Pierre Flourens

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Pierre Flourens
Fonctions
Conseiller général de la Seine
-
Conseiller municipal de Paris
-
Directeur du Muséum national d'histoire naturelle
-
Pair de France
-
Fauteuil 29 de l'Académie française
à partir du
Député de l'Hérault
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Tombe de Marie-Jean-Pierre Flourens et son fils aîné Gustave Flourens (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom officiel
Marie-Jean-Pierre FlourensVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Formation
Activités
Enfants
Gustave Flourens
Émile Flourens
Pierre Abel Flourens (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Distinctions
Vue de la sépulture.

Marie Jean Pierre Flourens, né à Maureilhan (Hérault) le et mort à Montgeron (Essonne) le , est un médecin et biologiste français, considéré comme l'un des fondateurs des neurosciences expérimentales. Il joue aussi un grand rôle dans le développement de l'anesthésie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Pierre Flourens fait ses études de médecine à Montpellier et suit notamment les cours d'Augustin Pyrame de Candolle (1778-1841). Il obtient son titre de docteur en médecine en 1813, mais il préfère se consacrer à sa passion, l'histoire naturelle, et se rend l’année suivante à Paris muni de lettres de recommandation adressées à Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829), Étienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844) et Antoine Portal (1742-1832).

Flourens s'engage alors dans des recherches sur la physiologie du système nerveux et connaît un début de notoriété scientifique et intellectuelle, comme en témoigne son invitation par l'Athénée de Paris[1] à donner une série de cours sur la théorie physiologique des sensations, en 1821. À partir de 1825, ses travaux portent sur les effets de lésions chirurgicales du système nerveux. En étudiant avec précision les conséquences sur le comportement, la motricité ou la sensibilité de lésions appliquées au cerveau de lapins, Flourens veut vérifier la théorie du localisationnisme cérébral selon laquelle le cerveau serait composé de régions distinctes impliquées chacune dans une fonction mentale spécifique. Son expertise lui vaut d'être appelé par l'Académie des sciences pour trancher le débat, commandité par l'empereur Napoléon Ier, portant sur la phrénologie de Franz Gall, dont la scientificité est de plus en plus contestée. Sur la base des conclusions de Flourens, l'Académie décide finalement de juger la phrénologie comme infondée scientifiquement. Avec François Achille Longet, il a effectué des expériences concernant les effets de l'éther et du chloroforme sur le système nerveux central des animaux de laboratoire.

En 1833, il décrit la méthode qu'il a mise au point pour observer et étudier le système digestif de moutons vivants en pratiquant une large ouverture aux parois de leur estomac. Cette pratique de la fistulation (ou canulation) ruminale sera étendue en 1854 aux bovins par le vétérinaire Gabriel Colin. On parlera alors de Vache à hublot.

Flourens est élu membre de l'Académie des sciences en 1828 et succède au Collège de France à Georges Cuvier (1769-1832), qui s’est lié d’amitié avec lui. C’est aussi Flourens qui le supplée au Muséum national d'histoire naturelle. En 1830, Cuvier lui fait attribuer les cours d’anatomie humaine au Muséum avant de recevoir la chaire d'Antoine Portal. En 1838, Flourens change de chaire et obtient celle de physiologie comparée.

Plaque sur la mairie de Maureilhan.

Il est député de l'Hérault, son département natal, de 1837 à 1839. Mais ses ambitions politiques seront de courte durée car il est battu en 1839.

Cependant, ses réussites scientifiques et intellectuelles sont nombreuses et il reçoit de nombreuses décorations et titres honorifiques :

Après une attaque, en 1864, il se retire de toute activité publique. Domicilié au Jardin des Plantes de Paris, il meurt, trois ans plus tard, dans sa maison de campagne du hameau de Chalandray dépendant de Montgeron[3].

Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise de Paris (66e division)[4].

Famille[modifier | modifier le code]

Abel, Gustave et Émile

Marié en 1836 à Aline Adolphe Gabrielle Clément (1807-1879), la fille du général-baron de l'Empire Clément d'Aerzen, Marie-Jean-Pierre Flourens aura trois fils[5] :

Opposition au Darwinisme[modifier | modifier le code]

Flourens fut un opposant au darwinisme et critiqua l'idée de sélection naturelle. En 1864, il rédigea Examen du livre du M. Darwin sur l'Origine des Espèces[8]. Il a réfuté les arguments de la génération spontanée.

Il s'inscrivit dans la mouvance de la fixité des espèces, reprochant à Charles Darwin de personnifier la nature. Il a soutenu que la sélection naturelle était un terme contradictoire car la nature ne sélectionne pas.

Postérité[modifier | modifier le code]

Jules Verne se moque de son ouvrage De la Longévité humaine et de la quantité de vie sur le globe (Garnier frères, 1856) dans le chapitre XVI de son roman Paris au XXe siècle[9].

Œuvres et publications[modifier | modifier le code]

  • Recherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du système nerveux dans les animaux vertébrés, Crevot (Paris) , 1824, Texte intégral.
  • Cours sur la génération, l'ovologie et l'embryologie, fait au museum d'histoire naturelle en 1836[recueilli et publié par M. Deschamps], Trinquart (Paris), 1836, 191 p., Texte intégral.
  • Recherches sur le développement des os et des dents, Gide (Paris), 1842, 149 p., lire en ligne sur Gallica.
  • Anatomie générale de la peau et des membranes muqueuses, Gide (Paris), 1843, 104 p., lire en ligne sur Gallica.
  • Mémoires d'anatomie et de physiologie comparées, J.-B. Baillière (Paris), 1844, 101 p., Texte intégral.
  • Histoire des travaux et des idées de Buffon, Libraire Hachette (Paris), Seconde édition 1850, (Première édition 1844), VI, 363 p[10].
  • Théorie expérimentale de la formation des os, J.-B. Baillière (Paris), 1847, 164 p., lire en ligne sur Gallica.
  • Fontenelle, ou De la philosophie moderne relativement aux sciences physiques, Paulin (Paris), 1847, 242 p., lire en ligne sur Gallica.
  • Éloge de Blumenbach, Mémoires de l'Académie des sciences (Paris), 1847.
  • Examen de la phrénologie, L. Hachette (Paris), 1851, 164 p., lire en ligne sur Gallica.
  • De la Longévité humaine et de la quantité de vie sur le globe, Garnier frères (Paris), 1856, 264 p., lire en ligne sur Gallica.
  • De la Vie et de l'intelligence, Garnier frères (Paris), 1858, 164 p., lire en ligne sur Gallica.
  • Recueil des éloges historiques lus dans les séances publiques de l'Académie des sciences, Garnier frères (Paris), 1856-1862, 3 vol., lire en ligne sur Gallica.
  • Des manuscrits de Buffon, Garnier frères (Paris), 1860, 298 p. [1]
  • De la Raison, du Génie et de la Folie, Garnier frères (Paris), 1861, 280 p. lire en ligne sur Gallica.
  • Ontologie naturelle, ou étude philosophique des êtres, Garnier frères (Paris), 1861 (réédité en 1864 ; Texte intégral).
  • De la phrénologie et des études vraies sur le cerveau, Garnier frères, 1863, 304 p., Texte intégral.
  • Examen du livre de M. Darwin sur l'origine des espèces, Garnier frères (Paris), 1864, 171 p., lire en ligne sur Gallica.
  • Psychologie comparée, Garnier frères (Paris), 1865, 273 p., Texte intégral.
  • Avec Georges Cuvier, Ferdinand Hoefer, Alexander von Humboldt, et Charles Lyell. Discours sur les révolutions du globe, Firmin-Didot et Cie (Paris), 1879 Texte en ligne disponible sur IRIS

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Athénée des arts, sciences et belles-lettres. Paris », sur data.bnf.fr (consulté le )
  2. Gustave Flourens, Histoire de l'homme : cours d'histoire naturelle des corps organisés, au Collège de France / par Gustave Flourens, 1863-1864 (lire en ligne)
  3. Archives de l'Essonne, commune de Montgeron, acte de décès no 85, année 1867 (vue 231/238).
  4. Flourens Marie Jean Pierre dans le site de l'Association des amis et passionnés du Père-Lachaise.
  5. Les Flourens, une sacrée famille ! Donato Pelayo 2015
  6. Robert Tombs (trad. Jean-Pierre Ricard), La Guerre contre Paris, Paris, Aubier, 1997 1981, p. 134.
  7. (BNF 10308849)
  8. Pierre Flourens, Examen du livre de M. Darwin sur l'origine des espèces, (lire en ligne)
  9. Volker Dehs, Nemo, Flourens et quelques autres dans Verniana vol 3, 2010, cité par Alexandre Tarrieu in Dictionnaire des personnes citées par Jules Verne, vol. 2 : F-M, éditions Paganel, 2021, p. 34
  10. Pierre Flourens, Histoire des travaux et des idées de Buffon, Éditions d'aujourd'hui, (lire en ligne)

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Alfred Vulpian, Éloge historique de M. Flourens, dans Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, Gauthier-Villars, Paris, 1888, tome 44, p. CXLIX-CLXXXIV (lire en ligne)
  • Georgette Legée: « M.J.P. Flourens, physiologiste de l'école de Montpellier », Histoire des Sciences médicales, 1973, 7 (4), p. 387-400, Texte intégral.
  • Georgette Legée: « À propos du microscope de M. J. P. Flourens » Histoire des Sciences médicales, 1973, 7 (4), p. 401-402, Texte intégral.
  • Georgette Légée: « Les découvertes de M.-J.-P. Flourens sur l'action des substances toxiques et des anesthésiques; leur place dans l'évolution de problèmes d'analyse physiologique et psychologique », Histoire des Sciences médicales, 1974, 8 (4), p. 751-771, Texte intégral.
  • (en) J.M.S. Pearce: « Marie-Jean-Pierre Flourens (1794–1867) and Cortical Localization », Eur Neurol, 2009;61:311–314, Texte intégral en ligne.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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