Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon

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Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon
Portrait par Étienne Jehandier Desrochers vers 1697.
Biographie
Naissance
Décès
(à 69 ans)
Paris
Nom dans la langue maternelle
Marie-Jeanne L'Héritier de VillandonVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
TélésilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
française
Activités
Autres informations
Membre de

Marie-Jeanne L’Héritier de Villandon, née le à Paris où elle est morte le , est une romancière, une poétesse et auteure de conte de fées française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fille de l’homme de lettres, Nicolas L’Héritier de Villandon, né vers 1613 à Paris, mort en 1680[1], qui, après avoir servi dans les mousquetaires et les gardes-françaises, devint historiographe du roi[2], Marie-Jeanne L’Héritier de Villandon était « une savante issue d’une famille d’érudits qui s’est entourée de gens mondains et précieux[3] » : nièce de Charles Perrault et amie de Madeleine de Scudéry, Marie-Catherine d'Aulnoy et d’Henriette-Julie de Murat, elle a appartenu au mouvement des Précieuses[3],[4]. Elle a rédigé beaucoup de bout-rimés et quatre contes de fées, Finette ou l'Adroite Princesse, Ricdin-Ricdon, la Robe de sincérité et Les Enchantements de l'Éloquence (1696[5]), un an avant Les Fées (1697) de son « oncle » Charles Perrault (Charles Perrault était en réalité le cousin germain de sa mère, donc son cousin au 3e degré. Il était donc son oncle « à la mode de Bretagne » [6]), avec qui elle échangeait sur leurs travaux de création, une autre version du même conte.

À la différence de nombre de ses consœurs, dont la vie désordonnée a pu prêter le flanc à la critique, ses mœurs étaient inattaquables, vivant des revenus de ses travaux littéraires et des libéralités de la duchesse de Longueville (dont elle a rédigé la biographie)[réf. nécessaire] et de la duchesse d’Épernon[7] (à qui elle a dédié son conte les Enchantements de l’éloquence, dans les Œuvres meslées, son premier ouvrage datant de ). Madeleine de Scudéry, qui, comme elle, ne s’était jamais mariée, lui a servi de mentor et lui a légué, en , son salon où, en dépit de son peu de moyens, tout le monde se pressait[3]. Bien qu’elle se dise précurseur dans le genre du conte des fées[8], elle y eut, au contraire de certaines de ses consœurs, très peu recours dans ses propres contes.

Vers la fin de la vie, L’Héritier a traduit des Épîtres héroïques d’Ovide en .

Ayant reçu le triple prix des Lanternistes de Toulouse et le prix de l’Académie des Palinods de Caen, elle fut reçue à l’Académie des Jeux floraux de Toulouse en et à l’Académie des Ricovrati de Padoue en [3]. À sa mort, le Journal des sçavans lui consacra une nécrologie de six pages, distinction habituellement réservée seulement aux intellectuels de grand renom, et mentionne qu'elle avait reçu le surnom de Télésille, Madeleine de Scudéry portant celui de Sapho[9].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Page de titre de l’édition originale des Œuvres Meslees (1696).
Gravure de l’Adroite Princesse, collection de la Bibliothèque publique de Toronto.
  • Œuvres meslées : contenant L’innocente tromperie, L’avare puny, Les enchantemens de l’eloquence, Les avantures de Finette : nouvelles et autres ouvrages en vers et en prose (avec Le Triomphe de Madame Des-Houlieres, tel qu’il a été composé par Mlle L’H***), Paris, Jean Guignard, , 420 p., 28 cm (OCLC 703274324, lire en ligne).
  • La Tour ténébreuse et les jours lumineux : contes anglois, Amsterdam, Jacques Desbordes, , 192 p. (lire en ligne).
  • Les Caprices du destin : ou Recueil d’histoires singulières et amusantes arrivées de nos jours, Paris, Pierre-Michel Huart, (lire en ligne).

Rééditions modernes[modifier | modifier le code]

Traductions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures : contenant des notices sur les écrivains de tous les temps et de tous les pays, t. 1, Paris, Hachette et Cie, , 2096 p. (lire en ligne), p. 1248.
  2. On lui doit deux tragédies, Hercule furieux (1638), traduite d’Euripide, et le Grand Clovis, premier roi chrétien, mauvaises, selon Gustave Vapereau, op. cit. On cite, en outre : Tableau historique des principaux événements de la monarchie française (Paris, 1669, in-12) ; des pièces de vers, dans le Recueil de portraits et débats (Ibid., 1659, 2 vol. in-8).
  3. a b c et d Sophie Raynard, La Seconde Préciosité : floraison des conteuses de 1690 à 1756, Tübingen, Gunter Narr Verlag, , 512 p. (ISBN 978-3-8233-5542-7, lire en ligne), p. 63.
  4. Selon Sophie Raynard, de la « première préciosité », celle définie comme « de relation » par René Bray, car « repos[ant] sur des rapports mondains, sur l’existence d’une société ; elle ne se conçoit pas hors d’une cour ou d’un salon. Elle n’est pas solitaire, mais publique… » Voir René Bray, La Préciosité et les Précieux : de Thibaut de Champagne à Jean Giraudoux, Paris, Nizet, , 406 p. (OCLC 299935910, lire en ligne), p. 392.
  5. Le privilège est daté de 1695, mais le livre ne fut publié que l’année suivante.
  6. Robert, p. 18.
  7. Marie du Cambout de Coislin, seconde femme du duc d'Épernon, veuf de Gabrielle de Bourbon, fille légitimée de Henri IV et de la marquise de Verneuil. Elle était fille de Charles, marquis de Coislin, chevalier des ordres, conseiller d'État, lieutenant général en Bretagne, et de Philippe de Beurges, sa première femme. Elle avait épousé le duc d'Épernon, le 28 novembre 1634, et mourut au Val-de-Grâce, le 12 février 1691.
  8. Elle affirme en effet avoir lancé la mode et avoir incité d’autres écrivaines, en particulier Henriette-Julie de Murat, à la poursuivre. Voir Sophie Raynard, op. cit.
  9. Journal des sçavans, 1734, p. 834 lire sur Google Livres
  10. « Authorship is variously attributed to Charles Perrault, the abbé de Choisy and Marie-Jeanne L'Héritier, either as sole authors or in collaboration.  »

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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