Marajoara

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Marajoara
Région d’origine
Région Drapeau du Brésil Brésil
Caractéristiques
Morphologie Cheval de selle
Registre généalogique non
Taille 1,30 m à 1,56 m
Poids 300 à 360 kg
Robe Toutes sauf blanc
Tête Profil rectiligne ou légèrement convexe
Autre
Utilisation Traction

Le Marajoara, ou cheval de l'île de Marajó (portugais : Marajoara), est une race de chevaux rustiques et résistants, issus d'une sélection naturelle sur l'île de Marajó. De taille moyenne, ils sont surtout mis au travail à la traction, et constituent une force de travail indispensable aux habitants locaux. Le Marajoara est tout particulièrement adapté au climat difficile de sa région insulaire, bien que régulièrement frappé par des épidémies d'anémie infectieuse équine. La race comptait plus de 100 000 représentants en 1992.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le Marajoara est également connu sous le nom portugais de Baixo-Amazona[1], soit « Bas-Amazone » en français. Cette race n'est pas mentionnée dans l'édition de 2016 de l'encyclopédie de CAB International[2], mais figure dans le Larousse dos cavalos (publié en portugais en 2006)[3], dans l'encyclopédie de Delachaux et Niestlé, Tous les chevaux du monde (2014)[4], ainsi que dans DAD-IS[1], et dans diverses études, publiées en 2008[5] et 2017[6] notamment.

Il serait arrivé sur l'île de Marajó au début du XVIIIe siècle, avec une vague d'arrivages de chevaux et de bovins depuis Belém[7], eux-mêmes originaires de Cap-Vert, à la suite d'importations des Portugais[3]. Ces animaux ont été croisés avec des chevaux arabes et des lusitaniens[3]. Avec la sélection naturelle, cet animal s'est adapté aux conditions environnementales défavorables de son île, marquées par deux saisons : la pluie et la sècheresse[3]. Au XIXe siècle, le nombre de chevaux est trop important pour l'île, ce qui entraîne une régulation[8].

Le Marajoara est classé comme race « exotique » en vertu de la régulation du ministère de l'agriculture brésilien[9].

La race étant menacée par des croisements incontrôlés (2002)[10], des projets sont entrepris pour sauver ces animaux de l'altération génétique[3]. Le Marajoara ne dispose pas de stud-book[1].

Description[modifier | modifier le code]

La base de données DAD-IS cite le Marajoara comme une variété du cheval Nordestin[1]. Le Larousse dos cavalos (2000) indique une taille moyenne de 1,30 m à 1,56 m[3]. Ces chiffres sont repris dans le guide Delachaux, qui cite 1,30 m à 1,50 m chez les femelles, pour 1,35 m à 1,56 m chez les mâles[8]. DAD-IS cite une fourchette plus restreinte, de 1,40 m chez les femelles à 1,46 m chez les mâles, pour un poids médian respectif de 300 et 360 kg[1]. C'est un cheval de taille moyenne, morphologiquement bien proportionné et musclé[7],[1]. La tête présente un profil rectiligne, ou légèrement convexe[8]. Les épaules sont inclinées[8], le garrot est saillant, le poitrail large[11]. La croupe est légèrement inclinée[11].

La couleur de robe est variable[7], le blanc étant impossible[3],[8].

Le tempérament est énergique, actif[1] et docile[8]. Les pâturages locaux étant maigres et le sol argileux, le Marajoará a développé des qualités de résistance et de rusticité[1]. Il est l'un des rares chevaux capables de résister à la boue des zones inondées de son île[3], à la chaleur et aux marécages[8]. La race est néanmoins exposée à des épidémies régulières d'anémie infectieuse équine[12].

Le Marajoara a fait l'objet d'une étude visant à déterminer la présence de la mutation du gène DMRT3 à l'origine des allures supplémentaire : l'étude de 14 sujets a permis de détecter la présence de cette mutation chez 7,1 % d'entre eux, et de confirmer l’existence de chevaux avec des allures supplémentaires parmi la race[13]

Une étude de diversité génétique comparée entre les races Marajoara et Puruca montre que la diversité génétique du premier est légèrement meilleure que celle du second[5]. Cela découle probablement de la plus grande population fondatrice chez la race Marajoara, par comparaison au Puruca[6].

La gestion de la race est assurée par l'association brésilienne des éleveurs de chevaux Marajoaro[1].

Utilisations[modifier | modifier le code]

Ce cheval est surtout employé comme moyen de transport à la traction, n'ayant aucun substitut dans sa région d'origine[1]. Son importance y est majeure, en particulier pour effectuer les travaux agricoles[10]. Il est aussi monté pour le travail du bétail, et peut faire un bon cheval de loisir[8].

Diffusion de l'élevage[modifier | modifier le code]

Carte du Brésil
Localisation de l'île de Marajó au Brésil.

Le Marajoara est indiqué comme race exotique localement adaptée au Brésil, dans la base de données DAD-IS[1]. Il est propre à l'île de Marajó[1],[8]. Aucun niveau de menace n'est indiqué[1]. Un recensement effectué en 1992 indique 120 000 chevaux appartenant à cette race dans tout le Brésil, dont 1 062 femelles inscrites dans un registre[1].

L'étude menée par l'Université d'Uppsala, publiée en pour la FAO, signale le Marajoara comme race de chevaux sud-américaine locale, qui n'est pas menacée d'extinction[14].

Du plasma germinatif est conservé sous la supervision de l'EMBRAPA d'Amazonie orientale, à des fins de recherche[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m et n DAD-IS.
  2. (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453, lire en ligne)Voir et modifier les données sur Wikidata.
  3. a b c d e f g et h Larousse 2006.
  4. Rousseau 2014, p. 502-503.
  5. a et b Reis et al. 2008, p. 68-72.
  6. a et b Ianella et al. 2017, p. 604-609.
  7. a b et c Mariante et Cavalcante 2000, p. 105.
  8. a b c d e f g h et i Rousseau 2014, p. 502.
  9. (pt) « Instruçao normativa n°19 de 6 de abril de 2018 », Diáro oficial da união (consulté le ).
  10. a et b (en) United Nations Environment Programme, Food and Agriculture Organization of the United Nations, Initiative for Domestic Animal Diversity, Animal Genetic Resources Information, vol. 32 à 35, United Nations Environment Programme, Food and Agriculture Organization of the United Nations, , rech. Marajoara.
  11. a et b Rousseau 2014, p. 503.
  12. (en) Nayra F. Q. R. Freitas, Carlos M. C. Oliveira, Rômulo C. Leite et Jenner K. P. Reis, « Equine infectious anemia on Marajo Island at the mouth of the Amazon river », Pesquisa Veterinária Brasileira, vol. 35, no 12,‎ , p. 947–950 (ISSN 0100-736X, DOI 10.1590/S0100-736X2015001200002, lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) M. Promerová, L. S. Andersson, R. Juras et M. C. T. Penedo, « Worldwide frequency distribution of the ‘Gait keeper’ mutation in the DMRT3 gene », Animal Genetics, vol. 45, no 2,‎ , p. 274–282 (ISSN 1365-2052, DOI 10.1111/age.12120, lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics, , p. 61 ; 68.
  15. (pt) Carlos Astorga Domian, Memoria, Bib. Orton IICA / CATIE, (ISBN 9977-57-388-3 et 9789977573885, lire en ligne), p. 52 ; 53.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • (en) « Marajoara / Brazil (Horse) », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS) (consulté le ) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (pt) « Marajoara », Equino cultura

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (pt) Larousse dos Cavalos, São Paulo, SP, Larousse Brasil, , 288 p. (ISBN 85-7635-134-X et 978-8576351344)
  • [Ianella et al. 2017] Patrícia Ianella, Maria do Socorro Maués Albuquerque, Samuel Rezende Paiva et Andréa Alves do Egito, « D-loop haplotype diversity in Brazilian horse breeds », Genetics and Molecular Biology, vol. 40, no 3,‎ , p. 604–609 (ISSN 1415-4757, PMID 28863209, PMCID PMC5596364, DOI 10.1590/1678-4685-GMB-2016-0166, lire en ligne, consulté le )
  • [Mariante et Cavalcante 2000] (pt) Arthur da Silva Mariante et Neusa Cavalcante, Animais do descobrimento : raças domésticas da história do Brasil, Embrapa, , 228 p., « Cavalo Marajoara »
  • [Rousseau 2014] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Tous les chevaux du monde, Delachaux et Niestlé, , 544 p. (ISBN 2-603-01865-5), « Marajoara », p. 502-503Voir et modifier les données sur Wikidata
  • [Reis et al. 2008] (en) Sávio Pinho dos Reis, Evonnildo Costa Gonçalves, Artur Luiz da Costa da Silva et Maria Paula Cruz Schneider, « Genetic variability and efficiency of DNA microsatellite markers for paternity testing in horse breeds from the Brazilian Marajó archipelago », Genetics and Molecular Biology,‎ (ISSN 1415-4757, lire en ligne, consulté le )