Louis-René Caradeuc de La Chalotais

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Louis-René Caradeuc de La Chalotais
Fonction
Procureur général
Parlement de Bretagne
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 84 ans)
RennesVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Père
Anne-Nicolas de Caradeuc (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Propriétaire de
Blason

Louis-René de Caradeuc de La Chalotais, souvent abrégé en René de La Chalotais, est un magistrat breton, né le à Rennes, où il est mort le .

Janséniste, il est procureur général du parlement de Bretagne et l'une des principales personnalités du mouvement de la fronde parlementaire qui se déroule à la fin du règne de Louis XV.

Biographie[modifier | modifier le code]

La Chalotais est nommé avocat général au Parlement de Bretagne en 1730, et procureur général en 1752.

Opposant farouche des jésuites, il présente au Parlement, en 1761, un mémoire sur les constitutions de la Compagnie (Compte rendu des constitutions des Jésuites[1]), qui contribue à sa suppression en France. En 1763, il publie un Essai d'éducation nationale[2], dans lequel il propose un programme d'enseignements scientifiques destinés à se substituer à ceux des jésuites. Voltaire le félicite d’exclure les longues études de théologie inutiles chez les enfants du peuple : « Je vous remercie de proscrire l'étude chez les laboureurs. Moi qui cultive la terre, je vous présente requête pour avoir des manœuvres et non des clercs tonsurés[3]. »

La même année commence le conflit entre les États de Bretagne et le gouverneur de la province, le duc d'Aiguillon. Les États refusent de voter les impôts extraordinaires demandés par le gouverneur au nom du Roi. La Chalotais est un ennemi personnel du duc d'Aiguillon et, lorsque le Parlement se range aux côtés des États, il prend la tête de l'opposition. Le Parlement interdit la levée d'impôts auxquels les États n'auraient pas consenti. Le Roi fait révoquer cet arrêt, ce qui entraîne la démission de tous les membres du Parlement, sauf douze (octobre 1764 à mai 1765).

Le secrétaire d'État à la Maison du roi chargé des affaires de la province, Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin, reçoit deux lettres anonymes dont La Chalotais est suspecté d'être l'auteur, ce que confirment alors trois experts en graphologie. La Chalotais est arrêté le , ainsi que son fils et quatre autres parlementaires. Cette arrestation fait sensation et l'on parle de despotisme. Voltaire forge la légende du procureur général emprisonné à Saint-Malo, puis au château du Taureau, et réduit, faute d'encre, à écrire sa défense avec un cure-dent trempé dans du vinaigre.

Le , une commission spéciale est nommée pour juger La Chalotais. Celui-ci plaide l'illégalité du procès, soutenant qu'étant procureur général, il ne peut qu'être jugé par le Parlement de Bretagne ou, à défaut, par celui de Bordeaux, conformément à la coutume de Bretagne. Les juges n'osent pas le condamner sur la base d'expertises en écriture et, à la fin de l'année 1766, les choses n'ont pas progressé. En novembre, La Chalotais est transféré à la Bastille[4],[5]. Louis XV décide alors d'évoquer l'affaire devant le Conseil, qui exile La Chalotais à Saintes (1767). Cette sentence augmente l'agitation des esprits. Les Philosophes, les parlementaires, les jansénistes soutiennent que La Chalotais est la victime de la vindicte du duc d'Aiguillon et des jésuites. En définitive, le roi accepte de rappeler les parlementaires bretons qui ont démissionné. Le Parlement de Bretagne tient à nouveau séance et réclame le retour de La Chalotais, ce qui finit par être accordé en 1775, après que Louis XVI a rappelé les anciens parlements, revenant ainsi sur la réforme du chancelier Maupeou. La Chalotais est autorisé à transmettre son office à son fils.

Une statue de La Chalotais par Étienne-Édouard Suc, installée au Palais du Parlement de Bretagne en 1843, disparaît en 1960[6].

Citations[modifier | modifier le code]

  • « Le bien de la société demande que les connaissances du peuple ne s'étendent pas plus loin que ses occupations[2]. »

Famille[modifier | modifier le code]

Sa famille est de la noblesse de robe originaire de Bretagne. Parmi ses membres, on peut citer Anne Jacques Raoul Caradeuc, marquis de La Chalotais (1728-1794).

Le contre-révolutionnaire et minéralogiste Paul Émile Louis Marie de La Fruglaye (1766-1849) est le petit-fils par sa mère de Louis-René Caradeuc de La Chalotais.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Louis-René de Caradeuc de La Chalotais, Compte rendu des constitutions des Jésuites, , 216 p. (lire en ligne).
  2. a et b Louis-René de Caradeuc de La Chalotais, Essai d'éducation nationale : ou, Plan d'études pour la jeunesse, Philibert, , 152 p. (lire en ligne).
  3. Lettre à M. de la Chalotais, 28 février 1763.
  4. Dufey [Pierre Joseph Spiridion Dufey, dit Dufey de l'Yonne], La Bastille : mémoires pour servir à l'histoire secrète du gouvernement français depuis le XIVe siècle jusqu'en 1789, Paris, Bureau de l’Encyclopédie, , p. 281.
  5. Erwan Chartier-Le Floch, « 1767. L'affaire La Chalotais », sur ablogjeanfloch.over-blog.com.
  6. Pascal Simon, « Rennes. Qui retrouvera les statues du parlement de Bretagne ? », sur ouest-france.fr, (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Erwan Chartier-Le Floch, « 1767. L'affaire La Chalotais », sur ablogjeanfloch.over-blog.com.
  • Jean Meyer, La Chalotais : affaires de femmes et affaires d’État sous l'Ancien régime, Paris, Perrin, , 245 p., 20 cm (lire en ligne).
  • Emmanuel du Rusquec, L’Affaire La Chalotais, Rennes, Ouest-France, , 243 p., 23 cm (lire en ligne).
  • Louis-René Caradeuc de La Chalotais, Essai d’éducation nationale ou plan d’études pour la jeunesse, , 152 p. (lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]