Marouna

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Marouna (Maro'una[1]) est dans tradition orale des îles Cook, l'un des ancêtres et anciens Ariki d'Aitutaki. Sa descendance serait à l'origine des quatre chefferies actuelles de l'île, à savoir Vairuarangi Ariki, Tamatoa Ariki, Teurukura Ariki et Manarangi Ariki.

Les origines de Marouna[modifier | modifier le code]

Marouna serait le descendant par sa mère, Maine Maraeura, de Ruatapu, l'un des trois grands ancêtres fondateurs de l'île d'Aitutaki.

  • Ruatapu (m)
    • Kirikava (m).
      • Maeva Rangi (m)
        • Maeva Kura (m)
          • Maine Maraeura (f)
            • Marouna (m)

Sa mère aurait été envoyée à Rarotonga pour épouser en premières noces Tamaiva[2] Celui-ci devait décéder avant qu'ils aient pu avoir un enfant. Elle épousa alors I'i-ma-te-tapua de qui naquit Marouna.

Marouna aurait passé sa jeunesse à Rarotonga. Il y aurait épousé une certaine Ratia avec qui il aurait eu un premier fils du nom de Tane. C'est à cette époque que l'île d'Aitutaki aurait subi une invasion en provenance de l'est, celle des Aitu[3]. Le grand-père de Marouna, Maeva Kura qui était le grand chef d'Aitutaki, fit alors appel à lui pour l'aider à combattre les Aitu

Marouna libère Aitutaki des Aitu[modifier | modifier le code]

Avant de se rendre à Aitutaki, Marouna devait tout d'abord trouver une pirogue et nouer des alliances avec les îles avoisinantes.

"Marouna demanda à sa mère de lui donner le temps de construire une pirogue, mais celle-ci lui répondit que s'il faisait ainsi, il ne trouverait à son arrivée à Utataki-Enua[4] que les os décomposés de son grand-père. Elle lui dit de prendre l'une des plumes de sa coiffe rouge[5], car il était le petit-fils d'un ariki, et de demander en échange de celle-ci à un homme du nom de Angainui, une pirogue. Marouna fit comme sa mère lui dit et alla voir Angainui à qui il donna une plume rouge contre sa pirogue. Anganui lui demanda néanmoins de conserver le nom de celle-ci, Te Mata o te-koviri[6]. Le jour suivant fut consacré par Marouna et les siens à la collecte de nourriture et d'eau pour le voyage. Il choisit ensuite six des meilleurs piroguiers pour l'accompagner et l'aider à naviguer. Marouna partit le lendemain, sa mère lui ayant demandé d'aller directement à Utataki-Enua. Mais une fois hors de vue des côtes, Marouna décida de se rendre tout d'abord à Atiu pour y trouver de bons guerriers."[7].

Après moult péripéties, le meilleur guerrier d'Atiu du nom Tarapaitoa[8] accepta de l'accompagner. Marouna alla ensuite à Mitiaro où le rejoignit Taratekui[9], puis à Mauke où Taratekurupa[10] fit de même. A Mangaia et enfin à Niue, deux autres guerriers Ue[11] et Kavau, acceptèrent également de le rejoindre[12].

Après ces différentes escales plus ou moins symboliques, la pirogue put enfin se diriger vers Aitutaki. Les combats durèrent quatre jours, au bout desquels tous les Aitu furent tués et cuits. Marouna fit alors don de parcelles de terre[13] à chacun des guerriers l'ayant accompagné et qui selon la tradition y aurait toujours des descendants.

La descendance de Marouna et l'origine des quatre chefferies d'Aitutaki[modifier | modifier le code]

À la mort de son grand-père Maeva Rangi, Marouna lui succéda au titre d'Ariki d'Aitutaki. Il aurait alors épousé en secondes noces une Aitutakienne du nom de Uenuku Kaiatia[14], avec qui il eut un fils du nom de Te Tupu o Rongo[15]

Ce dernier eut à son tour trois femmes avec qui il eut trois fils à qui il donna chacun un titre d'Ariki. La quatrième titre d'Ariki aurait été donné par Te Tupu o Rongo à Tane (ou l'un de ses descendants), le premier fils qu'aurait eu Marouna à Rarotonga (voir plus haut)

  • Marouna (m) eut deux épouses : Ratia (f) de Rarotonga et Uenuku Kaiatia (f) d'Aitutaki.
    • Te Tupu o Rongo (m) est le fils de Marouna et Uenuku Kaiatia[16].Il aurait eu à son tour trois épouses : Te Urei (f), Katapu ki te marae (f) et Pure Upoko (f).
      • Te Rangi-o-Tangaroa"' fils aîné de Te Tupu o Rongo (m) et Te Urei (f) obtient le titre de Vairuarangi Ariki.
      • Nga Ariki-tokoa fils aîné de Te Tupu o Rongo (m) et de Katapu ki te marae (f) obtient le titre de Tamatoa Ariki.
      • Te Ariki vao fils aîné de Te Tupu o Rongo (m) et de Pure Upoko (f) obtient le titre de Teurukura Ariki.
    • Tane (m) serait le fils de Marouna et Ratia. Il obtient lui-même ou l'un de ses descendants le titre de Manarangi Ariki.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Littéralement la ceinture pourpre d'ariki (maro) cachée ('una)
  2. Sans doute s'agit-îl d'un descendant du premier fils de Ruatapu (cf article qui lui est consacré)
  3. Si ce n'est leur origine orientale sur laquelle s'accorde la plupart des traditions, nous ne connaissons que peu de choses sur ces Aitu qui envahirent également Mangaia, Atiu, Mauke… Selon la tradition de Mangaia où vivraient toujours certains de leurs descendants (les Ngati Tane), ils seraient originaires de Tahiti. Le terme Aitu se retrouve également dans de nombreuses langues polynésiennes avec le sens de « fantômes ».
  4. Un des autres noms d'Aitutaki
  5. Il s'agit du pare kura (chapeau rouge), l'un des attributs portés exclusivement par les chefs
  6. Littéralement, "la maille de la natte de pandanus", une natte tressée faisant référence symboliquement dans la littérature orale polynésienne, à l'idée d'alliance
  7. Timi Koro, "The story of the canoe Te Kare-roa-i-tai, which was sailed by Ruatapu Ariki" in JPS, 1934
  8. Littéralement "le guerrier (toa) à la lance (tara) efficace (pai)
  9. Littéralement, "la lance effilée"
  10. "La lance pénétrante"
  11. Littéralement la Calebasse
  12. La version de Maui Pomare varie quelque peu quant à ces guerriers. Selon lui, Ue et Kavau seraient tous deux de Mangaia, Taratekui et Taratekurupa de Mauke, Tara-tutuma and Tara-tuau de Mitiaro, mais on y retrouve bien Tarapaitoa comme seul guerrier d'Atiu à l'accompagner.
  13. Dont chacune a un nom et un emplacement précis
  14. Elle serait originaire de ce qui est aujourd'hui le district d'Ureia. À noter que l'on retrouve le même nom à propos de la première épouse rarotongienne de Ruatapu
  15. Selon les sources appelé également Te Tapu o Rangi
  16. Dans certains récits, il serait son petit-fils ayant été précédé par Te Aukura

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Timi Koro, "The story of the canoe Te Kare-roa-i-tai, which was sailed by Ruatapu Ariki" in JPS, 1934
  • Collectif, "Te akapapaanga o te ui ariki o Araura" in "Te Korero o Aitutaki na te Tumu Korero", Ministry of Cultural Development, 1992, p.44-45.
  • Maui Pomare, "The Explorations of Ruatapu", in "Legends of the Maori (Volume 2)", Papakura, New Zealand.
  • Howard Henry, "The Book of Tetaura-Raru, The Henry Family of the Cook Islands : Our Genealogy of 1000 years", Sovereign Pacific Publishing Company, Auckland, New Zealand.

Voir aussi[modifier | modifier le code]