Marguerite Wilson

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Marguerite Wilson
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Nom de naissance Marguerite Henriette Joséphine Wilson
Naissance
Paris (2e arrondissement ancien)
Décès (à 66 ans)
Antibes (Alpes-Maritimes)
Nationalité Drapeau du Royaume-Uni Britannique [1]
Pays de résidence France
Ascendants
Père : Daniel Wilson (1790-1849)
Mère : Antoinette Henriette Joséphine Casenave (1807-1843)
Conjoint
Eugène Philippe Pelouze (1833-1881) ingénieur-chimiste.
Descendants
Sans postérité.
Famille
Frère : Daniel Wilson, député.

Marguerite Pelouze, née Wilson le à Paris et morte le à Antibes (Alpes-Maritimes), est une femme du monde, belle-fille du chimiste Théophile-Jules Pelouze et sœur du député Daniel Wilson.

Propriétaire du château de Chenonceau de 1864 à 1888, Madame Pelouze érige son prestigieux domaine du Val de Loire tourangeau, en Académie des arts et des lettres où elle accueille des écrivains, historiens, musiciens, peintres et sculpteurs.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Marguerite Henriette Joséphine Wilson naît le dans une famille extrêmement fortunée vivant dans l'ancien 2e arrondissement de Paris. Elle est la fille aînée de Daniel Wilson, chimiste et ingénieur britannique, né à Glasgow en 1790. Daniel Wilson quitte l'Écosse après de brillantes études en chimie pour travailler à Dublin puis à Londres en 1817 chez Aaron Manby (1776-1850), également ingénieur et qui dirige l'usine sidérurgique Horseley. Aaron Manby est le fournisseur de la société Gas Light and Coke Company. Wilson et Manby décident en 1819 de se rendre en France sous la Restauration, afin de fournir du matériel à l'industrie française naissante en gaz[2].

Les deux hommes s'associent et ils créent en 1822, les Forges de Charenton puis ils achètent les Forges du Creusot en 1826. Ces deux entreprises font faillite en 1833, à la suite de la Révolution de 1830 et la crise financière qui en découle. La société pour l'éclairage au gaz de Paris qu'ils ouvrent à proximité de la capitale aux Ternes en 1825 avec un troisième associé, Jean Henry, est par contre un succès financier.

Daniel Wilson se marie le à Paris avec Antoinette Henriette Casenave[3]. Son épouse est issue d'une famille de magistrats et de parlementaires. De ce mariage naissent trois enfants à Paris dans le 2e arrondissement ancien, Marguerite le , Marie-Anne Berthe le et Daniel le [4]. Mais les décès se succèdent dans la famille Wilson.

La mère, Antoinette Casenave, meurt à Paris le [5], la seconde fille, Marie-Anne Berthe Wilson, le à Paris[6] et le père, Daniel Wilson, dans son château d'Écoublay à Fontenay-Trésigny, le [7].

L'oncle maternel, Antoine Mathieu Casenave, vice-président du tribunal de Première Instance de Paris, est nommé tuteur des deux enfants par un conseil de famille, le . Il s'acquitte de ses fonctions, pour Marguerite jusqu'en 1857 et pour Daniel, jusqu'en 1861. Mais c'est Marguerite qui s'occupe de l'éducation de son frère à partir de 1857. Elle lui enseigne l'apprentissage de la vie mondaine et lui fait connaître les personnalités des arts, de la politique et des affaires[8].

Vie mondaine[modifier | modifier le code]

Le , Marguerite Wilson épouse à Paris dans le 10e arrondissement ancien, Eugène Philippe Pelouze[9], médecin, fils du chimiste Théophile-Jules Pelouze. Le couple n'aura pas d'enfant.

En 1861, à la majorité de Daniel Wilson, le frère et la sœur sortent de l'indivision[8] ; Marguerite Pelouze s'installe dans l'hôtel Bochart de Saron, 17 rue de l'Université à Paris dans le 7e arrondissement.

En elle achète pour 850 000 francs le château de Chenonceau (Indre-et-Loire) avec un domaine de 136 hectares, et fait effectuer de 1867 à 1878 par l'architecte Félix Roguet, d'importantes restaurations afin de « remettre le château dans son état du XVIe siècle », en supprimant notamment une grande partie des modifications apportées par Catherine de Médicis.

À la suite d'un drame familial, Eugène Pelouze formule une demande en séparation de corps et de biens le  : il aurait surpris son épouse dans une situation « équivoque » avec son frère Daniel, rue de l'Université[8]. Afin d'éviter le scandale, le mariage est dissout rapidement, le .

En 1872, Jean-Baptiste Carpeaux réalise un buste en terre cuite de l'ex-Mme Pelouze[10].

En 1879, Antoine Marmontel recommande à Marguerite Pelouze son élève Claude Debussy comme pianiste pour compléter le petit orchestre de chambre de son château. Le jeune Debussy passe l'été à Chenonceau et il est ébloui par cette femme fastueuse, raffinée, passionnée de Wagner.

Mme Pelouze compte dans son entourage des artistes comme Gustave Flaubert, qui séjourne trois fois à Chenonceau - et à qui en 1878, elle prête 50 000 francs destinés à la société montée par son neveu Ernest Commanville - et des personnalités dont Jules Grévy, président de la République de 1879 à 1887. Elle favorise le mariage de la fille de celui-ci, Alice Grévy, avec son frère Daniel. L'union est célébrée le dans la chapelle du Palais de l'Élysée, la réception du mariage ayant lieu au château de Chenonceau. Mme Pelouze, élégante et séduisante, ne peut se soustraire à la rumeur publique sur une éventuelle relation passionnelle avec Jules Grevy[11]. Il serait alors singulier que ce parlementaire austère ait donné dans ce cas, la main de sa fille à Daniel Wilson[11].

En 1885, Marguerite Pelouze fait appel au peintre Carolus-Duran pour qu'il exécute son portrait et qui viendra orner la grande galerie du château de Chenonceau, décorée également de fresques de 1875 à 1888 par Charles Toché : le tableau est exposé au Salon de 1886[12].

De à , Mme Pelouze effectue un long voyage avec Mlle Chevillé et M. Lenoir, attaché aux travaux de la future Exposition universelle de Paris, en Asie-Mineure, Arabie, Syrie, Perse et l'Hindoustan[13]. De retour à Paris le après quatorze mois d'absence, elle reçoit au château de Chenonceau en octobre, le cheikh de Palmyre qui l'avait accueilli lors de sa visite en Syrie[14]. Au mois de décembre, l'illustre visiteur toujours en France, est en villégiature à Antibes, dans la villa de Mme Pelouze. Le journaliste du Figaro commente non sans humour, à propos des Wilson : « une famille où l'on reçoit des cheiks sous toutes les formes »[15].

En 1888, Marguerite Pelouze fait faillite et doit vendre le château de Chenonceau, qui est racheté par le Crédit Foncier, puis le par l'industriel Henri Menier (1853-1913), dont les descendants le possèdent aujourd'hui.

Elle meurt dans sa propriété à Antibes à l'âge de 66 ans, le [16].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles de l'encyclopédie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bien que Marguerite Wilson soit née en France et d'une mère française, le droit du sang en matière de nationalité, s'applique aux enfants de Daniel Wilson, sujet britannique, né à Glasgow en Écosse, jusqu'à la demande de naturalisation.
  2. Michel Cotte, « Le rôle des ouvriers et entrepreneurs britanniques dans le décollage industriel français des années 1820 », Documents pour l'histoire des techniques, Marseille, no 19,‎ 2e semestre 2010, p. 119 à 130 (ISSN 1775-4194, lire en ligne).
  3. Archives de Paris : État civil - Acte de mariage reconstitué. Cote du document : V3E / M1021. Archives de Paris 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  4. Archives de Paris : État civil - Acte de naissance reconstitué. Cote du document : V3E / N2251. Archives de Paris 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  5. Archives de Paris : État civil - Acte de décès reconstitué d'Antoinette Henriette Joséphine Casenave. Cote du document : V3E / D 245. Archives de Paris 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  6. Archives de Paris : État civil - Acte de décès reconstitué de Marie-Anne Berthe Wilson. Cote du document : V3E / D1497. Archives de Paris 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  7. Archives départementales de Seine-et-Marne : État civil de Fontenay-Trésigny - acte de décès no 68, de Daniel Wilson. Cote du document : 5-MI-3273 (1841-1851). Direction des Archives départementales, no 248 avenue Charles Prieur 77190 Dammarie-lès-Lys.
  8. a b et c Jean-Yves Mollier, Le scandale de Panama, Paris, Éditions Librairie Arthème Fayard, , 564 p. (ISBN 978-2-21302-674-9, présentation en ligne).
  9. Archives de Paris : État civil - Acte de mariage reconstitué d'Eugène Philippe Pelouze et Marguerite Wilson. Cote du document : V3E / M791. Archives de Paris 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  10. Buste exposé actuellement au Musée des beaux-arts de Valenciennes
  11. a et b Robert Ranjard, Le secret de Chenonceau, Tours, Éditions Gibert-Clarey, (1re éd. 1950), 256 p., « Madame Pelouze », p. 233
  12. Charles Richard, Chenonceaux et Gustave Flaubert, Tours, Éditions Deslis frères, , 63 p. (lire en ligne), « La Galerie », p. 39.
  13. Le Figaro, « Échos », Le Figaro, Paris, no 270,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  14. Mont-Richard, « Le cheik de Palmyre à Chenonceaux », Le Figaro, Paris, no 290,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  15. Le Figaro, « Nouvelles à la main », Le Figaro, Paris, no 355,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  16. Archives départementales des Alpes-Maritimes : État civil d'Antibes - acte de décès no 106, de Marguerite Henriette Joséphine Wilson. Centre administratif départemental, bâtiment Charles Ginesy, no 147 boulevard du Mercantour, B.P. 3007 - 06206 Nice Cedex 3.