité ÁVH à agir énergiquement contre tous les adversaires du régime ; plusieurs milliers de personnes perdent la vie. Le , la République de Hongrie adopte une nouvelle constitution, devenant la République populaire de Hongrie.

En 1952, Mátyás Rákosi devient également président du Conseil des ministres et fait peser sa lourde autorité sur le pays. Celui-ci connaît de graves problèmes économiques avec la détérioration massive des moyens de production et une crise de l'agriculture. Pour cette raison, après la mort de Staline, qui le protégeait, le gouvernement soviétique le contraint à céder la direction du gouvernement à Imre Nagy en . Il reste toutefois à la tête du Parti communiste. Peu de temps après, début 1955, son entourage reprend les rênes du pouvoir et Nagy est remplacé par András Hegedüs, rákosiste, le suivant. Alors que la rébellion du peuple hongrois se profile déjà à l'horizon, Rákosi fait arrêter et même exécuter des milliers d'opposants du régime.

La chute[modifier | modifier le code]

En , Nikita Khrouchtchev prononce son discours secret qui devait devenir célèbre, au XXe congrès du Parti communiste d'Union soviétique. Il y dénonce le culte stalinien de la personnalité dans les autres pays du bloc soviétique. Cinq mois plus tard, Rákosi est contraint de quitter son poste et le doit rédiger son autocritique, dans laquelle il demande à être démis de ses fonctions (pour raisons de santé) et qui est publiée dans les journaux hongrois[1]. Il est brièvement remplacé par Ernő Gerő en tant que secrétaire général du Parti communiste et, alors que la révolution hongroise bat son plein, préfère une nouvelle fois s'enfuir en Union soviétique où il vit encore quinze ans. Il est toutefois exclu du Parti communiste en 1962. Il réside pour le reste de sa vie en République socialiste soviétique kirghize avant de mourir en 1971. Il est enterré au cimetière de Farkasrét.

Antisémitisme[modifier | modifier le code]

Au cours de la Révolution hongroise de 1956, des Juifs se battent des deux côtés de la barricade, mais, à la suite de la révolution, on assiste à une réaction antisémite contre les membres juifs de l'ancien gouvernement dirigé par Rákosi[2]. Pendant le gouvernement de Rákosi et son régime communiste, l'athéisme est favorisé, et non pas la religion : le sionisme et le respect des règles religieuses juives sont mis hors la loi suivant l'exemple du dirigeant de l'époque Joseph Staline[3]. Pendant un certain temps, beaucoup de Juifs sont expulsés des grandes villes vers la province. Bien que Rákosi soit d'origine juive, il conforme ses actions à son point de vue politique et non aux traditions de sa communauté, et il se joint à la campagne antisémite de Staline en 1953, si bien qu'il commence à préparer un simulacre de procès antisémite à l'instar des procès de Prague et qui prend fin après la mort prématurée de Staline, celui-ci tramant également un sombre dessein vis-à-vis d'eux[4]. Les juifs communistes n'en sont pas moins écartés progressivement politiquement mais non physiquement des postes à responsabilité et l'expulsion des juifs de la vie publique est achevée au cours de la période Kádár qui dura jusqu'en mai 1988[2], celui-ci étant ensuite remplacé le 23 novembre de la même année à la présidence du Conseil par Károly Grósz.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (de) Peter Gosztony (Herausgeber), Der Ungarische Volksaufstand in Augenzeugenberichten, p. 61, Deutscher Taschenbuch Verlag, Munich, 1981.
  2. a et b Victor Karady, « Antisémitisme et stratégies d'intégration. Juifs et non-Juifs dans la Hongrie contemporaine », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 48, no 2,‎ , p. 239-264 (DOI 10.3406/ahess.1993.279132, lire en ligne).
  3. « L'Observatoire du conspirationnisme », sur Conspiracy Watch / L'Observatoire du…, (consulté le ).
  4. « Staline aussi voulait sa solution finale », Le Point,‎ (lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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