Loup rouge

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Canis rufus

Canis rufus
Description de cette image, également commentée ci-après
Un loup rouge (Canis rufus)
au Chehaw Park (en), aux États-Unis.
Classification
Règne Animalia
Classe Mammalia
Ordre Carnivora
Famille Canidae
Genre Canis

Espèce

Canis rufus
Audubon & Bachman, 1851

Répartition géographique

Description de l'image Distribution of North American Canis 2.png.

Statut de conservation UICN

( CR )
CR C2a(i,ii); D :
En danger critique

Synonymes

Statut CITES

Sur l'annexe I de la CITES Annexe I , Rév. du 23/06/2010

Le Loup rouge ou Loup roux (Canis rufus) est un Canidé en danger critique d'extinction. Il doit son nom à la couleur de son pelage et vit en Amérique du Nord. Il subsiste des doutes sur ses origines et le Loup rouge est tantôt considéré comme une espèce à part entière, tantôt comme une sous-espèce (Canis lupus rufus) du Loup gris, parfois seulement comme un hybride (Canis lupus × Canis latrans) entre le Loup gris et le Coyote.

Taxonomie[modifier | modifier le code]

La taxonomie du Loup rouge est controversée. Mammal Species of the World traite C. rufus comme synonyme de C. lupus, tout en soulignant que le groupe rufus, avec ses trois sous-espèces, pourrait être considérée incertae sedis[1].

Avant l'arrivée des Européens en Amérique du Nord, les Cherokees considéraient le Loup rouge comme distinct, l'appelant ᏩᏯ (wa'ya)[2].

William Bartram fut le premier naturaliste à mentionner le Loup rouge, dans son ouvrage intitulé Travels. Il y relate une rencontre avec des loups en Floride, qu'il décrit comme « plus grands qu'un chien, et parfaitement noirs, à l'exception des femelles, qui ont une tache blanche sur la poitrine, mais ils ne sont pas aussi grands que les loups du Canada et de Pennsylvanie, qui sont d'une couleur brun jaunâtre »[3]. C'est toutefois Audubon et Bachman qui en ont fait la première description officielle[4]. Ils le nomment alors Canis lupus var. rufus, le Loup rouge du Texas (red Texan wolf).

Au début des années 1970, à la suite d'analyses morphométriques, des biologistes ont conclu que C. rufus constituait bel et bien une espèce[5],[6],[7]. La découverte d'un allèle unique au Loup rouge en 1980 a été le premier argument moléculaire pour considérer C. rufus comme espèce[8].

D'autres auteurs, longtemps minoritaires, considèrent le Loup rouge comme étant un hybride entre le Loup gris (Canis lupus) et le coyote (Canis latrans) à la suite de plusieurs études génétiques controversées menées depuis 1992[9],[10], son nom scientifique serait alors Canis lupus x Canis latrans[11]. Il n'est donc dans ce cas plus rattaché à aucune espèce particulière.

D'autres auteurs considèrent qu'il s'agit d'une sous-espèce, Canis lupus rufus, du Loup gris[12].

Sous-espèces[modifier | modifier le code]

Traditionnellement, trois sous-espèces de Loup rouge sont reconnues, dont deux sont éteintes. Il s'agit de:

  • Canis rufus floridanus, éteinte depuis 1930 ;
  • Canis rufus rufus, déclarée éteinte vers 1970 ;
  • Canis rufus gregoryi, seule sous-espèce survivante, disparue à l'état sauvage en 1980 puis réintroduite en 1987.[réf. souhaitée]

Morphologie[modifier | modifier le code]

Loup rouge et coyote.

Le Loup rouge est plus grand que le Coyote, mais plus petit que le Loup gris, quoique des spécimens soient plus grands que certains petits loups gris. En moyenne, l'adulte mesure 106 cm de long et pèse 23 kg[13]. Son pelage est généralement plus roux que le Coyote et le Loup gris, mais ce critère peut être confondant[7]. De plus, comme chez le Loup gris, les individus mélaniques ne sont pas rares. Toujours par rapport au Loup gris et au Coyote, ses oreilles sont proportionnellement plus grandes et son crâne est plus étroit, avec un museau long et mince.

Habitat et répartition[modifier | modifier le code]

On considère que l'aire de répartition originelle des loups rouges inclut l'est de l'Amérique du Nord, où l’on peut en trouver en Pennsylvanie à l'est, à la Floride au sud et au Texas à l'ouest.

Populations et conservation[modifier | modifier le code]

L'UICN (23 janvier 2023)[14] classe l'espèce en catégorie CR (en danger critique) dans la liste rouge des espèces menacées depuis 2020.

Au siècle dernier, les persécutions, la destruction de l'habitat et l'hybridation avec les coyotes ont conduit le Loup rouge au bord de l'extinction. Un programme d'élevage en captivité a entrepris la réintroduction de cette espèce dans la nature canadienne[15]. Au début des années 2010, la population totale était estimée à un peu plus d'une centaine d'individus[16].

Il en existait trois populations distinctes dont deux sont disparues, la dernière est très menacée[17] et le classement en tant qu’hybride menacerait sa réintroduction ou l'existence même des populations survivantes.

En 2022, une portée de six louveteaux est née dans le refuge faunique national d'Alligator River alors que l'espèce était considérée comme pratiquement éteinte en 2021[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) D. E. Wilson et D.M. Reeder, Mammal Species of the World : A Taxonomic and Geographic Reference, Baltimore, É.-U., Johns Hopkins University Press, , 2142 p. (ISBN 0-8018-8221-4, lire en ligne), p. 576-577.
  2. (en) C. Camuto, Another Country : Journeying Toward the Cherokee Mountains, University of Georgia Press, , 368 p. (ISBN 0-8203-2237-7, lire en ligne), p. 576-577
  3. (en) Michael K. Phillips, V. Gary Henry et Brian T. Kelly, « Restoration of the Red Wolf », dans David L. Mech et Luigi Boitani, Wolves: behavior, ecology, and conservation, Chicago, University of Chicago Press, (lire en ligne), p. 272
  4. (en) John James Audubon et John Bachman, The Quadrupeds of North America, vol. 2, New York, É.-U., V.G. Audubon, , 334 p. (lire en ligne), p. 240-243
  5. (en) J.L. Paradiso, « Canids recently collected in East Texas, with comments on the taxonomy of the Red Wolf », The American Midland Naturalist, vol. 80, no 2,‎ , p. 529-534 (DOI 10.2307/2423543, lire en ligne)
  6. (en) David L. Atkins et Lawrence S. Dillon, « Evolution of the cerebellum in the genus Canis », Journal of Mammalogy, vol. 51, no 1,‎ , p. 96-107 (DOI 10.2307/1378435, lire en ligne)
  7. a et b (en) J.L. Paradiso et R.M. Nowak, « Canis rufus », Mammalian Species, vol. 22, no 22,‎ , p. 1–4 (DOI 10.2307/3503948, lire en ligne)
  8. (en) Robert E. Ferrell, Donald C. Morizot, Jacqueline Horn et Curtis J. Carley, « Biochemical markers in a species endangered by introgression: The red wolf », Biochemical Genetics, vol. 18, no 1,‎ , p. 39-49 (DOI 10.1007/BF00504358, lire en ligne)
  9. Reich, D. E., R. K. Wayne, and D. B. Goldstein. 1999. Genetic evidence for a recent origin by hybridization of red wolves. Molecular Ecology 8:139-144.
  10. Dowling, T. E., et al. 1992. Response to Wayne, Nowak, and Phillips and Henry: use of molecular characters in conservation biology. Conservation Biology 6:600-603.
  11. Ron Nowak, « Hybridization: the Double-edged Threat », Vol. 3, sur CANID NEWS,
  12. Loup roux sur Terra Nova
  13. (en) Joseph W. Hinton et Michael J., « Morphometrics of Canis taxa in eastern North Carolina », Journal of Mammalogy, vol. 95, no 4,‎ , p. 855–861 (ISSN 0022-2372, DOI 10.1644/13-MAMM-A-202, lire en ligne)
  14. UICN, consulté le 23 janvier 2023
  15. (en) Wolf sur le site Hinterland Who's Who par Environment Canada & Canadian Wildlife Federation. Consulté le 7 nov. 2013.
  16. Wildlife Management Institue. 2014. A Comprehensive Review and Evaluation of the Red Wolf (Canis rufus) Recovery Program. 171 p.
  17. (en) Référence UICN : espèce Canis rufus Audubon et Bachman, 1851
  18. « Une portée de loups rouges pour la première fois en 4 ans ! », sur Futura (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références taxonomique[modifier | modifier le code]

En 2010, comme sous-espèce
En 2010, comme espèce

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Loup roux sur Terra Nova
  • (en) J.R. Adams et al. Locating hybrid individuals in the red wolf (Canis rufus) experimental population area using a spatially targeted sampling strategy and faecal DNA genotyping, Dans Molecular Ecology, volume 16 n° 9, pages 1823 à 1834, accepté en 2006. lire le résumé en ligne