Marie Ismaël-Garcin

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Marie Ismaël-Garcin
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Marie Ismaël-Garcin
en costume de scène
Lille vers 1885

Naissance
Marseille, Drapeau de la France France
Décès (à 88 ans)
Marseille, Drapeau de la France France
Activité principale Artiste lyrique
soprano lyrique léger
Style
Années d'activité 1880-1889
Maîtres Ismaël

Marie Ismaël-Garcin (1858-1946), est une cantatrice française qui chante des rôles importants comme « chanteuse légère » dans plusieurs opéras de province français pendant les années 1880. Son mari est le baryton français Jean-Vital Jammes – Ismaël à la scène.

Vie et carrière musicale[modifier | modifier le code]

Marie Ismaël-Garcin est née Rose Françoise Marie Garcin à Marseille. Son père, Louis François, est journalier agricole, et sa mère, Charlotte Rose Girard, rempailleuse de chaises, tous deux de père inconnu. Louis accède ensuite à la petite bourgeoisie en devenant pédicure[N 1] rue Saint Ferréol à Marseille. Marie reçoit — pour une jeune fille de son temps — une bonne éducation (elle a des précepteurs à domicile) et ses parents peuvent l'envoyer vers 1876-1877 à Paris étudier le chant, pour lequel elle montre des dispositions. Son professeur sera Jean-Vital Jammes, artiste très connu à Marseille. Sa première apparition publique liée à Ismaël a lieu en [N 2],[Fig 1]. Elle l’épousera plus tard et chantera alors sous le nom d’Ismaël-Garcin.

D'après une de ses biographies de l'époque[1] datée de 1887, elle débute à Gand, puis chante à Bordeaux. En 1880 elle fait ses débuts sur la scène du Grand Théâtre de Marseille et joue en particulier dans Zampa de Herold. Elle passe ensuite à Lille, et elle chante la saison suivante en tant que première chanteuse au Grand Théâtre d’Angers en 1883. Elle y obtient un grand succès dans Fra Diavolo et en tant qu’Annette dans Robin des Bois (une adaptation de Der Freischütz) de Weber[2]. Selon Jules Breton, elle « … était douée d’une voix merveilleuse, puissante et souple ; c’était une cantatrice de haute valeur »[3]. Les années suivantes, nous la retrouvons à Alger, puis à Genève. En 1885, elle épouse Ismaël. En effet, dès la promulgation de la loi sur le divorce en 1884, Ismaël l'a demandé pour épouser Marie. Il vivait « séparé de corps » de sa femme Alceste Cœuriot depuis des années. Au Cercle artistique de Marseille, Marie Ismaël s’attire fin une description de sa voix très louangeuse, reprise dans Le Figaro :

« Sa voix souple, étoffée, d’une singulière étendue, franchit avec une égale valeur tous les degrés de l’échelle des soprani. Large, veloutée, fondante dans le cantabilé, elle possède dans les exercices de légèreté une incomparable facilité de mécanisme. Ses variations de Proch ont été un feu d'artificetrilles, gruppetti, arpèges, staccati, jaillissaient, pleuvaient, et s’épanouissaient en fusées, avec une justesse, un éclat, une netteté rares[Fig 2]. »

En 1885-1886, Marie chante au Théâtre du Capitole de Toulouse. Dans la troupe se trouve également Alceste Ismaël revenue cette année-là du théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Un jour du printemps 1886, Marie et Alceste finissent par se retrouver sur scène ensemble, dans une même représentation de Faust et sous le même nom d'Ismaël — Alceste dans Marthe et Marie jouant Marguerite. Il s'ensuit un procès, Jean-Vital Jammes - qui assistait à la représentation - refusant qu'Alceste continue à porter son nom de scène après leur divorce. Mais Alceste gagne définitivement, devant le tribunal civil de Toulouse, le droit de se faire appeler Ismaël sur scène[4],[Tps 1],[Tps 2],[5]. À compter de ce jour, Marie joue sous le nom d'Ismaël-Garcin.

En 1886, Marie Ismaël-Garcin signe un nouveau contrat au Grand Théâtre de Marseille comme « première chanteuse légère[N 3] ». Elle y paraît pendant la saison 1886-1887 comme Catherine Glover dans La Jolie fille de Perth de Bizet et Ophélie dans Hamlet de Thomas, entre autres rôles[Ved 1]. Nous la retrouvons à la saison 1888-1889 au théâtre Graslin de Nantes. Selon Étienne Destranges, écrivant dans Le Théâtre à Nantes, Marie Ismaël-Garcin avait été une cantatrice très prometteuse. En particulier à Nantes, elle avait eu un grand succès en Dinorah dans Le Pardon de Ploërmel de Meyerbeer. Les critiques de la Gazette artistique de Nantes sont très élogieuses en 1888 et la qualifient d'« étoile » du théâtre Graslin. Mais en 1889 sa voix était déjà sur le déclin. Après un échec dans Le Roi d'Ys de Lalo en avril de cette année, elle se retire définitivement de la scène — apparemment pour un problème vocal[ThN 1].

Marie et Ismaël à leur villa de Marseille vers 1890

Ismaël avait pris sa retraite définitive en 1882 (ou 1886). Il passe ses dernières années avec Marie à sa villa de Marseille. Après sa mort en 1893, Marie Garcin ne se remarie pas et vit jusqu’à son décès dans sa villa. Le périodique marseillais La Vedette, op. cit., nous informe qu'elle reste active dans la vie mondaine et musicale locale jusqu'en 1910 au moins. Cette année-là, elle joue à une représentation de charité dans Joli Gilles de Ferdinand Poise[Ved 2]. Marie Ismaël-Garcin n'a jamais eu d'enfant, et son mari Jean-Vital Jammes n'a pas non plus de descendance connue. Toutefois, Marie adopte en 1925 sa filleule Marie-Rose Ménard, née en 1898 à Marseille, et ainsi devenue Marie-Rose Ménard-Garcin[6]. Marie Ismaël-Garcin décède à son domicile en 1946, et repose depuis avec son mari dans le caveau familial du Cimetière Saint-Pierre à Marseille[N 4].

Répertoire[modifier | modifier le code]

Représentations au Grand-Théâtre d'Angers (1883-1884)[modifier | modifier le code]

Représentations au Théâtre Graslin de Nantes (1888-1889)[modifier | modifier le code]

Sous la direction Poitevin, Marie chante en particulier pendant cette saison[GAN 1] :

Elle résilie son contrat pour raisons de santé avant le [GAN 15] et ne remontera plus sur scène à titre professionnel.

Iconographie[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Selon les informations de L'Indicateur Marseillais, annuaire des Bouches du Rhône vers 1850-1900
  2. Elle chante à la première communion du fils d'Ismaël, en l'église Notre-Dame de Pontoise, avec d'autres élèves
  3. Cette voix — qui correspondait aussi à un emploi d'opéra-comique — pourrait se classer aujourd'hui comme « soprano lyrique léger » — voir l'article soprano.
  4. Sa tombe se trouve au Carré 17 Est, 4e rang, no 28, Concession N° 3 479.
  5. Le voyage en Chine, opéra-comique en trois actes de François Emmanuel Joseph Bazin, livret d'Eugène Labiche, disponible sur University of Toronto, Robarts Library.
  6. Première mauvaise critique à Nantes : « … le reproche de ne pas toujours chanter juste. »
  7. Assez bonne critique, mais ragots négatifs

Références[modifier | modifier le code]

Presse quotidienne nationale[modifier | modifier le code]
Le Temps[modifier | modifier le code]
  1. Le Temps, 5 mai 1886, exposé de l’affaire, lire en ligne sur Gallica
  2. Le Temps, 26 mai 1886, jugement du tribunal, lire en ligne sur Gallica
Presse spécialisée[modifier | modifier le code]
La Gazette artistique de Nantes[modifier | modifier le code]
  1. Sauf indication contraire, la source est la Gazette artistique de Nantes, lire en ligne sur Gallica
  2. 11 octobre 1888, lire en ligne sur Gallica
  3. 18 octobre 1888 p. 3, lire en ligne sur Gallica
  4. 25 octobre 1888, lire en ligne sur Gallica
  5. 3 novembre 1888, p. 2, lire en ligne sur Gallica
  6. 15 novembre 1888 p. 2 et 3, lire en ligne sur Gallica
  7. 22 novembre 1888, p. 2, lire en ligne sur Gallica
  8. 29 novembre 1888, lire en ligne sur Gallica
  9. 10 janvier 1889, p. 5-6, lire en ligne sur Gallica
  10. 10 janvier 1889, p. 5 et 6, lire en ligne sur Gallica
  11. 24 janvier 1889, lire en ligne sur Gallica
  12. 31 janvier 1889, p. 5 et 6, lire en ligne sur Gallica
  13. 28 février 1889, p. 3, lire en ligne sur Gallica
  14. 4 avril 1889, lire en ligne sur Gallica
  15. 20 avril 1889, p. 2, lire en ligne sur Gallica
La Vedette[modifier | modifier le code]
  1. Auditor, 8 janvier 1887, p. 30-31
  2. Gentet, 17 décembre 1910, p. 475
Ouvrages spécialisés[modifier | modifier le code]
Le Théâtre à Nantes, depuis ses origines jusqu'à nos jours[modifier | modifier le code]
  1. Destrange 1893, p. 423, op. cit., [lire en ligne (page consultée le 3 janvier 2013)], lire en ligne sur Gallica.
Autres références[modifier | modifier le code]
  1. Dans Marseille Artiste
  2. Œil Sincère, 14 janvier 1884, p. 3 ; Savarin, 28 novembre 1880, p. 58
  3. Jules Breton, Le théâtre à Angers, notations rétrospectives 1883-1886 dans Angers-artiste, 13 février 1904, p. 298, lire en ligne sur Gallica
  4. Armand Silvestre, « Deux femmes pour un mari » in Georges d'Heylli (dir.) Gazette anecdotique, littéraire, artistique et bibliographique, vol. 1, Paris, Librairie des bibliophiles, 1886, p. 213.
  5. Hippolyte-Ferréol Rivière, « Acteurs : Propriété des noms et pseudonymes », Pandectes françaises : Nouveau répertoire de doctrine, de législation et de jurisprudence, vol. 2, Paris, Chevalier-Marescq, 1887, p. 6-8, lire en ligne sur Gallica.
  6. Adoption de Marie-Rose Ménard par Marie Garcin, en 1925

Bibliographie et sources[modifier | modifier le code]

Bibliographie rassemblée dans la catégorie « Modèles de sources pour la musique classique ».
Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article..

Livres[modifier | modifier le code]

  • Étienne Destrange, Le Théâtre à Nantes, depuis ses origines jusqu’à nos jours, Paris, Fischbacher, (lire en ligne), lire en ligne sur Gallica, Document utilisé pour la rédaction de l’article.
  • Georges Heylli (d’) (dir.) et al., Gazette anecdotique, littéraire, artistique et bibliographique, Paris, Librairie des bibliophiles, 1876-1891 (lire en ligne), disponible sur University of Toronto, Robarts Library, Document utilisé pour la rédaction de l’article.
  • Hippolyte-Ferréol Rivière (dir.) et al., Pandectes françaises : Nouveau répertoire de doctrine, de législation et de jurisprudence, vol. 2, Paris, Chevalier-Marescq, (lire en ligne), lire en ligne sur Gallica, Document utilisé pour la rédaction de l’article.
  • Paul-Armand Silvestre, 1880, Deux femmes pour un mari, publication originale dans Gil Blas, Georges d'Heylli (ed.) Gazette anecdotique, littéraire, artistique et bibliographique, Vol. 1, p. 213. Librairie des bibliophiles

Périodiques[modifier | modifier le code]

Divers

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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