Mantra de la lumière

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Le mantra de la lumière (japonais: 光明真言, « kōmyō shingon »), est un très important mantra du bouddhisme ésotérique shingon. Avec le nenbutsu — l'invocation au bouddha Amida — et le daimoku — la répétition du titre du Sutra du lotus — il est un des trois mantras les plus populaires au Japon.

Le mantra[modifier | modifier le code]

Mandala du mantra de la lumière. Japon, au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles.

Le mantra de la lumière provient du Amoghapāśakalparāja-sūtra (Chinois Taisho ed. no. 1092) et s'énonce comme suit :

Alphabet latin : « oṃ amogha vairocana mahāmudrā maṇipadma jvāla pravarttaya hūṃ »

Siddham:

Devanagari: ओं अमोघ वैरोचन महामुद्रा मणि पद्म ज्वाल प्रवर्त्तय हूं, et prononciation sanskrite: Sanskrit Prononciation

Japonais: On abokya beiroshanō makabodara mani handoma jimbara harabaritaya un

Chinois : 唵 阿謨伽 尾盧左曩 摩訶母捺囉 麽抳 鉢納麽 入嚩攞 鉢囉韈哆野 吽

Ce qui se traduit par « Louange à l'illumination parfaite et omniprésente du grand mudrā [le sceau du Bouddha]. Remettez-moi le joyau, le lotus et la lumière rayonnante »[1]. Il fait écho au mantra originel du bouddhisme indien: Om maṇi padmé hoûm (en sanskrit ॐ मणि पद्मे हूँ / oṃ maṇi padme hūṃ)

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

On croit dans le bouddhisme Shingon que si ce mantra est chanté sans ego, avec une dévotion sincère et l'esprit clair, Vairocana, principal bouddha du shingon, dissipera toutes les illusions et les voiles qui entravent l'esprit.

Introduit au Japon au IXe siècle, par Kūkai (Kobo Daïshi) le mantra a été popularisé dans la période Kamakura par le moine bouddhiste Myōe, et plus tard par les moines Eison et Ninshō[2]. Les deux pratiques du nembutsu et de la répétition du Komyo shingon ont par la suite souvent été intégrées dans d'autres courants bouddhistes. Une pratique particulière liée au mantra de la lumière consiste à le réciter sur du sable et à répandre celui-ci sur le corps ou le tombeau d'une personne décédée. On croyait qu'une personne ayant accumulé beaucoup de mauvais karma et qui risquait ainsi une renaissance en Enfer serait immédiatement libérée et bénéficierait d'une renaissance favorable. Cette pratique est connue au Japon sous le nom de dosha-kaji (土砂加持)[3].

Le mantra est souvent représenté dans un mandala particulier, le komyo mandala, ou mandala de la lumière, dans lequel le bouddha mahavairocana émet de la lumière des cinq couleurs, entouré par vingt-trois lunes blanches comprenant chacune une de ses lettres en siddham une ancienne écriture indienne. Kobo Daishi le fondateur du bouddhisme shingon est dessiné en dessous tenant un vajra et un nenju (chapelet) bouddhiste.

Notes et références k[modifier | modifier le code]

  1. Unno 2004, Introduction. (La traduction originale en anglais de Unno: « Praise be to the flawless, all-pervasive illumination of the great mudra [the seal of the Buddha]. Turn over to me the jewel, lotus, and radiant light. »)
  2. (en) Paul B. Watt, « Eison and the Shingon Vinaya Sect », dans George J. Tanabe Jr. (Ed.), Religions of Japan in Practice, Princeton, Princeton University Press, coll. « Princeton Readings in Religions », , xviii + 564 (ISBN 978-0691-05789-7), p. 89-97 (v. p. 92)
  3. (en) Mark Unno, Shingon Refractions: Myōe and the Mantra of Light. Somerville (MA), Wisdom Publications, 2004 (ISBN 0-86171-390-7)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Matsumoto Jitsudo, Avec le Bouddha, Paris, Maisnie Tredaniel, , 285 p. (ISBN 2-857-07292-9)
  • (en) Marc Unno, « Kômyô Shingon », dans Charles Orzech, Richard Payne, and Henrik Sørensen (Eds.), Esoteric Buddhism and the Tantras in East Asia, Leyde, Brill, , 1238 p. (ISBN 978-9-004-18491-6, lire en ligne), p. 863–875
  • (en) Mark Unno, Shingon Refractions: Myōe and the Mantra of Light, Somerville (MA), Wisdom Publications, (1re éd. 1997), 352 p. (ISBN 978-0-861-71390-5, présentation en ligne)
  • (en) Saiping An, « The Reception of the Mantra of Light in Republican Period Chinese Buddhism », Religions, vol. 14 « Tantric Studies for the Twenty-First Century », no 7,‎ (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]