Maquis (résistance)
Le maquis désigne aussi bien un groupe de résistants que le lieu où ils opérèrent durant la Seconde Guerre mondiale. Les résistants sont surnommés « maquisards », cachés dans des régions peu peuplées, forêts ou montagnes.
Le nom fait référence à une forme de végétation méditerranéenne, le maquis, et plus encore à l'expression d'origine corse « prendre le maquis », (corse : A macchja) signifiant se réfugier dans la forêt pour se soustraire aux autorités ou à une vendetta.
Leur nombre est estimé entre 25 000 et 40 000 à l'automne 1943 et aux environs de 100 000 en juin 1944[1],[2].
Activités
La plupart des maquisards agissent depuis les régions montagneuses de Bretagne, du Massif central, des Alpes et du Sud de la France. Ils recourent à des techniques de guerilla pour s'attaquer à la Milice et aux troupes d'occupation allemande. Le maquis constitue également une filière d'évasion pour les aviateurs britanniques dont l'avion a été abattu et pour les Juifs. Cette forme de clandestinité n'est possible que quand le terrain s'y prête, principalement dans le sud, le centre et l'est du pays, et avec la bienveillance des populations locales, fermes isolées ou petits villages. Ils font naturellement partie de la Résistance, et vont être progressivement encadrés, organisés au sein des Forces françaises de l'intérieur (FFI, liées au Gouvernement provisoire de la République française d'Alger) ou des Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF, communistes), armés par des parachutages alliés.
Évolution
Le premier maquis en France est installé dans le massif du Vercors en décembre 1942[source insuffisante][3]. Par sa proximité avec plusieurs grands massifs montagneux, la ville de Grenoble devient sur les ondes de la BBC la capitale des maquis[4].
Dès 1943, les Britanniques envoient des hommes et des munitions dans les maquis par l'intermédiaire du Special Operations Executive (SOE) créé en 1940 par Winston Churchill. Les Américains, grâce à l'Office of Strategic Services (OSS), enverront eux aussi leurs agents en France, en collaboration avec le SOE.
À l'approche du débarquement de Normandie le , et surtout après celui de Provence le 15 août, les maquis, dont les effectifs augmentent grandement pour l'occasion, lancent des opérations de guérilla pour ralentir les mouvements de l'armée allemande. En mars 1944, l'armée allemande prenant conscience de ce phénomène, une campagne de terreur commence, incluant des représailles dans les zones où la Résistance est la plus active[5].
Durant le Débarquement de Normandie, le maquis et d'autres groupes de résistants jouent un rôle non négligeable, en retardant l'arrivée des renforts allemands. Au fur et à mesure de la progression alliée, les groupes de maquisards combattent très violemment les troupes allemandes. Par exemple, le groupe de 7 000 maquisards de Nancy Wake affronte 22 000 Allemands le . Certaines cellules ne font pas de prisonniers, et bien souvent les Allemands préfèrent être capturés par les Alliés que par le maquis[réf. nécessaire]. De l'autre côté, les maquisards capturés sont fusillés ou torturés et déportés en camps de concentration, dont très peu reviendront.
Organisation
Les cellules maquisardes prennent le nom de l'endroit depuis lequel elles opèrent (par exemple le Maquis du Vercors), d’un évènement historique (par exemple Valmy ou Bir-Hakeim, avec différentes orthographes) ou d’un personnage historique (Saint-Just ou Charles Martel). La taille de ces cellules peut aller d'une dizaine d'hommes et de femmes à plusieurs milliers.
Du point de vue politique, les maquis sont très variés, allant des nationalistes de droite aux communistes. Certaines cellules dans le Sud-ouest de la France sont composés exclusivement de républicains espagnols, vétérans de la Guerre d'Espagne. La Lozère accueille même un maquis allemand, dirigé par le communiste Otto Kühne.
Les maquisards se distinguent par le port du béret basque, suffisamment répandu pour ne pas éveiller les soupçons mais assez explicite.[réf. nécessaire]
Les combats des maquis ne sont qu'une des formes de la Résistance.
Les maquis sont dissous par De Gaulle à la Libération : les FFI sont alors amalgamés à l’armée française.
Quelques maquis
- Maquis du Vercors, des Glières, de l'Oisans, du Grésivaudan dans les Alpes
- Maquis de Souesmes dans le Loir-et-Cher
- Maquis Timo, les Luzettes - Quercy (mars 1943 - janvier 1944), Passé à l’A.S. Corrèze à Camps
- Maquis de l'Oise
- Maquis des Confins à la Clusaz
- Maquis Bir-Hakeim
- Maquis de Bouzèdes
- Maquis de Mazinghien, dans le Nord-Pas-de-Calais
- Maquis Bernard, dans le Morvan
- Maquis Ventoux, dans le Vaucluse et la Drôme
- Maquis de Tramalou dans les Alpes-de-Haute-Provence
- Maquis de Saint-Marcel en Bretagne
- Maquis de Saffré en Loire-Atlantique
- Maquis du Mont-Mouchet et du Limousin dans le Massif central
- Maquis de l'Ain et du Haut-Jura
- Maquis du Lomont et d'Ecot, dans le Doubs
- Maquis des Vosges
- Maquis de Vabre et Corps Franc du Sidobre dans le Tarn
- Maquis de la Montagne Noire à la frontière du Tarn et de l'Aude
- Maquis de Fontjun et maquis "La Tourette" (créé par Jean Bène) dans l'Hérault
- Maquis Aigoual-Cévennes essentiellement entre Gard et Lozère
- Maquis de Lozère, dirigé par l'antifasciste allemand Otto Kühne
- Maquis de Plainville
- Maquis de Picaussel dans l'Aude
- Maquis de Lorris dans le Loiret
- Maquis de Sainte-Anne dans les Bouches-du-Rhône
- Maquis Vallier dans le Var
- Maquis de Rieumes Haute-Garonne
- Corps franc Pommiès
- Maquis du Haut-du-Bois (Eloyes)
- Maquis Surcouf Normandie
- Maquis Camille dans le Morvan
- Maquis des Isles Ménéfrier
- Maquis de La Soureilhade
- Maquis du Loup Clamecy (Nièvre)
- Maquis Arete-Saules à Sévérac-le-Château dans l’Aveyron
- Maquis Lecoz
- Maquis du Val d'Ardière (Beaujolais) dirigé par Jean Chatelet à Avenas et Marchampt par la suite.
- Maquis Vendémiaire (mars 43 - décembre 43) dans le haut beaujolais
- Maquis "Camp Desthieux" de la vallée d'Azergues (69)
Guerre d'indépendance de l'Algérie
La même appelation, maquis, a servi à désigner sur le même modèle aussi bien un groupe de résistants que le lieu où ils opérèrent durant la guerre d'Algérie (1954-1962). Les résistants sont surnommés « maquisards » ou « fellagas » (en arabe algérien et en français d'Algérie), cachés dans des régions rurales, forêts ou montagnes. L'expression « prendre le maquis » y a également été utilisée.
Notes et références
- Grenard 2013, p. 21
- Grenard 2013, p. 182
- Selon le Musée de la Résistance et de la Déportation à Grenoble (dernier étage).
- Selon le livre Grenoble 40-44, page 9.
- cf. Oradour-sur-Glane et le maquis du Vercors
Bibliographie
- Jean-Pierre Besse, Jean-Yves Bonnard, Françoise Leclère-Rosenzweig, Les Maquis de l'Oise, Scéren - CDDP de l'Oise, 2010, (ISBN 978-2-86615-359-5)
- Pierre Giolitto, Grenoble 40-44, Librairie académique Perrin, 2001, (ISBN 2-262-01326-8)
- Fabrice Grenard, Maquis noir et faux maquis, Vendémiaire, (ISBN 9782363580733)
Annexes
Articles connexes
- Résistance intérieure française
- Chant des Partisans
- Opération Samwest
- Opération Overlord
- Saint-Barthélemy grenobloise
- Brigade Jesser
- Maquis noir