Médias dans la série Les Simpson

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Les médias sont un thème satirique récurrent de la série télévisée Les Simpson. Cette série est connue pour sa satire de la culture populaire américaine, et notamment de la culture télévisuelle ; mais, depuis ses débuts, elle a couvert toutes sortes de médias tels que l'animation, le journalisme, les annonces publicitaires, les comics, les films, internet, et la musique.

La série se centre sur une famille et sa vie dans une ville américaine typique. Cependant, du fait de son caractère de dessin animé, le champ couvert par Les Simpson est plus large dans la mesure où la communauté de Springfield fonctionne comme un univers complet. La ville s’enorgueillit ainsi d'un vaste ensemble de médias divers, qui vont des programmes de télévision pour enfants aux informations locales, ce qui permet aux producteurs de faire des plaisanteries sur eux-mêmes et sur l'industrie du divertissement.

L'essentiel de la satire des médias qui apparait dans Les Simpson porte sur la télévision. Ceci se fait principalement au travers de trois personnages : Krusty le clown, Sideshow Bob, et Troy McClure. Chacun de ces personnages fait ou a fait carrière dans les programmes télévisés qui sont mis en scène dans Les Simpson. Le Itchy & Scratchy Show est un spectacle à l'intérieur du spectacle, qui est une satire de l'animation, et même, dans quelques cas, des Simpson eux-mêmes. Les sujets abordés vont des problèmes de censure ou de plagiat jusqu'à des parodies des reportages télévisés en direct ou des documentaires.

Un autre thème récurrent est celui de l'état du journalisme. La série Les Simpson met en scène une équipe d'actualités fictives dont l'« anchorman » est Kent Brockman, qui présente des émissions télévisées fictives telles que Smartline et Eye on Springfield. Kent Brockman s'intéresse plus à amuser ses téléspectateurs qu'à les informer, et à travers lui, les scénaristes peuvent commenter le côté « beau parleur » des informations télévisées, ainsi que leur tendance à l'exagération et au sensationnalisme.

Les Simpson traitent également de l'évolution des médias vers les tabloïds, avec la tendance à présenter les gens comme coupables en l'absence de tout procès, ou encore à envahir totalement la vie privée en campant devant la maison des gens.

Quand la série Les Simpson a été mise en place pour une émission d'une demi-heure, James L. Brooks a négocié un contrat inhabituel, selon lequel les producteurs empêcheraient la chaîne Fox d'interférer avec la série. Ce contrat a permis d'écrire plusieurs plaisanteries aux dépens de la chaîne Fox et de Fox News. Le fait que la plupart des chaînes de télévision interfèrent dans les émissions télévisées, au travers d'instructions adressées au réalisateur (network notes), est souvent l'objet de parodies dans Les Simpson. Le créateur Matt Groening a commenté ce contrat en soulignant qu'il avait permis de placer Les Simpson dans une position unique, et certains commentateurs ont remarqué que cette situation était un défi aux pratiques habituelles de l'industrie.

Contexte[modifier | modifier le code]

Satire de la culture populaire[modifier | modifier le code]

La série Les Simpson est connue pour sa satire de la culture populaire américaine, en particulier de la culture télévisuelle[1]. Elle fait appel au ressort classique des sitcoms, dans la mesure où elle se centre sur une famille et sa vie au sein d'une ville américaine typique[2]. Cependant, du fait de son caractère de dessin animé, la portée de la série Les Simpson va au-delà de celle des sitcoms habituelles. La ville de Springfield fonctionne en effet comme un univers complet, à l'intérieur duquel les personnages peuvent explorer les problématiques que l'on rencontre dans la société moderne. La ville dispose d'une large ensemble de médias allant des programmes de télévisions pour enfants aux nouvelles locales, ce qui permet aux producteurs de faire des plaisanteries sur eux-mêmes et sur l'industrie du divertissement[3].

Pour ce qui est de la radio, les citoyens de Springfield ont des stations de radio de fiction telles que KBBL am, KBBL fm, KUDD, WKOMA, KJAZZ, KFSL, et WOMB[4].

Plusieurs personnages ont un rôle dans cette satire. Krusty le clown est un vétéran de l'industrie du divertissement à la vie difficile[5], qui a sa propre émission, The Krusty the Klown Show : celle-ci vise un public enfantin et est suivie par beaucoup, y compris Bart Simpson[6]. Il est parfois décrit comme un has been blasé, au bout du rouleau, qui a touché le fond bien des fois et continue à s'adonner aux jeux, à la boisson, aux cigarettes, au Percodan, au Pepto-Bismol, et au Xanax[5]. Il sombre dans la dépression dès que les caméras s'arrêtent de tourner[7]. Dans son livre Planet Simpson: How a Cartoon Masterpiece Documented an Era and Defined a Generation, l'écrivain Chris Turner décrit Krusty comme « le vétéran desséché, le pro total » qui vit une vie de célébrité, mais est malheureux au fond de lui-même et a besoin de ce statut de célébrité[8]. On a décrit Krusty comme « l'homme de spectacle consommé, qui ne supporte pas l'idée de ne pas être à l'antenne et de ne pas amuser le public »[9]. Ses émissions télévisées sont d'une qualité inégale et tout ce qu'il a à offrir est de basse qualité, au point d'en être potentiellement dangereux[10].

Si Krusty représente la culture à son plus bas niveau, Sideshow Bob, lui, représente la culture élitiste[11]. Il a commencé sa carrière comme l’acolyte muet de l'émission télévisée de Krusty le clown[12]. Frustré par ses débuts comme cible des « gags bon marché de Krusty », Bob coince Krusty et récupère l'émission. Il en change le contenu pour y présenter des lectures de littérature classique et des passages où l'on examine la vie émotionnelle des préadolescents. Il croit qu'en exposant les enfants à une culture de haut niveau, il pourra améliorer leur vie[13]. Arnold écrit que « la propre conscience de Bob et sa moralité ne sont clairement affectées par la culture élevée qu'il représente ». Il s'efforce aussi de « manipuler les goûts des masses » et devenant un « cerveau » du crime[13]. Dans l'ouvrage Leaving Springfield, David L. G. Arnold fait remarquer que Bart est le produit d'une « éducation de culture de masse » et est comme tel l'ennemi de Bob[14]. Turner écrit que Bob s'est construit la personnalité d'un snob intellectuel, prétentieux et Républicain conservateur, de telle sorte que les écrivains puissent constamment le frapper avec un râteau et le mettre à terre[11].

Troy McClure, quant à lui, est le stéréotype du has been hollywoodien[15]. Il a été une vedette au début des années 1970, mais sa carrière n'a fait que dégringoler du fait des rumeurs qui circulent sur une paraphilie impliquant des poissons. Dans la plupart de ses apparitions dans l'émission, il présente de courts clips vidéo que d'autres personnages regardent à la télévision ou dans un lieu public. Il présente souvent des vidéos éducatives[16],[17] et de la publicité rédactionnelle[18].

Chris Turner remarque que « le type du personnage hollywoodien, lèche-bottes et mielleux [...] a été ressassé encore et encore, mais la version qu'en donne Hartman lui injecte une vie nouvelle à chaque apparition. McClure est devenu l'apothéose du stéréotype, une réinterprétation drôle à s'en faire mal aux tripes, dont la présentation qui le caractérise [...] est devenu un raccourci pour décrire n'importe quelle personnalité des médias grossièrement superficielle »[19].

Instructions données par la chaîne (network notes)[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Animation[modifier | modifier le code]

Journalisme[modifier | modifier le code]

Internet[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Booker 2006, p. 48
  2. Turner 2004, p. 28
  3. Turner 2004, p. 388
  4. Moran 2009, p. 13
  5. a et b Épisode Mr. Spritz Goes to Washington, quatorzième épisode de la quatorzième saison de la série Les Simpson. Diffusé pour la première fois le 2003-03-09 sur le réseau Fox. Autres crédits : Swartzwelder, John; Kramer, Lance.
  6. Épisode Krusty Gets Kancelled, 22e épisode de la quatrième saison de la série Les Simpson. Diffusé pour la première fois le 1993-05-13 sur le réseau Fox. Autres crédits : Swartzwelder, John; Silverman, David.
  7. Épisode Homie the Clown, quinzième épisode de la sixième saison de la série Les Simpson. Diffusé pour la première fois le 1995-02-12 sur le réseau Fox. Autres crédits : Swartzwelder, John; Silverman, David.
  8. Turner 2004, p. 392–394
  9.  Commentary for "Sideshow Bob's Last Gleaming". The Simpsons: The Complete Seventh Season [DVD], Oakley, Bill () 20th Century Fox.
  10. Turner 2004, p. 127–128
  11. a et b Turner 2004, p. 129–131
  12. Épisode The Telltale Head, huitième épisode de la première saison de la série Les Simpson. Diffusé pour la première fois le 1990-02-25 sur le réseau Fox. Autres crédits : Jean, Al; Reiss, Mike; Groening, Matt; Simon, Sam; Moore, Rich.
  13. a et b Arnold 2003, p. 12–13
  14. Arnold 2003, p. 2–3
  15.  Commentary for "A Fish Called Selma". Les Simpson: The Complete Seventh Season [DVD], Weinstein, Josh; Bill Oakley, David Silverman, Jeff Goldblum () 20th Century Fox.
  16. Épisode Lisa the Vegetarian, 133e épisode de la septième saison de la série Les Simpson. Diffusé pour la première fois le 1995-10-15 sur le réseau Fox. Autres crédits : Cohen, David; Kirkland, Mark; Mirkin, David.
  17. Épisode Lisa the Simpson, 195e épisode de la neuvième saison de la série Les Simpson. Diffusé pour la première fois le 1998-03-08 sur le réseau Fox. Autres crédits : Goldreyer, Ned; Dietter, Susie; Oakley, Bill; Weinstein, Josh.
  18. Épisode Marge in Chains, 80e épisode de la quatrième saison de la série Les Simpson. Diffusé pour la première fois le 1993-05-06 sur le réseau Fox. Autres crédits : Oakley, Bill; Weinstein, Josh; Jean, Al; Reiss, Mike; Reardon, Jim.
  19. Turner 2004, p. 405–406

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) John Alberti (ed.), Leaving Springfield : The Simpsons and the Possibility of Oppositional Culture, Détroit, Wayne State University Press, (ISBN 0-8143-2849-0)
    • (en) David L. G. Arnold, « Use a Pen, Sideshow Bob : The Simpsons and the Threat of High Culture », dans Leaving Springfield, , p. 1–28
    • (en) Kurt M. Koenigsberger, « Commodity Culture and Its Discontents : Mr. Bennett, Bart Simpson. and the Rhetoric of Modernism », dans Leaving Springfield, , p. 29–62
    • (en) Valerie Weilunn Chow, « Homer Erectus: Homer Simpson As Everyman ... and Every Woman », dans Leaving Springfield, , p. 107–136
    • (en) Robert Sloane, « Who Wants Candy? Disenchantment in The Simpsons », dans Leaving Springfield, , p. 137–171
  • (en) M. Keith Booker, Drawn to television : prime-time animation from the Flintstones to Family guy, Praeger Publishers, , 191 p. (ISBN 0-275-99019-2, lire en ligne)
  • (en) Michael Dunne, American Film Musical Themes and Forms, McFarland & Company, , 223 p. (ISBN 0-7864-1877-X, lire en ligne)
  • (en) Jonathan Gray, Watching with The Simpsons : Television, Parody, and Intertextuality, Londres, Taylor & Francis, , 199 p. (ISBN 978-0-415-36202-3, lire en ligne)
  • (en) Steven Keslowitz, The World According to the Simpsons : What Our Favorite TV Family Says about Life, Love, and the Pursuit of the Perfect Donut, Sourcebooks, , 304 p. (ISBN 978-1-4022-0655-9)
  • (en) Brian L. Ott, The Small Screen : How Television Equips Us to Live in the Information Age, Blackwell Publishing, , 216 p. (ISBN 978-1-4051-6154-1 et 1-4051-6154-X)
  • (en) Ray Richmond et Antonia Coffman, The Simpsons : A Complete Guide to our Favorite Family, Harper Collins Publishers, (ISBN 0-00-638898-1)
  • (en) Chris Turner, Planet Simpson : How a Cartoon Masterpiece Documented an Era and Defined a Generation, Toronto, Canada, Random House Canada, , 466 p. (ISBN 0-679-31318-4)
  • (en) Fran Moran, Popular Democracy and Citizen Engagement : Lessons from Springfield, Jersey City, New Jersey City University, , PDF (lire en ligne)

Sources[modifier | modifier le code]