Louis-Armand de Bourbon-Conti (1695-1727)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Louis-Armand de Bourbon-Conti
Description de cette image, également commentée ci-après
Le prince de Conti, Louis Armand de Bourbon.

Titre

Prince de Conti


(18 ans, 2 mois et 25 jours)

Prédécesseur François-Louis de Bourbon-Conti
Successeur Louis-François de Bourbon-Conti
Biographie
Titulature Prince de Conti
Prince du sang
Prince de La Roche-sur-Yon
Prince d'Orange
Duc de Mercœur
Seigneur de L'Isle-Adam
Comte de La Marche, d'Alais, de Beaumont-sur-Oise et de Pézenas
Dynastie Maison de Conti
Distinctions Grand maître de France
Chevalier de l'ordre du Saint-Esprit
Pair de France
Autres fonctions Lieutenant général
Gouverneur du Poitou
Membre du Conseil de Régence
Membre du Conseil de la Guerre
Naissance
Versailles, Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Décès (à 31 ans)
Paris, Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Père François-Louis de Bourbon-Conti
Mère Marie-Thérèse de Bourbon-Condé
Conjoint Louise-Élisabeth de Bourbon
Enfants
Religion Catholicisme

Description de l'image Arms of Armand de Conti.svg.

Louis-Armand de Bourbon, comte de La Marche, d'Alais, de Beaumont-sur-Oise et de Pézenas puis prince de Conti (1709), duc de Mercœur, seigneur de L'Isle-Adam, prince d'Orange (1712), est un membre de la Maison de Bourbon et Prince du sang, né à Versailles le et mort à Paris le .

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et famille[modifier | modifier le code]

Unique fils survivant du Grand Conti, François-Louis de Bourbon-Conti (1664-1709), et de Marie-Thérèse de Bourbon (1666-1732), il n'est baptisé que le dans la chapelle royale du château de Versailles, avec pour parrain Louis XIV et pour marraine la reine Marie-Béatrice de Modène, femme du roi Jacques II d'Angleterre.

Surnommé à la Cour « le Singe vert » en raison de sa laideur (il est bossu et affligé de tics), considéré comme bizarre, lâche et vicieux. Dans la mesure où il est prince du sang, il est néanmoins traité avec libéralité par Louis XIV puis par le Régent. Il est fait chevalier de l'ordre du Saint-Esprit le et prit séance avec les pairs de France au Parlement de Paris le 8 du même mois.

Mariage et vie privée[modifier | modifier le code]

En 1713, il épouse avec dispense sa cousine germaine Louise-Élisabeth de Bourbon née en 1693, fille de Louis III de Bourbon-Condé.

Au mois d', il attrape, dans une maison-close, la vérole qu'il transmet à sa femme. Pour se venger, il retrouve la « coupable » qui n'avait pas vingt ans et, accompagné d'un garçon-boucher, fait insuffler de l'air à l'aide d'un soufflet dans l'anus de la jeune prostituée qui en meurt. Un prince de sang ne pouvant être inquiété par la justice, les tenanciers du bordel, les époux Berlier de Montrival, entremetteurs du grand monde[1], furent tenus pour coupables de la mort de la jeune fille et bannis de Paris après avoir été fustigés et traînés torse-nu au cul d'un chariot, de la Conciergerie à leur hôtel de la rue du Faubourg-Saint-Martin[2],[3],[4]. Quant au prince, sa mère et sa femme s'enfermèrent courageusement avec lui pour le soigner et il guérit.

Bien qu'il trompât sa femme sans scrupule, le prince de Conti était d'une jalousie maladive et violente. La princesse, de son côté, n'avait pas tardé à prendre pour amant le marquis de La Fare[5], un cavalier de belle allure, futur maréchal de France, sans prendre la peine de dissimuler cette liaison. Conti, rendu fou de jalousie, se mit à battre sa femme et l'on dut appeler un chirurgien à deux reprises. La princesse n'en perd pas pour autant sa fierté et lui aurait dit un jour : « souvenez-vous que je peux faire des princes du sang sans vous mais que vous ne pouvez pas en faire sans moi ! ». Elle finit par s'enfuir pour aller se réfugier chez sa mère, puis dans un couvent. Le prince en appelle au Parlement pour tenter de récupérer sa femme.

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Durant la guerre de Succession d'Espagne, le prince de Conti sert dans l'armée du Rhin, commandée par le maréchal de Villars, mais sans montrer les mêmes qualités militaires que son père. Il participa au siège de Landau et est nommé maréchal de camp le .

Le , il assiste à la séance du Parlement de Paris convoquée pour casser le testament de Louis XIV. Le , il devient membre du Conseil de Régence et du conseil de la guerre. Il ne siège que peu de temps dans ce dernier conseil, puisque le Régent met fin à la polysynodie en . Pendant cette période, le Conseil de la guerre devient, selon le mot de Saint-Simon, "une pétaudière" où se multiplient les querelles de préséance pendant que l'activité décline considérablement, que ce soit en termes de fréquence des réunions ou de volume des affaires traitées[6].

Le , il reçoit le gouvernement du Poitou, aux appointements de 45 000 livres.

Lorsque la France déclare la guerre à l'Espagne en 1719, il est nommé lieutenant général () et commandant de la cavalerie, mais rien, hors la volonté de mettre en avant les princes du sang dans cette expédition, ne justifiait ce choix. Il ne cessa de se quereller avec le maréchal de Berwick et suscitait le scandale de la troupe en exigeant d'être entouré de sa garde quand il était dans la tranchée. Il ne tarde pas à être relevé de son commandement.

Spéculation et mort[modifier | modifier le code]

Rentré en France, il gagne des sommes considérables grâce au système de Law, en achetant du papier-monnaie émis par la Banque générale créée par Law puis en convertissant ces billets en pièces d'or et d'argent à un cours très élevé.

Prétextant un différend avec John Law, il en retire trois fourgons chargés d'or, ce qui provoque une panique financière et un krach, les autres épargnants prenant peur et demandant à leur tour à convertir leur papier-monnaie en pièces de métal fin. Réprimandé par le Régent, il n'en garda pas moins l'argent.

Sa femme ayant fini par réintégrer le domicile conjugal en 1725, Conti commença par la retenir au château de L'Isle-Adam. À force de séduction et de persuasion, elle finit par convaincre le prince, atteint par une fluxion de poitrine, de rentrer à Paris. Mais la maladie s'aggrave et Conti meurt en 1727 à l'âge de 31 ans, non sans avoir supplié sa femme de lui pardonner ses torts.

Descendance[modifier | modifier le code]

De son union avec Louise-Élisabeth de Bourbon naissent cinq enfants, quatre fils et une fille :

  1. Louis de Bourbon (1715-1717), comte de La Marche ;
  2. Louis-François Ier de Bourbon (1717-1776), comte de La Marche puis prince de Conti ;
  3. Louis-Armand de Bourbon (1720-1722), duc de Mercœur;
  4. Charles de Bourbon (1722-1730), comte d'Alais;
  5. Louise-Henriette de Bourbon (1726-1759), qui épouse en 1743 Louis-Philippe d'Orléans, duc d'Orléans (1725-1785).

Notes[modifier | modifier le code]

  1. [1] Enquête sur les Contes de Perrault de Gérard Gélinas, Éditions Imago, - 272 pages.
  2. La Ville-Lumière : anecdotes et documents historiques, ethnographiques, littéraires, artistiques, commerciaux et encyclopédiques, Paris, 1909, p. 290 [2].
  3. M. de Bois-Jourdain, Mélanges historiques, satiriques et anecdotiques, p. 305 [3].
  4. Gaston Capon, Robert Yve-Plessis, Paris galant au dix-huitième siècle : Vie privée du prince de Conty, Louis …, 1907.
  5. Philippe de La Fare (1687-1752) était le fils du poète Charles-Auguste de La Fare (1644-1712). De nombreux contemporains n'ont pas douté qu'il ait été le véritable père de Louis-François Ier de Bourbon-Conti, qui n'avait pas hérité la bosse des Conti.
  6. Alexandre Dupilet, La Régence absolue. Philippe d'Orléans et la polysynodie (1715-1718), Seyssel, Champ Vallon, coll. « époques », , 437 p. (ISBN 978-2-87673-547-7)

Liens externes[modifier | modifier le code]