Mariage en Algérie

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Mariage traditionnel en Kabylie.

Le mariage en Algérie (en arabe : زواج, zawāj Écouter?, ou zwāj en arabe algérien) est un contrat consensuel passé entre un homme et une femme conforme à la loi algérienne, fondée sur le rite musulman. Le mariage comporte deux cérémonies : une civile (et officielle) devant l'officier d'état civil à la mairie, devant le cadi ou devant notaire et une traditionnelle et religieuse.

Dans le droit algérien, conformément au droit musulman, la séparation des biens est la règle.

Le mariage dans le droit algérien[modifier | modifier le code]

La promulgation du Code de la famille en 1984 (loi no 84-11 du [1]) a donné un cadre légal au droit de la famille. La première partie du code est consacrée au mariage.

Dans le droit algérien, en application du droit musulman, la séparation des biens est la règle.

Définition du mariage[modifier | modifier le code]

Le mariage est défini comme « un contrat consensuel passé entre un homme et une femme dans les formes légales »[2]. Ces « formes légales » sont :

  • la capacité au mariage,
  • le paiement de la dot à la femme
  • la présence du wali (tuteur matrimonial) de la femme
  • la présence de deux témoins,
  • l’exemption des empêchements légaux au mariage[3].

Conditions de formation du mariage[modifier | modifier le code]

L'âge légal minimal pour se marier tant pour l'homme que pour la femme est l'âge de la majorité légale, soit 19 ans. Cependant, le juge peut accorder une dispense d'âge en cas de nécessité, à la condition que l'aptitude au mariage soit établie.

Pour pouvoir épouser plusieurs femmes, l'homme est tenu d'obtenir l'autorisation du tribunal, qui doit vérifier la validité de la justification de la demande et les consentements des différentes épouses[4].

Par ailleurs, la loi interdit à une femme algérienne musulmane d'épouser un non musulman[3].

Cérémonie civile[modifier | modifier le code]

Le mariage en Algérie est déclaré et conclu devant le cadi, juge des affaires matrimoniales, ou devant l'officier d'état civil, sur un registre standard de l'état civil de la commune.

Lors de la cérémonie civile, la femme doit être obligatoirement accompagnée par un « wali » (tuteur matrimonial dans le droit musulman), qui est son père ou à défaut un proche parent masculin. Pour la femme qui n'a pas de proche parent masculin, le rôle du « wali » incombe au juge[5]. Une femme ne peut ni être contrainte par son « wali » à se marier, ni être empêchée par celui-ci de se marier. Cependant, un père peut s'opposer au mariage de sa fille mineure si tel est l'intérêt de celle-ci[6].

Le mariage est consigné dans un registre d'état-civil ainsi que sur les registres d'état-civil des époux.

Par ailleurs à la suite de plusieurs cas de mariages religieux souvent consommés et non suivis de contrat civil, les autorités algériennes ont légiféré rendant le mariage civil obligatoire avant la cérémonie religieuse afin de garantir les droits de la femme.

La production d'un certificat médical prénuptial par chacun des mariés est devenu obligatoire depuis la réforme du Code de la famille de 2005. Pour ne pas violer le secret médical, ce certificat se borne à indiquer que le futur époux a bien subi les examens médicaux exigés par la loi[7].

Cérémonie traditionnelle[modifier | modifier le code]

Le mariage rassemble trois aspects: un aspect religieux, un aspect civil et un aspect social traditionnel.

La khotba[modifier | modifier le code]

La khitba ou khotba est l'étape des fiançailles. Elle n'est pas obligatoire, mais elle est quand même prévue par la loi : « les fiançailles constituent une promesse de mariage; chacune des deux parties peut y renoncer »[8]. La khitba n'a donc aucun effet juridique.

Une délégation de la famille du futur mari (qui comprend généralement, outre le futur mari, ses parents, ses oncles des lignées paternelle et maternelle, un frère et une sœur ainés le cas échéant...) se présente chez la famille de la future mariée pour demander sa main.

Cérémonie de la fâtiha[modifier | modifier le code]

La Fâtiha est la première et l'une des plus importantes sourates du Coran. Du point de vue religieux, c'est sa récitation, au cours d'une cérémonie dite de la fâtiha qui scelle le mariage. Seuls les hommes assistent à cette cérémonie, la femme étant représentée par son wâli.

Cependant, certaines coutumes font que la récitation de la Fâtiha intervienne dès la conclusion de la khitba, c'est-à-dire une fois que les parties se sont mises d'accord sur le mariage.

Dans les faits, la famille du fiancé, accompagnée d'un imam, se rendent chez la fiancée. L'imam doit dans un premier temps demander l’accord de la fiancée pour que l'union soit licite. Il prononce ensuite un discours, en présence du père de la fiancée et du fiancé, sur l’importance de l’"amour" et des conditions pour un mariage réussi.

Le mariage[modifier | modifier le code]

Henné préparé pour tatouer les mains de la mariée dans un mariage traditionnel en Algérie.
Le trousseau, ou ṭbeq, de la mariée.

Religieusement une fois la Fatha célébrée, les futurs époux sont considérés comme mari et femme, néanmoins au vu de la société, ils ne le seront officiellement qu'à la suite d'une grande fête, appelée dans certaines régions Rfoud, au cours de laquelle la mariée rejoindra la maison de son époux.

Le déroulement de la cérémonie de mariage diffère d'une région à une autre en Algérie. Généralement, le mariage est une grande fête qui dans le temps pouvait durer jusqu’à une semaine, mais généralement les gens le fêtent pendant trois à quatre jours (tradition toujours à jour dans l'Ouest et en Kabylie)[réf. nécessaire]. Les étapes sont les suivantes :

  • Une journée est consacrée au hammam de la mariée. Elle y va avec les femmes de sa famille, elle y portera une « fota », une sorte de combinaison en tissu doré « mansouj » allant de la poitrine aux genoux. Lorsqu'elle rentre, les femmes déjà présentes la reçoivent avec des « youyous ». Par la suite, on lui fait une grande toilette (dont un masque à l'argile) et épilation complète.
  • L'étape suivante est la soirée du henné, une fête où encore une fois seules les femmes sont conviées. La mariée peut porter une ou plusieurs tenues traditionnelles, sera passée chez la coiffeuse et la maquilleuse durant l'après-midi.

Accompagnée de chants traditionnels, la plus vieille dame de la famille appliquera le henné sur la main de la mariée, généralement un rond avec un louis d'or au centre, pour lui souhaiter la richesse. Les jeunes filles non mariées se voient également se faire mettre du henné sur les mains, pour que « Dieu » leur envoie un mari. Durant tout le long, le dîner est servis et les femmes dansent. Une autre étape est le dîner des hommes. Le marié et sa famille organisent un dîner pour les hommes proches, voisins et la famille proche de la mariée (père, frères, oncles et beaux-frères). Après le dîner, les hommes généralement finissent la soirée en dansant.

Polygamie[modifier | modifier le code]

La polygamie n'est autorisée en Algérie que si l'homme a l’assentiment de la première épouse. L’autorisation de second mariage doit être accordée par un juge[9]. Le nombre de mariages conclu en même temps est limité à 4, conformément aux lois islamiques.

Dimension sociale du mariage[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Code de la famille », sur JORADP,
  2. Article 4.
  3. a et b Article 30.
  4. Article 7 du Code de la famille.
  5. Alinéa 2 de l'article 11 du Code de la famille.
  6. Article 12.
  7. Nahas M. Mahieddin, « L’évolution du droit de la famille en Algérie : nouveautés et modifications apportées par la loi du 4 mai 2005 au Code algérien de la famille du 9 juin 1984 », L’Année du Maghreb, no II,‎ , p. 97–137 (ISSN 1952-8108, DOI 10.4000/anneemaghreb.93, lire en ligne, consulté le )
  8. Article 5 du Code de la famille.
  9. (en) « Dune-voices.info », sur dune-voices.info (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

  • Saad-Zoy Souria, Cheriet Boutheina, Rhissassi Fouzia et Berjaoui Khalid, Femmes, droit de la famille et système judiciaire en Algérie, au Maroc et en Tunisie, UNESCO Publishing, (ISBN 9789232041623, lire en ligne)
  • Nahas M. Mahieddin, « L’évolution du droit de la famille en Algérie : nouveautés et modifications apportées par la loi du 4 mai 2005 au Code algérien de la famille du 9 juin 1984 », L’Année du Maghreb,‎ 2005-2006, p. 97-137 (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]