Maison d'Ardenne

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La maison d'Ardenne ou Wigéricides est la dynastie comtale post-carolingienne issue agnatiquement du comte palatin de Lotharingie, Wigéric de Bidgau d'Ardenne (cité en 899 ; mort avant 921/922) ; c'est l’une des premières familles nobles européennes médiévales documentées[1].

Haute et Basse Lorraine au Xe siècle.

Origine[modifier | modifier le code]

L'ascendance du comte Wigéric n'a pas encore été identifiée, mais la Vita Johannis Gorziensis, écrite en 980, précise que l'évêque Adalbéron de Metz, fils de Wigéric, était de sang royal tant du côté paternel que du côté maternel, le texte indiquant que cette origine remonterait à plusieurs générations.

Dans cette même Vita Johannis Gorziensis, ainsi que dans l'Historia Sancti Arnulfi Mettensis, il apparait qu'Adalbéron et ses frères étaient de proches parents du comte Arnulf et d'Odalric de Reims, les deux fils d'Hugues de Chaumontois. Ceux-ci descendraient en ligne paternelle des Arnulfiens, peut-être par l'intermédiaire de Godefried.

Histoire[modifier | modifier le code]

Du milieu du Xe siècle jusqu’au milieu du siècle suivant, voire jusqu’à ses dernières décennies, la région se trouva placée sous le contrôle plus ou moins étroit de cette grande famille de la haute noblesse communément appelée la maison d’Ardenne. Issue de Wigeric, comte du palais de Lotharingie, et de Cunégonde, petite fille du roi carolingien Louis II le Bègue, pourtant assez pauvre en assises territoriales, elle parvint à se hisser au premier rang de l’aristocratie lotharingienne par la volonté des souverains germaniques. Dès 959, la branche cadette reçut l’administration du duché de Haute-Lotharingie et contrôla ainsi les pagi du Dormois, d’Ivois, du Mouzonnais et de Castrice ; un demi-siècle plus tard, en 1005, la branche aînée, détentrice du comté de Verdun, fut investie de celui de Basse-Lotharingie (du pagus de Castrice jusqu’au littoral de la Mer du Nord) ; de 1033 à 1044, la maison d’Ardenne réussirent à rassembler les deux duchés et reconstituèrent temporairement l’ancien royaume lotharingien (Alpes et Italie exclues). La révolte de Godefroid le Barbu, en 1046, sonna le glas de leur puissance ; les duchés lotharingiens perdirent aussi toute consistance politique. Le dernier représentant mâle connut la gloire ailleurs, en Terre sainte, sous le nom de Godefroid de Bouillon.

Par-delà ses charges ducales, la maison d’Ardenne se trouva directement investie des fonctions comtales dans le pagus de Castrice pendant les trois premières décennies du XIe siècle , et à Mouzon (vers 1005-1015).

De plus, elle intervint aussi dans les affaires du diocèse de Reims. Dès 960, le duc Frédéric était aux côtés de l’archevêque Artaud lorsque celui-ci récupéra Mézières. Dix ans plus tard, son neveu Adalbéron monta sur le siège archiépiscopal et confia à son frère Godefroid le Captif, comte de Verdun, la charge d’avoué de l’église de Reims – ce dernier intervint à ce titre en 971 pour déloger le comte Otton de sa forteresse de Warcq, peu de temps avant la fondation de l’abbaye de Mouzon dont il reçut l’avouerie.

L’omniprésence de la Maison d’Ardenne freina certainement les tentatives d’émancipation des jeunes lignages féodaux, qui gravitèrent longtemps autour des ducs lotharingiens. En 988 le comte Manassès [d’Omont], ancêtre du premier lignage rethélois, apparaît aux côtés de Godefroid le Captif. Huit décennies plus tard, en 1065/66 , les trois comtes ardennais Manassès de Rethel, Hécelin de Grandpré et Arnoul de Chiny, assistaient au plaid de Verdun présidé par le duc Godefroid le Barbu.

Elle contribua enfin à bloquer durablement l’expansion champenoise vers la région ardennaise ; celle-ci fut brutalement stoppée en 1037 par le duc Gothelon, détenteurs des deux Lotharingies. Comme le souligne le professeur Michel Bur, la Champagne sera dès lors édifiée entre Marne et Seine[2].

Généalogie[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Pierre Devroey, « La Maison d'Ardenne, Xe -XIe siècles, Actes des Journées Lotharingiennes, 24-26 octobre 1980 », Revue belge de Philologie et d'Histoire, vol. 63, no 2,‎ , p. 405–408 (lire en ligne, consulté le )
  2. Pascal Sabourin, « Le rayonnement régional de la Maison d'Ardenne (milieu X°s.-milieu XI°s.) », sur ardennes-medievales-450-1500 (consulté le )
  3. Généalogie de Frédéric, fils de Wigéric, sur le site Medieval Lands