Madeleine Delbrêl

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Madeleine Delbrêl
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Autres informations
Étape de canonisation
Membre de
Distinction

Madeleine Delbrêl, née le à Mussidan en Dordogne et morte le à Ivry-sur-Seine dans le Val-de-Marne, est une assistante de service social et militante catholique française.

Essayiste et poétesse, elle laisse une importante œuvre littéraire. Elle est reconnue vénérable par l'Église catholique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Madeleine Delbrêl naît dans une famille peu croyante. Sa mère est issue d'une famille de la petite bourgeoisie provinciale. Son père et son grand-père sont cheminots[1]. Bien que baptisée enfant et catéchisée jusqu'à la première communion, elle passe sa jeunesse dans l'indifférence religieuse. Elle perd la foi à quinze ans au contact d'un cercle littéraire et philosophique libre penseur[2]. À l'âge de dix-sept ans, sa profession d'athéisme est radicale et profonde mais, en trois ans, à la suite de la rencontre d'un groupe d'amis chrétiens et de l'entrée chez les dominicains de Jean Maydieu, l'homme qu'elle aimait, elle prend en considération la possibilité de Dieu[3].

Cette démarche, qu'elle fonde sur la prière et la réflexion, aboutit à la foi à l'âge de vingt ans[4]. Le , « éblouie par Dieu », lors d'un passage en l'église Saint-Dominique de Paris (Paris XIVe), elle se convertit.

Dès 1926 à la paroisse Saint-Dominique, elle entre dans le scoutisme chez les Scouts de France en tant que cheftaine de louveteaux[3]. Un temps elle est ACDL responsable de la formation de cheftaines[réf. nécessaire] dans le district de Paris-Sud[5]. Elle était totémisée Abeille Joyeuse et a rédigé un commentaire de la prière scoute.

En 1927, elle décide de servir Dieu dans le monde et devient une des premières assistantes sociales[3]. Par le scoutisme, elle devient une assistante de service social très active ; elle s'installe avec quelques amies et travaille dans la banlieue ouvrière, rue Raspail à Ivry-sur-Seine, municipalité communiste[6]. Elle occupe une fonction d'assistante sociale au sein de la mairie communiste d'Ivry-sur-Seine. Elle noue une forte amitié avec le maire d'alors, Venise Gosnat. Elle est confrontée à l'athéisme marxiste, n'hésitant pas, à contre-courant, à annoncer l'Évangile. À l'instar des prêtres ouvriers de La Mission de France dont elle est proche, elle nourrit un dialogue exigeant avec les communistes. Elle fonde une communauté de jeunes femmes qui se sont nommées « la Charité », avant d'être connues comme « Équipes Madeleine Delbrêl ». Il s'agit non « d'y travailler pour le Christ », mais « d'y être le Christ » c’est-à-dire d’être soi-même entièrement amour et charité : « Personne sauf Jésus Christ n’a demandé à notre cœur d’aimer chacun de tous les hommes, de l’aimer jusqu’au bout et de l’aimer en toute chose. Mais quand un homme a été aimé de cet amour-là, il en garde le souvenir, et ce souvenir devient à son tour comme un pressentiment de l’amour même de Dieu[7]. » Le groupe s'attache à rencontrer les gens où ils vivent, à devenir leur ami, à les recevoir à domicile et à s'entraider.

En matière de travail social, elle rappelle la nécessité de développer des actions collectives en vue de faire évoluer les politiques sociales. Elle écrit en 1937 :

« Il est peut-être plus touchant de visiter, dans sa journée, cinq ou dix familles nombreuses, de leur obtenir à grand renfort de démarches tel ou tel secours ; il serait sans doute moins touchant mais plus utile, de préparer le chemin à tel texte légal qui améliorerait l’état familial de toutes les familles nombreuses connues ou inconnues de nous[8]. »

Quelques mois avant sa mort, en 1964, elle dit encore : « J'ai été et je reste éblouie par Dieu[9]. »

Commentaire[modifier | modifier le code]

Selon Christophe Chaland, ses écrits révèlent « une très attachante personnalité humaine, d'abord. D'une extraordinaire capacité d'empathie, elle noue des relations personnelles dans tous les milieux. Elle s'engage à fond. Elle cultive la joie. Son humour est délicieux. Elle est libre. Elle dit ce qu'elle pense avec délicatesse mais fermement. Elle fait preuve d'une grande sûreté de discernement, d'une pensée rigoureuse. Sa personnalité spirituelle, sa théologie ont le même caractère : de solides fondations, de la vigueur et toujours ce centre qui unit tout : La Charité de Dieu manifestée dans le Christ[10]. »

Cause en béatification[modifier | modifier le code]

La cause en béatification de Madeleine Delbrêl a été introduite à Rome en 1990 par Monseigneur François Frétellière, ancien évêque de Créteil. Le postulateur est le père Gilles François, qui a succédé au père Jean Gueguen.

Le , le pape François a autorisé la Congrégation pour les causes des saints à promulguer le décret reconnaissant les vertus héroïques de Madeleine Delbrêl, lui attribuant ainsi le titre de vénérable[11],[12],[13]. C'est la première étape avant qu'elle ne soit déclarée bienheureuse.

Hommage[modifier | modifier le code]

En hommage à Madeleine Delbrêl, qui aimait les roses de son jardin, le diocèse de Créteil (Val-de-Marne) propose en 2020 un rosier spécialement créé pour l'occasion, nommé « Madeleine Delbrêl ». Ce rosier a été créé par le rosiériste Orard à Feyzin[14].

Publications[modifier | modifier le code]

Par ordre alphabétique des titres, hors œuvres complètes :

  • Alcide : guide simple pour simples chrétiens, Seuil, coll. « Livre de vie », no 133, Paris, 1980 (ISBN 2-02-005406-X)
  • Ampleur et dépendance du service social, Bloud et Gay, Paris, 1937
  • Communautés selon l'Évangile, Seuil, Paris, 1973 (préfacé par Guy Lafon)
  • La Femme et la maison, Les Éditions du Temps présent, Paris, 1941
  • Indivisible amour : pensées détachées inédites (textes choisis et présentés par C. de Boismarmin), Centurion, Paris, 1991. Bibliogr. p. 131-133 (ISBN 2-227-34077-0)
  • La Joie de croire, Seuil, Paris, 1968 (recueil de textes écrits de 1935 à 1964 et partiellement extr. de diverses revues et publ., préfacé par Guy Lafon)
  • Madeleine Delbrêl. La Route, impr. et libr. Alphonse Lemerre, Paris, 1927. Prix Sully Prudhomme 1926
  • Missionnaires sans bateau - les racines de la mission, Parole et silence, Saint-Maur, 2000 (ISBN 2-84573-019-5)
  • Nous autres, gens des rues - textes missionnaires, Seuil, coll. « Livre de vie », no 107, Paris, 1971
  • Veillée d'armes - aux travailleuses sociales, Bloud et Gay, coll. « Réalités du travail social », no 1, Paris, 1942
  • Ville marxiste, terre de mission - provocation du marxisme à une vocation pour Dieu…, deuxième édition augmentée avec une correspondance entre M. Delbrêl et Venise Gosnat et deux textes inédits, Cerf, coll. « Foi vivante », no 129, Paris, 1970. Réédition : Desclée de Brouwer, 1995 (ISBN 2-220-03596-4)

Œuvres complètes[modifier | modifier le code]

Les Éditions Nouvelle Cité ont publié entre 2004 et 2018 les œuvres complètes de Madeleine Delbrêl en 17 tomes :

  1. Correspondance (1910-1941), vol. 1 : Éblouie par Dieu, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 350 p. (ISBN 978-2-85313-457-6, présentation en ligne).
  2. Correspondance (1942-1952), vol. 2 : S'unir au Christ en plein monde, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 352 p. (ISBN 978-2-85313-467-5, présentation en ligne).
  3. Humour dans l'amour : Méditations et fantaisies, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, (1re éd. 2005), 282 p. (ISBN 978-2-85313-476-7) (ISBN 978-2-85313-881-9), [présentation en ligne].
  4. Le moine et le nagneau : Alcide et ses métamorphoses, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 253 p. (ISBN 978-2-85313-499-6).
    Réédition : Alcide et le petit moine : Maximes et conseils de vie spirituelle, , 250 p., (ISBN 978-2-85313-882-6), [présentation en ligne].
  5. Écrits professionnels (publiés de son vivant), vol. 1 : Profession assistante sociale, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 411 p. (ISBN 978-2-85313-520-7, présentation en ligne).
  6. Denis Pelletier et Christine Garcette (préface/introduction) et Bernard Pitaud (postface), Écrits professionnels (textes inédits), vol. 2 : Le service social entre personne et société, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 511 p. (ISBN 978-2-85313-533-7, présentation en ligne).
  7. Textes missionnaires, vol. 1 : La sainteté des gens ordinaires, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 222 p. (ISBN 978-2-85313-583-2, présentation en ligne).
  8. Textes missionnaires, vol. 2 : Athéismes et évangélisation, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 284 p. (ISBN 978-2-85313-618-1, présentation en ligne).
  9. Textes missionnaires, vol. 3 : La femme, le prêtre et Dieu : Au cœur du mystère intime de l'Église, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 288 p. (ISBN 978-2-85313-653-2, présentation en ligne).
  10. Textes missionnaires, vol. 4 : La question des prêtres ouvriers : La leçon d'Ivry, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 254 p. (ISBN 978-2-85313-684-6, présentation en ligne).
  11. Mgr Dagens (préface), Textes missionnaires, vol. 5 : Ville marxiste terre de mission, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 246 p. (ISBN 978-2-85313-741-6, présentation en ligne).
  12. Textes missionnaires, vol. 6 : En dialogue avec les communistes, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 354 p. (ISBN 978-2-85313-747-8, présentation en ligne).
  13. Textes à ses équipières, vol. 1 : La vocation de La Charité, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 336 p. (ISBN 978-2-85313-791-1, présentation en ligne).
  14. Textes à ses équipières, vol. 2 : J'aurais voulu…, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 326 p. (ISBN 978-2-85313-852-9, présentation en ligne).
  15. Textes à ses équipières, vol. 3 : Notre vie, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 326 p. (ISBN 978-2-85313-919-9, présentation en ligne).
  16. Textes à ses équipières, vol. 4 : Si la charité existe…, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 342 p. (ISBN 978-2-37582-036-0, présentation en ligne).
  17. Textes à ses équipières, vol. 5 : La conversion du cœur, Bruyères-le-Châtel, Éd. Nouvelle Cité, , 308 p. (ISBN 978-2-37582-037-7, présentation en ligne).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Les droits des femmes », À Périgueux, no 6,‎ , p. 11.
  2. Florence Chatel et Père Bernard Pitaud, « Madeleine Delbrêl : éblouie par Dieu à 20 ans », sur la-croix.com, .
  3. a b et c Geneviève Pasquier, « Petite biographie de Madeleine Delbrêl (1904-1964) », sur la-croix.com, .
  4. Luc Adrian, Madeleine Delbrêl, une vie aux « périphéries », Famille chrétienne, no 1927, 20-26 décembre 2014, p. 36-39.
  5. « Les Lois scoutes », sur scouts-val-de-marne.fr.
  6. « 17 et 18 octobre : ouverture de la maison de Madeleine Delbrêl ».
  7. Dominique Fontaine 2005, p. 44.
  8. Ampleur et dépendance du service social, Paris, Librairie Bloud et Gay, 1937.
  9. Claire Lesegretain, « Les héritiers si divers de Madeleine Delbrêl », La Croix, 11-12 octobre 2014.
  10. Christophe Chaland, « Madeleine Delbrêl, un christianisme total »a, La Croix, 26 juin 2014, p. 16.
  11. Anita Bourdin, « Madeleine Delbrêl déclarée "vénérable" », sur fr.zenit.org, (consulté le )
  12. Anne-Laure Filhol, « Madeleine Delbrêl n'a cessé d'annoncer le Christ dans le milieu athée », La Vie,‎ (lire en ligne Accès libre)
  13. « Madeleine Delbrêl, bientôt sainte ? », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  14. Agnès Pinard Legry, « Insolite : une variété de roses porte le nom de la vénérable Madeleine Delbrêl », sur fr.aleteia.org.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dominique Fontaine, « Madeleine Delbrêl a cent ans », Revue Projet, vol. 2, no 285,‎ , p. 42-44 (lire en ligne)
  • Gilles François et Bernard Pitaud, Madeleine Delbrêl, poète, assistante sociale et mystique, Nouvelle Cité
  • Jacques Loew, Vivre l'Évangile avec Madeleine Delbrêl, Bayard/Centurion, 1994
  • Bernard Pitaud, Prier 15 jours avec Madeleine Delbrêl, Nouvelle Cité, 1998
  • Christine de Boismarmin, Madeleine Delbrêl, rue des villes, chemins de Dieu (1904-1964), Nouvelle Cité, 2004
  • André Picart, Premiers pas avec Madeleine Delbrêl, Saint-Lèger éditions, 2013
  • Raphaël Buyse, Toute cette foule dans notre cœur : prendre la route avec Madeleine Delbrêl, Bayard Culture, 2020

Liens externes[modifier | modifier le code]