Michel-Louis Guérard des Lauriers

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Michel-Louis Guérard des Lauriers
Fonction
Évêque sédéprivationniste (d)
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Condamnation

Michel Louis Guérard des Lauriers, né le et mort le , est un religieux catholique français, dominicain, théologien et évêque sédéprivationniste.

Il est sacré évêque en 1981 sans mandat romain par Pierre Martin Ngo Dinh Thuc (alors sédévacantiste).

Famille[modifier | modifier le code]

La famille Guérard des Lauriers est une famille d'ancienne bourgeoisie de Normandie, établie ensuite en Bretagne[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Michel-Louis Guérard des Lauriers passe son baccalauréat en 1916. Il est mobilisé en 1917 et sert comme aspirant. Après sa démobilisation en 1919, il poursuit ses études et entre à l'École normale supérieure. En 1924, il obtient l'agrégation de mathématiques[2].

Il entre au noviciat dominicain d'Amiens en 1927, puis rejoint le couvent et université dominicaine du Saulchoir à Kain près de Tournai et est ordonné prêtre le [3]. Il devient en 1932 professeur de calcul différentiel et intégral aux Facultés catholiques de Lille. Lecteur en théologie, il enseigne à partir de 1933 la métaphysique et la philosophie des sciences au Saulchoir[4],[5].

En 1940, il soutient à Paris une thèse de doctorat en mathématiques intitulée Sur les systèmes différentiels du second ordre qui admettent un groupe continu fini de transformations[6]. En 1949, il est bachelier en théologie[2].

Sa déposition de novembre 1955, sur la base du témoignage d'une jeune femme lui ayant rapporté des abus sexuels, relance le procès canonique contre Thomas Philippe[7],[2]

En 1969, il est le principal rédacteur du Bref examen critique du nouvel Ordo Missae signé par les cardinaux Alfredo Ottaviani et Antonio Bacci. Il obtient de son provincial l'autorisation de continuer à célébrer selon l'ancien ordo[2].

En 1970, il perd sa charge d'enseignant à l'université pontificale du Latran. Après un compagnonnage avec Marcel Lefebvre, il rompt avec lui en 1977[2] et évolue vers le sédévacantisme[8].

Il formalise dans les Cahiers de Cassiciacum, publiés entre 1979 et 1981, la thèse sédéprivationniste selon laquelle les papes depuis ne sont papes que matériellement (materialiter) et non formellement (formaliter)[9]. Le siège de Pierre est formellement vacant depuis la proclamation en décembre 1965 de la déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis Humanae. Paul VI, en raison des hérésies de Vatican II, bien que canoniquement élu pape, n'en a pas les pouvoirs. Il donne l'habit dominicain à l'abbé Olivier de Blignières et soutient la naissante Fraternité Saint-Vincent-Ferrier qui adhère alors à sa thèse sédéprivationniste[2].

En 1981, il reçoit la consécration épiscopale de Pierre Martin Ngo Dinh Thuc[10].

Il est excommunié en mars 1983[8]. Il affirme publiquement en 1984 ne plus croire à la validité de l'élection de Jean-Paul II[2]. Entre 1984 et 1987, il consacre trois évêques[10].

Il décède le à l'âge de 89 ans[10].

Succession apostolique[modifier | modifier le code]

Michel-Louis Guérard des Lauriers a été consacré évêque le à Toulon par Ngo-Dinh-Thuc. Par la suite, des Lauriers a consacré trois évêques sédévacantistes[2] :

  • l'Allemand Gunter Storck (1938-1993) le , qui ouvrit ensuite un séminaire du Très-Précieux-Sang en Allemagne,
  • le dominicain américain Robert McKenna (1927-2015) le ,
  • l'Italien Franco Munari, alors supérieur de l'Institut Mater Boni Consilii, le .

Jugement de son sacre par le Vatican[modifier | modifier le code]

Le Saint-Siège a statué sur les sacres effectués par Pierre Martin Ngo Dinh Thuc. Dans une notification du 12 mars 1983 confirmant une note du de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, il y est indiqué que les prêtres[11] :

  • du Palmar de Troya (cinq prêtres ont été sacrés évêques),
  • le père M.-L. Guérard des Lauriers,
  • l'abbé Moises Carmona,
  • l'abbé Adolfo Zamora,
  • l'abbé Benigno Bravo,
  • l'abbé Roberto Martinez,
  • l'abbé George Musey
  • et tous les prêtres « sacrés » évêques par les dits « évêques » cité ci-avant encourent les peines :
  1. "Les évêques qui ont ordonné d’autres évêques, et les évêques qu’ils ont ordonnés encourent, outre les sanctions prévues par les canons 2370 et 2373, § 1 et 3 du Code de droit canonique, l’excommunication ipso facto très spécialement réservée au Siège apostolique, dont il est question dans le décret publié par la S. Congrégation du Saint-Office le (AAS XLIII, 1951, p. 217 et s.). La peine prévue par le canon 2370 s’applique aussi aux prêtres assistants, s’il y en avait.
  2. Les prêtres ainsi ordonnés illégitimement sont, en vertu du canon 2374, suspendus ipso facto, de l’Ordre qu’ils ont reçu, et même frappés d’irrégularité s’ils accomplissent un acte réservé à cet ordre (can. 987, § 7).
  3. Enfin, quoi qu’il en soit de la validité des ordres, l’Église ne reconnaît ni ne reconnaîtra l’ordination de ceux qui, déjà, ont ainsi été ordonnés illégitimement ou de ceux qui éventuellement seraient ordonnés par eux. Pour tous les effets juridiques, l’Église considère que chacun d’eux est resté dans l’état qui était le sien auparavant, demeurant fermes, jusqu’à ce qu’ils viennent à résipiscence, les sanctions pénales indiquées ci-dessus. Nonobstant toutes choses contraires."

Cette Congrégation doit enfin mettre en garde les fidèles, afin qu’ils ne donnent en aucune manière leur participation et leur soutien aux activités liturgiques ou autres organisées par les personnes sus-indiquées[11].

La licéité de ces ordinations et de ces sacres n'est pas reconnue par l’Église catholique, les clercs concernés ne sauraient exercer de ministère légitime, tous sacrements donnés par ces dits prêtres ou évêques sont illicites[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-mobiliaire français, éd. Sedopols, (ISBN 978-2-904177-23-1), p. 379
  2. a b c d e f g et h Jean-Pierre Chantin (dir.) et Paul Airiau, Les marges du Christianisme. : « Sectes », dissidences, ésotérisme, Paris, Beauchesne, coll. « Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine », , 277 p. (ISBN 9782701014180), « Guérard des Lauriers Raymond Michel Charles », p. 120-122
  3. « GUÉRARD des LAURIERS Louis-Bertrand », Dictionnaire biographique des frères prêcheurs,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Cavalin 2023, p. 455
  5. Étienne Fouilloux, « Henri Bouillard et Saint Thomas d'Aquin (1941-1951) », Recherches de Science Religieuse, vol. 97, no 2,‎ , p. 173 (ISSN 0034-1258 et 2104-3884, DOI 10.3917/rsr.092.0173, lire en ligne, consulté le )
  6. Guérard des Lauriers, « Sur les systèmes différentiels du second ordre qui admettent un groupe continu fini de transformations », Annales scientifiques de l'École normale supérieure, 3e série, t. 57,‎ , p. 201-315 (DOI 10.24033/asens.885, lire en ligne)
  7. Cavalin 2023, p. 455-458
  8. a et b Cavalin 2023, p. 668
  9. Luz Frédéric, Le soufre et l'encens : enquête sur les Églises parallèles et les évêques dissidents, Paris, Claire Vigne, , 319 p. (ISBN 2-84193-021-1, OCLC 35551976), « Les Antipapes se ramassent à la pelle – Mgr Guérard des Lauriers », p. 181
  10. a b et c Luz Frédéric, Le soufre et l'encens : enquête sur les Églises parallèles et les évêques dissidents, Paris, Claire Vigne, , 319 p. (ISBN 2-84193-021-1, OCLC 35551976), « Les Antipapes se ramassent à la pelle – Mgr Guérard des Lauriers », p. 182
  11. a et b Joseph Ratzinger, « Notification par laquelle sont de nouveau déclarées les peines canoniques encourues par Mgr. Pierre-Martin Ngô-dińh-Thuc et ses complices pour les ordinations illicites de prêtres et d'évêques », sur www.vatican.va, (consulté le )
  12. « Code de Droit Canonique - IntraText », sur www.vatican.va (consulté le )

Publications[modifier | modifier le code]

  • Le Saint-Esprit, âme de l'Église, Étiolles (Seine-et-Oise), Monastère de la Croix, 1948.
  • Garabandal, S.l., 1965.
  • Lettera ad un religioso di Simone Weil ; trad. di Mariella Bettarini. Risposta alla Lettera ad un religioso di Guérard des Lauriers ; trad. di Carmen Montesano (Lettre à un religieux), Torino, Borla, 1970.
  • La mathématique, les mathématiques, la mathématique moderne, Paris, Doin, 1972.
  • Homélie (prononcée le pour l'anniversaire de la mort de l'amiral Hervé de Penfentenyo, Versailles, R.O.C., 1973.
  • La charité de la vérité, Villegenon, Sainte Jeanne d'Arc, 1985.
  • La présence réelle du Verbe incarné dans les espèces consacrées, Villegenon, Sainte Jeanne d'Arc, 1987.
  • (it) Breve esame critico del Novus Ordo Missae : dei cardinali Ottaviani e Bacci, Verrua Savoia, Centro Librario Sodalitium, (ISBN 978-88-89596-19-7, lire en ligne)

Bibliographie complémentaire[modifier | modifier le code]

  • Louis-Marie de Blignières, Le mystère de l'être : l'approche thomiste de Guérard des Lauriers, Paris, J. Vrin, .
  • Tangi Cavalin, L'affaire : Les dominicains face au scandale des frères Philippe, Éditions du Cerf, , 766 p. (ISBN 9782204153539)
  • Jean-Pierre Chantin (dir.) et Paul Airiau, Les marges du Christianisme. : « Sectes », dissidences, ésotérisme, Paris, Beauchesne, coll. « Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine », , 277 p. (ISBN 9782701014180), « Guérard des Lauriers Raymond Michel Charles », p. 120-122
  • Yves Chiron, Histoire des traditionalistes, Paris, Tallandier, , p. 495-498

Banques de données, dictionnaires et encyclopédies[modifier | modifier le code]